Livres sur la télévision

Discussions sur l'actualité de la télévision et réflexions sur ses programmes. Le site du <a href="http://www.a-suivre.org/_archives/flt/" target="_blank">Front de Libération Télévisuelle</a> se consacre à ces questions.
ozgirl
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Livres sur la télévision

Message par ozgirl »

Je voulais juste signaler la parution de deux ouvrages :

1) le numéro de mars-avril 2003 de la revue Esprit, intitulé La société des écrans et la télévision, avec pour axes principaux :
- la trash TV est-elle une fatalité ?
- pour une culture de la télévision
- les mutations de l'offre : satellite, TNT, Internet
- pornographie, violence, télé-réalité : l'image dangereuse ?
- l'Etat, le service public et l'économie de l'audiovisuel
- parler, rire, chanter, jouer, imaginer... créer sur les écrans

Je n'ai pas encore eu le temps de le lire, mais je l'ai acheté et feuilleté et ça a l'air fort intéressant. Je précise aussi, pour ceux qui ne connaîtraient pas cette revue, qu'elle n'est pas vendue en kiosque, mais en librairie et qu'elle est facilement trouvable après sa date de parution et même après celle du numéro suivant, et qu'elle est aussi facilement consultable en bibliothèque.


2) un recueil de nouvelles, Noirs complots aux éditions Belles Lettres. Je vous mets ici un extrait de la 4ème de couverture :

Les astronautes d'Apollo 11 ont-ils réellement marché sur la Lune ? Si oui, étaient-ils les premiers ? Qui sont ces "hommes de l'ombre" ayant minutieusement mis au point l'attentat du 11 septembre ? Pour le compte de qui la série télévisée X-Files a-t-elle été produite et pourquoi ? Que deviennent les comploteurs retraités ? Pourra-t-on, dans un avenir proche, en finir avec Karl Marx ? Quel jeu les Beatles ont-ils joué durant la guerre froide ? Par qui le célèbre canular radiophonique d'Orson Welles a-t-il réellement été commandé ? Qui était vraiment le Christ ? Et Dieu, sous quel visage nous apparaît-il à l'aube du XXIe siècle ? Quant à la science, censée mettre un terme aux superstitions, n'est-elle pas elle-même une conspiration ?


Vous devez maintenant avoir compris pourquoi je citais ce recueil. La nouvelle consacrée à X-Files s'appelle Le mensonge est ici et a été écrite par Martin Winckler. Mais je n'en dis pas plus... ;)
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Re: Quelques livres en rapport avec la télé

Message par thunder »

ozgirl a écrit :2) un recueil de nouvelles, Noirs complots aux éditions Belles Lettres.


Une petite question. Est-ce que ce livre vaut le coup ? J'ai lu un petit article dessus dans GS (il me semble) où ils en disaient du bien mais bon j'aimerais avoir différents avis ;)
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Message par ozgirl »

Je l'ai presque fini (il me reste à lire l'entretien avec Maurice G. Dantec qui clôt le livre) et j'ai trouvé ça pas mal. Il est clair que ce n'est pas un livre qui révolutionnera la littérature, mais l'avantage, c'est qu'il y a 14 auteurs (un par nouvelle) et que, même si certains textes ne te plaisent pas, d'autres t'intéressent. Par exemple, j'ai bien aimé la nouvelle de Martin Winckler ou d'Olivier Delcroix (sur les Beatles), moins celle d'Alain Page ou de Serge Quadruppani (bien qu'on puisse lui trouver des connotations "Prisonnier" ;)).Globalement, j'ai un avis plutôt positif.
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Re: Quelques livres en rapport avec la télé

Message par jf.sauger »

ozgirl a écrit :
1) le numéro de mars-avril 2003 de la revue Esprit, intitulé La société des écrans et la télévision


Vu l'orientation du FLT, l'article le plus intéressant est probablement "Créer des fictions pour la télévision", table ronde qui réunissait des réalisateurs de fictions télévisuelles. Ainsi qu'un article, d'un des participants de cette table ronde (Maurice Frydland), intitulé "Les géomètres et les saltimbanques. Un regard sur la fiction télévisuelle en France, aux Etats-Unis, en Allemagne et en Grande-Bretagne".

