Violence, vérité et journalisme

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sygbab
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Message par sygbab »

Mad_Ouaf a écrit :Mais bon, c'est pareil pour la presse et la radio. Tenez, par exemple, dans les journaux, le "fait divers" prend de plus en plus d'importance. Or, journalistiquement, c'est considéré une case nulle, qui n'informe de rien mais n'est là que pour vendre du papiers.


Et ce n'est rien de le dire ! C'est effectivement un phénomène qui se répand de plus en plus. Et ça rejoint ce dont je parlais plus haut : non seulement on insiste sur ce genre d'évènements, mais en plus on utilise la fameuse curiosité des gens : on donne des noms. Et franchement, je trouve ça écoeurant de lâcher des noms comme ça (que ce soit des victimes ou des agresseurs). Ca en dit long sur la sacro-sainte objectivité dont font preuve les journaux.
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Zarathoustra
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Message par Zarathoustra »

Mad_Ouaf a écrit :La bataille à été perdue le jour où France 2 à vu qu'on gagnait à mieux faire de la "proximité" pour prendre des parts de marché à Pernod plutôt que de traitrer objectivement de toutes les informations qui se passent dans le reste du monde.
Aujourd'hui on ne fait plus des informations, on donne des infos qui plaisent au public. (TF1 commence son journal avec de LA METEO!!!) Si vous voulez savoir ce qu'il se passe regardez le journal de la nuit ou Arté.
Mais bon, c'est pareil pour la presse et la radio. Tenez, par exemple, dans les journaux, le "fait divers" prend de plus en plus d'importance. Or, journalistiquement, c'est considéré une case nulle, qui n'informe de rien mais n'est là que pour vendre du papiers.


Non, je ne suis pas aussi catégorique que toi à propos de la presse. Je ne mets pas tout le monde dans le meme panier, télé, radio et presse sont 3 médias différents. Il existe aujourd'hui une vraie presse spécialisée capable d'apporter de réels approfondissements à leurs sujets de prédilection. On en a un bon exemple ici au FLT avec Episode. Je ne sais pas si c'est tous les jours facile pour eux mais j'ose espérer qu'ils traitent toute l'info qui concerne l'actualité des séries, et pas seulement celles qui plairaient potentiellement le plus au public. Sans oublier bien sur qu'il faut bien vivre...
Et ce qui est vrai pour Episode (je m'avance il est vrai) me conduit à penser qu'il en est peut-être de même pour d'autres publications. Ou bien suis-je trop naïf?

[edit]: j'ai bien conscience que l'on s'éloigne du sujet...
Ainsi parlait Zarathoustra.
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Re: Violence, vérité et journalisme

Message par DarkLord »

Jéjé a écrit :Tu m'expliques ce que tu aurais fait de plus si tu avais vu des milliers de corps ?


Il semble évident que en montrant au JT de 20h00 des images de barbarie, cela va secouer les gens.
Les autorités publiques réagiront car elles ne veulent pas se couper de l'opinion.

Tout le monde parle des attentats au Moyen Orient et en Irak car ça fait les gros titres. Les autorités interviennent sur ces sujets.

Personne ne parle de l'occupation syrienne au Liban ou des atrocités commises au Soudan car cela n'est pas rapporté par les journaux.

C'est triste qu'il soit nécessaire qu'un sujet fasse la une pour devenir une préoccupation pour la communauté internationale.
Mais c'est comme ça que ça marche.

C'est le traitement journalistique qui fait l'évènement.

Ca me rappelle Mad City City de Costa Gavras ...
DarkLord
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Re: Violence, vérité et journalisme

Message par DarkLord »

Zarathoustra a écrit :
Mais penses tu que l'on nous montre tout aux infos? Outre la question de la violence et de sa banalisation par acclimatation (cf Sygbab et Jarod), Penses tu voir la réalité du monde lorsque tu regardes le 20h de TF1?


Non et c'est le problème. Je suis pour qu'on parle de tous les sujets où les droits d'êtres humains sont violés.
Et je suis pour qu'on montre les choses telles qu'elles sont. Montrer des images insupportables permet de déclencher un déclic chez une opinion publique moribonde et endormie par les autres programmes télévisés.
Et si des enfants regardent ?Et bien les parents n'ont qu'à prendre leur responsabilité !

En 1994, au sujet du Rwanda (ma mémoire va peut etre me trahir parceque ça fait 10 ans quand meme), il me semble que les médias ont diffusé l'information. On nous parlait dans les médias, entre la poire et le fromage, du "génocide au Rwanda". Je ne sais plus si des images étaient diffusées, mais on savait.


