The Sopranos - Saison 5

Discussions sur les séries télévisées en cours de diffusion aux Etats-Unis, ce forum était rattaché au mini-site du FLT dédié aux saisons inédites : <a href="http://www.a-suivre.org/_archives/edusa/" target="_blank">En Direct des USA</a> (ouvert le 23 décembre 2001 ; fermé le 22 mai 2006).
Mr KB
Dernière conquête de Joey Triviani
Messages : 504
Inscription : 05 sept. 2003 18:32
Localisation : Bada Bing

Message par Mr KB »

5.12 - Long Term Parking

Excellent épisode. Encore une fois. Trois événements majeurs dans cet épisode : Tony et Carmela qui "se remettent ensemble" (les guillemets sont voulus), Adriana butée, et la guerre qui se profile à l'horizon entre NJ et NY c-à-d New Jersey et New York.

Tony and Carmela getting back together semble plus être la conclusion d'un deal entre businessmen que celle d'une volonté de coeur. Don't get me wrong, je ne dis pas qu'ils ne s'aiment plus. Bien au contraire. Simplement, le retour de Tony à la maison a été négocié par Carmela. Deux principales conditions : que "[his] midlife crisis problems will no longer intrude on [her] anymore", et que que Tony lui fournisse 600 plaques pour monter son propre biz (cette dernière est sous-entendue).
Les 600 000 $ représentent la porte menant à l'indépendance de Carmela. Car elle a compris qu'elle ne peut devenir complètement
indépendante si elle ne l'est pas financièrement. L'autre condition était déjà symbolisée dans The Test Dream (511) lorsque Tony se retrouve dans la maison sur un cheval. Carmela lui dit alors "The horse stays out of the house. I don't want to smell its shit". Le cheval désigne ici les putes que se tapaient Tony, et l'odeur de merde les coups de téléphone d'Irina et l'ongle de Valentina. Autrement dit, Carmela se résigne en quelque sorte, se dit que Tony ira quand même niquer à droite à gauche. Idée renforcée par la sentence de Tony : " Like Popeye says : 'I am what I am' ". Simplement Carmela veut garder sa dignité, ne pas sentir l'odeur nauséabonde des sexactivités de son mari afin de mieux oublier ce qu'il fait, comme elle s'est forcée à oublier ses activités de mafioso à travers toutes ces années. Mais Carmela se sert également en quelque sorte de leur réconciliation pour se servir des fonds de Tony. Le parfait exemple est cette séquence où elle met les verres dans le lave-vaisselle et lance un regard à Tony (qui est de dos) regardant la télévision. Ce regard est loin d'être empreint d'amour, ou de satisfaction. C'est un regard froid, stoïque, calculateur, presque manipulateur.
De son côté, Tony peut lever la tête vis-à-vis de son entourage. Il retrouve "sa" famille, "sa" maison, "sa" femme pour lui faire la cuisine (rappelez de comment il louait Charmaine Bucco pour ses qualités de cuisinière en supposant que c'est la panoplie de l'épouse parfaite) et laver ses vêtements, et une image retrouvée vis-à-vis de l'extérieur.

Le retour de Tony à la maison est accrédité d'un plan sombre comme le présage d'un malheur, suite de la réplique de Tony dans The Test Dream : "Something bad's gonna happen." L'événement en question est peut-être l'affaire Adriana LaCerva. Peut-être. Ca peut également être un malheur qui arrive à Carmela comme le suggérait le plan de la caméra depuis la piscine dans Cold Cuts. Ou bien les retombées de la guerre qui s'annonce entre New York et New Jersey. Car les victimes peuvent concerner plus que les mafiosi. Je reviendrai sur ce point plus tard. Le plan sombre de la caméra suggère aussi l'état de la liaison entre Carmela et Tony. Comme pour suggérer que le mariage (dans le sens d'union voulue) est terminée et qu'il se limite à un simple deal accepté presque à contrecoeur par T et Mme S. Le côté "famille éparpillé" est confirmé par le fait que quand Tony entre, AJ et notamment Carmela mettent du temps à venir l'accueillir.

