Violence, vérité et journalisme
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DarkLord
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Violence, vérité et journalisme
La question avait été soulevée il y plusieurs semaines quand certaines chaînes avaient refusé de montrer les images de soldats américains dépecés par une foule hystérique.
Aujourd'hui, LCI et CNN montraient les images des otages japonais en Irak. Je me suis demandé, si les preneurs d'otage les tuaient et filmaient la scène, les journaux pourraient-ils (devraient-ils) montrer cette scène ?
D'un côté, il est vrai que c'est ultra-violent. Mais c'est aussi la vérité.
A partir du moment où les éditorialistes font des coupes, on peut soupçonner des manipulations de l'opinion.
Perso, je pense qu'il faut tout montrer aux infos. C'est le meilleur moyen pour sensibiliser l'opinion à certains problèmes. Si on avait montré le génocide rwandais aux infos dès le début, des milliers de vies auraient certainement pu être sauvées.
Aujourd'hui, LCI et CNN montraient les images des otages japonais en Irak. Je me suis demandé, si les preneurs d'otage les tuaient et filmaient la scène, les journaux pourraient-ils (devraient-ils) montrer cette scène ?
D'un côté, il est vrai que c'est ultra-violent. Mais c'est aussi la vérité.
A partir du moment où les éditorialistes font des coupes, on peut soupçonner des manipulations de l'opinion.
Perso, je pense qu'il faut tout montrer aux infos. C'est le meilleur moyen pour sensibiliser l'opinion à certains problèmes. Si on avait montré le génocide rwandais aux infos dès le début, des milliers de vies auraient certainement pu être sauvées.
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Jéjé
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Re: Violence, vérité et journalisme
DarkLord a écrit :Si on avait montré le génocide rwandais aux infos dès le début, des milliers de vies auraient certainement pu être sauvées
Tu m'expliques ce que tu aurais fait de plus si tu avais vu des milliers de corps ?
Tu aurais pris les armes, envahit le conseil des ministres et dicté ta proposition de résolution au Rwanda ???
pErDUSA : "Mon nouveau forum, je l'aime, je le garde" - Heather L.
Re: Violence, vérité et journalisme
Jéjé a écrit :Tu m'expliques ce que tu aurais fait de plus si tu avais vu des milliers de corps ?
Lui, toi, moi, rien.
Mais Mitterand aurait peut-être arrêté d'envoyer des armes aux Hutus, craignant que ces images de cadavres sans arrêt à la télé ne lui retombent un jour sur la gueule. Sauf qu'en France on accuse qu'une fois les coupables dans la tombe.
Néanmoins, je ne suis pas pour autant du même avis que DarkLord. En terme de balance, les conséquences du montrage total des boucheries auraient nettement plus de conséquences négatives sur les "jeunes" que de conséquences positives sur les "vieux". En plus du problème éthique qui est celui de faire de l'audimat avec des cadavres.
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Jarod
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Peut-on tout montrer sous couvert d'information?
Est-ce que voir la petite fille péruvienne (si je me souviens bien) mourir en direct suite à un tremblement de terre était de l'information ou simplement du voyeurisme?
Le "charnier" roumain (je ne me souviens plus du lieu exactement) au moment de la révolution qui a fait tomber la dictature de Ceaucescu a influencé l'opinion mais n'était qu'une supercherie.
Les images quotidiennes des exactions en ex-yougoslavie jusqu'au massacre de Sebrenica n'ont pas changer beaucoup les choses dans cette guerre pourtant à nos portes.
Et si nous avions su qu'il existait des camps de la mort en 1940? Si la presse nous en avait informé?
La question est double. La première question n'est pas de savoir si l'on peut montrer, la réponse est simple: on peut tout montrer, il n'y a pas de limites.
Le seconde est: Mais à quoi ça sert? Informer? Influencer?
Montrer une fois les victimes des attentats de Madrid c'est de l'information. Les voir pendant une semaine sur toutes les couvertures de journaux, en ouverture de tous les JT à quoi ça sert?
Est ce que nous ne sommes pas déjà au courant? Est-ce que nous ne compatissons pas déjà pour les victimes et les familles? Quel est l'intérêt? Entretenir un climat de peur? Faire simplement de l'audience?
Le 11 septembre 2001 pendant des heures nous avons vu les deux avions s'écraser dans les tours, et les conséquences. Avons nous pour autant été plus informé sur l'événement?
