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Ju contre le Monde

Round N°13

Le Retour des Morts-Vivants

mercredi 24 août 2016, par Ju

Non, le titre de cette chronique n’est pas une référence oblique au retour sur pErDUSA, après des mois loin du clavier, de votre rédacteur préféré. Je parle de moi… Ju ! Mais si, vous savez… Ju ! Celui que vous connaissez sur Internet comme « ce type prétentieux qui n’aime aucune série » ou peut-être dans la vraie vie comme « ce type très séduisant qui râle tout le temps ». Ju ! Moi !

En réalité, cette absence très temporaire (mais qui commençait à s’éterniser) avait une cause très simple : après presque quinze ans passés à écrire des pages et des pages sur les séries télé, des pages plus ou moins rigolotes, des pages plus ou moins passionnantes, des pages plus ou moins remplies d’insultes gratuites et de mauvaise foi, il arrive forcément un moment où l’inspiration commence à faire défaut.

Un moment de doute, à partir duquel il devient plus dur de trouver de nouvelles choses à raconter sans se répéter, plus dur de faire preuve du même enthousiasme, plus dur de ne pas se dire que les meilleures papiers qu’on a écrit remontent à plusieurs années.
Après avoir vécu ça, je ne peux plus trop en vouloir aux diffuseurs de séries (les pauvres) d’avoir pris l’habitude ces dernières années de ressusciter leurs séries mortes avec de nouvelles saisons et de nouveaux épisodes.

Et c’est le sujet de cette chronique.
Ces "séries zombies", revenues d’entre les morts.

Et non pas ma psychanalyse. Je vous ai peut-être fait peur pendant quelques lignes.

Les Séries Zombies : Pourquoi ?

Clarifions dès maintenant : évidemment, le fait que des séries comme « La Fête à la Maison : 20 ans après » ou « Aux Frontières du Réel : 20 ans après » soient apparues sur nos écrans en 2016 n’est pas entièrement dû à un manque d’inspiration flagrant de scénaristes fatigués.

Peut-être pour Chris Carter. Et ses amis scénaristes coincés dans les années 90.
Mais ne voulant pas dire du mal des scénaristes de Fuller House, que je ne connais pas, qui sont potentiellement des gens très bien, et dont je doute carrément qu’ils soient les mêmes que ceux de la série d’origine, je vais éviter les généralisations insultantes.

Non, plutôt qu’une histoire d’inspiration en panne, le retour de ces séries zombies est plutôt dû à une flopée de terribles coïncidences qui, s’étant enchainées par le plus grand des hasards dans un concours de circonstances malheureux ont abouti, manque de pot, à un Mulder se dandinant en costume de cow-boy au milieu d’un épisode très sérieux consacré au terrorisme.

En gros, une série zombie apparait quand des acteurs ont besoin d’un peu d’argent, que les ayant droits (scénaristes, producteurs, studio, etc…) ont besoin d’un peu d’argent, que les chaines ont besoin d’un projet connu dont une partie de la promotion pourra être faite facilement sur le dos de fans déjà conquis et d’une vague de nostalgie facilement exploitable, et, dernière raison et pas forcément la plus glorieuse, quand NBC oublie bêtement que Tim Kring était un escroc et que Heroes était de la merde.

Comme je le disais plus haut, un fâcheux concours de circonstances, un peu de paresse intellectuelle, de la nostalgie, des impôts à payer, la moitié du cast originel de Heroes ne mangeant plus à sa faim, sont autant de raisons qui expliquent cette vague de séries ressuscitées.

Mais tout ça n’explique pas une question peut-être plus importante : au fait, pourquoi elles étaient nulles ?

Les Séries Zombies : Pourquoi c’est nul ?

Aucune idée.

Oui, je sais, c’est un peu décevant, et du coup vous devez vous demander pourquoi je vous emmerde avec ce sujet maintenant, alors que vous commenciez à peine à oublier Mulder faisant du kung-fu au ralenti dans son salon ou Scully remontant un trottoir en klaxonnant dans sa bagnole gigantesque (pour sauver le Monde), mais je n’ai pas de réponse miracle, il est un peu dur de généraliser.

Je peux juste vous donner mon avis sur ce que j’ai vu.