Petite citation qui montre une nouvelle fois que les plus lucides sur la fiction, ce sont bien ses créateurs :

La tendance des chaînes ne consiste pas à considére les œuvres, mais à dégager les recettes du succès. Il s'agit en fait de décrocher le maximum de parts de marché en une soirée. Alors, fi de la diversité de création, vive le formatage ! Happy end à tous les étages, héros anti-conformistes s'abstenir : place aux héros récurrents, personnages invulnérables et positifs qui doivent séduire le maximum de téléspectateurs. Si c'est un flic, sa position de sauveur est légitime, mais si c'est un héros de la société civile (instituteur, kinésithérapeute, médecin, juge, brocanteur...), tout se complique. Les héros récurrents ont pris la place des films unitaires et originaux ! Ce sont des personnages convaincus du bien-fondé de leur mission, et il est évident que cette surenchère de héros moralisateurs sur les grandes chaînes généralistes finit par donner une vision unilatérale d'un monde sans aspérité ni contradiction. Par ces images simplistes, la télévision fait écran à la réalité et n'est plus le témoin de son temps. Malheureusement, nos diffuseurs semblent se satisfaire d'audimats flatteurs qui garantissent de fortes recettes publicitaires.


Bien sûr, la citation se replace dans l'article entier. La revue coûte 16 euros et doit encore être achetable sur Internet.

Par qui le célèbre canular radiophonique d'Orson Welles a-t-il réellement été commandé ?


Ce qui m'amène à une autre question : Pourrait-on encore aujourd'hui créer une panique (même temporaire) en mêlant variété et information ?
"je crois qu'il est nécessaire et important d'affirmer que la tenue intellectuelle et artistique de notre Télévision est remarquable et qu'elle la justifie parfaitement, non seulement comme instrument de distraction, mais de culture."
André Bazin en 1956
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Message par Le_Ver_Conquérant »

Je suppose que Guigui vous a déjà parlé de L'Inaccessible d'Aurélien Allin, aux éditions Thélès, qui est un roman dont le "héros", anti-héros peut-être même, est un acteur de sit-comm (hein ?! Qui a dit Friends ? Non, c'est pas Friends) :
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Aurélien Allin, qui est aussi critique (bon critique, si, si !) de ciméma et qui travaille chez Séries Max et DVD Live.
C'est un roman vraiment poignant ; il vous arrachera les trippes !

Ensuite, je vous propose un livre-document d'Hubert Allin (c'est le même nom ? c'est normal ! ;) ) intitulé Musique Business, chez City éditions, traitant de la musique issue, entre autres, de la télé-réalité. Document vraiment intéressant et qui nous afflige au sujet des jeunes (et de leurs parents !!!) qui regardent ce genre d'émission, et qui écoute ce genre de musique) [j'ai vu que le forum Musique d'ici allait peut-être être supprimé... pourtant, on voit bien que, de nos jours, télé et musiques sont presque inextricablement liées !!!]
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Et aussi, un 3ème livre, là je n'en sais pas beaucoup à son propos : c'est Télévision et politique, problèmes politiques et sociaux d'Arnaud Mercier, que je vient de voir dans un magazine télé (celui où travaille Nathalie Chuc, que je salue au passage ;) ) à La Documentation Française, c'est le n°900.
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Comme je ne l'ai pas lu, je vous mets le commentaire du site de la Doc Française :
La télévision, média de masse par excellence, est devenue le premier vecteur de communication et d’information en matière politique. Quel est en fait son impact réel ? Si certains penchent pour une influence déterminante de ce média sur un téléspectateur considéré comme passif, d’autres mettent en lumière des effets plus limités. Mais il faut sortir de cette opposition et considérer des interactions beaucoup plus complexes entre hommes politiques, médias et publics, l’influence des uns sur les autres étant réciproque. Après avoir étudié la place qu’occupe la politique dans les programmes télévisés, pendant les campagnes électorales, mais aussi dans les émissions de divertissement auxquelles les hommes politiques n’hésitent plus à participer, ce dossier analyse le rôle de la télévision comme source d’information des citoyens et la façon dont ce média est susceptible d’agir sur la formation de leur opinion ou d’influencer leur vote. Comme tout moyen de communication, la télévision peut se révéler une source d’information problématique, notamment quand elle est « manipulée » par les gouvernants en temps de guerre, comme on a pu le voir dans l’ex-Yougoslavie, en Tchétchénie ou au Moyen-Orient. Utilisée par les terroristes, la télévision peut également devenir une arme dans la « guerre médiatique ». Enfin, ce dossier montre comment la télévision transforme le jeu politique en attirant les hommes politiques qui, sur les conseils de spécialistes en communication, l’utilisent pour se faire connaître et reconnaître, comment elle modèle leur discours, leur présentation et oriente leurs stratégies de communication. À l’extrême, la politique se réduit parfois à une gestion de l’image, laissant une place de choix au marketing, comme l’illustre le cas de Silvio Berlusconi en Italie.

