"Le moment est enfin venu.
Je vais devoir aller à la frontière secrète à 1000 km à l’ouest d’ici.
Et je crois que mon attente touche à sa fin.
Voilà, 243 ans que je suis assis ici, devant cette grande cascade du Mont des 5 Pics, sans bouger, que je guette ce moment.
Là où se dresse l’immense tour où Athéna a enfermé le Mal lors de la dernière bataille.
Mais le sceau qui maintenait le Mal emprisonné va bientôt tomber.
Le sceau va perdre toute son efficacité dans peu de temps.
Et vont ressusciter du fond des ténèbres les 108 Etoiles Maléfiques dirigés par le maître de l’obscurité Hadès.
Pour régner sur la Terre usant de terreur, privant le monde de sa lumière.
Mais tant qu’existeront Athéna et ses Chevaliers, les Spectres d’Hadès ne seront pas libre d’agir à leur cause.
Une nouvelle Guerre Sainte va commencer !"
1989, fin de la saga
Saint Seiya sur petit écran. Suite aux baisses d’audience, la série est définitivement arrêtée au grand dam des fans. Au revoir Chevaliers de Bronze, vous avez combattu avec courage mais la baisse de qualité de la partie Poséidon vous a été fatale. Pendant nombre d’années, les aficionados ont espéré que la Tôei produise la suite et fin de leur oeuvre culte. 2002, c’est désormais chose faite, du moins en partie. En effet, le segment Hadès étant conséquent, seul le Jûnikyû-hen ou chapitre du Sanctuaire sera réalisé en premier. Sûrement pour tester le public et ainsi voir si
Saint Seiya est encore capable de faire recette. 13 OAV sont produits, retraçant les quatre premiers tomes du manga de la partie Hadès (du 19 au 22ème tome). Diffusé à raison de deux épisodes par mois sur la chaîne payante Animax dès novembre, la série est un succès immédiat. Tel le cosmos de Seiya, ce succès ne va cesser de s’intensifier jusqu’à la fin de la diffusion, puis encore après avec l’exploitation DVD. Le 7ème sens venait d’être atteint.

A l'issue de l'éprouvante bataille contre Poséidon et les Généraux des Mers, Seiya, Shiryu, Shun, Ikki et Hyoga sont rentrés chez eux, blessés et épuisés, laissant Saori au Sanctuaire sous la garde des Chevaliers survivants. À la cascade de Rozan, le Vieux Maître se réveille au milieu de la nuit suite à un cauchemar dans lequel Hadès, le Dieu des Enfers, tranche la tête d'Athéna. Il sent que le sceau d'Athéna qui emprisonne les 108 Spectres d'Hadès est sur le point de se briser, signifiant ainsi le début d'une nouvelle Guerre Sainte. Pendant ce temps-là devant la Maison du Bélier, Mü se retrouve opposé à ses anciens camarades revenus à la vie afin de servir Hadès. Ils ont pour mission de ramener la tête de Athéna au Dieu des Enfers. Pour cela, les renégats vont devoir, comme l’ont fait les Chevaliers de Bronze en leur temps, remonter les douze Maisons du Zodiaque...
Avant toute chose, il faut revenir sur la genèse du manga. Après la petite déconfiture de la partie Poséidon (intrigue redondante, personnages peu intéressants et final décevant), Masami Kurumada s’est retrouvé avec un couteau sous la gorge. Par pur respect envers lui, la Shûeisha, qui éditait ses mangas à l’époque, le laissa continuer son histoire. Le mangaka trouva un second souffle et pondit dix volumes intenses (publié jusqu’à fin 91) dont le seul et unique défaut aura été de bâcler une fin indigne de clôturer une telle saga. L’intrigue principale de la partie Hadès brisa le schéma classique de la quête linéaire. En effet, le scénario est plus complexe, plus riche, plus adulte aussi. Les intrigues secondaires sont légions et l’histoire se focalise sur de nombreux protagonistes à la fois. Les Chevaliers de Bronze ont un rôle presque secondaire dans la première partie, laissant les Chevaliers d’Or faire le "boulot". Chose, que n’importe quel fan attendait depuis longtemps. Pourtant, malgré la réussite indéniable du manga, il aura fallu attendre 11 ans pour que cette formidable histoire soit déclinée en série animée.