Tony revient également à la maison chargé comme une mule. Les nombreux bagages pourraient représenter les emmerdes de l'activité mafieuse qui "entreront" ouvertement dans le foyer familial. Tony s'était toujours efforcé de protéger sa famille des activités de la Famille. La 1re défaillance (liée de loin à l'activité d'un mafioso lambda) s'est faite ressentir à la fin de la saison 4 avec les appels d'une des goomars de Tony (Irina en l'occurrence) qui envahissent le foyer de la famille nucléaire.
La 2è défaillance pourrait bien être les répercussions de la guerre imminente entre NJ et NY. Cette idée est également représentée dans The Test Dream où l'on voit Tony dans la même voiture que trois anciens mafiosi qui dorment désormais avec les poissons (chronologiquement Salvatore "Pussy" Bompensiero, Mickey Palmice et Ralph Cifaretto) et avec comme conducteur Johnny, son père, qui les conduit à la maison (on les voit monter la fameuse pente montrée dans le générique qui mène à la résidence).

Le deuxième fait marquant de cet épisode est la mort d'Adriana LaCerva, la fiancée de Christopher Moltisanti.
Je ne suis pas tombé dans le piège de la surprise. La double séquence Christopher qui regarde un couple pouvant ressembler au sien dans quelques années/Tony qui appelle Ade pour lui dire que Chris a tenté de se suicider m'a tout de suite mis la puce à l'oreille. Ca sert tout de même à quelque chose de regarder 24 et tous ses rebondissements. :D
Cela dit, on peut comprendre ce que ressent Christopher quand il se trouve à la station-service. Après avoir caressé sa magnifique voiture (quel est le modèle d'ailleurs ? Je kiffe sa bagnole en tout cas), il contemple un couple qu'on peut définir comme "average" avec un voiture "average" et un style de vie qui semble "average"; pour éviter de tomber dans un langage vulgaire même si la tronche du bonhomme nous y pousse. :D Bref, en quelques secondes, le matériel (et tous les plaisirs qu'il procure) dont bénéficie un mafioso remonte à la surface et conforte Christopher dans l'idée qu'il faut se débarrasser de sa fiancée. Car même s'il l'aime, il se rend compte rapidement de ce qu'il doit faire. D'où son 1er acte quand il l'étrangle presque mortellement. D'ailleurs la séquence où le plan de la caméra zoome progressivement sur Christopher (et surtout son regard) en montrant la colère l'envahir peu à peu ressemble drôlement à la séquence dans Le Parrain II où Michael Corleone apprend de la bouche de Kay, sa femme, qu'elle a avorté.

Chose rare, on a de la peine quand on voit Adriana se faire buter. Malgré tous les personnages qui sont passés par là. Pourquoi ? Car Adriana, contrairement aux autres, n'est pas directement liée aux activités de la Mafia. Un peu comme Tracy, la danseuse du Bada Bing, regulière de Ralph Cifaretto, et battue à mort par ce dernier (dans la saison 3) avant que Tony ne s'énerve en l'apprenant et ne le frappe. Certes, elle sniffait, fermait les yeux sur l'activité de son fiancé et sur comment est financée sa boîte, mais elle n'était pas impliqué directement dans le business de la Famille. De plus, le FBI s'est acharné sur elle, sachant pertinemment qu'il n'en tirerait pas des infos substantielles, tout ça pour combler la frustration du procès raté de Corrado et le fait qu'ils n'arrivent pas à mettre la main sur Tony Soprano depuis toutes ces années.

La peine que l'on a quand l'on voit Adriana se faire buter est accentuée par le fait qu'elle n'essaie pas de se défendre ni même de s'enfuir. Car dès que Tony au téléphone lui dit avant de raccrocher : "I'll see you up there." (comme pour désigner le paradis), Adriana comprend que it's done. Elle s'asseoit ensuite sur le canapé car elle ne tient plus debout en pensant que Christopher a préféré la Famille à elle. Vient alors l'image d'un rêve d'une vie meilleure symbolisée par le voyage sans retour loin de New Jersey, ville de tous les problèmes, de tous ses problèmes, le tout dans une voiture, sa voiture, seule, avec une musique qui colle parfaitement au renouveau tant espéré. Mais ceci n'est qu'un rêve. Adriana n'a pas eu le courage de s'enfuir.
La séquence suivante montre Adriana dans la voiture avec Silvio Dante. Adriana pleure car elle sait qu'elle va se faire buter. Silvio la regarde. Il sait qu'elle sait. Il lui dit : "Why are you crying ? He's gonna be fine." comme pour dire que ce qui va lui arriver est mérité, qu'ils sont obligés de le faire, qu'elle devrait se féliciter qu'elle ne fasse pas tomber Chrissy dans sa chute. Superbe scène qui restera dans les annales des Soprano.
Soit dit en passant, je suis content que ce soit Silvio qui fasse le hit, ça remet sur le devant de la scène un excellent personnage délaissé un peu jusque là.