Oui mais si le journal parle d'un génocide, les gens sont tristes mais sans plus. Il faut montrer les images choquantes pour déranger les téléspectacteurs. Ce ne sont pas les chiffres qui importent (1000, 100000, 1000000) ce sont les images. C'est ça qui marque les memoires !
La photo du jeune cubain, dans les bras de son oncle, menacé par un agent du FBI en tenu de forces spéciales a fait le tour du monde ...

Si on entend aux infos, un jeune s'est fait tabassé par des policiers, ça ne va pas nous empêcher de dormir. Si on voit les images d'un homme se faire frapper par des policiers alors qu'il à terre, qu'il saigne, qu'il rampe pour s'échapper, là on devient mal à l'aise.

Bref, pour résumer ma pensée, s'interroger sur la violence d'une info, c'est bien, s'interroger sur le choix meme de cette info, c'est mieux.

Ce sont deux questions différentes.
L'un empêche pas l'autre.
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Re: Violence, vérité et journalisme

Message par Amrith »

DarkLord a écrit :Et si des enfants regardent ? Et bien les parents n'ont qu'à prendre leur responsabilité !


Toujours la même rhétorique bâclée et facile.
Tous les parents ne sont pas à la maison 24/24 pour prendre leur responsabilité aux journaux télé de 8h du matin, de 13h puis de 20h. Il y a des gens qui ont un emploi dans ce pays. Il y a aussi des gens qui aimeraient que leurs enfants puissent s'informer de l'évolution du monde sans devoir éteindre la télé toutes les cinq minutes.

Le seul résultat qu'aurait l'exhibition de cadavres dans les journaux télé, c'est faire fuire une partie considérable de téléspectateurs de ces émissions, qui du coup au lieu de ne pas tout savoir de l'information n'en saurait au final tout simplement plus rien. Rien ne serait plus dommageable pour la réflexion politique et sociale de ce pays.

D'autre part, la banalisation de l'étalage d'hémoglobine est ce qu'il y aurait de plus nocif à long-terme sur des générations à venir. Ca créerait certainement les réactions que tu supposes à court-terme, mais en même pas cinq ans la tendance s'inverserait à l'exponentielle. Et plus personne ne serait choqué par le meurtre ou la guerre. On l'aurait purement et simplement normalisé, en perpétuant une peur jadis idiosyncratique au jour le jour. C'est une évidence psychologique, sociologique, communicationnelle, il faut être complètement déconnecté de ce monde pour l'ignorer, ou bien croire en une philanthropie de pacotille. Je crois que tu t'es embourbé dans une opinion à laquelle tu ne crois même pas DarkLord.
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Re: Violence, vérité et journalisme

Message par Olivier.L. »

DarkLord a écrit :
Il semble évident que en montrant au JT de 20h00 des images de barbarie, cela va secouer les gens.
Les autorités publiques réagiront car elles ne veulent pas se couper de l'opinion.


En fait cela ne se passe souvent pas comme cela. C'est souvent en ne montrant qu'un seul corps en détail que l'opinion publique se soulèvent plus facilement. Ce fut le cas avec le Rwanda et cet homme au bord de la route qui racontait qu'il venait de perdre tous les membres de sa famille, et ce fut aussi le cas pour la Somalie...

Personne ne parle de l'occupation syrienne au Liban ou des atrocités commises au Soudan car cela n'est pas rapporté par les journaux.

C'est triste qu'il soit nécessaire qu'un sujet fasse la une pour devenir une préoccupation pour la communauté internationale.
Mais c'est comme ça que ça marche.


Ce ne sont pas seulement les journalistes qui sont responsable. Dans bien des cas, les journaux ne parlent pas de ces evenements parce que la communauté internationale ne fait rien ou n'en a rien à foutre. Encore un fois, c'est le cas du Rwanda où l'ONU a retiré toutes ses troupes quand le génocide a commencé. Clairement l'ONU ne voulait pas qu'on en parle... Et c'est seulement quand les journalistes dans ce pays ont commencé à gueuler et à envoyer les images attroces que cela a changé...

Pour le Liban, la Syrie, le Soudan, faut dire que les journaux n'ont pas trop le choix... Vu qu'ils sont censurés! Et la communauté internationale ne dit rien pour ne pas enflammer la région avec de nouveaux conflits...

En résumé, on a tous une part de responsabilité dans ces affaires. Le public, la presse et les politiciens.

