Une histoire improvisée du Jazz

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Wonk
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Une histoire improvisée du Jazz

Message par Wonk »

Première partie, le Jazz primitif, le style de la Nouvelle Orléan



On dit le Jazz protéiforme, indéfinissable et sans réelles limites nettes car il est vrai -d'autant plus de nos jours- que tout au long de sa vie cette musique n'a cessé d'échapper aux tentatives de circonscription des analystes voulant clairement le définir, comme une anguille qui, plus on la serre, s'échappe de nos mains.

C'est tout simplement parce que cela tient aux caracteristiques de sa naissance. le Jazz est née d'un mélange tres vaste de traditions musicales populaires puis quelque peu savantes pour ne cesser de continuer à piocher tantot chez l'un, tantot chez l'autre tout au long de sa vie.




Néanmoin les spécialistes s'accordent à dire que le premier style de Jazz qui en soit, au sens ou c'est une musique autonome qui a déja ses codes, sa culture etc ... c'est celui qui apparait à la Nouvelle Orléans dans les années 1910.

Quelle sont donc ces caractéristiques ?
C'est une musique festive, à mis chemin entre folklore et danse. Elle se distingue par son savant mélange d'improvisation et d'écriture rudimentaire : des "head arrangements", des bribes de mélodies écrites au sens ou elle sont fixées, convenues entre musiciens sans pour autant etre necessairement couchées sur partition. Car à l'époque beaucoup de musiciens de N.O. ne connaissaient pas la musique au sens "savant" du terme, les noirs qui furent les premiers à jouer cette musique n'avaient pas eu le privilège de suivre des cours de solfège et d'harmonie. Ils jouaient ce qu'ils entendaient resultant de ce qu'ils avaient entendu.
Un tradition orale forte donc, voila qui explique qu'il soit née d'une fusion de beaucoup de styles préexistants tel : le Blues, le Gospel, les Work songs des prisoniers ou esclaves, les marches des fanfares, le ragtime des bordels, les musiques quelque peu figuraliste des cirques ou les musiciens tentent de reproduire les cris des animeaux ...etc.


Les noirs lorsqu'ils décident de jouer ne se posent pas de questions ils ont tout ces styles que je viens de citer en tête et n'hésite pas a piocher où bon leur semble pour faire leur "own thing" tant il est necessaire pour eux de se démarquer de l'homme blanc à l'époque.
D'ailleur les premiers auditeurs blancs sont refractaire à cette "musique de singe"
De singe parce que joué par des noirs
De singe parce que joué par des hommes qui n'ont pas appris la musique et la singe.
De singe parce que cette musique n'avait rien de retenu, tout était dans l'effet, l'énérgie, l'instinct et par association chez les blanc : l'animalité.
De singe parce que cette musique comportait des échos de musiques de cirques comme je l'ai dit plus haut.


Pas de trace audible authentique de cette musique, et pour cause, les noirs ne pouvaient que se feliciter de pouvoir jouer sans etre trop dérangé, alors il était utopique de vouloir enregistrer quoi que ce soit ce n'était d'ailleur tout simplement pas dans les moeurs à l'époque d'enregister la musique.
Un point qui explique aussi pourquoi les noirs improvisaient, ils jouaient dans l'instant pour l'instant, pas besoin de repeter et écrire quoi que ce soit.
Il faut attendre un revival blanc du N.O. : le Dixieland pour qu'apparaisse le premier disque de Jazz en janvier 1917.
"Tiger Rag" par l' "Original Dixieland Jazz Band"


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Néanmoin cette enregistrement nous fait entendre du Dixieland, un N.O. blanc donc et pas le N.O. originel. Pour se faire une idée le N.O. étaient probablement beaucoup moin "arrangé" car dans cet extrait il y a beaucoup de "stop chorus" : les moments ou l'orchestre s'arrete pour mettre un soliste en valeur. Ce genre de pratique c'est la griffe de la musique blanche qui souvent compensera son manque d'énérgie et d'originalité par des astuces plus "savantes".
Ce qui est typique du N.O. dans cette enregistrement ce sont les parties ou les souflants jouent tous ensemble improvisants tous plus ou moin a partir de gimmicks, emmenés par la section rythmique.