Tony, de retour au Bing, y retrouve Christopher qui regarde la télé. Chris s'est drogué à l'héroïne ce qui ne plaît pas du tout à Tony. Il justifie son acte en disant : "I can't stand in pain. I loved her". Ce à quoi Tony pète les plombs en lui foutant une golden, et en lui donnant des coups de pied avant de répliquer "You're think you're alone with this ?" qui en dit long sur les sentiment que Tony portait à Adriana. Ceci souligne également la colère de Tony vis-à-vis des erreurs qu'il n'a pas su éviter. En reprochant à Christopher de n'avoir pas su protéger sa fiancée, Tony regrette indirectement le fait qu'il n'ait pas su protéger Carmela. Car Tony voit en Christopher le jeune homme qu'il était. Tout comme il voit en son fils, Anthony Junior, l'adolescent qu'il était, et en son oncle Junior, le vieux qu'il pourrait devenir.
Mais Tony frappe aussi son neveu car il ne peut s'empêcher de faire le rapprochement avec sa femme. Et si c'était elle. Et ça, ça le fait peur. Car Tony a montré qu'il était plus que réticent à l'idée de buter un proche même si "le Code de la Mafia" le pousse à le faire.


Le troisième fait marquant de cet épisode est la guerre qui s'annonce entre NJ et NY.
La réunion de début d'épisode est empreinte de tension. Surtout quand Phil Leotardo dit à Tony qu'il ne tardera pas à goûter à l'effet que ça fait que de perdre "une personne que l'on aime". Et ce n'est pas une remarque à prendre à la légère. Car les meurtres de Lorraine Calluzzo et de son mec, Jason Evanina, de Joey Peeps et d'Angelo Garepe sont directement liés à des accrocs concernant le biz. Or, l'acte de Tony Blundetto est plus considéré comme une vengence "privée" que "professionnelle". C'est là que la ligne a été franchie. Et c'est la porte ouverte aux vengences et représailles qui concernent désormais aussi bien la Famille que la famille.
Il faut pas oublier que la relation entre Tony Soprano et Johnny Sack en a pris un coup depuis la fin de la saison 4 où Tony décidait finalement de ne pas buter Carmine Lupertazzi Senior à la grande déception de John. Leur amitié a touché le fond lorsque Tony B. a buté Joey Peeps et que Tony S. a menti à John en lui disant qu'il était avec lui lors du hit de Joey, et elle s'est rompue quand T.B. a buté Billy Leotardo et blessé Phil, le frangin.
Les deux dents qui tombent dans The Test Dream sont peut-être le signe que les deux cousins de T vont y passer.

La dernière scène de cet épisode montre Tony sur le terrain que Carmela veut acquérir. L'émotion est visible sur le visage de Tony qui pense à tout ce qu'il va arriver (suite inévitable à son "Go fuck yourself" à Johnny Sack qui demande à ce que T.B. lui soit servi sur un plateau, dans une scène superbe également). Un parallèle est également fait avec la demeure d'Oncle Pat Blundetto où Tony était dans Cold Cuts. La nature était là pour souligner la bonne humeur, le bonheur de T alors que là, on assiste à tout le contraire.

Bref, un excellent épisode qui annonce un season finale explosif.

9/10. :cool:
- That easy... to forget a fucking brother?!
- Money has properties in this regard! Though no remedy is discovered yet sovereign against sentimental remorse.

Deadwood

There's no cure for life.
- Tony Soprano — The Sopranos
Seb
Coéquipier de Pembleton
Messages : 1079
Inscription : 07 janv. 2002 10:34
Localisation : Chez moi
Contact :

Message par Seb »

5.12 - Long Term Parking

A propos d'Adrianna, la com' de HBO a été FABULEUSE sur ce coup... Il y a quelques semaines, ils ont bien dit que le fait qu'elle rejoigne "Joey" à la rentrée ne devrait pas l'empêcher de participer à l'ultime saison des Sopranos... Ils ont réussi à éviter le spoiler habilement :bigsmile:

Le season finale sera diffusé la semaine prochaine, mais quoi qu'il arrive, - pour moi - cette 5ème saison des Sopranos est le "truc" le plus intéressant que j'ai vu durant cette saison 2004-2005 ! (The Shield, diffusée en parallèle, fait vraiment pale figure à côté...)
Colvert
Nettoyeur des chiottes du Loft
Messages : 2
Inscription : 01 juin 2004 11:09
Localisation : Hossegor

Message par Colvert »

Excellent travail d'analyse et de décortication, Mr KB !
C'est un régal de lire ta prose après s'être delecté de l'épisode dominical des Sopranos.