Cela pourrait s'arranger si les gens n'étaient pas aussi cons. Je suis sur le cul quand je vois qu'en cours de "Media Law and Ethics" la moitié de la classe se reveille quand on part de Janet Jackson, mais s'endort quand on parle de ce qui se passe au Zimbabwe...

Olivier
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Olivier.L.
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Re: Violence, vérité et journalisme

Message par Olivier.L. »

DarkLord a écrit :Non et c'est le problème. Je suis pour qu'on parle de tous les sujets où les droits d'êtres humains sont violés.
Et je suis pour qu'on montre les choses telles qu'elles sont. Montrer des images insupportables permet de déclencher un déclic chez une opinion publique moribonde et endormie par les autres programmes télévisés.

Oui mais si le journal parle d'un génocide, les gens sont tristes mais sans plus. Il faut montrer les images choquantes pour déranger les téléspectacteurs. Ce ne sont pas les chiffres qui importent (1000, 100000, 1000000) ce sont les images. C'est ça qui marque les memoires !
La photo du jeune cubain, dans les bras de son oncle, menacé par un agent du FBI en tenu de forces spéciales a fait le tour du monde ...


Je ne pense pas qu'il est besoin de montrer des images choquantes pour forcer le public à s'interesser. Ce qu'il faut c'est choisir la bonne image. Et d'y coller les mots justes. Comme je le disais juste au-dessus, montrer dans le cas du Rwanda un homme en pleurs qui explique que toute sa famille vient de se faire tuer à coups de machettes, cela marque plus les esprits que de voir des centaines de corps entassés.

Il y a toujours moyen d'attirer l'attention du public sans choquer, mais pour cela faut y mettre plus de temps, et avec la feniantise grandissante des journalistes... C'est pas gagné!

Olivier
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Message par snyder »

Je reviens juste sur un point :

Zarathoustra a écrit :Mais quel contrat, aussi faramineux soit-il, pourrait justifier la mort de 800.000 personnes? tu peux me le dire?

Je n'ai jamais prétendu que les raisons qui ont poussé la France à ne pas intervenir au sujet du génocide rwandais sont justifiables !

Il y a d'autres raisons, plus difficiles à accepter, moins flatteuses certainement, mais qui doivent être prises en compte: la volonté politique en premier lieu. Les chefs d'états se sont dégonflés, mais pourquoi? Peut-etre aussi parceque le peuple n'avait pas envie de voir ses soldats mourir pour la "cause rwandaise" (pudiquement je m'arreterais là, chacun comprendra ce qu'il voudra).

Je suis d'accord, si le gouvernement n'a rien fait c'est aussi parce que la "cause rwandaise" n'a pas été jugée assez importante pour justifier une intervention.
Les médias et le gouvernement ont donc préféré fermer les yeux sur ce génocide, mais la population n'a pas été concertée, les médias ont tout simplement occulté l'information.
Comment le peuple est-il au courant de ce qu'il se passe dans le monde ? Par les médias. Si les médias n'informent pas, il est normal que personne ne réagisse. Comme le dit Olivier, dans le cas du Rwanda, l'ONU a enlevé ses troupes qaudn le génocide a commencé car la communauté internationale n'en avait rien à secouer.
Si les médias n'avaient pas sélectionné leurs sujets et avaient parlé au JT et dans la presse quotidienne de la situation, le gouvernement aurait été obligé de réagir car les gens auraient été scandalisés. Un génocide, avec des images à l'appui, ne laisse pas une population indifférente, surtout un génocide de cette violence. Les gouvernements n'ont rien fait car ils n'ont pas eu d'opposition de la part de l'opinion, qui n'était pas au courant car les médias ne le montraient pas au JT.
Bien sûr, ce ne sont que des hypothèses, mais j'imagine que si demain au JT de 20h on nous montre des images d'un génocide quelque part dans le monde et que le gouvernement ne compte pas réagir, l'opinion publique va en être choquée et les médias vont condamner l'attitude du gouvernement, ce qui va le pousser à reconsidérer sa position pour éviter de se mettre l'opinion à dos, comme le disait DarkLord :
Il semble évident que en montrant au JT de 20h00 des images de barbarie, cela va secouer les gens.
Les autorités publiques réagiront car elles ne veulent pas se couper de l'opinion.

Tout le monde parle des attentats au Moyen Orient et en Irak car ça fait les gros titres. Les autorités interviennent sur ces sujets.