Les massacres rwandais vu à la télé auraient-ils influencé l'opinion mondiale? Pas sur. Les "élites" savaient ce qui se déroulait et je ne pense pas que le fait que l'opinion mondiale soit choqué aurait changé leur choix de non intervention.
Aujourd'hui le problème avec les images des soldats US massacré en Irak est autre. Nous avons déjà vu des victimes de massacres à la télé. Nous avons vu des morts en direct (notamment en Palestine), le sang s'étale chaque jours à la une des journaux. Ne pas monter les soldats US est plus politique. Il faut savoir tout d'abord d'où viennent les images, si elles sont d'origine US il est probable qu'elles ne sont pas "disponibles" tout comme pendant la "guerre officielle" les images des blessés US n'étaient pas "disponibles". Ne pas montrer les forces armées US en "difficulté" dans un conflit peut être un choix. Pour autant l'information est passée. Et je trouve qu'elle est bien passée.
J'espère ne pas avoir été trop brouillon si tôt le matin.
Est-ce que voir la petite fille péruvienne (si je me souviens bien) mourir en direct suite à un tremblement de terre était de l'information ou simplement du voyeurisme?
Le "charnier" roumain (je ne me souviens plus du lieu exactement) au moment de la révolution qui a fait tomber la dictature de Ceaucescu a influencé l'opinion mais n'était qu'une supercherie.
Les images quotidiennes des exactions en ex-yougoslavie jusqu'au massacre de Sebrenica n'ont pas changer beaucoup les choses dans cette guerre pourtant à nos portes.
Et si nous avions su qu'il existait des camps de la mort en 1940? Si la presse nous en avait informé?
La question est double. La première question n'est pas de savoir si l'on peut montrer, la réponse est simple: on peut tout montrer, il n'y a pas de limites.
Le seconde est: Mais à quoi ça sert? Informer? Influencer?
Montrer une fois les victimes des attentats de Madrid c'est de l'information. Les voir pendant une semaine sur toutes les couvertures de journaux, en ouverture de tous les JT à quoi ça sert?
Est ce que nous ne sommes pas déjà au courant? Est-ce que nous ne compatissons pas déjà pour les victimes et les familles? Quel est l'intérêt? Entretenir un climat de peur? Faire simplement de l'audience?
Le 11 septembre 2001 pendant des heures nous avons vu les deux avions s'écraser dans les tours, et les conséquences. Avons nous pour autant été plus informé sur l'événement?
Les massacres rwandais vu à la télé auraient-ils influencé l'opinion mondiale? Pas sur. Les "élites" savaient ce qui se déroulait et je ne pense pas que le fait que l'opinion mondiale soit choqué aurait changé leur choix de non intervention.
Aujourd'hui le problème avec les images des soldats US massacré en Irak est autre. Nous avons déjà vu des victimes de massacres à la télé. Nous avons vu des morts en direct (notamment en Palestine), le sang s'étale chaque jours à la une des journaux. Ne pas monter les soldats US est plus politique. Il faut savoir tout d'abord d'où viennent les images, si elles sont d'origine US il est probable qu'elles ne sont pas "disponibles" tout comme pendant la "guerre officielle" les images des blessés US n'étaient pas "disponibles". Ne pas montrer les forces armées US en "difficulté" dans un conflit peut être un choix. Pour autant l'information est passée. Et je trouve qu'elle est bien passée.
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sygbab
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Jarod a écrit :Montrer une fois les victimes des attentats de Madrid c'est de l'information. Les voir pendant une semaine sur toutes les couvertures de journaux, en ouverture de tous les JT à quoi ça sert?
Est ce que nous ne sommes pas déjà au courant? Est-ce que nous ne compatissons pas déjà pour les victimes et les familles? Quel est l'intérêt? Entretenir un climat de peur? Faire simplement de l'audience?
Le 11 septembre 2001 pendant des heures nous avons vu les deux avions s'écraser dans les tours, et les conséquences. Avons nous pour autant été plus informé sur l'événement?
Effectivement, ça ne sert à rien. Et quand tu parles des attentats du 11 septembre 2001, je me rappelle en avoir eu ras-le-bol au bout d'un moment de voir tout le temps les mêmes images. Ca ressemblait plus à du bourrage de crâne qu'autre chose, et ce n'était certainement pas de l'information. Et je trouve même que ce n'est pas du tout respectueux envers les personnes qui avaient de la famille là-bas d'enfoncer le clou à ce point. Oui, c'était un horrible drame; mais en voir les images une seule fois avait suffi à m'en faire prendre conscience. Au bout d'une semaine, je considère presque ça comme du voyeurisme.