Pour la voiture de Christopher, c'est un Hummer, un véhicule monstrueux de l'armée américaine qui existe aussi en version civile.
C'est quand on ne sait pas où on va qu'on risque le moins de se perdre.
Mr KB
Dernière conquête de Joey Triviani
Messages : 504
Inscription : 05 sept. 2003 18:32
Localisation : Bada Bing

Message par Mr KB »

5.13 - All Due Respect

"All due respect, you got no fucking idea what it's like to be number one. Every decision you make affects ever facet of every other fucking thing. It's too much to deal with almost. And in the end you're completely alone with it."

Season finale plutôt lent. Mais Tony Soprano le boss est de retour. Il regagne le respect de ses troupes, fait plier Johnny Sack, et arrive même à échapper aux Fédés (même si l'opération ne le concernait pas directement).

AJ semble avoir trouvé une voie qu'il l'intéresse, on le verra peut-être moins dans la saison 6.
Johnny s'est fait choper. Reste à savoir si c'est du sérieux.

Finalement, ça ouvre un large champ de possibilités au niveau des intrigues.

Damned... Two fucking years...
- That easy... to forget a fucking brother?!
- Money has properties in this regard! Though no remedy is discovered yet sovereign against sentimental remorse.

Deadwood

There's no cure for life.
- Tony Soprano — The Sopranos
Mr KB
Dernière conquête de Joey Triviani
Messages : 504
Inscription : 05 sept. 2003 18:32
Localisation : Bada Bing

Message par Mr KB »

Je l'ai vue !
Pas l'épisode (c'est masculin) mais le Hummer, la bête de bagnole de Christopher. Sur une route près de Troyes. Même couleur (jaune) que celle de Chrissy. Impressionant. Mastodonde. La classe. C'est un Hummer H2 plus exactement. Et ça vaut près de 100 plaques...
Image
Image
- That easy... to forget a fucking brother?!
- Money has properties in this regard! Though no remedy is discovered yet sovereign against sentimental remorse.

Deadwood

There's no cure for life.
- Tony Soprano — The Sopranos
Colvert
Nettoyeur des chiottes du Loft
Messages : 2
Inscription : 01 juin 2004 11:09
Localisation : Hossegor

Message par Colvert »

Il y a le même ici, en rouge, propriété d'un célébre couturier avec un catogan lors de ses villégiatures sur la Côte Basque.

Moteur de 6 litres, 8 cylindres en V, 300 chevaux et des pneus de 315 !!!

Le genre de voiture qui va pas être épargnée par la taxe pollution :-)
C'est quand on ne sait pas où on va qu'on risque le moins de se perdre.
Mr KB
Dernière conquête de Joey Triviani
Messages : 504
Inscription : 05 sept. 2003 18:32
Localisation : Bada Bing

All Due Respect

Message par Mr KB »

5.13 - All Due Respect

Très bon épisode qui clôture une saison 5 de toute beauté. Un peu comme le dernier épisode de la saison 3 de The Shield, j'ai été un peu déçu lors du premier visionnage. Mais après l'avoir revu, on apprécie davantage la qualité réelle d'un épisode qui marque le retour du Général Soprano.

All Due Respect montre comment Tony Soprano accepte progressivement l'idée de buter son cousin homonyme.
Cette résolution ne prend pas forme simplement par rapport au bizinessi mais est également influencée par d'autres éléments.

En début d'épisode, Tony est décidé à ne pas livrer son cousin. Il l'a clairement fait savoir à Johnny Sack qu'il n'accepterait pas que Tony Blundetto se fasse torturer. Mais ce n'était pas du goût d'un Johnny Sack qui avait quelque peu pris la grosse tête suite à sa nomination à la tête d'une des familles de New York après la défection de Carmine Lupertazzi Jr. Ce à quoi Tony l'avait insulté ("Go fuck yourself. He's my fucking cousin").
Mais le fait est que, dans les rangs, il y a des mécontents. Les soldats, les Capos, et même son Consigliere, Silvio Dante, n'apprécient pas cette décision qui les met en danger. Leur sentiment est parfaitement résumé par ce que dit Vito Spatafore lors du dîner-anniversaire de Raymond Curto, l'indic (encore en place) des fédés : "All due respect, I'm willing to die for a good cause. This is bullshit."
D'ailleurs, il y a un passage qui m'intrigue. Au moment où T entre dans la pièce, Bobby Bacala lui lance un regard. Je pensais à un moment qu'ils se doutaient que Raymond était louche. Mais s'ils le soupçonnaient réellement, je pense pas que Curto serait encore là à avaler son repas, mais plutôt à avaler un club (de golf) comme Jack Massarone à la fin de Rat Pack (5.02). Bref, c'est un passage sujet à spéculations. Fin de la parenthèse.