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Re: Violence, vérité et journalisme

Message par Zarathoustra »

DarkLord a écrit :
Jéjé a écrit :Tu m'expliques ce que tu aurais fait de plus si tu avais vu des milliers de corps ?


Il semble évident que en montrant au JT de 20h00 des images de barbarie, cela va secouer les gens.
Les autorités publiques réagiront car elles ne veulent pas se couper de l'opinion.


Non, cela ne va pas forcément secouer les "gens". C'est ce que j'ai longuement essayé de dire avec l'exemple du Rwanda. Si l'opinion publique ne parvient pas à se sentir impliquée, alors des images monstrueuses et d'une barbarie sans nom ne provoqueront aucune réaction, sinon de l'incompréhension et du dégout. Les gens (c'est aussi toi ou moi ne l'oublie pas) finiront par zapper et en sauront encore moins qu'avant sur la "réalité" du monde vu par les journaux télé.



Tout le monde parle des attentats au Moyen Orient et en Irak car ça fait les gros titres. Les autorités interviennent sur ces sujets.


Bien sur qu'on en parle parceque ça fait les gros titres. Mais dans quelle mesure les autorités interviennent-elles sur les attentats du Moyen Orient et en Irak? Ou tu vois des soldats français en Palestine ou en Israel? De plus pour le moment le gouvernement français ne semble pas prêt à intervenir d'une façon ou d'une autre en Irak. A part dire aux ressortissants français de rentrer à la maison, y a que dalle.

C'est triste qu'il soit nécessaire qu'un sujet fasse la une pour devenir une préoccupation pour la communauté internationale.
Mais c'est comme ça que ça marche.

C'est le traitement journalistique qui fait l'évènement.


Non. En tout pas systématiquement. Ce ne sont pas les médias qui ont organisé la rencontre entre Sharon et Bush ces jours-ci. Et pourtant les journaux nous en parle.

Et si des enfants regardent ?Et bien les parents n'ont qu'à prendre leur responsabilité !


Amrith y a déjà bien répondu. Moi aussi en quelque sorte. On finira par zapper et fuir les infos parceque j'ai pas envie qu'un jour mes enfants assistent au viol collectif, au meurtre et à la profanation du corps d'une malheureuse sous prétexte que c'est de l'information et que cela fait l'actualité. Je me répète mais la violence à mon avis ne touche les individus que si ceux ci se retrouvent impliqués dans l'affaire. Mais cette violence n'est pas nécessairement obligatoire: je te renvoie à "Shoah", exemple que j'ai déjà cité.

Donc pour en finir:

Oui mais si le journal parle d'un génocide, les gens sont tristes mais sans plus. Il faut montrer les images choquantes pour déranger les téléspectacteurs. Ce ne sont pas les chiffres qui importent (1000, 100000, 1000000) ce sont les images. C'est ça qui marque les memoires !

'La photo du jeune cubain, dans les bras de son oncle, menacé par un agent du FBI en tenu de forces spéciales a fait le tour du monde ...


Les gens sont tristes mais le lendemain ils ont déjà oublié. Et toutes les images choquantes que tu veux n'y changeront rien. Souviens toi du Rwanda, de l'ex Yougoslavie. Surtout si les gens ont l'impression de rien avoir en commun avec les victimes: ce sont des Africains, des brutes qui s'entretuent à coup de machettes (et pas à coup de missiles air-sol français comme on aime à le penser). "Que tous ces cons se démerdent entre eux", voilà en substance ce que l'opinion publique mondiale a pensé pour le Rwanda. La faillite de l'ONU est indéniable. Les Etats membres de l'ONU et capables d'une réaction n'ont pas voulu envoyer des soldats se faire tuer dans ce merdier, pour des Rwandais. De plus l'opinion publique ne le réclamait pas, ALORS QU'ELLE ETAIT INFORMEE. ARRETER DE FANTASMER SUR DES MEDIAS QUI VOUS CACHERAIENT LA VERITE. Nous savions, nous n'avons rien fait. C'est pas agréable à entendre, je veux bien le croire. Sans compter la situation diplomatique délicate de pays comme la France ou la Belgique. Par ailleurs, ce n'est pas forcément l'opinion publique, meme mobilisée, qui prend les décisions. Mais pas besoin de remonter si loin, suffit de penser à la pré-campagne d'Irak en 2002-2003: malgré des opinions publiques très défavorables et très mobilisées, les gouvernements italiens et espagnols ont suivi les USA dans la 2eme guerre d'Irak.
Dernière modification par Zarathoustra le 15 avr. 2004 14:27, modifié 1 fois.
Ainsi parlait Zarathoustra.
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Message par Mad_Ouaf »

Zarathoustra a écrit : Il existe aujourd'hui une vraie presse spécialisée capable d'apporter de réels approfondissements à leurs sujets de prédilection. On en a un bon exemple ici au FLT avec Episode.


