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Iris in Treatment
Session N°4
The Greater Fool
vendredi 7 septembre 2012, par
Voilà les premiers mots qui me viennent à l’esprit. Ce ne sont pas des role models, et de loin, ils ont leurs failles, et sont parfois d’immondes enfoirés, comme c’était le cas de son Mark Zuckerberg dans The Social Network, quand ils ne sont pas alcooliques, ou drogués. Mais ils ont des convictions, des buts, ils sont animés d’une force unique et investis de leur propre intégrité.
Je ne parle pas ici d’une intégrité générale et banale, d’une morale chrétienne à toute épreuve, je parle d’une ligne directrice personnelle, d’une énergie qui les rend galvanisants, qui font que leurs mots hameçonnent mes tripes et ne les lâchent pas.
Il n’y a pas énormément de choses qui me font cet effet. Dan Harmon me fait penser que tout n’est pas perdu pour moi ; Joss Whedon me fait rêver, aimer, pleurer ; mais Aaron Sorkin me donne envie d’être le meilleur humain qu’on puisse être. De rendre les autres meilleurs, de rendre le monde meilleur ; il arrive à me faire croire que l’humanité pourrie et désenchantée dans laquelle on évolue pourrait changer, pour peu que quelqu’un s’attelle à l’éduquer.

Je sais qu’il est beaucoup critiqué pour ça. Parce que ses personnages trop intelligents donnent l’impression que c’est un donneur de leçons. Je ne nie pas que ce soit un peu le cas [1], mais j’aimerais qu’on arrête de le critiquer pour ça. J’aimerais qu’on réalise une bonne fois pour toute que critiquer un personnage parce qu’on le considère comme trop intelligent est quelque chose dont on devrait avoir honte, honte à en crever.
J’ai l’impression qu’on est dans une culture de la banalisation de la médiocrité [2]. A quand remonte la dernière fois où vous vous êtes vraiment surpassés ? Je ne parle pas d’un truc quotidien, d’une heure d’activité physique, d’un repas cuisiné.
A quand remonte la dernière fois où vous avez réellement cru en un idéal, et osé l’exprimer ? Osé l’affirmer avec force, sans craindre la réaction qu’auraient pu avoir vos interlocuteurs ? A quand remonte la dernière fois où vous avez n’en serait-ce même que eu l’envie ?
On n’a pas besoin d’être meilleur que les autres pour avoir des idéaux. Du moins j’ai envie de croire que non. J’ai envie de croire que chacun est capable d’être au moins aussi passionné que ces gens que Sorkin nous fait parfois découvrir au détour de ses œuvres.

J’ai envie qu’on arrête de se moquer de moi quand je dis que les cinq minutes de fiction qui en disent le plus long sur moi sont celles de la scène d’ouverture de The Social Network.
J’ai envie qu’on se remette tous à se battre pour des idéaux, peu importe ce sur quoi ils portent.
Qu’on veuille la vérité. Que ce feu sacré qui vient m’éclater le cerveau à coup de barre de mine à chaque fois que je ré entends les tirades de Will McAvoy, de Mark Zuckerberg ou de Wes Mendell, ; que cette énergie sublime soit quelque chose que je retrouve plus souvent chez les gens.
Je veux qu’on arrête de se reposer sur nos acquis. Qu’on arrête d’être paresseux, qu’on arrête d’être malhonnêtes envers nous-mêmes, qu’on arrête de crier à la prétention dès qu’un homme ose nous représenter des gens au-dessus de la masse abrutie et satisfaite qui forme 80% de la société.
J’aimerais que sous son influence, on devienne tous au moins aussi bien que les meilleurs moments d’une œuvre Sorkinienne.
Parce que la chair de poule qui me recouvre dès que j’entends ses personnages parler, vraiment parler, me fait oublier les défauts de ses créations.
Sorkin n’est peut-être qu’un humain, avec ses failles, mais il reste un humain qui sait écrire de Grands Hommes. Et pour ça, je le remercie.
En dehors de ça, les Pop Tarts, c’est quand même super chouette.
[1] Même s’il avait admis dans une interview que c’était dur pour lui d’écrire des personnages dont l’intelligence surpassaient clairement la sienne
[2] C’est bien pour ça que j’ai été aussi en colère contre Girls