Pour en revenir au changement progressif d'état d'esprit de Tony Soprano, il ne commence pas lors de ce dîner lorsqu'il voit par ses propres yeux les désaccords de la Famille. D'ailleurs, le discours qu'il fait avant de partir est là pour conforter sa conviction de base :
"Anthony disappointed me in a way I can't even tell you. And he put us all in risk. But it's been made clear to me that if they put their hands on him, he will not be dealt with quick. Talking torture. For that reason, even I knew where my cousin was - and I do not - I would not deliver him up to them. I am offering him the same protection that I would offer any of you in similar circumstances. We are a family. And even in this fucked up age that means something. So we are going to deal with this as a family. Together. No matter how it affects anybody."
Les Capos l'ont écouté attentivement. Mais leur sentiment est toujours le même. D'ailleurs la remarque de Patsy Parisi ("Thank you. It was great.") une fois Tony parti semble être ironique. Et ils pensent toujours que Tony S. sait où se trouve Tony B. Ce qui est confirmé par la scène où Larry Barese dit à un Bobby quelque peu naïf : "Give me a fucking break. Of course he knows where he is."

Le moment où le premier léger fléchissement apparaît à mon goût est lorsqu'il regarde le documentaire sur la chaîne Histoire qui vante les qualités et notamment le côté perspicace du général Rommel qui possède "a sixth sense of sizing up the situation". En somme la panoplie du Général craint, respecté, admiré, ce qui n'est pas le cas pour Mr T sur cette affaire (excepté le premier adjectif).

Ca se poursuit avec cette superbe scène où le Consigliere ose enfin confronter Tony à la réalité :
"You got some unhappy people out there. Not just the young guys. I'm talking about guys that have been with you since the beginning. Since before the beginning. Guys who worked for your father." Tony pense immédiatement à "Fucking Paulie." Silvio poursuit en disant que ses hommes obéïraient à n'importe quel ordre. Mais sur cette affaire, ils ne sont pas d'accord. Tony justifie son attitude en affirmant qu'en donnant Tony Blundetto, ce serait le début de la fin. Silvio essaie de détendre l'atmosphère mais Tony n'apprécie pas tellement la situation et le fait savoir de façon ironique en demandant à Silvio d' "éclairer sa lanterne sur ce problème." Silvio lui dit ce qu'il en pense, et notamment sur l'insulte adressée à Johnny Sack :
- You told him to go fuck himself which, to be honest, wasn't exactly appropriate, considering.
- Oh, is that right ?
- All due respect.
- What the fuck do you know what goes on in my head ?
- I've known you since you were a kid, Ton'. Frankly, you got a problem with authority.

Silvio dit enfin sans détour ce qu'il pense de Tony en tant que chef en pointant son problème avec l'autorité, en ajoutant que chaque personne a ses défauts, et que parmi les sept péchés capitaux, le sien est la fierté.

A ce moment, bien que Silvio ait établi le juste problème, et bien que Tony sache qu'il a raison, il fait justement preuve de son défaut majeur à savoir la fierté en refusant de corroborer ce qu'a dit Silvio ni même d'acquiescer, et en conservant son attitude suffisante. Cela dit, le point marqué par Silvio pousse Tony à faire une confession à son Consigliere :
"All due respect, you got no fucking idea what it's like to be number one. Every decision you make affects every facet of every other fucking thing. It's too much to deal with almost. And in the end, you're completely alone with it all."

Silvio demande à Tony s'il a encore besoin de lui. Tony ne répond pas et garde son attitude suffisante alors qu'il se remet à fumer son cigare. Silvio s'en va et laisse Tony réflechir aux vérités qu'il lui a enfin dites.
Bien sûr, de prime abord, on pourrait penser que Tony reste sur ses positions mais ce n'est pas exactement le cas. C'est quelqu'un qui, poussé constamment par la fierté et l'orgueil, agit d'abord de manière impulsive avant de réfléchir ultérieurement à ses actes. Rappelez-vous de ce qu'il a fait au barman dans Cold Cuts (5.10) avant de le regretter par la suite. Ou encore du passage dans Unidentified Black Males (5.09) où Finn DeTrolio, le futur mari de Meadow, paie l'addition. Tony, encore une fois pris par la fierté, lui sort une sentence bien à lui : "You're lucky you don't get you head handed to you" avant, une fois le dîner terminé, de s'excuser : "I didn't mean to bite your head off in there. You're a good guy, and I respect your trying." Et dans cet épisode, après avoir exprimé sa colère sur "Fucking Paulie", il va quand même le voir pour essayer de résoudre le problème.
Autrement dit, certes, il ne montre aucun signe de défaillance face à Silvio, mais une fois ce dernier parti, il réfléchit à ce qu'il lui a dit. Il tient à ses hommes et à ce qu'ils pensent plus que ce qu'il ne montre en public.
Quoiqu'il en soit, superbe scène qui remet sur le devant de la scène un personnage que j'apprécie vraiment : Silvio Dante.

