Bon, puisque le topic a été detterré il y a peu, autant que je m'en serve hein. Etant donné que je dispose maintenant de l'intégrale de la série en DVD (oui, même la 3, malgré vos critiques estructrices à son encontre j'ai tenté le coup), j'ai décidé de reprendre le visionnage en recommençant du début. Il faut dire que la première fois, les conditions n'étaient pas idéales : mauvaise qualité de l'image, VO pure, et je regardais à des heures tardives en étant donc quasi-somnolent ce qui n'aide pas à apprécier une série à sa juste valeur, et j'en conviens c'est une hérésie pour MM. Je viens donc de me refaire les quatre premiers épisodes de la saison 1, et je voulais les commenter vite fait.
Bon, le pilote, je ne suis pas certain que ce soit la peine d'en parler pendant des heures, il a déjà été décortiqué à de multiples reprises et ça n'aurait pas grand sens que je m'y mette. Je dirais juste que tout y est à mes yeux parfait : l'exposition des personnages, les acteurs impeccables, la mise en place d'une mythologie qui a l'air complexe de prime abord, la photographie sublime qui établit un contraste saisissant entre les tons chauds quand Frank est chez lui et les tons froids et sombres quand il est sur le terrain et le scénario bien ciselé. C'est tellement bon que je serais capable de le regarder en boucle (j'en suis déjà à 4 ou 5 visionnages y compris le grand écran au Premium qui était bien classe).
Vient ensuite Géhenna que je vois comme une prolongation du pilote dans la mesure où c'est le thème principal de la série est brillamment abordé. C'est l'occasion, à travers l'affaire dont il s'occupe, de se pencher sur les doutes qui l'assaillent quant à l'origine même du Mal : est-il créé par l'Homme lui-même ou existe-t-il une puissance supérieure qui nous contrôle et nous pousse à commettre d'horribles choses ? Ce qui est plus fort, c'est que Carter veut que le doute s'installe également dans l'esprit du téléspectateur à l'aide d'une scène que j'avais complètement zappée : quand Mike, Peter et Frank étudient la lettre du jeune homme qu'ils ont en garde à vue, Mike dit que ce dernier est clairement contrôlé par quelqu'un de puissant. Là, Frank tourne la tête, et lance un "or something" retentissant en regardant de biais vers la caméra. Tout y est : le regard, l'expression, le ton de la voix, l'attitude... C'est comme si Frank s'adressait au téléspectateur pour avoir son opinion sur la question. Carter joue en tout cas très habilement avec ce doute humain/démon dès le teaser où l'on voit la face de la Bête. C'est dans la lignée directe du pilote niveau qualité.
Dead Letters explore une autre voie qui n'a pas grand chose à voir avec le Groupe et l'Apocalypse et se détache plus nettement du pilote. Ici, il s'agit de mettre en avant la capacité de recul que Frank possède par rapport aux affaires sur lesquelles il enquête. En effet, il travaille avec un profiler qui comme lui veut travailler pour MillenniuM, mais celui-ci est tou l'envers de Frank : il prend toute affaire personnellement car il voit le visage de son fils à la place de ceux des victimes et qu'il s'imagine sans cesse à la place des victimes. Comme le dit Frank, il ne se met pas dans la tête du tueur mais il les laisse entrer en lui et cela ne peut que le conduire à la folie (d'ailleurs, l'épisode 3x14 de X-Files,
Grotesque, montre très bien cet aspect). James Horn est désabusé, il n'est pas capable de gérer son travail et sa vie, et dangereusement il laisse se mélanger les deux. Par conséquent, alors que Frank pense qu'il est un excellent élément quand il est concentré, il devient incontrôlable et laisse ses sentiments le guider. Ca tranche franchement avec le détachement et la presque froideur de Frank, qui est pourtant tant aimant et tant chaleureux dans le cercle familial. D'ailleurs, le plan final quand il est dans le lit montre que ça le fait cogiter.
On en arrive à The Judge qui nous met déjà une petite claque dans la gueule avec ce juge particulier qui dit se nommer Legion et s'entretient avec Frank pour lui offrir du travail... Les enjeux deviennent tout de suite plus importants, car on comprend que le don de Frank est très apprécié et que cette fameuse puissance extérieure serait intéressée... Le scénario est original dans la mesure où Frank doit se débrouiller avec deux modus operandi différents mais ressemblants et réussit à rassembler les pièces du puzzle pour comprendre qu'il n'y a pas q'uun tueur seul mais plutôt plusieurs tueurs manipulés par un seul homme. Mais le concept d'une cour de Justice plutôt qu'une cour de Loi de cette manière est dérangeant et ne nous paraît pas si pur que Legion veut bien le dire. La scène où Bletcher retrouve l'homme amputé est bien dégueulasse d'ailleurs, tout comme la fin où l'on voit les porcs s'affairer autour d'ossements (mais là c'est vraiment psychologique, le fait d'imaginer tous ces cadavres bouffés par les porcs, brrrrn pas ragoûtant du tout).
Bref, j'ai "vraiment" découvert les épisodes cette fois-ci en faisant preuve de toute mon attention et je suis encore plus fasciné que la première fois. Cette série a un pouvoir attractif absolument dingue, à tel point que mon frère qui n'est pas très séries - même s'il ne refuse pas d'en voir, c'est juste qu'il ne regardera pas de son propre chef - a été happé dans cet univers sombre et sordide pendant les 20 dernières minutes de l'épisode. Il faut dire qu'avec quatre épisodes d'une telle teneur, MM pouvait difficilement mieux démarrer.
J'essaierais de laisser des commentaires succints sur tous les épisodes, au moins pour garder une trace écrite de ce que j'en pense. Et puis pitête que ça fera plaisir à certains, à condition que je ne dise pas de conneries.
PS : Oui, un smiley...