Quant aux conséquences de ce même drame, c'est presque pareil. Après une semaine, les journalistes répétaient tout le temps la même chose, c'était plat et ça n'apportait rien. A partir du moment où tout est dit sur un sujet, ce n'est pas la peine de brasser du vent et de continuer : là encore ça ne sert strictement à rien; c'est plus gonflant qu'autre chose.
Pour en revenir au sujet, je pense qu'il faut utiliser ce genre d'images avec parcimonie. Oui, de temps en temps il faut montrer ce qu'il se passe réellement, afin de faire prendre conscience aux gens des horreurs qui se passent dans le monde. Mais il faut que cela s'inscrive dans un désir d'informer et non pas juste de montrer des images violentes, et je n'ai pas l'impression que c'est toujours le cas. A long terme, trop en montrer ressemblerait à la banalisation de ce genre d'actes. Enfin là, ce que je dis est contestable, mais je ne sais pas bien comment l'exprimer autrement. Si vous voulez, je pense qu'à la longue, au lieu de retourner les tripes des gens et de les faire dégueuler d'écoeurement, ça ne fera dire qu'aux gens "Merde c'est moche, encore des pauvres gens massacrés". Une sorte d'habitude à voir des images choquantes qui les rendent moins choquantes qu'elles ne devraient l'être.
N'hésitez pas à me reprendre sur le dernier point parce que je ne sais pas si c'est très clair et j'ai pourtant essayé de rendre mon point de vue compréhensible mais je n'y arrive pas tellement.
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Jarod
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sygbab a écrit :je pense qu'il faut utiliser ce genre d'images avec parcimonie. Oui, de temps en temps il faut montrer ce qu'il se passe réellement, afin de faire prendre conscience aux gens des horreurs qui se passent dans le monde. Mais il faut que cela s'inscrive dans un désir d'informer et non pas juste de montrer des images violentes, et je n'ai pas l'impression que c'est toujours le cas. A long terme, trop en montrer ressemblerait à la banalisation de ce genre d'actes. Enfin là, ce que je dis est contestable, mais je ne sais pas bien comment l'exprimer autrement. Si vous voulez, je pense qu'à la longue, au lieu de retourner les tripes des gens et de les faire dégueuler d'écoeurement, ça ne fera dire qu'aux gens "Merde c'est moche, encore des pauvres gens massacrés". Une sorte d'habitude à voir des images choquantes qui les rendent moins choquantes qu'elles ne devraient l'être.
Il y a deux points dans ton argumentation.
Le premier (qui vient en second) c'est la banalisation. Je ne pense pas que la diffusion d'images violentes les rendent moins "fortes". La diffusion en boucle de certaines images atténue leur "violence" par effet d'acclimatation (exemple les images extrêmement violentes des attentats du 11 septembre qui aujourd'hui font parti d'une sorte de conscience visuelle collective et, du moins pour ma part, n'éveillent plus les sentiments que j'ai pu avoir le jour même, alors que les images des rescapés des camps sont encore pour moi d'une violence rare). Chaque image, chaque situation violente du réel porte une force propre.
Le second c'est l'accompagnement de ces images, et c'est là que ce fait le problème, le plus souvent elles nous sont "offertes" telles qu'elles. Sans une explication. Je me souviens d'y il y a quelques années un reportage pour l'émission 24heures de Canal dans lequel les journalistes avaient filmés la mort "en direct" d'un jeune garçon. Cette scène particulièrement forte les reporters et les producteurs avaient refusé de la vendre aux autres télés qu'à la condition qu'elles diffusent l'intégralité de l'histoire de ce jeune garçon filmée pour le reportage. Aujourd'hui quand la mort est filmée en direct elle nous est balancée en pleine face sans ménagement. Et une information en chassant une autre on en revient pas sur ce qui nous a été montré la veille. On touche à un problème de l'information télévisée, le flux des infos et surtout le flux des images. Mais c'est une autre question
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sygbab
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Jarod a écrit :Le premier (qui vient en second) c'est la banalisation. Je ne pense pas que la diffusion d'images violentes les rendent moins "fortes". La diffusion en boucle de certaines images atténue leur "violence" par effet d'acclimatation (exemple les images extrêmement violentes des attentats du 11 septembre qui aujourd'hui font parti d'une sorte de conscience visuelle collective et, du moins pour ma part, n'éveillent plus les sentiments que j'ai pu avoir le jour même, alors que les images des rescapés des camps sont encore pour moi d'une violence rare). Chaque image, chaque situation violente du réel porte une force propre.