Le retour de X-Files était nul pour des tas de raisons : une réalisation et une écriture restées coincées dans les années 90, un Chris Carter qui n’avait rien à dire, des acteurs endormis, un monstre sac poubelle, Jeff Winger qui nous parle de conspirations débiles, des dialogues pourris, des histoires sans intérêt… bref, j’arrête d’en parler.

Je n’ai regardé qu’un seul épisode de Heroes Reborn, par curiosité malsaine, ce qui est trop peu pour se faire une idée, mais déjà suffisant pour se rendre compte que tous les défauts de la série d’origine étaient de retour (oui oui, voix off, stéréotypes, histoire sans queue ni tête, problème de ton qui change complètement quand on saute d’une intrigue à une autre).

Je n’ai pas regardé la moindre seconde Fuller House, désolé. (Pas désolé.) Par contre, toujours sur Netflix, j’ai bien sûr vu la saison 4 d’Arrested Development et… comment dire. Grâce à elle, je comprends mieux comment la nostalgie peut influencer nos opinions. J’étais ravi de retrouver les Bluth, ce qui a aidé à faire passer les défauts, bien réels, de ces épisodes interminables.
Disons que malgré tout mon amour pour la série, je ne peux pas décemment affirmer que l’avoir ressuscitée était une bonne idée. La saison 4 ne retire rien au génie des trois premières, mais elle n’y ajoute pas grand-chose non plus.

(Petite parenthèse, parce que ce n’est pas du tout le sujet mais je voulais le souligner : j’ai beaucoup plus apprécié cette quatrième saison en la voyant une seconde fois, l’an dernier, dans le cadre d’une énième intégrale d’Arrested Development. Son vrai problème, à mon sens, est quelle est construite d’une façon telle que ses meilleures blagues ne sont compréhensibles que lorsque l’on sait déjà ce qui va se passer cinq épisodes plus tard. Ce qui est, vous l’avouerez, un peu con pour une comédie. Et c’est encore une fois à mettre en contraste avec les trois premières saisons de la série où les épisodes étaient drôles, tout de suite, et encore plus drôle quand on les revoyait en sachant où on allait. Fin de la parenthèse.)

Donc non, les séries zombies ne sont pas toutes ratées pour la même raison ou dans une même mesure. Leur plus gros point commun, à l’image de l’inoffensive saison 4 de The Killing produite elle aussi pour Netflix, c’est qu’elles n’auraient sans doute pas dû exister du tout.

Ce qui m’amène à mon dernier point.

Les Séries Zombies : Quelle bonne idée !

Les amis, vous n’imaginez pas à quel point je suis ravi du retour prochain, en bonne et due forme, d’une certaine série. Ra-vi.

Je vous donne un indice : il ne s’agit pas de Prison Break.

Je vous donne un autre ind… non, il faut que je vous parle deux minutes de Prison Break.

Les Séries Zombies : Pourquoi Prison Break ?

Le retour de Prison Break dans quelques mois, un retour que je regarderai évidemment avec beaucoup d’amour et une certaine honte, n’a a priori aucun sens.

Prison Break n’est pas une série ayant autant de fans que X-Files ou 24 (de retour l’an prochain avec 24 : Legacy, sans moi). Elle ne bénéficie pas non plus de la même nostalgie que La Fête à la Maison. Non, Prison Break ne doit sa nouvelle saison qu’à son succès en streaming sur Netflix.

Pour résumer, ça fonctionne comme ça :
1/ Une vieille série disponible sur votre site préféré de visionnage glouton rencontre un nouveau public qui enchaine épisode sur épisode.
2/ Netflix, toujours intéressée par ce qui incite ses clients à rester devant leur écran un peu plus longtemps, le fait savoir aux producteurs et diffuseurs initiaux.
3/ Le studio (qui peut appartenir au diffuseur ou non) prend conscience que s’il possédait plus d’épisodes de sa vieille série, Netflix souhaiterait à coup sûr les ajouter au catalogue existant, ce qui lui rapporterait plus d’argent pour la même série.
4/ Le studio est alors libre de produire de nouveaux épisodes tout en se foutant royalement de savoir s’ils vont avoir du succès lors de leur première diffusion. Vendue à Netflix avec le reste de la série, cette nouvelle saison est déjà rentable.