Et puis, au passage, j'ai trouvé ça aussi :
Sur la télévision de Pierre Bourdieu aux éditions Raisons d'Agir. Et voici le commentaire trouvé sur Amazon :
"La télévision fait courir un danger très grand aux différentes sphères de la production culturelle, art, littérature (...), un danger non moins grand à la vie politique et à la démocratie". Le ton est donné, celui d'un propos argumentatif, si l'on en croit Pierre Bourdieu, propos qu'il choisit de soutenir à la télévision tout en s'inscrivant en faux des règles classiques de mise en scène, pour lutter contre la manipulation, pour la liberté de pensée. Une liberté de pensée à laquelle les journalistes renoncent, ficelés qu'ils sont par une concurrence furieuse. Celle du marché d'abord : qui dit concurrence entre chaînes de télévision, dit audimat, recherche de scoop, fast thinking pour le journaliste pressé, fast food culturel pour le consommateur. La concurrence ne s'arrête pas là : il y a celle active au sein du champ journalistique : avoir son émission de télévision, c'est le minimum pour exister, dans la presse écrite comme ailleurs. Il est bien loin le spectre du quatrième pouvoir, l'heure est à l'organisation savante des plateaux, à l'emprise de quelques journalistes sur la presse...
On l'aura compris, le sociologue réagit vivement au monopole d'un média dans la fabrication et la diffusion de l'information, égratignant au passage quelques personnalités médiatiques. Nostalgie d'une télévision culturelle style TV Sorbonne ou plaidoyer convaincant pour une autre télévision ? À vous de juger : c'est court, c'est vif, assez pour aiguiser la plume de Daniel Schneidermann qui répond à Pierre Bourdieu dans Du journalisme après Bourdieu. --Anne Barrat

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La procaine fois, je mettrai un texte de Moravia sur l'écrit et l'image.
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Message par Le_Ver_Conquérant »

Chose promise, chose due :
En janvier 1972, Alberto Moravia (1907-1990) écrivait ceci pour Le Courrier de l’UNESCO :

"L’image et l’écrit

L’idée de la décadence du livre et de la parole imprimée s’est en grande partie formée à la suite du succès de l’image et des moyens de communication qui se servent de l’image : cinéma, télévision, publicité, bandes dessinées, systèmes de signalisation, etc.
Peu de gens, toutefois, ont réfléchi, semble-t-il, au fait que le succès de l’image est dû, à son tour, à l’entrée dans l’histoire des grandes multitudes modernes, généralement analphabètes et alphabétisées récemment.

L’analphabète a, d’évidence, une sensibilité visuelle particulière. Pour lui, le monde entier est un vaste système de signes à interpréter et à traduire continuellement. L’origine même de l’écriture, son passage lent de la reproduction de l’objet au symbole, montre bien que l’être primitif confie aux yeux les tâches que l’homme civilisé, lui, confie à l’oreille.
Donc, et avant tout, il ne s’agit pas tellement d’une décadence du livre que d’un succès de l’image : succès lui-même dû moins à ceux qui ont toujours lu qu’à ceux qui, hier encore, ne savaient pas lire.

Si cela est vrai, comme nous le croyons, on devrait désormais assister, et incessamment, à une décadence progressive de l’image en même temps qu’à un succès du livre. En d’autres termes, au fur et à mesure que les masses seraient alphabétisées, elles devraient abandonner le langage primitif et direct de l’image, pour celui, plus élaboré et plus indirect, de la parole imprimée.

Au surplus, l’emploi de l’image dans le monde moderne est profondément différent de l’emploi de l’image dans le monde primitif. Dans ce monde primitif, il marquait le début de la communication : aujourd’hui, il n’est qu’un retour provisoire à des conditions peut-être passagères. Le monde moderne ne serait pas tellement primitif, que temporairement «primitivisé» par l’apparition des masses. Somme toute, jusque le cas du passage du langage des images à celui de la parole imprimée, le phénomène se produirait à nouveau de l’ontogenèse répétant la phylogenèse (note du Ver: l’ontogenèse, c’est l’évolution, le développement d’un être depuis sa fécondation (embryon) jusqu’à l’âge adulte ; la phylogenèse, c’est l’évolution d’une espèce. En gros, l’individu répète l’évolution de son espèce, à sa propre échelle).

