Accueil > FLT > Articles > Commentaire > « Je pense donc je zappe »
« Je pense donc je zappe »
lundi 15 décembre 2003, par
Au FLT et ailleurs, on tape souvent sur les émissions de télé-poubelle, qu’elles appartiennent au domaine de la « Trash TV » ou de la télé réalité. Le mal est en effet bien connu. Son origine, moins.
La guerre des trois n’aura pas lieu
Blâmer les chaînes et leur dirigeants, le CSA, les pouvoirs publics, c’est facile. On reproche aux premiers leur appât du gain, au second son inaction, au troisième leur manque d’initiative.
La première critique est sensée mais irrationnelle. L’argent fait fonctionner la télévision en général. C’est elle qui finance des séries comme 24, Les Soprano ou Friends, et les programmes tels Ca va se savoir et J’ai décidé de maigrir. L’alternative est la nationalisation des chaînes. N’en déplaise à ses aficionados, cette révolution signerait l’arrêt de mort de l’esprit de créativité du monde télévisuel.
La seconde est commode mais injustifiée (en partie seulement). Le Conseil supérieur de l’audiovisuel est une autorité administrative indépendante dotée de prérogatives importantes. Parmi elles ne se trouve pas celle d’être au dessus des lois. En effet, le CSA ne peut agir que dans le cadre de la réglementation prévue par la législateur. Or celle-ci est incomplète. Les droits du téléspectateurs ne sont pas protégés, sauf exceptions. Le débat sur la pornographie occulte les problèmes récurrents que sont les déprogrammations, les retards, la censure et les émissions de télé poubelle. Dans la lutte contre cette dernière, le CSA est notre héraut. Je dirais même plus, il est notre héros. Héraut car il est le plus à même de faire passer notre message, celui en faveur d’une télévision de qualité. Héros dans la mesure où il dispose des armes les plus redoutables face aux chaînes de télévision. Malheureusement, dans cette guerre, Achille a été plongé à moitié dans la potion de Styx. Ne disposant pas de supports juridiques adéquats, il est affaibli.
Dans cette perspective, la troisième critique semble la bonne. « C’est la faute à l’Etat ! », s’imagine-t-on entendre sur tous les canapés de France et de Navarre. Vous auriez grand tort de penser cela. Le législateur a beaucoup à faire. Il ne s’occupera des droits du téléspectateur que lorsque ce dernier les revendiquera. On obtient rarement quelque chose sans se battre. L’Histoire ne ment pas sur ce point.
Le faiseur d’échecs
Qui reste-t-il alors ? Le téléspectateur. De là à dire que la télé poubelle est un suicide culturel, ce serait pousser le bouchon est un peu trop loin. Il y a fort à parier que, lorsque le temps du procès viendra, Le Lay, Castaldi et Cie seront sur le banc des accusés, car après tout ils sont complices. Mais le responsable principal sera bel et bien le téléspectateur. Entendons nous bien, les enfants, les moins de 13 ans, ne sont pas visés ici. Ils sont jugés, à raison, irresponsables. Ils doivent être spécialement protégés.
Le téléspectateur participe activement au phénomène d’abrutissement dont il est victime. Il est coupable de non assistance à organe en danger car c’est son cerveau qui trinque. Certains vous présentent la télé comme une arme de « débilisation massive » . Or, une bombe ne fonctionne que si elle est enclenchée. Et c’est vous qui détenez le détonateur. Vous pouvez soit allumer votre poste et regarder une émission de télé poubelle. Vous pouvez soit zapper ou éteindre votre téléviseur. Quelle opportunité incroyable ! Vous êtes maîtres de votre destin.
Et bien non ! La grande majorité des téléspectateurs n’en fait rien. Elle persiste et signe. Elle s’obstine à regarder Loft Story, Confessions intimes et C’est mon choix. De deux choses l’une. Soit le genre humain est définitivement abruti et condamné à la télévision poubelle à perpétuité. Soit il est hypnotisé par un phénomène de mode et il ne demande qu’à se réveiller. Le FLT, entre autres, est là pour ça. A trois, vous vous réveillerez et vous oublierez tout : un, deux, trois ...
Des malades imaginaires
Alors, a-t-on la télé qu’on mérite ? Non, pas tout à fait. Tout d’abord, certains refusent la télé poubelle. Ils zappent ou ils éteignent leur poste. Ensuite, il existe un décalage entre les mentalités du public et l’esprit des programmes diffusés. Il faut un temps, assez long, aux chaînes pour s’adapter aux mutations des téléspectateurs, qui sont encore plus lentes à s‘opérer. En France, la mutation vers une autre télévision ne s’est pas encore produite. On pu penser avec les faibles audiences de Nice People qu’un revirement s’annonçait. Je crois qu’il n’en est rien. Au contraire, cela a prouvé que les téléspectateurs de télé réalité voulait plus. Plus de voyeurisme, plus de sexe, plus de violence. Ce n’est pas bon signe certes. Mais ne vous trompez pas, ce n’est pas à la télé de changer en premier. C’est aux téléspectateurs de manifester leur envie de passer à autre chose. Pour ça, il faut qu’ils sortent de l’état végétatif dans lequel ils sont plongés. Chacun doit prendre son sort entre ses mains et arrêter de blâmer d’autres personnes ou institutions.
Cette prise de conscience, ce n’est ni le FLT ni les chroniqueurs télés qui vont la déclencher. Ce sera un acte personnel et réfléchi. Ne changer pas parce que on vous le demande. N’arrêtez pas de regarder la télé poubelle parce qu’on vous dit de le faire. Faîtes le car vous êtes persuadés que c’est la bonne chose à faire. Bref, pensez puis zappez.