Et c’est pour cette raison très simple que, dans quelques mois, un abonné de Netflix va voir Michael Scofield mourir dans le dernier épisode de la saison 4 de Prison Break, puis enchainer avec le téléfilm « The Final Break » où Michael Scofield meurt pour de vrai, puis enchainer avec le futur premier épisode de la saison 5 où Michael est vivant.
Pour peu qu’il tombe entre temps sur l’épisode de Legends of Tomorrow où Wentworth Miller explique à Dominic Purcell que ce n’est pas la première fois qu’il s’évade de prison…

Bref.

Les Séries Zombies : Quelle bonne idée !

Je n’éprouve pas d’impatience particulière pour le retour proche de Gilmore Girls. Peut-être que les nouveaux épisodes seront très bons, peut-être pas, on verra. J’aurais préféré que Netflix ressuscite Bunheads, en fait.

Non, la seule série zombie que j’attends vraiment est britannique. J’ai vraiment hâte de voir ce que vont donner les nouveaux épisodes de Black Mirror.

Très rapidement pour ceux qui ne connaissent pas, Black Mirror était une série d’anticipation (quinze minutes dans le futur) dont les deux premières saisons (de trois épisodes chacune) ont été diffusées en 2011 et 2013. Elles ont connues un tel succès en streaming que douze épisodes supplémentaires ont été commandés par Netflix. Les six premiers épisodes arriveront dans un peu moins de deux mois, les six autres en 2017.

Le retour de Black Mirror est à la fois une très bonne nouvelle et une excellente idée.
Et pas uniquement parce que je suis un hypocrite.

Ce qui différentie Black Mirror de toutes les séries citées plus haut, c’est qu’il s’agit d’une anthologie. Chaque épisode est donc complètement indépendant du précédent et du suivant. Les acteurs (Rory Kinnear, Hayley Atwell, Tobias Menzies, Oona Chaplin, Jon Hamm !) ne sont pas les mêmes, les personnages non plus, les histoires ne se suivent pas. Les deux premiers saisons (et l’épisode de Noël de 2014) racontent donc sept histoires uniques dont le seul point commun est qu’elles extrapolent sur notre rapport actuel à la technologie.

À mon sens, ce caractère anthologique fait de Black Mirror une candidate idéale à la commande de nouveaux épisodes. Il n’y a pas de lien à faire avec ce qui précède, pas de nostalgie à satisfaire, pas d’acteurs ayant pris du poids entre deux saisons, Mulder.
Dans le meilleur des cas, Charlie Brooker (créateur et principal scénariste de la série) aura pu profiter de ces quelques années d’absence pour se recharger et trouver de nouvelles sources d’inspirations.

Aussi, les nouveaux épisodes seront libres de réussir ou de se planter sur leurs propres mérites. Ce qui est complètement à l’image des premières saisons, car si je vous recommande vivement de découvrir Black Mirror, autant vous dire tout de suite que les épisodes sont inégaux.
Sans détailler de quels épisodes je parle (je ne veux pas vous influencer), j’ai trouvé trois d’entre eux absolument géniaux (mais déprimants, mais géniaux… et biens écrits… mais durs !), deux autres réussis (mais manquant d’un petit truc aussi fort), un autre pas très marquant et… il en reste un.

Il reste le premier épisode.

Si vous vous lancez dans Black Mirror, commencez par le deuxième épisode.

Quand vous aurez tout vu, retournez voir le premier, et dites-moi ce que vous en avez pensé. Il est très différent, ce n’est pas le meilleur, et il peut même être assez rebutant, je pense. Donc commencez par le suivant. (C’est pratique, les anthologies, quand mêmes.)

Tout ça pour dire que, tel un fan de Chris Carter en-chan-té à l’idée d’une saison 15 de X-Files, j’ai vraiment hâte de m’installer devant ces nouveaux épisodes de Black Mirror. Et de découvrir de quelles nouvelles façons Charlie Brooker va réussir à me faire regarder mon téléphone portable avec méfiance, tout en me faisant perdre mes dernières illusions sur la nature humaine.

Merci pour ma future dépression, Netflix !

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