Oui, mais j'ai rien dit contre Episode, (ni même contre SerieMax, ni même contre la presse spécialisée) je parlais bien évidemment des quotidiens "d'informations" (c'est un sujet sur l'information, n'est ce pas?) et en plus particuliers de la presse dite "locale". Pour avoir discuté avec des stagiaires et des ex-journalistes à "Presse Océan" et à "Ouest France" la situation pour faire du "journalisme de qualité" est de moins en moins possible. (Pour des raisons de profits, de pubs, de délais écourtés, de paresses, de choix éditoriaux, de markétings, etc...) Au point que pour certains journaliste le boulot devient celui "d'édulcoreur de dépéche AFP".
Tu parles d'un job. :~ :~
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Message par Sharon »

Zarathoustra a écrit :Mais cela se limite t-il aux médias? La population en général se sent-elle si frustrée par ce "tri sélectif de l'information"? Les médias au sens large sont aussi des citoyens et font parti de la société dans son ensemble, n'est-ce pas?


Mais oui et c'est justement un problème. Les journalistes font parti de la société, ils connaissent ses critères d'aujourd'hui et ils s'y conforment malheureusement. Par critères, j'entends faire de l'audience c'est à dire gagner de l'argent. Et comment gagner plus d'argent qu'en satisfaisant la demande de la société ou plutôt des personnes la composant ?
L'argent (l'audience) et l'information ne devraient jamais être associés car cela conduit inévitablement à, d'une part une information partielle et d'autre part à une information retouchée pour la rendre plus attrayante aux yeux du téléspectateur ou pire à une information qui n'en est plus, je prendrais comme exemple le journal de 13 heures de TF1, où on préfère faire du divertissement-documentaire que de la réelle information et comble de la déchéance journalistique, commencer le journal de 20 heures par un sujet sur la nouvelle saison de la Star Académie ou comment transformer un journal en émission de promotion de daubes pour petits connards.
A noter que lorsque je dis « ils s'y conforment malheureusement », le « ils » n'englobent pas tous les journalistes mais plutôt les rédactions qui doivent eux-mêmes suivre les lignes éditoriales dictées par les directions.

Zarathoustra a écrit : Le citoyen lambda n'en à peut-être rien à cirer du conflit au Cachemire...ce qui l'inquiète c'est d'abord sa personne et le milieu dans lequel il évolue et où il peut avoir une influence, où les décisions peuvent avoir une influence sur son existence. Ce qui n'a rien d'anormal entendons nous bien.


Tout le monde a le droit à l'information, c'est un droit fondamental. Lorsqu'on commence à faire un tri des sujets pour plaire au maximum de personnes, on réduit ce droit, voire on l'annule. Je m'explique supposons, par exemple, qu’en France, seulement une seule personne s'intéresse à la guerre civile au Sri Lanka, de quel droit va t-on la priver de cette information ? Parce qu'elle fait partie d'une minorité ? Parce qu'elle n'entre pas dans le critère de masse ? Parce que faire un sujet pour une unique personne serait une perte d'argent ? Sûrement... Et pourtant cette personne a autant le droit d'être informé sur cet évènement que les millions de ménagères sur le prix du kilo de cerises qui risque d'augmenter.

Amrith a écrit :D'autre part, la banalisation de l'étalage d'hémoglobine est ce qu'il y aurait de plus nocif à long-terme sur des générations à venir. Ca créerait certainement les réactions que tu supposes à court-terme, mais en même pas cinq ans la tendance s'inverserait à l'exponentielle. Et plus personne ne serait choqué par le meurtre ou la guerre. On l'aurait purement et simplement normalisé, en perpétuant une peur jadis idiosyncratique au jour le jour. C'est une évidence psychologique, sociologique, communicationnelle, il faut être complètement déconnecté de ce monde pour l'ignorer, ou bien croire en une philanthropie de pacotille. Je crois que tu t'es embourbé dans une opinion à laquelle tu ne crois même pas DarkLord.