Les rois de ce style sont King Oliver et Jelly Roll Morton entre autre.
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Durant le début des années 1920 le N.O. connait son apogé et fini de se trouver entre l'apport noir et blanc, le style s'est fixé. Si bien qu'il est mur pour se remettre en question et évoluer. Vont alors arriver les premiers Big Band, tel celui de Fletcher Henderson alors que jusqu'ici le N.O. était l'affaire de petites ou moyennes formations, le succée de cette musique décide des aventuriers à se lancer dans le grand orchestre pour ce style ( plus de musiciens = grosse machine financière et humaine à gerer). D'autre part si en premier lieu le N.O. n'est pas une musique de soliste puisque personne n'est réellement mis en avant ou alors à chacun son tour, de plus en plus des solistes talentueux vont faire leur apparition et se faire une place au soleil dans le groupe pour etre celui qui improvisera pendant que les autres accompagnent. L'exemple type c'est l'arrivé de Louis Armstong dans l'orchestre de King Oliver au milieu des années 20, le King faiblissant lui cedera peu à peu ses parties de trompette Amstrong devenant alors premier trompetiste d'un orchestre qui n'est pas à son nom même si le leader est lui même trompetiste.

Au sein de cette Orchestre Armstrong prend du galon, de l'experience et pendant que les blancs continuent de singer les noirs, il se prépare à signer l'acte de décès du N.O. pour inventer un Jazz pré-classique.
Dernière modification par Wonk le 01 août 2004 17:49, modifié 1 fois.
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Nunus
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Message par Nunus »

Pas de trace audible authentique de cette musique, et pour cause, les noirs ne pouvaient que se feliciter de pouvoir jouer sans etre trop dérangé, alors il était utopique de vouloir enregistrer quoi que ce soit ce n'était d'ailleur tout simplement pas dans les moeurs à l'époque d'enregister la musique.

Je me permet d'intervenir car je suis en déssacord avec toi ;) Certes peu d'enregistrement à cette époque mais pas pour une question de moeurs à cette époque mais surtout que le Jazz était une musique "marginale". En effet, c'était des blacks et comme on le sait à l'époque leur condition de vie et leur relation avec les américains n'étaient pas évidente. Ils ont pour la plus plus part fait leur premier cachet dans des bordels de la nouvelle orléans et jouer majoritairement là bas. La mafia a trés longtemps produit des orchestres de Jazz (cf. les clubs d'Al Capone).

J'en profite pour vous conseiller un trés bon livre que je finirai aprés le bac qui est "La rage de vivre" de Milton Mezzrow. Ce clarinetiste et saxophoniste blanc raconte l'histoire du Jazz et son expérience au prêt des plus grands. Un ouvrage de référence incontournable ;)[/quote]
Wonk
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Message par Wonk »

Nunus a écrit :Je me permet d'intervenir car je suis en déssacord avec toi ;) Certes peu d'enregistrement à cette époque mais pas pour une question de moeurs à cette époque mais surtout que le Jazz était une musique "marginale". En effet, c'était des blacks et comme on le sait à l'époque leur condition de vie et leur relation avec les américains n'étaient pas évidente. Ils ont pour la plus plus part fait leur premier cachet dans des bordels de la nouvelle orléans et jouer majoritairement là bas. La mafia a trés longtemps produit des orchestres de Jazz (cf. les clubs d'Al Capone).