Un autre fléchissement (important cette fois-ci) se produit quand Benny Fazio se fait défigurer par Phil Leotardo. Il se rend alors à l'hôpital pour lui rendre visite, il voit son état grave, et il doit faire face aux Capos déjà présents. A partir de là, Tony commence à envisager la possibilité de le buter. Mais cette décision est très difficile à prendre. Il a besoin d'un soutien, il a besoin d'entendre l'avis d'un proche. Il se rend donc chez son Oncle Corrado mais ce dernier est à l'ouest, rongé par la maladie. Tony est au pied du mur. Il doit prendre cette décision seul, et il doit l'assumer seul. Oncle Junior n'ayant pu lui fournir le conseil qu'il attendait, il va voir sa psy.

Le fléchissement s'accentue lors de la séance de thérapie avec Jennifer Melfi qui lui rappelle qu'il doit arrêter d'établir une relation avec son cousin basée sur la protection et la culpabilité. Car Tony a exactement agi ainsi jusque là et il continue de le faire. C'est principalement pour cette raison qu'il refuse de laisser T.B. se faire buter. Il se sent coupable de la situation dans laquelle se trouve son cousin. Tony Soprano clôture cette scène en disant : "It's my mess. All my choices were wrong."
Il se rend compte qu'il a pris la mauvaise décision en défiant Johnny Sack et en protégeant son cousin. Il appelle donc John mais sa réticence est à la mesure de la difficulté de "L'acte" à commettre. Il ne parle pas, pose le téléphone sur la table un instant, avant de raccrocher.

Il se rend ensuite chez Paulie, l'ancien, dont la voie compte plus qu'il n'y paraît. Et là, il tombe sur la peinture de Pie-O-My et de lui. Il lance un "What the fuck ?" avant de dire à Paulie s'il sait ce qu'il ressent en voyant cette peinture. Paulie s'excuse et réplique qu'il ne vient plus le voir, donc il ne pensait pas que ça serait un problème. Hesh Rabkin avait aussi dit à Tony dans In Camelot (5.07) qu'il ne venait plus le voir. Tony se défend en prétextant que c'est pas bon niveau sécurité d'aller chez les Capos. Il s'énerve ensuite en prétendant que lui et ses putes doivent bien se marrer devant la peinture. Paulie nie cette affirmation et prétend que la peinture est comme une sorte d'homme qui surveille et protège le foyer, comme on le fait traditionnellement en temps de guerre. Et ce Général n'est autre que Tony himself. Tony est ému, mais cache ses émotions. Il finit par arracher la peinture et la jeter aux ordures.

Et c'est là qu'il prend la décision de buter Tony Blundetto.
Les oeufs dans The Sopranos ont toujours été présage de mort. Un peu comme les oranges dans GodFather.
Dans For All Debts Public And Private (4.01), Tony, en compagnie de Bobby, mange des oeufs brouillés pendant que Christopher s'occupe à buter le mec qui aurait tué son père.
Dans Whoever Did This (4.09), Ralphie faisait cuire des oeufs. On sait ce qu'il est advenu de lui par la suite.
Dans The Two Tonys (5.01), Carmine Lupertazzi a une attaque mortelle alors qu'il mangeait des oeufs.
Dans The Test Dream (5.11), Valentina, l'ex-régulière de T, est brûlée gravement alors qu'elle lui faisait des oeufs.

Tony jette donc la peinture à la poubelle et en reculant, marche sur des oeufs. Il se retrouve face à la peinture. Il regarde le ruban rouge qui enceint le Général, puis l'épée, et se rend enfin compte de comment ses soldats le voient, de comment ils le considèrent. Il se voit comme le Général Rommel. Il se rend compte qu'il ne peut échapper à cette image qu'il dégage, qu'il est poussé à buter son cousin.
Mais la décision de buter son cousin n'est pas seulement motivée par cette image de Général qui le pousse à agir en tant que tel même dans les situations difficiles, à faire des sacrifices, elle est aussi motivée par la pitié et la compassion qu'il a pour Tony Blundetto. Car le balancer aux sbirs de John aurait sonné comme un feu vert à sa torture. C'est pour cela qu'il prend la dure décision de le buter de ses propres mains. Il s'agit là d'un sacrifice énorme pour quelqu'un qui n'a pas pu buter quelqu'un de sa famille (Christopher dans Irregular Around The Margins) même quand le code de la Mafia poussait à le faire.