Olivier.L. a écrit :Je ne pense pas qu'il est besoin de montrer des images choquantes pour forcer le public à s'interesser. Ce qu'il faut c'est choisir la bonne image. Et d'y coller les mots justes. Comme je le disais juste au-dessus, montrer dans le cas du Rwanda un homme en pleurs qui explique que toute sa famille vient de se faire tuer à coups de machettes, cela marque plus les esprits que de voir des centaines de corps entassés.
Olivier


Je suis d’accord avec Amrith, la surenchère dans l’horreur par l’intermédiaire de l’image ne pourrait être que néfaste. Et comme le souligne justement Olivier, je ne pense non seulement pas qu’il soit nécessaire de montrer des images choquantes pour intéresser le public mais également pour lui faire comprendre l’horreur. Des mots bien choisis ont autant de force que des images.
Dernière modification par Sharon le 15 avr. 2004 19:05, modifié 1 fois.
Le loto, c'est un impôt sur les gens qui ne comprennent pas les statistiques.
Invité

Message par Invité »

Tout le monde a le droit à l'information, c'est un droit fondamental. Lorsqu'on commence à faire un tri des sujets pour plaire au maximum de personnes, on réduit ce droit, voire on l'annule. Je m'explique supposons, par exemple, qu’en France, seulement une seule personne s'intéresse à la guerre civile au Sri Lanka, de quel droit va t-on le priver de cette information ? Parce qu'il fait parti d'une minorité ? Parce qu'il n'entre pas dans le critère de masse ? Parce que faire un sujet pour une unique personne serait une perte d'argent ? Sûrement... Et pourtant cette personne a autant le droit d'être informé sur cet évènement que les millions de ménagères sur le prix du kilo de cerises qui risque d'augmenter.


Je te suis à 100% à ce niveau, tu peux me croire. Je voudrais juste rajouter quelque chose, en rapport justement avec l'intérêt des "gens" pour l'information. A mon sens, le journalisme devrait également éveiller l'attention des individus à certains événements meme s'ils semblent au premier abord loin de l'actualité ou de leurs préoccupations quotidiennes. Un exemple pour bien me faire comprendre: on nous informe de temps en temps de quelques "accrochages" (duels d'artillerie...) entre l'Inde et le Pakistan. L'info nous est balancée ainsi sans la moindre explication, sans nous rappeler les enjeux. Or l'Inde et le Pakistan se sont déjà affrontés trois fois depuis une cinquantaine d'années, sans compter le conflit larvé de 1999. Et alors? qu'est-ce que ça peut nous faire? s'étonnera l'assemblée dubitative. N'empêche que ces deux Etats disposent de l'arme nucléaire et que la course aux armements dans laquelle ils se sont lancés n'est pas qu'un remède pour soigner l'ego démesuré d'hommes politiques désoeuvrés.
Bref, informer les individus (sans sombrer dans l'alarmisme) en définissant le contexte dans lequel s'incrivent les événements relatés.

la surenchère dans l’horreur par l’intermédiaire de l’image ne pourrait être que néfaste. Et comme le souligne justement Olivier, je ne pense non seulement pas qu’il soit nécessaire de montrer des images choquantes pour intéresser le public mais également pour lui faire comprendre l’horreur. Des mots bien choisis ont autant de force que des images.


C'est aussi mon avis, l'information devrait parvenir à toucher et impliquer le public sans pour autant se répandre nécessairement dans la violence et l'horreur.
Zarathoustra
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Message par Zarathoustra »

Zut, j'ai oublié de me connecter, désolé.
Post précédent signé Zarathoustra.
Ainsi parlait Zarathoustra.
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Re: Violence, vérité et journalisme

Message par DarkLord »

Amrith a écrit :Toujours la même rhétorique bâclée et facile.
Tous les parents ne sont pas à la maison 24/24 pour prendre leur responsabilité aux journaux télé de 8h du matin, de 13h puis de 20h. Il y a des gens qui ont un emploi dans ce pays. Il y a aussi des gens qui aimeraient que leurs enfants puissent s'informer de l'évolution du monde sans devoir éteindre la télé toutes les cinq minutes.


Et bien, l'info, c'est que l'évolution du monde va dans le mauvais sens. A moins de montrer aux futurs habitants de la planète ce qui se passe, ce qui se passe vraiment, ce n'est pas prêt de changer. Ce n'est pas en dorlotant les jeunes qu'on leur explique la vie. Ce n'est pas leur rendre service.
Quant aux plus jeunes, bien sûr ce n'est pas une bonne chose qu'il puisse regarder la violence au JT.
Mais si on peut sauver la vie de 10 soudanais ou 10 rwandais et que le prix à payer est qu'un français fasse une thérapie pendant son adolescence: je dis banco !