Je ne pense pas avoir dit le contraire, néanmoin tu apportes des précisions que j' n'ai pas apportés.
Dans ce Thread je reste volontairement vague parce qu'il ne s'agit pas ici de de faire quelque chose de vériatblement sérieux, il y a des tonnes de livres pour ça.
Ici je veux juste faire une sorte de panorama, quelque choses d'initiatique et auquel tout ceux qui se sentent le courage peuvent participer, pour une "improvisation collective".
Le truc de parler de l'histoire du jazz sans trop de recul sur la forme, le fond, en étant déliberement partial et imprécis c'est aussi une façon de renvoyer au probleme de l'improvisation dans le jazz.
J'ai lancé ça et je compte continuer de temps en temps pour chaque période de l'histoire du Jazz mais si d'autre veulent improviser avec moi, le boeuf est ouvert :)
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Message par Invité »

Nunus a écrit :
J'en profite pour vous conseiller un trés bon livre que je finirai aprés le bac qui est "La rage de vivre" de Milton Mezzrow. Ce clarinetiste et saxophoniste blanc raconte l'histoire du Jazz et son expérience au prêt des plus grands. Un ouvrage de référence incontournable ;)


200 % d'accord, la lecture de ce livre PASSIONNANT est indispensable à toute amateur de jazz, et surtout, de grande littérature américaine. La tôle, la drogue, les rencontres bouleversantes (Bix Beiderbeck, et surtout Bessie Smith), une sorte de "Sur la route" avant l'heure. Un véritable must méconnu, préfacé par le grand Henry Miller siouplait.
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Message par HIWATT »

Anonymous a écrit :
Nunus a écrit :
J'en profite pour vous conseiller un trés bon livre que je finirai aprés le bac qui est "La rage de vivre" de Milton Mezzrow. Ce clarinetiste et saxophoniste blanc raconte l'histoire du Jazz et son expérience au prêt des plus grands. Un ouvrage de référence incontournable ;)


200 % d'accord, la lecture de ce livre PASSIONNANT est indispensable à toute amateur de jazz, et surtout, de grande littérature américaine. La tôle, la drogue, les rencontres bouleversantes (Bix Beiderbeck, et surtout Bessie Smith), une sorte de "Sur la route" avant l'heure. Un véritable must méconnu, préfacé par le grand Henry Miller siouplait.


Désolé, je partage le PC avec Ozgirl qui m'a déconnecté :spice: :D
klem
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Message par klem »

Merci Wonk pour ce sujet.
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Message par Mad_Ouaf »

Nunus a écrit :
Pas de trace audible authentique de cette musique, et pour cause, les noirs ne pouvaient que se feliciter de pouvoir jouer sans etre trop dérangé, alors il était utopique de vouloir enregistrer quoi que ce soit ce n'était d'ailleur tout simplement pas dans les moeurs à l'époque d'enregister la musique.

Je me permet d'intervenir car je suis en déssacord avec toi ;) Certes peu d'enregistrement à cette époque mais pas pour une question de moeurs à cette époque mais surtout que le Jazz était une musique "marginale". En effet, c'était des blacks et comme on le sait à l'époque leur condition de vie et leur relation avec les américains n'étaient pas évidente. Ils ont pour la plus plus part fait leur premier cachet dans des bordels de la nouvelle orléans et jouer majoritairement là bas. La mafia a trés longtemps produit des orchestres de Jazz (cf. les clubs d'Al Capone).
[/quote]

J'en profite, pour conseiller aussi une bd de Crumb, "Mister Nostalgia" (http://www.bedetheque.com/index.php?S=7498 ) où Crumb relate dans une short-storie appellé "that's life" comment on à découvert des enregistremment de bluesmans de cet époque.

Il y avait évidemment des gens qui étaient intéressés par la musique du blues, quelques (très très rares) avant gardistes, mais aussi des gens qui se disaient qu'on pouvait enregistrer des disques pour les noirs afin de les revendrent aux noirs. Ainsi certaines maisons d'éditions avait des types qui parcouraient un peu le pays et de ville en ville engagaient des types qu'ils voyaient jouer dans la rue ou dans les bars. Ensuite, ils les faisaient jouer dans une chambre d'hotel improvisée en studio d'enregistrement, et imprimait un disque de quelques titres et l'éditait à à peine une centaine d'exemplaire. Ensuite, ils donnaient un pourboire au type qui avait de quoi se saouler au bar, et finir sa vie à jouer du banjo dans un coin où l'on entendrait plus jamais parler de lui.
Les disques eux, étaient revendus aux particuliers, en vrac, avec du bon et du moins bon. Au bout de quelques années, lorsque l'on s'aperçut que cette branche n'était PAS rentable du tout, (certains disques ne se vendait qu'un ou deux exemplaires) on se pressa de vite la fermer.
Tout le monde oublia ces disques qui prirent la poussière dans des greniers de particuliers pour la plupart. Il faudra attendre des décennies et plusieurs générations pour que certains fans de jazzs se mettent à fouiner les disques lors de vides-greniers ou à frapper de maison en maison pour demander aux gens s'ils pouvaient racheter leurs vieux disques, et finalement de découvrir LA pépite d'un chanteur totalement inconnu. (Et parfois à tout jamais inconnu, certains disques ne portant pas de noms...)