Les Capos et autres soldats sont admiratifs. Ils retrouvent leur Général. Quand Tony se rend au Bada Bing après "L'acte", on sent dans les yeux de Silvio le respect retrouvé, et dans ceux de Bobby toute l'admiration.

Petite parenthèse. Dans Rat Pack (5.02), Oncle Junior avait appelé Tony B. "Tony Egg". Etait-ce un présage ? Pas impossible.

Toujours dans cette comparaison avec le Général Rommel, Tony décline une table-ronde le soir même avec un John et un Phil quelque peu remontés (l'ambiance parfaite pour que ça se finisse mal) en lui disant : "No offense, John, but I got an IQ of 136. It's being tested" avant d'accepter une rencontre le lendemain à 6h. Cette réplique fait également partie d'une habitude de comparer tout et n'importe quoi avec son cousin. On se souvient dans Rat Pack de la réplique de Tony : "Even now, my canoli was bigger than his" quand il voit une photo de lui à côté de son cousin (tous les deux nus) quand ils étaient bébé.

Tony vêtu de noir tel un ours se rend ensuite dans la piaule où se Christopher, vêtu de blanc. "You need to go up to the farm and pick up your cousin. He should be buried. And that should be you who does it" lui dit-il. Il s'agit encore là d'une preuve de confiance accordée à Chrissy. Le même Chrissy auquel il avait fait appel quand il avait tué Ralph Cifaretto.
Ils abordent ensuite le dossier sensible Adriana. Christopher dit à Tony qu'elle ne savait rien sur l'affaire Cifaretto ou Bevilaqua. Tony lui demande s'il serait au moins capable de s'en rappeler, ce à quoi Christopher répond vigoureusement : "I swear on my life". Tony se lève pour chercher si Chrissy a de l'alcool ou de la drogue mais ce dernier lui dit qu'il ne trouvera rien de tout cela avant d'ajouter qu'il lisait et faisait des haltères. A ce moment, on voit Tony regarder les haltères. Je pense qu'à ce moment lui est venu l'idée de tuer Christopher. Il faut bien se dire que si c'était pas Chrissy, T aurait déjà buté un bonhomme ancien junkie dont la fiancée était un indic pour les fédés.

La situation étant arrangée au niveau interne dans la Famille, manque plus qu'à arranger la situation avec Johnny Sack.
Tony se rend donc comme prévu chez John. Il arrive finalement à le convaincre de faire la paix après un intense et profond "I paid enough, John. I paid a lot !"
John sort ensuite une jolie réplique : "These people you run into who wanna be boss, huh... They should know" comme pour se valoriser tous les deux et dire que tout le monde ne peut pas exercer la fonction de Boss d'une Famille avant de se féliciter d'enfin retrouver le Tony qu'il appréciait car il est l'un des rares personnes à comprendre la position dans laquelle il se trouve, et implicitement qu'il est important de maintenir cette bienséance.
Pendant que Johnny propose un café à un Tony hésitant, on voit ce dernier lancer un regard inquiet à l'horizon. Lors du premier visionnage, j'ai cru qu'il s'agissait d'un coup monté et que c'était Phil qui était venu le buter. Il s'avère en fait qu'il s'agit du FBI venu faire une descente chez John. Celui qui a tout balancé est Jimmy Petrille, un mec aux cheveux blancs avec un énorme bide qu'il présente à Phil lors de l'enterrement de Carmine Lupertazzi Sr dans Rat Pack (5.02). Il a tout balancé sur les jeux, les homicides, et autres trafics. De quoi envoyer au trou tout le clan Petrille et le tout nouveau boss de New York pour 18 années. Tony est étonné d'apprendre ça au sujet de Jimmy Petrille qu'il considérait comme "a sweet old guy". De quoi rendre plus méfiant un Tony qui pourrait bien finir par choper Raymond Curto.

AJ semble avoir trouvé une voie qui l'intéresse à savoir l'événementiel. Le passage où il se trouve à la fête et qu'il voit son pote se battre avec un mec qui n'a pas payé le droit de consommer montre un côté d'Anthony Junior pas encore développé jusque là, celui du chef et du plaisir d'être chef.

