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Undercovers - Avis sur le premier épisode du retour à l’espionnage de JJ Abrams

Undercovers: Les Missions Minables de Monsieur et Madame Michaux

Par Ju, le 25 septembre 2010
Par Ju
Publié le
25 septembre 2010
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Pour cette rentrée, je pouvais séparer les nouvelles séries en trois catégories : celles que j’avais vraiment envie de découvrir, celles que je ne comptais absolument pas voir, et enfin « Celle que je me sentirais obligé de regarder dans le seul but de satisfaire les tendances masochistes qui me hantent ».

Devinez à quelle catégorie appartient Undercovers...

Qu’est ce que c’est ?

Diffusée sur NBC le mercredi en face de The Middle et Survivor, Undercovers est la nouvelle série de sexpionnage [1] créée par Josh Reims et JJ Abrams.

Mais attention à ne pas confondre Undercovers avec un des 742 autres projets de JJ. Pour éviter tout malentendu, JJ a eu la bonne idée (pour une fois) de ne pas mentir sur son implication : pour Undercovers, c’est simple, il a co-créé la série (sûrement en une vingtaine de minutes) et réalisé le pilote (idem).

Et ça sera tout.

Mais puisque j’aborde le sujet, arrêtons-nous un instant sur l’investissement de JJ Abrams dans ses séries, à travers un petit historique :

- 1998 : Felicity – JJ écrit le pilote, Greg Grunberg apparait, et comme JJ n’est pas encore connu, il reste sur sa série pendant ses quatre années d’existence.

- 2001 : Alias – JJ écrit et réalise le pilote, Greg Grunberg apparait, et JJ pond deux saisons merveilleuses avant de se barrer pour créer Lost. Il laisse les clefs à Jeff Pinkner.

- 2004 : Lost – JJ écrit et réalise le pilote, Greg Grunberg apparait. JJ garde un rôle créatif pendant les neuf premiers épisodes, puis Carlton Cuse est embauché pour le remplacer.

- 2008 : Fringe – Il co-écrit le pilote avec trois autres scénaristes. Greg Grunberg n’apparait pas. JJ se barre après une paire d’épisodes et laisse les clefs à Jeff Pinkner.

- 2010 : Undercovers – JJ co-écrit et réalise le pilote. Puis, régulièrement, il encaisse des chèques en guise de remerciement pour une participation pas du tout fictive.

- 2015 : Lost Too – JJ tamponne le scénario de son sceau sans l’avoir lu, avant de repartir vers sa maison en or massif dans sa DeLorean volante.

- 2025 : Par décret, toutes les nouvelles séries doivent maintenant afficher « Created by JJ Abrams » dans leur générique, en dépit de sa mort accidentelle, des années plus tôt, lors d’une violente dispute avec Greg Grunberg.

Bon, sinon, j’étais en train de parler d’Undercovers.

De quoi ça parle ?

Steven et Samantha Bloom sont mariés. Ils sont traiteurs. Et ils ont un secret. Ils possèdent les mêmes initiales que Sydney Bristow. Ce n’est pas leur secret. Leur secret, c’est qu’ils sont d’anciens agents de la CIA à la retraite.

Comme Sydney Bristow.

Dans ce premier épisode, Steven et Samantha sont forcés de reprendre leur activité pour retrouver un de leurs anciens collègues qui a disparu. Malheureusement, il ne s’agit pas de Sydney Bristow. Au cours de cette aventure, qui les conduit aux quatre coins du Monde (mais surtout aux quatre coins des studios Disney où est tournée la série), les Bloom croisent la route de plusieurs amis de JJ : le Bad Robot lui-même, dans sa première apparition télévisuelle, un flash éblouissant de Star Trek, et le Crédit Dauphine. De Sydney Bristow.

Fuck you, JJ.

À la fin, tout rentre dans l’ordre. Le Monde est sauvé. Et ils baisent.

C’est avec qui ?

Les rôles principaux sont tenus par des nouveaux venus, Gugu Mbatha-Raw et Boris Kodjoe, qui ont pour particularité dêtre très beaux.

Leur chef est joué par Gerald McRaney, LE George Hearst de Deadwood (« Cocksucker ! »), et le comique de service est interprété par Ben Schwartz, LE Jean-Ralphio de Parks and Recreation (« That Ralph-Machio guy’s a douche »).

Et c’est bien ?

Non.

Et en plus, c’est moche !

Je n’attendais pas grand-chose de ce pilote, et c’est exactement ce que j’ai eu. Ça, encore, je peux le digérer. Mon souci, c’est que je suis bien incapable de vous dire ce que Reims et Abrams comptaient faire à l’origine avec Undercovers, avant de nous pondre un pilote aussi médiocre. Je refuse de croire qu’ils voulaient créer une vraie série d’espionnage, mais je n’arrive pas pour autant à savoir si Undercovers est censée être une comédie ou un hommage aux séries des années 80, celles où des héros sans peur et sans reproche allaient d’aventures en aventures avec des brushings impeccables.

S’il s’agit d’une comédie, c’est raté, puisque le pilote n’est pas drôle. S’il s’agit d’un hommage, il aurait sans doute été bon de ne pas se contenter d’une simple transposition, car Undercovers n’apporte absolument rien de neuf.
Steven et Samantha sont Jonathan et Jennifer (les Justiciers Milliardaires), sauf que Pour l’Amour du Risque, c’était il y a trente ans, et que ce n’était pas du tout utile de refaire exactement la même-chose.

Fuck you, JJ.

Le plus gros problème de ce pilote, c’est l’absence complète de tension.
Avoir un couple marié au centre d’une série d’espionnage, c’est une idée intéressante. C’est Mr. & Mrs. Smith, mais ça reste intéressant. Sauf que pour être un tant soit peu réaliste, les tensions dans le couple doivent rester minimales. Si c’est pour les voir se disputer pour des bêtises comme deux adolescents, ce n’est pas la peine d’en avoir fait un couple marié. Du coup, dans ce pilote, il n’y a aucun conflit entre Steven et Samantha. Un peu de jalousie, vite balayée, mais à part ça ils s’entendent à merveille, sont hyper professionnels, et s’aiment beaucoup. Ok. Sauf que si, en plus, les conflits externes sont traités n’importe comment, avec une désinvolture totale et sans qu’on ne les sente jamais en danger, il y a vraiment un problème. Où est l’intérêt de la série ? Par quoi est-on censé être captivé ? L’originalité inexistante du scénario ?

« Des gens formidables résolvent sans difficulté des problèmes minimes », ce n’est pas une série. Et pour un pilote, c’est même carrément n’importe quoi.

Le pilote d’Alias, c’était il y a neuf ans. On ne va pas me faire croire que, il y a neuf ans, JJ avait autant de liberté pour créer ce qu’il veut qu’aujourd’hui. Le problème ne vient donc pas de là. Le problème vient du fait que, il y a neuf ans, JJ avait plus d’idées, plus d’ambition, et plus de fierté. JJ n’était pas paresseux. Il n’utilisait pas d’explosions en images de synthèse.

Pourtant, pendant deux minutes, j’y ai cru.
La scène d’ouverture, une course-poursuite sur fond de Michael Giacchino, avait un certain charme. C’était Alias en plus moche, mais la nostalgie fonctionnait. Seulement pendant deux minutes. Après ça, l’illusion passe, et le reste parle de lui-même : Undercovers, c’est une série sans personnalité. Undercovers, c’est une série tiédasse.

Undercovers, c’est une série d’espionnage sans une seule perruque.

N’importe quoi.

Ju
Notes

[1Fuck you, JJ.