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Black Sails
4.00 - En Attendant la Suite
5 Bonnes Raisons de Regarder la Série
lundi 4 avril 2016, par
Avec une aussi belle ouverture sur la saison 4, Black Sails m’a fait plaisir. Et quand je suis content, j’écris.
(Quand je suis énervé aussi, remarquez.)
Sans révélation majeure et avec toutes les précautions du monde, j’ai donc très envie de partager avec vous mon enthousiasme pour la série des pirates bavards et tatillons de Starz.
Alors, si vous n’avez jamais laissé une chance à Black Sails, ou si vous avez été découragé par la première saison, cette critique est faite pour vous. (Et si, comme moi, vous avez adoré la troisième saison et cherchez à patienter en attendant le début de la saison 4, vous pouvez rester et acquiescer sagement.)
Pourquoi regarder Black Sails ?
Pour (au moins) les cinq bonnes raisons qui suivent.
1 Black Sails, une série d’aventure pseudo-historique (pas chiante !)
On commence simplement : Black Sails c’est l’histoire pas franchement vraie de pirates dans les Caraïbes. Mélangeant pirates réels et personnages de « l’Île au Trésor », la série utilise une toile de fond véridique pour raconter sa version romancée de l’Histoire.
Les luttes de pouvoir bien réelles qui se sont jouées au 18ème siècle entre les pirates et les empires hispanique et britannique servent donc à poser des enjeux, mais la série est totalement libre d’en faire ce qu’elle veut, y compris d’y ajouter des trésors énormes et des personnages plus grands que nature.
Pour ne rien gâcher, et contrairement aux séries pseudo-historiques qui ont pullulé ces dernières années, l’action de la série se déroule principalement sur des plages et dans des villes ensoleillées. Pas dans des palais sombres, humides et tristes, remplis de curés.
(Et, c’est admirable, il n’y est pas question une seule fois de la vie sexuelle du Pape.)
Comment dire non à une série de pirates, de trésors, et de trahisons multiples, sur des hommes et des femmes ayant préféré vivre libres plutôt que sous le joug de l’Empire britannique ?
2 Black Sails, une série "tellement cinématographique"
C’est l’argument bidon du paragraphe le moins pertinent de cette critique, mais ça vaut quand même la peine d’être souligné.
Black Sails n’est pas une série « meilleure que les autres » sous prétexte qu’elle est « teeeeellement belle que ça pourrait être du cinéma ». Encore moins parce qu’elle est produite par un réalisateur très connu dont la seule préoccupation est d’en tirer régulièrement un chèque sans se fouler.
Par contre, oui, Black Sails transpire le pognon et ça se voit à l’écran : les paysages d’Afrique du Sud où elle est tournée sont souvent magnifiques, les effets spéciaux superbes (il faut vraiment voir les conclusions explosives des saisons 2 et 3 pour s’en rendre compte), les décors et les costumes haut de gamme.
Quant aux scènes d’actions, il y en a pour tout le monde. On a le droit à des combats à mains nues, des duels à l’épée, des scènes d’abordages, des infiltrations sous-marines hautement cinématiques, une destruction de ville à grands coups de canons, une attaque de diligence en plan séquence...
Côté action, aujourd’hui, je pense que seule Banshee fait mieux.
3 Black Sails, une série qui s’améliore sans cesse
Je ne vous ai pas raconté n’importe quoi jusque-là, je ne vais pas commencer maintenant : la première saison de Black Sails est un peu faible.
Trop lente et trop bavarde, elle utilise 80% de son temps à mettre en place une intrigue qui ne commence vraiment qu’en saison 2. Il faut s’accrocher.
La bonne nouvelle, c’est que la saison 1 est la plus courte des trois (8 épisodes).
L’autre bonne nouvelle, c’est que la saison 2 est très bonne et que la saison 3 est encore meilleure.
Disons que pour leur première saison, les scénaristes (Robert Levine et Jonathan E. Steinberg) ont fait le choix de prendre leur temps et de poser leurs enjeux. Ça ne fonctionne pas immédiatement et donne l’impression désagréable qu’on n’avance pas du tout dans l’histoire promise au départ (le meilleur arc de la saison 1, sur la prise d’un navire appartenant à un marchand d’esclaves, est d’ailleurs déconnecté de l’intrigue principale de la série).