Bref, c'est une de ces histoires que vous lirez dans cette bd que je vous conseille, et qui apporte un point de plus dans cette histoire du jazz.
<B>:smile7: </B>
<B>Dog-Zone, les puces, sur mon blog:</B>www.20six.fr/le-mad-dog
klem
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Message par klem »

Est ce que des Franciliens ont eut l'occasion de se rendre au Paris Jazz Festival ?

Programme 2004
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monsieur_meuble
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Message par monsieur_meuble »

klem a écrit :Est ce que des Franciliens ont eut l'occasion de se rendre au Paris Jazz Festival ?

Programme 2004


j'y vais dimanche , et je vais y retourner pdt les 2 mois à venir !
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Message par Wonk »

2e Partie : Armstrong précurseur du Jazz "classique", swing swing swing !

Retour sur "Satchmo" alias Armstrong.
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On rattache souvent Armstrong au style new-orleanais, ce n'est pas tout a fait faux, il en a joué, longtemps au sein de l'orchestre de King Oliver mais Armstrong s'inscrit en rupture avec ce style car de par son brio il va en engendrer un nouveau. Le N.O. lui a servit a faire ses armes mais Armstrong ne serait probablement jamais devenu Satchmo s'il s'était cantoné a jouer du N.O. canonique.

Rupture d'un point de vue de la hierarchie des musicien dans la musique : Armstrong est le premier grand soliste brillant par son talent, écartant les autre musiciens du groupe du chemin menant a l'oreille de l'auditeur. C'est lui qu'on remarque.
Ce qui induit une rupture stylistique, la musique d'Armtsrong étant celle d'un soliste accompagné et non plus celle d'un groupe d'improvisateurs.
Lorsque sous les conseil de sa femme pianiste il quitte King Oliver vers 1925 apres lui avoir fait quelques infidélité chez Fletcher Henderson entre autre il va fonder son groupe à geometrie variable mais de formation toujours relativement restreinte montrant clairement qu'il est le leader qui s'entoure du minimum, un quintet pour commencer : le Hot Five.
Le nom du groupe évolura en fonction du nombre de musiciens qui y seront présent.

"Hot" voila qui me fait penser à une autre caracteristique d'Armstrong, c'est lui qui va fixer la signification de ce terme ainsi que du "Swing" en terme de Jazz, non pas que les groupes N.O. ne soient pas "Hot" ou ne "Swing" pas, mais avec Armstrong tout ça se formalise et devient un element fondateur et caracteristique du jazz, pas de "swing" pas de jazz aurait on dit à l'époque si bien que lorsque "les Be-Bopeurs" et les "Cool" apparaitront on leur reprochera de ne plus faire de jazz car ces styles semblaient faire trop peu d'état du swing pour etre du Jazz de l'avis des auditeurs de l'époque et notamment certains spécialistes tels Hugues Panassié.

Armstrong, comme Parker le fera à nouveau plus tard avec le Be-Bop, donne un point de départ au Jazz il lui donne son acte de naissance en signant l'acte de décés du Jazz primitif qu'est le N.O.
D'ailleur apres Armstrong tout les trompetistes seront héritiés de son jeu dès lors qu'ils joueront Jazz, voila qui en dit plus que tout autre chose sur l'importance de cet homme.

