Guigui le gentil a écrit :C'est vrai qu'un certain côté militant a disparu depuis quelques années et cela est bien dommage.
Revoilà ça.
Bon, désolé mais le FLT je l'ai co-créé il y a cinq ans et demi avec Oz et quatre autres personnes, et je l'ai donc parfaitement vu évoluer durant ce relativement gros laps de temps. Et ce soit-disant côté militant qui l'aurait imprégné, qui nous est martelé alors que c'est une fiction romancée, un pur fantasme, n'a JAMAIS existé au FLT. Le FLT n'est pas moins militant aujourd'hui qu'en 1999, et si l'on se contentait de faire du factualisme primaire ce serait même le contraire. Mais apparemment, cette image de l'ancienne école d'un FLT militant est aussi fausse que vivace, parce que chaque groupe a besoin de trouver ses mythes fondateurs en élaborant des traits grossiers puis en les greffant au germe primitif du groupe. Le FLT n'a JAMAIS été militant, un point c'est marre.
En revanche le FLT a changé de ton, pour ne pas dire qu'il a fait le grand écart sur ce point là. D'un ton hostile et déconneur, il est passé à un ton plus accueillant et plus sérieux. Ce changement de ton, qui n'a pas été progressif mais qui a vraiment été une rupture, a attiré beaucoup de monde sur le forum du FLT, et la plupart des gros posteurs ici le sont parce que ce phénomène s'est produit. La massification du FLT a fait que des discussions jusque là élitistes et concentrées sur une quinzaine de séries ont laissé place à des discussions sur toutes les séries, notamment celles inclues dans des genres jusque là ignorés comme les soaps et les sitcoms. Ca a apporté des inconvénients identitaires, mais si l'on prend là encore le seul factualisme, ça n'a amené que des avantages, de Episode au Premium Tv. Un changement de ton c'est tout ce qu'il s'est produit.
Le FLT primitif était déconneur, par conséquent il n'avait pas à avoir de but revendiqué, il tâtonnait au pif et se réjouissait d'une guerre uniquement virtuelle. Le FLT moderne est sérieux jusqu'à vouloir être associatif, dès lors ça n'est qu'à partir de là qu'il - et ce topic le prouve - se cherche un objectif. Il doit jongler avec un paradoxe récent, à savoir qu'il traite trop sérieusement d'objets finalement d'importance très relative, les séries télévisées. Mais les séries télévisées ne deviennent d'importance très relative qu'à partir du moment où le FLT devient une association légale parce que le sens commun voudrait qu'une association soit inscrite dans la défense d'objets sociaux concrets. Le FLT a un héritage sur le dos, c'est une grosse vignette avec marqué "Séries TV" dessus, et depuis quelques mois il tente de s'en débarasser, avec certains progrès indéniables sur ce point. Maintenant si une majorité des sympathisants du FLT préfèrent discuter de Gilmore Girls - on m'excusera cet exemple récurrent chez moi - plutôt que des méfaits psycho-sociologiques de La 1Ere Compagnie ou des processus de concentration capitalistique des grands groupes médiatiques, que peut-on y faire ? Si la LTE a plus de succès que le FLT, que peut-on y faire ? Si personne n'est fichu de distribuer quelques tracts quand le FLT tente quelque chose, que peut-on y faire ? Je soulignerais simplement que la plupart de ceux qui se plaignent d'un FLT passif sont aussi ceux qui se sont désistés à de multiples reprises lorsqu'il était question de la création d'un mini-site dédié à la lutte contre la Télé-Poubelle, prétextant d'être overbookés ou s'éclipsant radicalement de la discussion. Il faut aussi préciser que les sympathisants qui ont un réel pouvoir concret se trouvent à Paris, car c'est sur la capitale que les locaux des chaînes se trouvent, que le débat universitaire, culturel ou politique à propos de la télévision peut se faire et pas dans n'importe quel village du Berry. Et qu'hormis deux ou trois d'entre eux, les sympathisants du FLT concernés géographiquement ne semblent pas décidés à organiser autre chose que des discussions dans des cafés à propos de Boomtown - manifestation de chaleur humaine tout à fait légitime mais guère utile à terme.