C’est avec joie que l’on retrouve une bonne partie de l’équipe originelle sur ces OAV. En effet, Shigeyasu Yamauchi reprend son poste de réalisateur. Fonction qu’il va occuper une dernière fois sur l’excellent film
Saint Seiya Tenkai-hen avant d’être définitivement mis à l’écart pour des "divergences artistiques" avec Kurumada. Un choix totalement incompréhensible quand on sait que le réalisateur était un des piliers de la saga. Mais passons. Shingo Araki est toujours présent en tant que directeur de l’animation, ainsi qu’au chara design (avec Michi Himeno). Enfin, Seiji Yokoyama s’occupera de la musique. Ces trois piliers étant réunis, tout avait été mis en oeuvre pour que
Saint Seiya Hades soit la pierre angulaire qui allait faire renaître le mythe sur petit écran. De nouveaux génériques font leur apparition. L’opening, Chikyûgi marque un changement majeur dans le style musical. Exit le générique rock, la chanson de Yumi Matsuzawa se veut envoûtante, douce et mélancolique à la fois. De même, l’ending, Kimi to onaji aozora, toujours l’oeuvre de la chanteuse japonaise, reste dans un ton similaire.
Le changement majeur par rapport à la série d’origine est bien évidemment d’un point de vue graphique. Bénéficiant d’un solide budget et des dernières technologies d’animation, La Tôei a tout fait pour nous offrir des OAV visuellement sublimes. Le chara design de Shingo Araki trouve une seconde jeunesse ici, le graphisme est travaillé et la qualité de baissera pas d’un pouce durant les 13 épisodes.
Saint Seiya Hades est l’oeuvre de perfectionnistes et cela se voit. C’est une première pour la série, les CGI sont partis intégrante de l’univers graphique. En effet, bon nombre d’éléments de décors et d’attaques sont modélisés en 3D. Le résultat est inégal car l’intégration n’est pas toujours parfaite, voir ridicule (premier épisode quand Seiya revêt son armure). Mais, les CGI permettent surtout de mettre en valeur la véritable puissance des Chevaliers d’Or. Quand on assiste au premier Galaxian Explosion de Saga il est difficile de rester impassible devant un tel choc visuel. Pour accentuer la beauté de l’ensemble, les partitions magiques de Yokoyama vont vous soulever les oreilles. La plupart des seiyuu reprennent le flambeau pour le plus grand plaisir des fans. La prestation des comédiens est épatante, voir tout simplement bluffante après le sacrifice de Athéna. L’intensité du jeu de Toru Furaya atteint des sommets d’émotion. Enfin, petit plaisir personnel, le rire de Deathmask est sans conteste le meilleur rire sadique au monde. J’überkiffe ah ah ah.

Outre l’aspect purement visuel, l’autre force indéniable de la série est bien sûr son scénario. Une intrigue principale, qui, comme je le disais juste avant brise le schéma classique de la quête linéaire pour sauver la déesse Athéna (la Bataille du Sanctuaire, Asgard et Poséidon ont sensiblement la même intrigue principale). En effet, l’histoire ne se focalise pas principalement sur Seiya et les Chevaliers de Bronze. Les deux premiers épisodes mettent en scène Mü, le Chevalier d’Or du Bélier qui défend sa Maison contre ses anciens camarades. Puis nous suivrons le parcours de Saga, Shura et Camus vers le Temple d’Athéna. En parallèle nous assisterons au combat entre Shion et Dokho. Puis, nous retrouverons Mü alors que les Chevaliers renégats semblent avoir disparu. Les Chevaliers de Bronze, les véritables héros de la saga n’interviendront finalement qu’à la fin lors de l’assaut du château d’Hadès (ainsi qu’évidemment lors de la suite dans les Enfers). Tout ça pour dire, que le scénario navigue entre les différents personnages et comprend de nombreux rebondissements toujours surprenants. Ajouter à cela, un climat sombre, renforçant la maturité de l’oeuvre. On obtient, sans conteste, une série passionnante de bout en bout.
L’adaptation du manga est très fidèle, hormis quelques changements mineurs mettant en scène les Chevaliers de Bronze. Des modifications sûrement commerciales, Seiya et ses amis étant les personnages principaux de la saga, mais surtout les plus populaires. Ceci dit, il faudrait être un chipoteur de première pour critiquer ces choix. Les scénaristes, Fumiya Fujii et Michiko Yokote ramènent à la vie les Chevaliers d’Argent pour un bref combat contre Shiryu, Shun et Hyoga. Ils rajoutent une scène de dialogue entre Ikki et Shiryu (Ikki étant normalement totalement absent de ce chapitre), puis une autre scène entre Shaina, Hyoga et Shun et enfin encore une autre entre Seiya et Shiryu dans le Colisée. Seiya combat brièvement contre Cyclope et Papillon (Mü s’occupe ensuite de Papillon). Ce n’est plus Mü qui découvre les cadavres de Spectres tués par les trois renégats mais les Chevaliers de Bronze. Lors de la double Athena Exclamation, Seiya et ses amis interviennent pour la dévier alors que dans le manga seul Shiryu était présent. Shion disparaît maintenant tout à la fin du chapitre après un émouvant dialogue avec Dokho. Enfin, tous les Spectres du château d’Hadès ont été supprimé et Seiya tombe dans le puit des Enfers avec Rhadamanthe.

