Je vais donc vous parler de Malik Mezzadri plus couramment surnommé Magic Malik, peut etre en référence au timbre lyrique et enchanteur de son instrument : la flute traversière.
Allez hop un peu de biographie pour situer mieux que ça le bonhomme :
Né en 1969 en Côte d'Ivoire, Malik Mezzadri commence son apprentissage musical en Guadeloupe à l'âge de 6 ans.
Il suit une formation classique de flûte traversière avec Marc Rovelas à Pointe-à-Pitre ; arrivé en France en 1986 il entre au conservatoire de Marseille en préparatoire supérieure avec Jean-Louis Beaumaudier et suit en parallèle une formation de jazz. En 1989, il continue sa formation classique en étudiant l'analyse, l'orchestration, l'harmonie et le contrepoint avec Michel Prady au conservatoire international de Musique de Paris. Au cours de son apprentissage il gagne différents prix (1er prix de flûte traversière de l'école de Marvounzy, prix de composition du Festag, 1er prix du cycle supérieur du CNR à l'unanimité du jury).
Tout ça pour dire que sa formation musicale n'est pas a remettre en cause. Mais ce n'est pas au conservatoire qu'on devient un artiste et il n'aura dés lors de cesse de multiplier les projets, les collaborations, avec St Germain, M, Julien Lourau, pour autant que je sache, mais aussi, bien d'autres d'aprés ce que j'ai pu lire : Lio, Teri Moise, Laurent Garnier, Dj Gilb'R, FFF, Juan Rozoff... là encore j'imagine que la liste n'est pas exhaustive.
Mais revenons sur Julien Lourau car c'est par le biais de ce saxophoniste que j'ai découvert Malik Mezzadri.
En 2000 sort Gambit, un album dans la mouvance Electro-Jazz qui émerge cette année là
Malik y signe deux compositions parmis les plus réussies de l'Album. Et j'y trouvais déja un remarquable coup de griffe. C'est en voulant completer ma discographie de J.Lourau que j'ai découvert que ce n'était néanmoin pas un coup d'essai puisqu'il avait déja travaillé sur le précèdent album de J.Lourau et son "groove gang" intitulé "City Boom Boom" qui lui est plutot Funk.
En faite pour dire deux mots de Lourau, celui-ci voulait donner un tournant a son parcours en lachant le groove gang qui avait connu un certain succés pour quelque chose de neuf et qui élargirait son jeu : l'éléctro. Gambit est d'ailleur un terme employé aux echecs lorsque le joueur sacrifie volontairement une de ses pieces pour se dégager le jeu.
S'il a "sacrifié" les autres, il a gardé Malik :)
Bref pour en revenir a lui, il sort peut apres la fin de la tournée "Gambit" un disque que je cru son premier avec son groupe : le Magic Malik Orchestra.
"69-96" le titre, renvoyant clairement pour moi a la période durant laquelle il a "appris" avant de "jouer".
En fait la aussi il ne s'agirait pas d'un coup d'essai en tant que leader car un disque serait sortit en 1997 sous le nom de HWI project ... reste que je ne n'en ai jamais vu un seul exemplaire, ni une quelconque tracklist ... un mystere a élucider donc :)
Pour revenir a 69-96, a la première écoute je l'ai considéré comme une prolongation du mouvement elecrto-jazz et du disque de Lourau, les deux premiers morceaux faisant assez reference aux rythmes jungles. J'était néanmoin un peu surpris du caractère plus World music de celui-ci par rapport a Gambit. En fait j'avais tort, ce disque n'etait pas un "spin off" de Gambit mais bien l'oeuvre originale de Malik Mezzadri, une oeuvre résultante des années 69-96 où il a fini par cotoyé un groupe : Human Spirit.
Si malik semble avoir toujours cherché a jouer jazz, c'est avant tout un guadeloupéen qui a fait ses premières armes de scenes avec un groupe plutot reggae et festif. Il a donc une inclinaison naturelle pour une musique populaire traditionnelle. Et les rythmes jungles devaient plutot l'interesser pour leur coté tribal qu'éléctro.
Hypothese qui me semble sonner juste lorsqu'on écoute son tout dernier album qui vient de sortir : 00-237
Là encore, une touche de Jazz, de World, de sons synthetiques donnant un coté electro, il est différant de 69-96 mais pas en rupture, c'est juste un nouveau discours avec un vocabulaire légerement différant mais le fond reste le meme a mon sens.
Mais cette album est accompagné d'un autre disque nommé XP-I et a son écoute mon hypothèse sonne moin juste :-/ mais j'ai heureusement une réponse a cela.
En fait il se trouve que sur la face du coffret qui porte le disque XP-I on peut lire :
Muses : [une serie de pseudos]
Qui plus est en l'écoutant, pour ceux qui n'auraient pas saisi en lisant le titre, on se rend vite compte de l'aspect experimental du disque qui s'approche du free jazz.
Les donnes du tempo ont été laissées, on a deux versions d'un meme morceau, une piste n'est meme rien qu'un collage des donnes de tempo, ils se nomment tous XP'° où ° est le numéro de la piste du CD sauf le dernier qui se nomme Zed.
Bref tout ça sent le "boeuf" enregistré en hommage et sous l'influence des "muses".
Alors a autre influence, autre musique, et là si le vocabulaire est le meme que 00-237, le discours lui est différent.