Montrer les horreurs de la guerre, du terrorisme, de la torture, cela ne veut pas dire filmer toutes les atrocités en plan serré. Ne soyez pas démago ... Bien sûr, il y a des limites. Mais sur le fond, je pense qu'il faut montrer ce qu'il se passe. Si ce n'est pas joli à voir, cela fera réagir.
Si vous préférez, les JT peuvent ne diffuser que des reportages sur les agricuteurs de la Creuse ou les collectionnaires de cartes téléphoniques du Gars.

C'est aussi mon avis, l'information devrait parvenir à toucher et impliquer le public sans pour autant se répandre nécessairement dans la violence et l'horreur.


Oui.
Les gens devraient recycler leurs déchets.
Les électeurs devraient aller voter.
Les individus ne devraient pas tuer leur semblables.
:saint:

Il est très intéressant de discuter sur ce qu'il devrait être. La portée pratique n'est pas très captivante cependant.
Bien sûr que choquer par la violence, informer par la violence n'est pas souhaitable. Mais c'est le système.

Je ne pense pas qu'il est besoin de montrer des images choquantes pour forcer le public à s'interesser. Ce qu'il faut c'est choisir la bonne image. Et d'y coller les mots justes. Comme je le disais juste au-dessus, montrer dans le cas du Rwanda un homme en pleurs qui explique que toute sa famille vient de se faire tuer à coups de machettes, cela marque plus les esprits que de voir des centaines de corps entassés.


Tu as raison. La bonne image est plus forte que l'image violente (elle est beaucoup plus difficile à trouver). Mais l'image violente est tout de même un procédé efficace, peut-être pas le plus efficace, mais plus pertinent que la langue de bois en tout cas.

Mais dans quelle mesure les autorités interviennent-elles sur les attentats du Moyen Orient et en Irak? Ou tu vois des soldats français en Palestine ou en Israel? De plus pour le moment le gouvernement français ne semble pas prêt à intervenir d'une façon ou d'une autre en Irak. A part dire aux ressortissants français de rentrer à la maison, y a que dalle.


La France a pris position, c'est un signe fort. Elle ne dit rien à propos de la situation libanaise ou du Soudan.
L'envoie de troupes n'est pas le seul mode d'intervention. La diplomatie reste le standard en matière de relations internationales

Les gens sont tristes mais le lendemain ils ont déjà oublié. Et toutes les images choquantes que tu veux n'y changeront rien.


Il me semble présomptueux, sinon bigrement catégorique, de soutenir que rien ne change.
Si la violence a si peu d'effet, pourquoi s'émouvoir que des enfants regardent ?

ALORS QU'ELLE ETAIT INFORMEE. ARRETER DE FANTASMER SUR DES MEDIAS QUI VOUS CACHERAIENT LA VERITE.


Tu te fous de ma gueule ?!?
L'opinion publique sait-elle pour le Liban, pour le Soudan ?
Il y a un nombre incroyable de situations dramatiques. Les médias n'en parlent pas. Ils ne cachent pas, ils s'en foutent. Si ils décident d'informer l'opinion, c'est là qu'il y a une chance que ça change.

malgré des opinions publiques très défavorables et très mobilisées, les gouvernements italiens et espagnols ont suivi les USA dans la 2eme guerre d'Irak.


Le volte-face de L'Espagne à la suite des élections me semble être le meilleur argument pour démontrer le rôle de l'opinion publique.
Zarathoustra
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Inscription : 23 janv. 2004 12:39

Re: Violence, vérité et journalisme

Message par Zarathoustra »

Je réponds à Darklord qui par sa mauvaise foi en arrive à défendre des positions intenables.


DarkLord a écrit :Et bien, l'info, c'est que l'évolution du monde va dans le mauvais sens. A moins de montrer aux futurs habitants de la planète ce qui se passe, ce qui se passe vraiment, ce n'est pas prêt de changer. Ce n'est pas en dorlotant les jeunes qu'on leur explique la vie. Ce n'est pas leur rendre service.
Quant aux plus jeunes, bien sûr ce n'est pas une bonne chose qu'il puisse regarder la violence au JT.
Mais si on peut sauver la vie de 10 soudanais ou 10 rwandais et que le prix à payer est qu'un français fasse une thérapie pendant son adolescence: je dis banco !


