Episode N°3

Ou peut-être que vous êtes au bord d’une piscine, je ne sais pas.

Mais vous avez au minimum un smartphone, et “rien à regarder !”. Pour vous donner des idées, voilà mon programme du mois écoulé : des séries inégales, mais qui mettent toutes des personnages féminins en première place. Histoire de varier, avant de vous tourner vers les mecs de Mr Robot.

UnREAL

C’est quoi ?
La nouveauté de Lifetime (aka la nouvelle CW) que tous les gens de bon goût encensent, et la seconde réussite de Marti Noxon cette saison (voir de toute sa carrière depuis Buffy).
Co-crée avec une ancienne productrice de The Bachelor, c’est une dramédie acerbe se déroulant dans les coulisses d’une émission du même moule que la célèbre "compétition romantique".

On y trouve la brunette de Roswell, la nonne de Joan of Arcadia, et les superbes abdos de Pitch Perfect. Si vous ne voyez pas de qui je parle, vous avez des classiques à réviser !

C’est bien ?
C’est carrément excellent, et bien plus sombre qu’elle n’y paraît.
Alors que Burning Love faisait rire en se moquant des participants, UnREAL fait grincer des dents en se focalisant sur les producteurs. On a beau savoir que ce type d’émission est scripté, cette série pousse le degré de manipulation et de cruauté à un autre niveau. Mort, viol, drogue, sexe évidemment, tout y passe sous les attitudes puantes d’une équipe essayant de tirer avantage de la moindre situation. Les quelques moments de répit permettent juste de souffler avant de retomber dans des jeux répugnants.

Shiri Appleby fait une excellente héroïne plein de scrupules, qui se trouve trop douée à son boulot. Mais la plus formidable, c’est Constance Zimmer : abominable, impitoyable, et balançant des insultes aussi colorées que celles de Veep... ma nouvelle idole !

En quoi c’est moins bien ?
Sa diffusion estivale sur une chaîne ridicule lui garantit de passer inaperçue. Aussi, si vous avez déjà bossé sur des tournages, le niveau de réalisme dans le langage et les décors est perturbant. Surtout quand on reconnait une vraie assistante faisant de la figuration en tant que fausse assistante (c’est peut-être aussi qu’ils ne se sont pas foulés).

A regarder, donc ?
Je ne sais pas ce que vous attendez pour ne pas vous jeter dessus tout de suite !

Sense8

C’est quoi ?
Le "Nul ou Génial" du moment. C’est un drame avec une pointe de science-fiction, où huit personnes à travers le monde se trouvent connectées mentalement. Mais surtout, ils vivent leur vie un peu dans leur coin.

Elle est développée pour Netflix par les Wachowski, pourvoyeurs de déceptions sur grand écran depuis des années, ici sous la houlette de Straczynski. Mis à part une ancienne compagne du Docteur, quelques apparitions de Sayid de Lost et le poisson de Splash, les huit Sensates sont au mieux vaguement familiers.

C’est bien ?
C’est plutôt chouette, si on apprécie de se laisser porter par un drame développant lentement chaque personnage, plutôt que d’attendre impatiemment que l’aspect science-fiction prenne les rennes. Parce que ça n’arrive que sur la toute fin, et la traque des Sensates ne prend pas l’ampleur auquel on a l’habitude dans ce genre d’histoire à conspiration.

On peut apprécier ses superbes décors internationaux, ses mélanges de genres et ses chouettes combats, ainsi que plusieurs scènes visuellement osées, qui nous font par exemple nous questionner sur notre concept d’une imagerie choquante.

La meilleure réussite de la série tient dans sa représentation : les huits Sensates sont des personnages agréablement variés, dans leur nationalité, leur ethnicité (seule la moitié sont caucasiens), sexualité, identité, et religion. La subtilité n’est pas là, mais l’intention est franchement louable, et c’est un type d’ensemble dont on manque cruellement ailleurs.

En quoi c’est moins bien ?
Malgré les bonnes intentions, il faut accepter d’avoir une vision du monde à travers le regard très américain des Wachowski. On est loin de l’horreur des faux asiatiques de Cloud Atlas, mais les clichés sont assez grossiers et se ressentent jusque dans des dialogues sonnant très faux. Les histoires de chaque Sensate sont aussi bien inégales, celle de Lito étant la plus faible et la plus déconnectée des autres.

A regarder, donc ?
Oui, si vous savez bien à quoi vous attendre. Ou que vous voulez copier les graffitis du Van Damme. Au mieux, vous aurez été émus d’un bout à l’autre. Au pire, vous aurez vu quelque chose qui sort un peu de l’ordinaire.

Witches of East End

C’est quoi ?
Une série fantastique de Lifetime, annulée cette année à la fin de sa seconde saison, qui adapte des livres jeunesse sur une famille de sorcières. Ouais... Je vous assure, j’ai vraiment hésité à lancer le Pilote ! Mais je venais d’admirer Jenna Dewan dans Step Up et je ne pouvais pas lui résister.

Aux côtés de Mme Channing Tatum, il y a une Julia Ormond légèrement plus compréhensible que dans Mad Men, Shelly de Twin Peaks, et Virginia Madsen.

C’est bien ?
C’est plus sympathique qu’on ne peut croire. Mädchen Amick est étonnamment formidable et souvent juste, Dewan est adorable, et plusieurs acteurs du Whedonverse apparaissent dans des rôles secondaires.
Mis à part quelques dialogues et jeux ridicules auxquels on s’attend (mais pas forcément de la part de Madsen), il y a aussi une maturite rare accordée aux personnages, autant dans leurs réactions émotionnelles que dans leurs conclusions sensées. On ne perd jamais du temps à créer du faux suspense sur la passé, les personnages annonçant généralement toutes les réponses utiles rapidement. Et de façon générale, la production n’a rien de honteuse et aurait pu trouver une bonne place sur la CW.

En quoi c’est moins bien ?
La saison 2 est une horreur, qui ne fait en rien regretter son annulation. Comme Teen Wolf en saison 3, on se demande s’il s’agit de la même série. Comme quoi les augmentations de budget, c’est l’ennemi du fantastique ! Tout à coup, il y a des filtres verts partout et du CGI abominable. On se concentre sur les mâles et leurs peines, la mythologie ressemble aux pires moments de True Blood, et l’aspect sexy est augmenté.
Alors oui, c’est osé d’avoir un monstre à tentacules qui pénètre tout ce qu’il croise. Mais quand plusieurs personnages sont clairement victimes de viols, et que pas une seule fois ils ne sont considérés comme tels, ça me pose un très gros problème.

A regarder, donc ?
Peut-être. Si vous vous ennuyez vraiment au bord de votre piscine, que vous avez déjà vu l’intégralité d’UnREAL, et que vous aimez beaucoup ces actrices. Mais pitié, arrêtez en saison 1 !