Voilà ! Je tournais autour du pot car je ne savais pas si je pouvais utiliser ce terme ou non. C'est justement ce que je voulais dire : les mêmes images, à force de l'habitude, perdent toute leur force. Merci de m'avoir aidé sur ce coup, j'avais peur que mes propos soient mal acueillis si j'en parlais tel quel.
Le caméléon a écrit :Le second c'est l'accompagnement de ces images, et c'est là que ce fait le problème, le plus souvent elles nous sont "offertes" telles qu'elles. Sans une explication. [...] Aujourd'hui quand la mort est filmée en direct elle nous est balancée en pleine face sans ménagement.
Oui, c'est vrai que c'est un gros problème. Et ça souligne bien l'effet dont je parle : on a plus l'impression que ces images sont balancées pour essayer de choquer plus que pour informer.
Jarod a écrit :On touche à un problème de l'information télévisée, le flux des infos et surtout le flux des images. Mais c'est une autre question
Pourquoi c'est une autre question ? On parle de la violence dans les reportages et les reportages sont diffusés à la télé... Pourquoi ne pas en parler ?
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Jarod
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sygbab a écrit :Jarod a écrit :On touche à un problème de l'information télévisée, le flux des infos et surtout le flux des images. Mais c'est une autre question
Pourquoi c'est une autre question ? On parle de la violence dans les reportages et les reportages sont diffusés à la télé... Pourquoi ne pas en parler ?
Je parle du traitement général de l'info, pas seulement des images violentes. Il n'y a pas de retour sur l'info. sauf si un sujet refait la une. A la télévision l'information n'a pas de mémoire. C'est de ce point de vue que je pense que c'est un autre sujet.
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snyder
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Jarod a écrit :Et si nous avions su qu'il existait des camps de la mort en 1940? Si la presse nous en avait informé?
(...)
Les massacres rwandais vu à la télé auraient-ils influencé l'opinion mondiale? Pas sur. Les "élites" savaient ce qui se déroulait et je ne pense pas que le fait que l'opinion mondiale soit choqué aurait changé leur choix de non intervention.
Je voudrais réagir sur certains points. Je ne suis pas d'accord avec ta théorie comme quoi si la population avait été au courant des atrocités qu'on nous a caché, ça n'aurait rien changé.
D'abord je trouve que ton exemple sur les camps de concentration pendant la 2GM est mal choisi, car le contexte faisait que même si la population avait été au courant, elle n'aurait rien pu faire étant donné que les nazis dominaient le monde et exerçaient une censure et une restriction des libertés individuelles très fortes (surtout jusqu'en 1943)
Ensuite, tu prend l'exemple du génocide rwandais. Je suis désolé, mais tu sous-estimes le pouvoir du peuple. Si la population française avait été au courant par les médias de ce qui se passait et de l'ampleur du génocide, elle aurait été choquée et se serait indignée de l'attitude des démocraties libérales. Le gouvernement en serait venu à reconsidérer sa position de non-intervention pour éviter le scandale internationnal et ça n'aurait pas évité ce génocide mais au moins limité le nombre de morts.
Les "élites" savaient ce qui se passait et justument ne voulaient pas que la population soit au courant parce qu'ils avaient des intérêts financiers ! (comme Bush en Irak, qui a trouvé un prétexte fallacieux de présence d'armes de destruction massives pour mettre l'opinion publique de son côté...)
Je pense que le peuple, par l'intermédiaire des médias, a un grand pouvoir. Pour exemple, la presse est considérée aux USA comme le 4è pouvoir et a un réel pouvoir politique, comme dans l'afaire "Watergate" de 1972, où le président Nixon a été contraint à démissionner après que la presse ait étalé dans tout le pays qu'il avait fait poser des micros dans un journal. Les médias n'ont pas un tel pouvoir en France, mais s'ils avait diffusé l'information, les choses ne se seraient pas passées comme ça.
Autre exemple : récemment, en Espagne, le gouvernement a menti au peuple et ça a coûté les élections à Aznar grâce en partie aux manifestations de la population (je simplifie bien sûr)
La question est double. La première question n'est pas de savoir si l'on peut montrer, la réponse est simple: on peut tout montrer, il n'y a pas de limites.
Le seconde est: Mais à quoi ça sert? Informer? Influencer?