La guerre des trois n’aura pas lieu
Blâmer les chaînes et leur dirigeants, le CSA, les pouvoirs publics, c’est facile. On reproche aux premiers leur appât du gain, au second son inaction, au troisième leur manque d’initiative.
La première critique est sensée mais irrationnelle. L’argent fait fonctionner la télévision en général. C’est elle qui finance des séries comme 24, Les Soprano ou Friends, et les programmes tels Ca va se savoir et J’ai décidé de maigrir. L’alternative est la nationalisation des chaînes. N’en déplaise à ses aficionados, cette révolution signerait l’arrêt de mort de l’esprit de créativité du monde télévisuel.
La seconde est commode mais injustifiée (en partie seulement). Le Conseil supérieur de l’audiovisuel est une autorité administrative indépendante dotée de prérogatives importantes. Parmi elles ne se trouve pas celle d’être au dessus des lois. En effet, le CSA ne peut agir que dans le cadre de la réglementation prévue par la législateur. Or celle-ci est incomplète. Les droits du téléspectateurs ne sont pas protégés, sauf exceptions. Le débat sur la pornographie occulte les problèmes récurrents que sont les déprogrammations, les retards, la censure et les émissions de télé poubelle. Dans la lutte contre cette dernière, le CSA est notre héraut. Je dirais même plus, il est notre héros. Héraut car il est le plus à même de faire passer notre message, celui en faveur d’une télévision de qualité. Héros dans la mesure où il dispose des armes les plus redoutables face aux chaînes de télévision. Malheureusement, dans cette guerre, Achille a été plongé à moitié dans la potion de Styx. Ne disposant pas de supports juridiques adéquats, il est affaibli.
Dans cette perspective, la troisième critique semble la bonne. « C’est la faute à l’Etat ! », s’imagine-t-on entendre sur tous les canapés de France et de Navarre. Vous auriez grand tort de penser cela. Le législateur a beaucoup à faire. Il ne s’occupera des droits du téléspectateur que lorsque ce dernier les revendiquera. On obtient rarement quelque chose sans se battre. L’Histoire ne ment pas sur ce point.
Le faiseur d’échecs
Qui reste-t-il alors ? Le téléspectateur. De là à dire que la télé poubelle est un suicide culturel, ce serait pousser le bouchon est un peu trop loin. Il y a fort à parier que, lorsque le temps du procès viendra, Le Lay, Castaldi et Cie seront sur le banc des accusés, car après tout ils sont complices. Mais le responsable principal sera bel et bien le téléspectateur. Entendons nous bien, les enfants, les moins de 13 ans, ne sont pas visés ici. Ils sont jugés, à raison, irresponsables. Ils doivent être spécialement protégés.
Le téléspectateur participe activement au phénomène d’abrutissement dont il est victime. Il est coupable de non assistance à organe en danger car c’est son cerveau qui trinque. Certains vous présentent la télé comme une arme de « débilisation massive » . Or, une bombe ne fonctionne que si elle est enclenchée. Et c’est vous qui détenez le détonateur. Vous pouvez soit allumer votre poste et regarder une émission de télé poubelle. Vous pouvez soit zapper ou éteindre votre téléviseur. Quelle opportunité incroyable ! Vous êtes maîtres de votre destin.
Et bien non ! La grande majorité des téléspectateurs n’en fait rien. Elle persiste et signe. Elle s’obstine à regarder Loft Story, Confessions intimes et C’est mon choix. De deux choses l’une. Soit le genre humain est définitivement abruti et condamné à la télévision poubelle à perpétuité. Soit il est hypnotisé par un phénomène de mode et il ne demande qu’à se réveiller. Le FLT, entre autres, est là pour ça. A trois, vous vous réveillerez et vous oublierez tout : un, deux, trois ...
Des malades imaginaires
Alors, a-t-on la télé qu’on mérite ? Non, pas tout à fait. Tout d’abord, certains refusent la télé poubelle. Ils zappent ou ils éteignent leur poste. Ensuite, il existe un décalage entre les mentalités du public et l’esprit des programmes diffusés. Il faut un temps, assez long, aux chaînes pour s’adapter aux mutations des téléspectateurs, qui sont encore plus lentes à s‘opérer. En France, la mutation vers une autre télévision ne s’est pas encore produite. On pu penser avec les faibles audiences de Nice People qu’un revirement s’annonçait. Je crois qu’il n’en est rien. Au contraire, cela a prouvé que les téléspectateurs de télé réalité voulait plus. Plus de voyeurisme, plus de sexe, plus de violence. Ce n’est pas bon signe certes. Mais ne vous trompez pas, ce n’est pas à la télé de changer en premier. C’est aux téléspectateurs de manifester leur envie de passer à autre chose. Pour ça, il faut qu’ils sortent de l’état végétatif dans lequel ils sont plongés. Chacun doit prendre son sort entre ses mains et arrêter de blâmer d’autres personnes ou institutions.
Cette prise de conscience, ce n’est ni le FLT ni les chroniqueurs télés qui vont la déclencher. Ce sera un acte personnel et réfléchi. Ne changer pas parce que on vous le demande. N’arrêtez pas de regarder la télé poubelle parce qu’on vous dit de le faire. Faîtes le car vous êtes persuadés que c’est la bonne chose à faire. Bref, pensez puis zappez.