Qui dit
Saint Seiya, dit les thèmes propres à la saga. À savoir l’amour, l’amitié, l’héroïsme et le dépassement de soi. Pour certains,
Les Chevaliers du Zodiaque (prenons le terme francisé) se résume à un simple animé de combat, sans véritable intérêt. Or, ces ignorants devraient laisser les préjugés de côté et ouvrir leur âme devant la magie de l’univers. Le monologue de Shaka est en soit un magnifique hymne à la vie.
Saint Seiya est une oeuvre émotionnellement intense, qui vous arrachera souvent les larmes des yeux. Des larmes de tristesse lorsque Athéna se sacrifiera devant les yeux ébahis de Saga (scène inversée de la fin de la Bataille du Sanctuaire). Des larmes de joie lorsque Dokho revêtira à nouveau l’armure d’or de la Balance.
Saint Seiya est aussi une oeuvre de fureur : le combat opposant Shaka aux Chevaliers renégats se révèle très Kawajirien dans l’esprit. Ultra dynamique, d’une intensité hors norme et visuellement époustouflant, cette séquence contraste avec la staticité des combats qui faisait défaut dans la série originelle. En outre, la série compte un panel de scènes marquantes assez impressionnant : l’introduction des Trois Lamentations, le châtiment de Milo, Aiolia défaisant 5 Spectres d’un coup, la double Athena Exclamation, la disparition des Chevaliers renégats et évidemment le plan final terriblement frustrant.
Parmi les nouveaux personnages, nous avons les Spectres, les soldats du Dieu des Enfers. À l’instar des Chevaliers d’Athéna, les Spectres ont une hiérarchie et leurs armures se nomment Surplices. Le plus haut gradé présent dans cette première partie est Rhadamanthe (on excepte Pandore qui n’est pas chevalier). Dans la mythologie Grecque, il est le fils de Zeus et Europe. Après sa mort il devient un des Juges des Enfers (avec Minos, son frère et Eaque). Il commande un groupe de Spectres venu surveiller les Chevaliers renégats. Parmi eux, nous avons Niobé, Myu, Gigant, Laimi ou encore le rigolo Zelos. Niobé est à l’origine une reine de Phrygie qui fut changée en pierre après s’être un peu trop vanté de sa fécondité. Il est intéressant de constater que le nom de ce personnage est aussi utilisé dans la trilogie
Matrix (joué par Jada Pinkett Smith). En effet, l’oeuvre des frères Wachowski n’est pas si éloigné de celle de Kurumada en y repensant. Les deux s’inspirant de diverses mythologies, renforçant la richesse de leur univers respectif.

Reste le problème de la diffusion en France des ces OAV. Les droits de
Saint Seiya sont détenu par AB. Quand on voit le massacre qu’ils ont occasionné sur la série originelle (DVD à la qualité exécrable, censure, absence de VOSTF), on ne peut espérer qu’ils cèdent rapidement les droits à un éditeur attentionné. 2005, l’heure est aux rumeurs. Suite au relatif bide du film
Saint Seiya Tenkai-hen (j’insiste sur le terme "relatif"), la Tôei parlait d’arrêter purement et simplement l’idée de faire la suite. Or, alors que le DVD du film se vend bien, on reparle d’une éventuelle remise en chantier. Des rumeurs parlent même d’une diffusion pour la fin de l’année (26 épisodes). Cela dit, ces infos sont à prendre avec des pincettes, aucune confirmation n’a été faite. Quoi qu’il en soit, il est impensable que la Tôei abandonne aussi lâchement son bébé. Il suffit de voir le succès des figurines Myth Cloth, qui se vendent comme des petits pains ou le jeu PS2 très attendu. De toute façon, un mythe est éternel et reste gravé à jamais dans le coeur des Hommes.
Saint Seiya, c’est immortel.