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Les bulles de champ' avant la fête (macabre), la défonce, la descente et la méchante gueule de bois qui ne s'arrêtera qu'à l'épisode 25.
Comment ça? Le grand élan avant le saut final est construit de manière à faire éclater (ou évaporer) les microsphères des intrigues qui sont montées en graine ces derniers temps.
La sédition de Lilah arrive enfin à terme pour se dégonfler comme une baudruche. Son face-à-face avec Samson a la classe et la rigueur d'une confrontation orchestrée par Leone, Carpenter ou Peckinpah. C'est en cela que j'ai été assez étonné qu'il soit résolu par la confession de Jonesy. Techniquement, ca ressemble à une façon d'accélerer le récit et je serais étonné si Mme Lodz s'en satisfaisait. Son désir de vengeance n'en est pas moins inassouvi, et on sait qu'elle est pour une solution radicale. Et puis, on ne fait revenir Lodz dans la peau de Ruthie pour l'oublier aussitôt, enfin, c'est mon impression. En tout cas, la scène est très sympa et sa relative légereté est bienvenue (vu que le reste...).
Elle y est arrivée parce que ça ne va pas très fort au Carnie, les sous manquent, aussi l'idée d'aller jouer chez les bénis-oui-oui prête à confusion. Donc, Rita Sue s'emporte, gueule, désespère -et elle est superbe. Et lorsqu'elle sanglote au retour de Jonesy, j'ai du mal à distinguer si elle est soulagée pour sa fille ou si elle ne serait pas en train d'étouffer un retour de flamme. Cela étant, le Carnivàle se ressoude sur des bases neuves, et ils font bien de se tenir les coudes vu qu'ils ne savent pas vraiment où ils mettent les pieds.
Iris et Norman sont probablement parmi les personnages qui ont pris le plus d'ampleur dans cette saison. La relation qui lie ce dernier au diable en herbe et à sa soeur a fait l'objet d'un traitement vraiment subtil, où les zones d'ombre ont toujours pourtant dominé. Plus encore, le développement de l'attitude d'Iris a fait l'objet d'une étude fas-ci-nan-te. D'un épisode ou d'une scène à l'autre, elle en a fait murir des interrogations par ses contradictions et ses paradoxes. Son back-up à Ben et son intérêt pour Sofie font pressentir une position déterminante probable dans le finale. Son intervention dans la scène finale est jouissive de cynisme et de désespoir enjoué. Evoquant avec son frère les plaisirs de leur petite enfance en faisant face à ce qui sera peu ou prou l'horizon de la Fin, elle est splendide, et l'air hagard de son frère est délicieux.
Ben a trouvé la trace de Justin, et donc de Sofie, mais quand il parvient à approcher, il lui dit qu'il n'est pas venu pour elle - ah, les bonnes manières et le Ben
! - , mais t'inquiètes hein, il reveindra aussi pour te sauver, Sofie (vu qu'on n'a pas oublié que tu es l'Omega et qu'il vaut mieux t'avoir à l'oeil). Les scènes "oswaldiennes" de Ben sont simples et efficaces: du bois, une casquette, du parquet qui grince, un soldat camouflé par le noir de la nuit. Forcément, remercions Jonesy pour faire durer le plaisir. On apprécie aussi qu'Iris et Norman aient mis sur sa route.
Sofie et Justin, Iris, Norman avec Sofie et contre Justin... Oh, du De La Tour
!!! Le rythme lourd et statique et leur opacité s'accordent parfaitement à la splendeur lugubre et à la tension sous-jacente présente dans ces scènes. Elles préparent à ce levet de couvercle dans la scène du patio, où le commentaire des éclairs menace une dérive kitsch s'il n'y avait pas ce jeu absolument insoutenable sur la lumière qu'ils réverbèrent sur le regard de Justin, dont on prie à chaque occurence qu'elles ne nous révèlent pas les yeux qu'il ne faut pas regarder en face. Leur relation fait penser à "Mary Reilly", sauf que Clea n'a pas besoin de rouler des gros yeux pour nous impressioner, que Dr Jekyll et Mr Hyde ne sont pas une caricature du bien et du mal mais leurs incarnations pures, et puis surtout ça fait peur. Enfin, j'aime beaucoup le fait que Sofie puisse se défendre, quand elle trouve le masque et somme Justin de répondre, et enfin quand elle lui dit qu'il lui fait mal. Quoique quand on pense aux conséquences potentielles d'un tel acte, on préfère autant ne pas avoir peur pour elle (et continuer à se dire :"non, c'est pas spossible ça... QUAND MEME!!")
Oh, et dernier détail: la composition des cieux dans la série, une de ses grandes forces, j'ai trouvé désarçonnant que l'on retrouve au début la couleur sépia et rose de soleil au coucher qui parcoure le générique. Je crois que c'est la 1e fois que l'on retrouve telle cette couleur telle quelle dans la série (on connait mieux les vents de poussières, les compositions à la Hopper et la clarté écarquillante de l'azur). Fucking sunset, you're gonna smash our fucking faces !!!
La cocotte doit siffler, et avant de tendre l'autre joue, le spectateur est comme dans une montgolfière, au fur et à mesure, l'air lui manque, la pesanteur et la gravité titillent ses nerfs fragiles et les bouffées délirantes le gagnent. Devant cet épisode chiche en termes d'action et de progression dramaturgique, où les scènes évoluent comme des mini-cercles de l'enfer où plus on chute, moins on bouge, ses yeux fantasment sur l'imminente déflagration. Voilà ce que j'appelle les bulles de champagne, tous ces enjeux fomentés par l'évolution de la saison qui arrivent à terme pour ne nous laisser après que le plaisir de l'alcool qui rendra la fête plus folle!
I'M ADDICTED TO YOU COS' YOU KNOW THAT U'RE TOXIIIIIC!!! 
...
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