Accueil > pErDUSA > Critiques > Premières Impressions > 3.00 - En Attendant la Saison 3
Last Tango in Halifax
3.00 - En Attendant la Saison 3
5 Bonnes Raisons de Regarder la Série
samedi 13 septembre 2014, par
Le désir de nouveautés a disparu, la flamme s’est éteinte. Juste envie de retrouver Alicia, Meredith et Monsieur Reese. Pas envie de faire connaissance avec de nouvelles têtes américaines. On me dit que c’est l’âge, que c’est normal.
Mais comme je n’ai pas l’intention de passer tout seul à côté de la rentrée (catastrophique, c’est décidé), voici 5 raisons de regarder une nouvelle perle de Sally Wainwright (la créatrice de Happy Valley) et de vous détourner (provisoirement) des chemins des networks (on y revient toujours).
1 C’est un peu la suite des Golden Girls

Mais pas The Golden Palace, non. L’autre suite, l’histoire parallèle, celle qu’on nous a caché.
Rappelez-vous la fin des Golden Girls. Beatrice Arthur décide de ne pas déménager avec ses amies sur CBS. Plutôt que de gérer un hôtel de luxe avec Don Cheadle, elle préfère, à plus de soixante ans, épouser Leslie Nielsen et s’installer avec lui à Atlanta.
Et bien, c’est sur cette base que débute Last Tango To Halifax.
A ceci près que Beatrice Arthur a laissé la place à Ann Reid, une star du petit écran britannique, qu’au lieu d’épouser l’acteur de Y a-t-il un pilote dans l’avion ?, elle a choisi un des comédiens shakespeariens les plus acclamés de sa génération (c’est Derek Jacobi, c’est un peu plus chic), et qu’Atlanta a été remplacé par une bourgade du West Yorkshire au nord de l’Angleterre.
Et si à mesure du paragraphe, la filiation avec les Golden Girls semble s’amenuiser, les deux séries partagent et font vivre cette idée encore révolutionnaire en 2014 que des personnages qui ont dépassé la soixantaine peuvent être complexes et moteurs des intrigues, que leurs histoires méritent d’être racontées et qu’ils peuvent exister autrement que comme accessoire à répliques sarcastiques.
Maggie Smith et Betty White, vous voilà vengées !
2 C’est un peu Une Famille Formidable

(Oui, je sais, une référence positive à une série française, sur pErDUSA, c’est inattendu. C’est la rentrée des surprises...)
Comme aux débuts des aventures des Beaumont, on retrouve dans Last Tango In Halifax la même façon d’associer à la chaleur des sentiments familiaux l’énergie tonique du vaudeville.
La petite famille qui se compose après la rencontre d’Alan et de Celia (les deux septuagénaires) s’élargit à mesure qu’amants et maîtresses sortent de tous les placards possibles. Ils s’y agrègent d’autant plus naturellement que dans la série les secrets ont une espérance de vie très courte (Last Tango In Halifax, c’est aussi un peu l’anti The Honourable Woman). Dès qu’une mésaventure veut être cachée, on peut être sur qu’elle sera connue de tous dans l’heure et qu’elle sera la source d’engueulades épiques à vous faire applaudir devant votre écran ou de réconciliations à vous embuer les yeux.
3C’est un peu (peut-être) Shutter Island

Tout n’est (peut-être) qu’apparences.
En effet, derrière la vivacité du rythme, l’énergie des répliques, l’euphorie qui se dégage du couple central, s’écrit une histoire sombre, celle des femmes de la série, toutes éprouvées par des relations conjugales tragiques. Une histoire qui s’est déroulé sur des périodes longues et dont la série parvient à vous donner de la durée .
On constate assez vite que les quelques semaines que décrivent les deux premières saisons de Last Tango To Halifax, fortement chargées en optimisme, en nouvelles rencontres, en liens d’amitié inhabituels sont vécues par ces femmes avec une forme d’incrédulité.
On sent bien que l’euphorie de Celia vient à la fois de ses retrouvailles avec l’amour de sa vie et du caractère complètement improbable, inenvisageable, inattendu de cet événement. L’insistance qu’a la série à montrer cet aspect des choses amène le spectateur à toucher le découragement qu’elles ont du éprouver le long de leurs situations personnelles, de ces quotidiens d’une vie d’impuissance qui pouvait sembler sans sans fin…
Même les images, toujours très lumineuses en extérieur, nimbées de reflets dorés dans les intérieurs, semble baigner le présent dans un sentiment d’irréalité. Et l’on finit par se demander si ce que l’on voit n’est pas seulement le fantasme enchanté que se raconterait Celia avant de rendre son dernier soupir, seule ou, pire aux côtés d’un mari qu’elle n’a jamais aimé…
Il est probable que cette atmosphère onirique insiste en fait sur le caractère précieux de tout type de bonheur et qu’il est accessible à tout âge de la vie et que ces hypothèses d’un récit à la St Elsewhere ou à la Dennis Lehanne ne sont que des interprétations incongrues de mon cerveau fatigué.
4 C’est bien du Sally Wainwright

Il n’est pas étonnant que l’auteure de Last Tango To Halifax soit la même que celle d’Happy Valley. On y retrouve les mêmes personnages masculins veules, lâches, hypocrites, et perpétuellement insatisfaits. La barque est sacrément chargée pour le mari de Caroline (il faut dire qu’il est presque le seul à exister encore dans la famille de la série, les autres ayant eu la bonne idée de mourir avant le début de la série) et il en prend pour son grade tout au long de la série.
Le ton étant tout de même plus léger et surtout plus optimiste que dans Happy Valley, Sally Wainwright montre dans Last Tango In Halifax qu’elle est capable de créer des personnages masculins totalement positifs et je mets au défi n’importe quel spectateur de la série de ne pas tomber (un tout petit) peu amoureux de Alan Buttershaw, le plus formidable septuagénaire de toute la télévision contemporaine.
5 C’est la magie d’une distribution anglaise

On pourrait le dire pour une grande majorité de production anglaise, mais Last Tango In Halifax, en est un exemple frappant.
C’est un pur bonheur de voir des acteurs faire vivre à ce point une histoire, tous, et de ne se faire cette réflexion qu’une fois qu’on est en train de pleurer d’émotion dans le métro (oui, ça m’est arrivé deux fois avec cette série, et oui, je sais, il faut que j’arrête de regarder de bonnes séries sur mon téléphone).
Peut-être que ma trop grande consommation de séries hollywoodienne m’a fait oublier qu’un acteur, qu’une actrice, ça pouvait être aussi une gueule, une gueule qui donne un supplément de singularité et d’authenticité au personnage (pas une gueule qui correspond aux caractéristiques d’un personnage stéréotypé).
Et en plus, ils ont un charme fou tous ces Anglais qui ne ressemblent ni à Hugh Grant, ni à Keira Knightley.