Revenons aux choses sérieuses. Depuis le moment où Tony Soprano se tire de la maison de Johnny Sacramoni lorsqu'il voit les fédés jusqu'au moment où il arrive chez lui, on passe par différentes étapes qui rappellent plusieurs passages de la saison.
Tout d'abord, le fait d'avoir réussi à semer les fédés même s'il n'était pas concerné par cette descente renforce le côté efficace militaire du Général retrouvé.
Le passage dans la forêt rappelle le lieu où Adriana a été butée.
Le moment où il traverse la rivière rappelle la piscine de sa maison où il a tant de fois plongé dedans, et notamment le jeu Marco Polo dans l'épisode du même nom.
Le moment où il se fait sauter dessus par un chien renvoie directement aux nombreuses fois où on entendait le chien des Cusamano aboyer.
La façon et l'endroit par où passe Tony pour rentrer chez lui (en passant par-dessus la barrière) rappelle un peu l'image de l'ours. D'ailleurs, quand on voit les buissons remuer, on ne sait pas de suite s'il s'agit de Tony ou de l'ours.

Un parallèle est également établi entre le premier épisode de cette saison où Carmela chasse l'ours de la maison en protégeant son fils et le dernier épisode où elle ouvre la porte et accueille l'ours (Tony ici qui frappe à la porte de derrière) dans sa demeure.
J'avais parlé dans mes précédentes critiques d'une possible mort rôdant autour de Carmela notamment par rapport à la scène depuis la piscine dans Cold Cuts (5.10). La mort physique n'a pas eu lieu, mais celle de son honneur, de sa dignité, semble bien avoir eu lieu.
Carmela a été conseillée au fil des années par son ancien prêtre (pas le Père Intintola), son ancien psy, ses avocats de quitter Tony pour son bien et celui de ses enfants. Pour sa rédemption. Elle semblait avoir compris après la séparation d'avec Tony. Semblait. Mais voilà qu'elle décide de se remettre avec lui car, au-delà de l'amour qu'elle lui porte et qui est sincère, elle ne peut se passer de tout ce côté matériel, de cette quasi-opulence parfaitement symbolisés par la manière dont elle regarde les plans de sa future entreprise, et le tout dans sa chambre, avec les plans étalés à l'endroit où dort Tony, tel une pré-jouissance. C'est peut-être ce qui courra à sa perte.


Très bel épisode joliment construit qui clôture une saison de toute beauté. On a eu le droit à de jolis scénarios accompagnés d'excellents acteurs peu ou pas connus jusque là dans The Sopranos. Je pense notamment à Steve Buscemi qui a été superbe tout au long de cette saison. J'espère vivement revoir dans la saison 6 Vince Curatola (Johnny "Sack" Sacramoni) qui a un jeu d'acteur énorme.
Au vu de la situation actuelle, je pense que la saison 6 pourrait représenter la chute de Tony Soprano à tous les niveaux.

8,5/10. :cool:
- That easy... to forget a fucking brother?!
- Money has properties in this regard! Though no remedy is discovered yet sovereign against sentimental remorse.

Deadwood

There's no cure for life.
- Tony Soprano — The Sopranos
Mr KB
Dernière conquête de Joey Triviani
Messages : 504
Inscription : 05 sept. 2003 18:32
Localisation : Bada Bing

Message par Mr KB »

Possible big guest-star pour la saison 6 :
http://tv.zap2it.com/tveditorial/tve_ma ... 1|,00.html
:razz:
- That easy... to forget a fucking brother?!
- Money has properties in this regard! Though no remedy is discovered yet sovereign against sentimental remorse.

Deadwood

There's no cure for life.
- Tony Soprano — The Sopranos
cicéron
Dentier du professeur Farsnworth
Messages : 351
Inscription : 20 déc. 2003 1:20

Message par cicéron »

Oh my... :eek: :yes: !

Ben si ça ça donne pas envie de se taper les cinq saisons d'affilée :cool: ...

2006, quand même (m'enfin, ça laisse largement le temps de rattraper son retard ;) )...
Image
Tic tic tac fait la montre flik flak
Barjo
Pote de Marshall
Messages : 334
Inscription : 20 sept. 2003 9:11
Localisation : Chartres...
Contact :

Message par Barjo »

cicéron a écrit :2006, quand même (m'enfin, ça laisse largement le temps de rattraper son retard ;) )...

Exactement! J'en suis actuellement à la saison 2 et je compte bien être à jour pour suivre la saison 6 en direct des usa.
Verrouillé