Hier, au info, les caméras ont montré plusieurs fois une grosse tâche de sang à l'endroit où deux filles ont été renversées par une voiture qui roulait trop vite. Le reportage nous disait auparavant (et soulignait) qu'elles avaient été gravement blessées. Est-ce que c'était nécessaire de nous montrer dans un plan fixe de plusieurs secondes la grosse tâche de sang frais sur la route ? Non, on savait déjà que les filles étaient blessées, il n'était absolument pas nécessaire de montrer ça, sinon pour choquer. Cette image était gratuite, donc non justifiée dans l'information, donc illégitime d'être montrée.
On peut tout montrer oui, mais à condition de le justifier et que ça ait un intérêt dans le contexte. Or les médias font souvent abus d'images inutiles à effet spectaculaire.
- Barry :"It would help if you all showed up, acting like a loving, supportive family.
- Lucille : For how long ?
- Barry : Ten minutes tops.
- Lucille : See if you can get it down to five"
- Lucille : "You are my third favorite child
- Michael : I can live with that"
Arrested development
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Zarathoustra
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Re: Violence, vérité et journalisme
DarkLord a écrit :La question avait été soulevée il y plusieurs semaines quand certaines chaînes avaient refusé de montrer les images de soldats américains dépecés par une foule hystérique.
Aujourd'hui, LCI et CNN montraient les images des otages japonais en Irak. Je me suis demandé, si les preneurs d'otage les tuaient et filmaient la scène, les journaux pourraient-ils (devraient-ils) montrer cette scène ?
D'un côté, il est vrai que c'est ultra-violent. Mais c'est aussi la vérité.
A partir du moment où les éditorialistes font des coupes, on peut soupçonner des manipulations de l'opinion.
Perso, je pense qu'il faut tout montrer aux infos. C'est le meilleur moyen pour sensibiliser l'opinion à certains problèmes. Si on avait montré le génocide rwandais aux infos dès le début, des milliers de vies auraient certainement pu être sauvées.
Mais penses tu que l'on nous montre tout aux infos? Outre la question de la violence et de sa banalisation par acclimatation (cf Sygbab et Jarod), Penses tu voir la réalité du monde lorsque tu regardes le 20h de TF1? Pourquoi le conflit Israelo Palestinien revient-il de façon si récurrente dans les médias? Après tout, un conflit qui s'incarne sur un territoire grand comme un département français doit-il forcément autant monopoliser l'attention des médias, qu'ils soient français ou étrangers?
Moi j'aimerais bien en savoir plus sur la guerre civile et l'épuration ethnique qui ravage le Soudan, la guerre civile qui divise le Sri Lanka...mais non. Rien. Que dalle. si je veux en savoir plus, ce n'est pas par les médias traditionnels que je dois passer. L'absence de médiatisation signifie t-il absence de considération? de compassion? d'existence?
En 1994, au sujet du Rwanda (ma mémoire va peut etre me trahir parceque ça fait 10 ans quand meme), il me semble que les médias ont diffusé l'information. On nous parlait dans les médias, entre la poire et le fromage, du "génocide au Rwanda". Je ne sais plus si des images étaient diffusées, mais on savait. Et de se demander quelles valeurs différentes nous accordons à la vie: y a t-il des vies plus importantes que d'autres? On accuse volontiers la France aujourd'hui sur la question du Rwanda. N'oublions pas que l'ONU était également présente, par l'intermédiaire d'un détachement canadien. Le monde n'a pas réagit pour autant. J'ai dans l'idée que l'opinion publique mondiale aurait été plus prompte à se mobiliser pour sauver 300 pandas que pour sauver 800.000 personnes d'un génocide...
Bref, pour résumer ma pensée, s'interroger sur la violence d'une info, c'est bien, s'interroger sur le choix meme de cette info, c'est mieux.
Zara'
Ainsi parlait Zarathoustra.
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sygbab
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snyder a écrit :On peut tout montrer oui, mais à condition de le justifier et que ça ait un intérêt dans le contexte. Or les médias font souvent abus d'images inutiles à effet spectaculaire.
Si tu avais pris la peine de lire le dernier message de Jarod, tu aurais vu que c'est justement le problème auquel il fait allusion : l'accompagnement des images. Et c'est exactement ce que je reproche aux médias, le fait de ne montrer des images choquantes que dans le seul but de choquer et non d'informer, ce qui provoque à long terme une "banalisation" par effet d'acclimatation (merci Jarod
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sygbab
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Re: Violence, vérité et journalisme
Zara a écrit :Bref, pour résumer ma pensée, s'interroger sur la violence d'une info, c'est bien, s'interroger sur le choix meme de cette info, c'est mieux.