Pourquoi l'info devrait-elle être forcément négative? Existerait-il une omerta visant à dissimuler les bonnes nouvelles? Pourquoi ne devrions nous pas être tenus au courant des découvertes scientifiques, des progrès technologiques, des débats qui animent la communauté de chercheurs, quelque soit la discipline?
Par ailleurs, si tu penses vraiment que tu vas apprendre la vie aux plus jeunes en les scotchant devant la télé, alors c'est qu'il existe définitivement un fossé abyssal entre toi et moi. As tu entendu parler du vecteur premier et fondamental de la transmission de la connaissance et de l'information, le livre? Tu sembles voir la télé comme une fin, je la considère comme un moyen qui a la particularité d'être au centre d'enjeux fantastiques: penses donc que les Français regardent la télé en moyenne 3 heures par jour! Quel auditoire inespéré lorsque l'on veut faire passer un message! C'est aussi un formidable moyen de contrôle, et le pouvoir ne s'y trompe pas...

C'est aussi mon avis, l'information devrait parvenir à toucher et impliquer le public sans pour autant se répandre nécessairement dans la violence et l'horreur.


Oui.
Les gens devraient recycler leurs déchets.
Les électeurs devraient aller voter.
Les individus ne devraient pas tuer leur semblables.
:saint:

Il est très intéressant de discuter sur ce qu'il devrait être. La portée pratique n'est pas très captivante cependant.
Bien sûr que choquer par la violence, informer par la violence n'est pas souhaitable. Mais c'est le système.


Tu me fais un procès sur la forme. J'utilise le conditionnel car pour moi l'information a effectivement une facheuse tendance à transmettre la violence dans son message.
Quant-à ton fatalisme dont tu nous gratifie ("Bien sûr que choquer par la violence, informer par la violence n'est pas souhaitable. Mais c'est le système"), c'est à se demander ce que tu viens faire au FLT. Quel est l'intérêt pour toi de mener un combat dont l'issue te parait déjà jouée d'avance?

Les gens sont tristes mais le lendemain ils ont déjà oublié. Et toutes les images choquantes que tu veux n'y changeront rien.


Il me semble présomptueux, sinon bigrement catégorique, de soutenir que rien ne change.
Si la violence a si peu d'effet, pourquoi s'émouvoir que des enfants regardent ?


La confusion règne dans ton esprit, c'est le moins que l'on puisse dire. A mon avis tu écrits ces mots délibéremment, sinon c'est à ne plus rien y comprendre. Quand même, il y a une différence entre les effets psychologiques désastreux produits par des images traumatisantes sur le jeune public et les conséquences directes et concrètes de ces mêmes images sur la politique étrangère d'un Etat. Je pense que ça se tient ce que j'écris, non?

ALORS QU'ELLE ETAIT INFORMEE. ARRETER DE FANTASMER SUR DES MEDIAS QUI VOUS CACHERAIENT LA VERITE.


Tu te fous de ma gueule ?!?
L'opinion publique sait-elle pour le Liban, pour le Soudan ?
Il y a un nombre incroyable de situations dramatiques. Les médias n'en parlent pas. Ils ne cachent pas, ils s'en foutent. Si ils décident d'informer l'opinion, c'est là qu'il y a une chance que ça change.


Ce qui serait profitable pour tout le monde la prochaine fois, c'est que tu évites de piocher une phrase hors de son contexte, ou tout au moins de mentionner de quoi j'etais en train de parler. Ta citation, tu l'as trouvé dans mon exemple qui concernait exclusivement le génocide au Rwanda. Une fois rappelé ce contexte, il s'avère que mon affirmation est exacte et donc que tu t'enflammes pour rien.

malgré des opinions publiques très défavorables et très mobilisées, les gouvernements italiens et espagnols ont suivi les USA dans la 2eme guerre d'Irak.


Le volte-face de L'Espagne à la suite des élections me semble être le meilleur argument pour démontrer le rôle de l'opinion publique.


Soit. Il n'empêche que sur le moment les gouvernements italiens et espagnols ont fait la sourde oreille. Par ailleurs, qu'est-ce qui te permet d'affirmer que la "volte-face" de L'Espagne à la suite des élections soit une conséquence évidente de la participation du gouvernement espagnol à la 2ème guerre du golfe? Pour moi cette "volte-face" ne prouve qu'une chose: Aznar, malgré tout le pouvoir dont il disposait, n'a pas pu cacher la vérité bien longtemps aux Espagnols. La Démocratie, par les fuites de certains diplomates, des services secrets ou des journalistes, s'est défaite du mensonge en seulement 2 jours.

Zara'
Ainsi parlait Zarathoustra.
Verrouillé