Le problème disparait complètement en saison 2.
Promis, la mise en place paie. Il faut juste être un peu patient et, en attendant, apprécier les intrigues épisodiques pour ce qu’elles apportent à savoir une bonne base et de bons personnages qui ne seront totalement exploités qu’avec la saison 2.
La saison 3 est une vraie réussite, épique et extrêmement divertissante, par des scénaristes qui maitrisent désormais totalement leur récit.
4 Black Sails, une série qui vous fera méthodiquement aimer tous ses personnages
Avec ce qui sera abordé dans le dernier paragraphe, c’est vraiment le point fort de la série.
En vingt-huit épisodes, les personnages principaux ont subi une vraie évolution, justifiée, détaillée et crédible, de sortes qu’on en arrive même à jubiler quand ceux qu’on n’appréciait pas forcément au départ prennent une place majeure dans le récit.
A ce titre, le John Silver de la première saison (un beau gosse opportuniste à peine attachant dont le seul rôle semble être de mettre des bâtons dans les roues aux autres personnages) n’a plus rien à voir avec celui de la fin de saison 3. Le personnage s’est transformé sous nos yeux et s’est révélé bien plus passionnant qu’à première vue.
La façon dont Eleanor et Max, les deux personnages féminins principaux, suivent des trajectoires totalement différentes, à des niveaux de pouvoirs évoluant sans cesse, pour en arriver où elles sont actuellement est tout aussi remarquable.
Le Capitaine Flint, notre protagoniste central ne dévoile vraiment ses motivations qu’avec la saison 2, ce qui lui apporte une fragilité qu’on n’imaginait pas forcément. En saison 3, d’autres personnages voient aussi leurs carrières de pirates expliquées à travers des monologues qui apportent énormément de nuance, autant à eux qu’à l’univers de la série.
Malgré ses nombreux personnages qui se croisent sans arrêt dans des situations différentes, Black Sails parvient systématiquement à justifier leurs alliances, aussi temporaires soient-elles. On ne se demande jamais pourquoi tel ou tel personnage agit ainsi, leurs motivations sont claires.
C’est une réussite remarquable d’écriture.
5 Black Sails, une série écrite comme une série, pas comme un putain de "film de 13 heures"
A l’époque actuelle, où l’on nous bassine régulièrement avec des séries qui sont soit « comme un roman », soit « comme un long film de 13 heures », l’art de l’épisode est quelque chose que j’apprends de plus en plus à apprécier.
Et sur ce point, encore une fois, Black Sails fait mouche.
J’en avais déjà parlé lors de ma critique des premiers épisodes car ça m’avait marqué à l’époque, et c’est toujours aussi remarquable aujourd’hui : les épisodes de Black Sails sont tous écrits en termes d’objectifs. Dès le pilote et jusqu’au final de la saison 3, la série fixe méthodiquement des objectifs à court terme, moyen terme et long terme.
A titre d’exemple, le premier épisode offre une histoire complète (à court terme, Flint doit empêcher la révolte de son équipage), se pose comme le premier chapitre d’une histoire plus longue (à moyen terme, Flint veut attaquer un galion espagnol rempli d’or), et propose une direction plus générale pour la série (à long terme, Flint veut utiliser l’or espagnol pour créer une Nation Pirate et repousser l’avancée de la civilisation).
Au cours des trois saisons qui suivent, les objectifs épisodiques s’enchainent, les arcs plus longs se remplacent doucement les uns les autres, visant tous un même but qui lui, à défaut d’être atteint (sinon il n’y aurait plus de série), se voit détaillé et approfondi, notamment à l’aide des flashbacks de la saison 2 nous expliquant comment Flint est devenu pirate.
(A ce propos, et c’est fabuleux, ces flashbacks courent sur cinq épisodes et s’arrêtent dès qu’on arrive là où les scénaristes voulaient en venir… Oui oui, il s’agit de flashbacks utilisés avec modération et juste quand nécessaire. C’est une trouvaille scénaristique incroyable !)
Black Sails est donc une rareté à l’heure actuelle : une série qui s’assume, faite pour être dévorée aussi bien semaine après semaine que d’un seul coup. Je ne saurais trop vous conseiller de commencer votre visionnage glouton dès que possible.