J'en profite justement pour placer quelque chose doint je voulais parler et qui colle à ce que tu dis. Dernièrement il y a eu ces terribles images d'irakiens s'acharnant sur les dépouilles d'américains. On en a fait tout un foin, mais je me pose la question suivante : pourquoi attirer l'attention sur ces actes - certes terribles et écoeurants, je n'ai jamais dit le contraire - en nous les montrant alors que nous n'avons quasiment pas eu d'images sur les victimes civiles des bombardements (ces fâmeux dommages collatéraux) ? Non pas que j'en aurais voulu, mais ça se rattache bien au choix qui est fait des infos. On nous montre des images choquantes sur des actes atroces perpétrés sur des personnes déjà mortes, et on ne voit pas d'images sur les tortures subies par les gens encore vivants, ce qui est bien pire... Ca ne colle pas pour moi.
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Zarathoustra
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snyder a écrit :Ensuite, tu prend l'exemple du génocide rwandais. Je suis désolé, mais tu sous-estimes le pouvoir du peuple. Si la population française avait été au courant par les médias de ce qui se passait et de l'ampleur du génocide, elle aurait été choquée et se serait indignée de l'attitude des démocraties libérales. Le gouvernement en serait venu à reconsidérer sa position de non-intervention pour éviter le scandale internationnal et ça n'aurait pas évité ce génocide mais au moins limité le nombre de morts.
Que tu crois. Toi tu le surestimes, le pouvoir du peuple.
Les "élites" savaient ce qui se passait et justument ne voulaient pas que la population soit au courant parce qu'ils avaient des intérêts financiers ! (comme Bush en Irak, qui a trouvé un prétexte fallacieux de présence d'armes de destruction massives pour mettre l'opinion publique de son côté...)
Quels intérêts financiers? Tu peux m'en citer? Sinon, ça ne restera qu'un fantasme, rien de plus q'une autre théorie du grand complot.
Je pense que le peuple, par l'intermédiaire des médias, a un grand pouvoir. Pour exemple, la presse est considérée aux USA comme le 4è pouvoir et a un réel pouvoir politique, comme dans l'afaire "Watergate" de 1972, où le président Nixon a été contraint à démissionner après que la presse ait étalé dans tout le pays qu'il avait fait poser des micros dans un journal. Les médias n'ont pas un tel pouvoir en France, mais s'ils avait diffusé l'information, les choses ne se seraient pas passées comme ça.
Autre exemple : récemment, en Espagne, le gouvernement a menti au peuple et ça a coûté les élections à Aznar grâce en partie aux manifestations de la population (je simplifie bien sûr)
C'est beau ce que t'écris, tant de noblesse, c'en est presque touchant. Ce pouvoir des médias dévolu à la cause du peuple reste néanmoins dangereux. Surtout quand il passe du coté des gouvernants, perdant ainsi toutes les vertus de ce contre pouvoir: voir le débat il y a quelques temps au sujet du Monde...
D'ailleurs, que penses-tu du matraquage médiatique produit en 1994 au Rwanda par la "Radio 1000 collines"? Cette radio qui pendant un an a effectué un véritable lavage de cerveau aux Rwandais, encourageant la haine, exultant les massacres? Le génocide n'est pas la simple conséquence d'un avion présidentiel abattu, il est le fruit d'une intense et systématique campagne de conditionnement, par l'intermédiaire d'un média privilégié, la radio.
Ainsi parlait Zarathoustra.
Re: Violence, vérité et journalisme
Zara a écrit :Bref, pour résumer ma pensée, s'interroger sur la violence d'une info, c'est bien, s'interroger sur le choix meme de cette info, c'est mieux.
Tu résume bien le fond du problème...
Mais il ne faut pas oublier que l'audimat est dans les cahiers des charges des lignes éditoriales des journaux télévisés...
Les téléspectateurs "préfèrent" être informés sur le conflit Israelo-Palestinien que sur le génocide en Tchéthénie
Dernièrement il y a eu ces terribles images d'irakiens s'acharnant sur les dépouilles d'américains.
Sur ce point, la diffusion des images n'a pas été la même selon les médias et les chaines. +Clair du début du mois nous en faisait l'illustration. Des journaux narraient les faits atroces en "ne" diffusant "que" les voitures en train de brûler.
Les images sont aujourd'hui une source d'information, je pense que la télé doit (dans les limites du raisonnable.. et là est le problème) diffuser les faits immondes du monde, monter l'attrocité du genre humain sans pour autant nous acclimater (merci jarod) à ces faits.