La vraisemblance de cette hypothèse peut être au surplus démontrée par l’immense diffusion du livre au format de poche. Entre le livre traditionnel et le livre de poche, la différence n’est pas seulement dans la qualité et le prix. En fait, il s’agit de deux sortes de livres profondément différentes. Le livre traditionnel s’insérait, s’insère toujours dans un contexte culturel sédimenté et organique, qui dure depuis des siècles.

En revanche, le livre de poche répand, et en vrac, les germes de la culture de tous les temps et de tous les lieux dans un terrain complètement vierge. En quelques années, une humanité tout juste alphabétisée a été submergée, et sans préparation, par la culture de trente siècles.

Le danger existe que cette culture soit moins assimilée qu’amalgamée, condensée, réduite en formules et en synthèses par une vaste opération syncrétisante et anéantissante. Après quoi, les masses seraient libres de retourner à l’image, seul moyen désormais de communication.

Et c’est peut-être dans ce sens que semble s’orienter, par exemple, le marxisme en Chine, qui refuse en bloc toute la culture du passé. Les immenses masses chinoises seraient comme du papier blanc sur lequel on peut écrire tout ce qu’on veut. En fin de compte, il faudra voir ce que l’on écrira sur ce papier.

D’ailleurs, depuis quelques temps, l’image elle-même semble bien être à bout de souffle. En permettant au spectateur de l’enregistrer passivement, sans le moindre effort d’interprétation, l’image finit par devenir elle-même victime de cette passivité. Tout bonnement, les spectateurs du cinéma et de la télévision ne voient pas ce que l’écran déroule sous leurs yeux. Ou alors, s’ils le voient, ils ne le comprennent point. La passivité a atrophié leur attention, les a rendus distraits jusqu’à la cécité. Ils «voient» assurément le signal routier qui indique une école ou le cow-boy à cheval qui décharge son pistolet : mais désormais, plutôt que de voir, ils ne font qu’obéir à un réflexe conditionné, toujours le même, qui ne consent plus la moindre réflexion, donc la moindre communication. Au surplus, Marshall McLuhan (ndV : un sociologue selon lequel les moyens de communication audiovisuelle modernes mettent en cause la suprématie de l’écrit) l’admet lui-même quand il dit que c’est le média en soi qui constitue le message.

Somme toute, la décadence du livre n’est nullement certaine. Même si l’on ne tient pas compte du fait fondamental que le livre naît de la nature, c’est-à-dire de la faculté toute humaine d’émettre des mots et de les former en discours, il sied de remarquer que le livre est fait de mots qui sont aussi, dans des conditions déterminées de créativité poétique, des images.

Et c’est ainsi que, entre l’image suggérée par le livre et l’image qui apparaît sur les écrans, il n’y a pas de différence substantielle. Une seule plutôt, mais considérable : l’image de l’écran n’accorde aucune liberté à l’imagination—elle est ce qu’elle est (ndV : sauf si l’on considère les hors-champ...).

Ce qu’il faudrait en revanche, c’est faire le partage entre lecture et lecture, entre livre et livre. Il y a des livres qui font de la lecture un simple exercice physique. Ces livres, écrits pour la consommation, dans un langage et avec des contenus conventionnels, ne sont pas, à proprement parler, lus, mais parcourus par le regard du lecteur : celui-ci, en passant d’une phrase toute faite à l’autre, se figure avoir lu alors qu’il n’a fait que constater l’existence d’un mécanisme verbal tout aussi impénétrable qu’insignifiant.

La première condition, donc, pour qu’un livre soit vraiment « lu » est qu’il soit vraiment « écrit ». S’il y a décadence du livre, elle n’est pas due au fait que les masses ne lisent pas, mais au fait qu ‘elles lisent des livres non « écrits » mais simplement « imprimés ».

Ainsi, le livre doit être pensé, créé : autrement, il n’est pas un livre. Tant et si bien que l’avenir du livre est lié à la capacité poétique, créatrice, représentative et porteuse d’images de l’écriture. Le livre sera sauvé quand on « écrira » des livres ; il périra si l’on se borne à les «imprimer»."