Mais assez de mots : en 1928 Armstrong dit tout de ce qu'est le jazz dans l'introduction de West End Blues.
Dernière modification par Wonk le 14 juil. 2004 17:05, modifié 3 fois.
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klem
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Message par klem »

Merci Wonk.
j'ai justement offert à mon vieu pour sa fête, le DVD "The Miles Davis Story" qui va, je le sens, beaucoup tourner sur ma platine :D
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Message par Wonk »

3e Partie : le temps du classicisme en Jazz

On pourrait continuer avec Armstrong pour aller plus loin dans l'histoire du Jazz mais à notre niveau on peut considerer que le père du scat n'apportera guère plus que ce que contient déja "West End Blues".
Pour coller à l'évolution du Jazz je vais devoir changer de cheval mais il ne faut surtout pas croire que la carrière d'Armstrong ou d'autre musiciens dont j'ai ou dont je vais parler s'arrete necessairement apres que je cesse de les examiner.
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Dès le milieu des années 20 le centre de gravité du Jazz se déplace de N.O. à New York.
Là bas c'est en 1927 qu'un certain Duke Ellington arrive à imposer son groupe comme résident du Cotton Club. Un club réputé dont le dernier locataire n'était autre que King Oliver.
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Dans ce club où l'on vient pour danser, profiter d'une ambiance feutrée qui pouvait devenir graveleuse. Ellington va mettre au point différents styles à partir du swing initié par Armstrong déstinés à répondre aux attentes du publique tels que le Mood ou le Jungle le tout en Big Band.

Sans vous expliquer plus vous aurez compris à quoi était déstiné le Mood, dès lors il est presque inutile de vous dire que le tempo y était moin vif et enjoué que le Jungle, que les sonorités étaient elles aussi presque autant pleine de retenue qu'elle n'était exacérbées dans le Jungle ou le 1er trompetiste de l'époque, Buber Miley, s'ingéniait à faire ronfler ( le terme approprié est le "growl" ) celle-ci comme dans les caves des pires boozes clandestins.
Le groupe aura suffisement de succé pour etre un des seuls à ne pas etre mortellement touchés par la crise de 1929 et il continue donc de se produire au Cotton club régulierement même si dans les année 30, le succés allant, Ellington va tourner.

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Si je parle de classicisme dans mon titre c'est parce qu'Ellington entre autre figure du Jazz swing va tres vite lui donner ses formes. Notamment la forme dite "standard" celle des mélodies en 32 mesures (4x8 le plus souvent suivant le shéma AABA) à coté de l'immuable Blues à 12 mesures. Auparavant les Jazzman utilisaient un peu tout, du 16 mesures, du 32 de forme ABCD. l'époque du Jazz Swing voit la fixation de la forme des morceaux, ainsi que d'autre détails tels que le "chorus de l'arrangeur" en plus d'enfoncer le clou sur le swing en lui même qui devient la caractéristique première du Jazz : "It don't mean a thing if it ain't that swing" c'est le slogan du jazz de l'époque.

Si bien que ce jazz classique fini par ronronner comme un gros chat qui se prélasse au soleil, par se reposer sur ses lauriers et jusque la deuxieme moitié des années 30 rien de bien neuf ne se passe même si Ellington tente parfois des expériences qui defrayent la chronique comme "reminiscing in tempo".
C'est Ellington, toujours lui, qui apres avoir beacoup contribué à installer ce classicisme va plus ou moin commencer à le remettre en cause avant l'arrivée des be-bopeurs apres avoir accepté l'aide de Billie Strayhorn à ses coté pour des tubes telles que "Take The A Train" ou profité d'une collaboration avec Juan Tizol pour accoucher d'un singulier "Caravan", Ellington frappe un grand coup avec "Concerto For Cootie" un chef d'oeuvre du Jazz d'une forme inédite en son sein le "concerto". Cootie, c'est le 1er trompettiste de l'orchestre, Cootie Williams, qui a remplacé Buber Milley.

Malheureusement de tout ces coups d'éclat rien ne va naitre directement et le swing continue de se mourrir malgré ces soubresauts à la toute fin des années 30.
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Verrouillé