ATTENTION CHEF D'OEUVRE ! Gilligan n'avait pas écrit aussi bon script depuis "Paper Hearts" (grand chef d'oeuvre de la saison 4 d'XF), c'est dire à quel point cet épisode est une petite merveille ! A voir, revoir, et rerevoir.
Alors que je commençais justement à désespérer devant la qualité fort décevante des épisodes précédents, Vince Gilligan réussit magistralement à remettre les points sur les "i" ! Captivant de bout en bout, maîtrisé jusque dans ses moindres détails, et avec un final assommant et suggestif bien comme je les aime. Un régal ! Avec une question terrifiante laissée en suspens à la fin... Mieux encore : cet épisode ne ressemble à rien d'autre et a vraiment une personnalité qui lui est propre. J'irai même pour le coup jusqu'à dire qu'en gonflant un peu le script, ça aurait pu faire un très bon long-métrage (et c'est pas peu dire, venant d'un mec comme moi qui n'a cessé de ricaner - et continue toujours de ricaner - quand Chris Carter, ou pire encore JJ Abrams, prétendent faire des mini-films chaque semaine [mais de qui se moque-t-on, sérieusement ?!!!
Bref, c'est une aubaine que la série s'achève sur un épisode d'une telle intensité, aussi habité et aussi original. L'épisode fait en plus faire un grand bon en avant à la série sur pas mal d'aspects. Du côté de Carl (l'occasion rêvée d'approfondir un peu plus l'étude psychologique du personnage), mais aussi du côté de Perri qui, pour l'occasion, se voit même décerner l'honneur de "monologuer" à la place de Kolchak !!!
Nous le savons, Gilligan le sait, et il en joue avec beaucoup d'habileté, savonnant la piste là où elle peut l'être. Et la chute, très surprenante, fait effectivement son petit effet quand elle arrive (j'en dis pas plus pour ne pas spoileriser
En ce qui concerne l'intrigue, elle débute ainsi : Kolchak se fait enlever par un ancien "compagnon de chambre" qu'il a rencontré lors de son fameux séjour en hôpital psychiatrique (suite à la mort d'Irene). Le type prétend maintenant que Kolchak s'est adressé à lui et lui a envoyé des messages cryptés par l'intermédiaire de ses articles !!! Complètement démentiel. S'ensuit un face à face (assez réminiscent d'"Unruhe", également signé Gilligan) entre Kolchak et son geôlier : le but pour Kolchak étant, on s'en doute, d'entrer dans l'esprit de ce dernier pour y trouver une faille, l'exploiter, et se sortir de là, quitte même à devoir jouer le jeu de la folie de son ravisseur. Séances de psychanalyse à l'horizon donc, avec ce fou furieux qui, à l'image de l'agent Doug Panero dans "Burning Man", offre à Kolchak un reflet déformé de lui-même toujours aussi peu avantageux. Et c'est là que ça commence justement à devenir passionnant. (Et je n'en dirai pas plus pour garder au frais les meilleurs développements de l'épisode
Avec cet aspect "mentalement déviant", il était impossible que je ne pense pas, encore une fois, à "Silent Hill 2" (très en vogue en ce moment d'ailleurs puisque l'épisode "Dave" de "Lost", aussi insipide ait-il pu être, faisait lui aussi beaucoup penser à SH2 - notamment avec son "See, I'm real" qui nous aurait presque renvoyé l'image de James confrontant Maria !
Bienvenue donc dans cet univers de psychopathe complètement barré, où tout, absolument tout, va être possible ! Un univers dont les "règles" nous échappent. A ce titre, la séquence d'ouverture, complètement incompréhensible, m'a scotché à mon fauteuil (pas roulant, heureusement pour moi
Et comme si cela ne suffisait déjà pas, Gilligan se permet en plus le luxe de disséminer quelques petites jokes vraiment tordantes sans pour autant rompre la tension ambiante et l'intensité du huis clos psychologique.
Gilligan n'est pas non plus le seul à faire des démonstrations de son talent : Stuart Townsend est vraiment excellent lui aussi. L'occasion rêvée pour lui d'aller puiser dans une palette extrêmement variée. Townsend n'a visiblement aucun mal à suivre ce qui s'apparente pourtant à un gigantesque tour de grand huit émotionnel qui aurait très vite pu se retourner contre lui (tellement la menace de l'exercice surfait, de la prestation trop appuyée, était grande). Townsend passe par tous les états et sait nous le retransmettre avec une grande simplicité. Gilligan, qui avait titré un épisode "Folie A Deux" dans XF, parvient ici à retranscrire cette idée à l'écran avec une habileté presque insolente. Kolchak partage la folie de son agresseur, et nous la leur !
Aux côtés de Townsend, Gabrielle Union est elle aussi parfaite, et Eric Jungmann toujours aussi sympathique (même bourré
Côté réalisation, rien à dire. La mise en scène du pré-générique : parfaite. S'ensuit un premier quart d'heure filmé et monté de manière absolument frénétique, un délice pour l'oeil et un ressenti parfaitement bien maîtrisé.
Après la vision d'un tel épisode, on en vient bien sûr à regretter très amèrement l'annulation. Et inutile de dire que cet épisode n'a pas du jouer en faveur de la série : les perspectives qu'il ouvre pour de futurs développements (forcément très sombres) font carrément froid dans le dos et ont largement de quoi rendre frileux n'importe quel network. Dommage !
Définitivement la meilleure chose que j'aie pu voir cette année sur petit écran. Je vous le conseille absolument !