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The X-Files - Critique du dernier épisode de The X-Files et de la saison 10

My Struggle II: Bilan de la Saison 10

Par Conundrum, le 7 mars 2016
Publié le
7 mars 2016
Saison 10
Episode 6
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Il est peut être un peu étrange pour un site qui se veut en direct des USA d’attendre autant de temps avant de publier la critique de l’ultime épisode de The X-Files.

Pour une fois je ne voulais pas publier mes réactions à chaud, de crainte que la négativité et la déception ne prennent le pas sur la critique.

L’impact que The X-Files a eu sur le monde sériel ne doit en aucun cas être sous-estimé. C’est une série qui a profondément marqué son époque et changé les règles du jeu. C’est sa force en général, mais c’est aussi la raison pour laquelle cette saison est loin d’être une réussite.

Une nouvelle saison de The X-Files n’est pas idée aberrante.
Après tout la conclusion de la série, à défaut d’être parfaite, avait le mérite de mettre nos héros face à une machination qu’ils ne pourront empêcher, avec la promesse d’un évènement majeur en 2012. Les portes étaient loin d’être fermées aux dernières notes de Mark Snow à l’issue de The End. D’ailleurs, la nouvelle vision de la mythologie qui n’est plus centrée sur l’existence ou non d’extraterrestres et l’impact du temps sur les choix de vie de nos héros sont deux trames narratives qui nous confortent dans l’idée que, de nos jours, il peut encore avoir de la vie dans la série. Cependant, les épisodes de cette saison 10 semblent avoir été écrits pour un public qui aime The X-Files mais qui n’a pas suivi l’héritage que la série a légué.

Des séries comme Buffy, Fringe et même Sleepy Hollow ont montré qu’on peut faire dans la peur et l’absurde quand l’humain nous ancre dans une forme de réalité. Mais surtout, il s’agit de séries qui, bien que construites sur les bases de The X-Files, ont fait évoluer le genre. Cette saison 10 se retrouve piégée par le temps qui s’est écoulé. Le monde sériel est loin de s’être arrêté entre la saison 9 et 10. Si Mulder et Scully ont changé, leur public a aussi changé.

Revenir avec une nouvelle saison où un mélange d’épisodes indépendants est entouré d’un double-épisode mythologique miroir est une structure idéale pour la série. Et ce n’est pas tant qu’elle n’a rien de neuf à dire - les deux axes mentionnés ci-dessus sont de très bonnes trouvailles - mais c’est la manière d’opérer qui perturbe.

Dans les années 90, la seule possibilité de voir un épisode manqué était de tomber sur une rediffusion, avec un peu de chance. Rattraper son retard n’étant pas chose aisée, il fallait donc pouvoir satisfaire un public fidèle comme le grand public qui ne regardait pas la série chaque semaine.
The X-Files était une série qui savait gérer habilement ce problème. La scission franche entre épisodes mythologiques et individuels permettait l’édition en cassettes vidéos des immanquables pour comprendre l’intrigue. Aussi, lors de sa diffusion à la télévision, la série savait ne pas faire avancer sa mythologie en donnant l’illusion de l’action. Redire chaque semaine sensiblement la même chose ne gênait pas car la série savait attiré notre attention sur une nouvelle facette d’un même problème.

Le problème est que le public d’aujourd’hui est parfaitement habitué aux séries hautement mythologiques.
Les épisodes indépendants souffrent de redirent sensiblement la même chose via les teintes que les scénaristes donnent à leurs épisodes (nostalgie, horreur, humour, etc…) et avec My Struggle 1 & 2, les épisodes mythologiques enchainent les rebondissements de manière trop soutenue.

L’idée de Chris Carter de réunir les anciens scénaristes de The X-Files pour essayer de rappeler ce qui faisait le charme de la série est tout à fait louable. Chris Carter, comme Joss Whedon, est l’un des rares showrunner à avoir laissé ses scénaristes donner une identité propre à leurs scénarios. C’était un vivier de talents remarquables, mais les auteurs de cette saison n’ont pas grand-chose de neuf à dire. Il aurait été plus intéressant de voir ce que de nouvelles voix auraient pu faire avec Mulder et Scully. La saison 10 de The X-Files doit lutter avec l’héritage qu’elle a laissé et les nouvelles règles des séries qui enchainent

Cette deuxième partie de My Struggle met Scully dans le siège du pilote. Et c’est un épisode très déstabilisant. On a l’impression de voir la première partie d’un triptyque de la belle époque alors qu’il est présenté comme une conclusion. Si cela fait très plaisir de revoir l’agent Reyes et que les scénaristes ont décidé de lui donner un nouveau rôle dans The X-Files, il y a pas grand chose de positif à retenir de l’épisode. Les agents Rouquine et Guimauve sont trop imposés comme les personnages d’une série dérivée, suite de The X-Files, qui ne verra probablement pas le jour, l’intrigue se déroule de manière bien trop rapide, et surtout, triste symbole de cette dixième saison, l’Homme à la Cigarette n’est plus que l’ombre ridicule de la menace qu’il représentait.

Le plus gros reproche que je faisais aux deux dernières saisons de The X-Files était que, après le départ de Mulder, la série n’a fait que regarder derrière son épaule. Même absent, son nom était mentionné à quasiment tous les épisodes.

Cette saison 10 renforce cette sensation. The X-Files s’est laissé envahir par la nostalgie, les petites tentatives de faire quelque chose de nouveau sont noyées à cause de cette idée qui voudrait qu’il faut rappeler le passé. Rappeler les anciens scénaristes, l’ancien générique [1], les anciennes menaces et les anciennes ficelles. Ce n’est pas ce qu’on attendait, une grande part de nostalgie était à attendre, mais elle ne devait pas étouffer autant la série.

Faire revenir 24 n’est pas bien grave, la série a juste été très sympathique, au mieux. En revanche, The X-Files avait un autre héritage, bien plus important.
Si elle est encore amenée a revivre, j’espère qu’elle le sera entre les mains d’auteurs qui ont grandi avec The X-Files, comme ceux de la série originale avait grandi avec Kolchak. C’est un univers fertile qui peut encore être pertinent, mais qui doit prendre en compte que ce public n’est plus le même. C’est bien dommage que ces six épisodes ternissent encore un peu l’image de la série, au lieu de l’honorer.

Conundrum
Notes

[1Excellent idée, hein, ne vous méprenez pas