Le problème du FLT a été, est, et sera pendant encore un certain temps de n'avoir aucun objectif de groupe limpide. Chaque membre envisage un but différent pour le FLT, et certains ne lui en attribuent même aucun. Peut-être que le FLT aurait dû se constituer en parti, ou en classe, pour créer un sentiment d'appartenance et ainsi avoir un objectif unifié à atteindre, avec l'élitisme comme revers de médaille - mais dans ce cas vous n'en seriez peut-être pas. Plutôt que vos histoires de militantisme imaginaire, ce serait ça le vrai reproche à faire au FLT, cette erreur qui a été de penser que la massification n'allait pas le changer. Or la massification c'est la méthode de dilution ultime, c'est comme la loi d'airain de l'oligarchie - plus le nombre d'adhérents à un parti politique augmente, plus ce parti est contraint de se moyenniser jusqu'à ne plus avoir de programme cohérent ou bien de finalité. Le FLT est plus que jamais devenu une sorte de piscine hédoniste, avec le présent comme seul référent temporel et un minimum d'anticipation. Lorsque le groupe n'était pas sérieux et encore moins structuré, cela ne posait aucun problème. Le FLT, actuellement, existe dans le seul but d'exister. Alors il pond de temps en temps un article, il discute de ceci ou de cela, mais tout ça n'est pas animé par une dimension téléologique ou par un objectif, mais par le simple instinct de survie de l'instant. Voilà ce qui l'en est du FLT, et d'une critique justifiée à son encontre, pour moi.
Klem a écrit :Les prises de positions sont moins violentes. Dommage aussi.
Paroles de profanes non initiés au rituel de l'Ouroboros.
La seule prise de position digne de cet intitulé que le FLT ait eu dans son parcours, c'était lors d'une pétition contre le lobby royaliste Familles De France fin 2000. Autrement, je n'ai vu que des opinions individuelles puisque sur les affaires Canal + et Intermittents, certains avis divergeaient et que de ce fait le FLT a protesté avec une main de gaucher.
Maintenant il faut voir ce que vous regroupez sous l'expression "Prise De Position". Si vous y incluez les phrases assassines contre la Télé-Poubelle ou le CSA, le FLT n'en a pas été avare dans Episode, et pourtant c'est de la strictly période FLT moderne. Organiser une pétition pour que Arthur démissionne ou soit enfermé à vie dans une prison du Tiers-Monde, c'est une prise de position radicale, je signerais avec joie, mais c'est complètement risible. Organiser le boycott d'une émission télévisée c'est raisonnable, mais ça ne mène à rien car l'on remarque que même certains sympathisants du FLT suivent ce type d'émissions. La vérité c'est que le FLT ne peut rien faire seul à ce propos. Il faudra qu'il s'associe à d'autres groupes pour mener à bien ce genre d'actions. Proposez-en, le Conseil délibèrera, et si l'avis est favorable un contact sera éventuellement établi, tout en sachant que le FLT évite du mieux qu'il peut les filiations avec des associations aux orientations politiques précises - tout en sachant également qu'un certain degré d'hypocrisie existe dans cette règle qui n'a été que partiellement appliquée jusque là, toute association étant politiquement marquée. La propagation d'un message contre la Télé-Poubelle à large échelle ne se fera JAMAIS par le biais du seul FLT, c'est une question de lucidité. Si le FLT désire produire cet effet, il devra s'associer à d'autres, et notamment à des intellectuels ou universitaires, dans des domaines tels que la communication, l'économie, la sociologie, l'anthropologie, la linguistique, la pedo-psychologie, la philosophie, l'histoire contemporaine...
Quant au "FLT Magazine", idée d'un format papier en tant que vecteur informatif que nombre d'entre nous avons déjà eue, elle repose pour l'instant sur l'utopie la plus nocive qui soit, la crédulité en une quelconque attraction envers le discours critique. Les moyens financiers ne sont pas la seule cause insurmontable de ce revers de manche, il faudrait aussi compter avec le mépris de tous les éditeurs du monde, d'aucun ne voulant briser leurs solides relations dialectiques avec les chaînes hertziennes. En outre, une usine à générer des procès pour diffamations en chaîne, usine que seuls les rentiers de Gala ou Public pourraient faire fonctionner.
Bon pavé dans la mare Klem...
Couci-couça.
J'ai le sentiment d'une répétition fréquente de cet argumentaire. Argumentaire faussé par certaines lacunes concernant les fondements du FLT même, alors qu'à côté de cela il y a de vraies choses à critiquer. Le côté militant au FLT n'a jamais existé, à moins que l'on considère que untel cassant le pare-brise d'une voiture avec un pied de biche simplement parce qu'il est énervé c'est du militantisme.
Bien sûr que non.