--------

Bien-sûr, il est question ici des "masses" comme les appelle A. Moravia ; à partir du moment où nous sommes capables d'analyse, de réflexion face à l'image, d'interconnexion, je dirais, nous savons que le "danger" ne vient pas de nous, le danger de mésestimer l'écrit... Le décryptage de l'image est plus profond que cela, ici Moravia parle, je pense, en parlant des "masses", de tous ceux qui ne réfléchissent pas, qui absorbent... Ceux qui sont plutôt du genre à regarder "Tare Ac'", "Flop Star", etc.
Un film, une série, etc. peuvent contenir métaphores et figures de style...
Cependant, le livre, l'écrit reste à la base de tout ! Ne l'oublions pas. C'est ce qu'il faut bien faire comprendre aux jeunes (et même moins jeunes) générations, aux personnes qui ne font qu'avaler bêtement les images et les sons, qui se laissent faire et endoctriner. En lisant, on apprend à décrypter. Ainsi, la lecture, et l'écriture, peuvent à leur tour, sauver l'image animée...
A votre avis, quels sont les avantages du livre sur l'image ?
Dans les livres, les auteurs peuvent faire passer, exprimer les sentiments, les émotions des personnages. Au cinéma ou dans les séries, c'est plus dur, malgré des "subterfuges" (musique, lumières, etc.)
Par exemple aussi, à l'écran on ne peut revenir en arrière si l'on veut vérifier quelque chose, revoir un passage, etc. Dans un livre, tout est permis. Il est même des livres dits "dont vous êtes le héros", où l'ordre même des chapitres varie selon notre lecture et nos choix.
Avec le DVD (encore plus qu'avec les cassettes vidéo) cela est faisable, d'autant plus qu'il y a des chapitres aussi.

En cela, le DVD est-il une sorte d'hybride entre le cinéma/les fictions télé et le livre ?
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Message par Le_Ver_Conquérant »

Voici un article trouvé dans le TV Magazine il y a quelques mois :

« Plusieurs sont en rayons en ce moment

Les séries télé jouent les muses de la littérature

Depuis quelques années, les auteurs de romans adaptent les séries télévisées à succès. Buffy, Angel, Les Experts et tous les autres ont envahi les rayons des librairies. Un filon bien exploité et qui n’est pas près de s’épuiser. Petit récapitulatif…


« Tant qu’il y a de la série, y’a de l’espoir ! » Cette devise pourrait bientôt devenir la formule récurrente des éditions Fleuve Noir. Cette maison parisienne exploite depuis un peu plus de 4 ans un nouveau filon qui n’est pas près de se tarir : les séries télévisées.
C’est Buffy, la tueuse de vampires, qui a ouvert la voie avec La Moisson en 1999. 37 épisodes plus tard le succès est toujours au rendez-vous avec plus de 1,5 million d’exemplaires vendus et le petit dernier, La Paix des braves, qui devrait débarquer chez tous les bons libraires le 13 novembre prochain.
On continue dans la série vampire avec Angel, la série spin-off de Buffy contre les vampires. Les aventures du gentil buveur de sang qui a retrouvé son âme ont également été adaptées en roman. Avec 17 volumes parus et un 18ème intitulé Les Empreintes du mal qui arrivera en novembre, il joue néanmoins dans la catégorie en dessous avec « seulement » 250000 livres vendus.
Les 3 soeurs Halliwell, héroïnes de Charmed, sur M6, ne sont pas en reste avec 16 épisodes édités et un nouvel opus, A l’ombre du Sphinx, qui devrait prochainement envahir les rayons et grossir les quelque 570000 exemplaires déjà vendus.

Les petites dernières
Les éditions Fleuve Noir se frottent d’ailleurs les mains du succès éditorial de ces séries et n’ont de cesse d’alimenter les étalages des librairies. Les amateurs de Dark Angel ne s’étonneront pas d’apprendre que 3 épisodes sont d’ores et déjà disponibles dans le commerce et que les extraterrestres de Roswell nous ont livré un Ultime message depuis avril dernier. Ces romans extraits de séries télévisées permettent également aux éditeurs de combler aussi bien les « petits » que les « grands ».
Dès son arrivée au printemps dernier, la série Smallville a été largement plébiscitée par les adolescents qui se sont arraché près de 25000 exemplaires du tome I. Le succès a même poussé la maison d’édition à sortir 7 nouveaux volets en 6 mois totalisant plus de 120000 ouvrages vendus. Les adultes aussi sont une cible privilégiée par les éditeurs qui ont misé sur Les Experts, une série policière culte de TF1, pour conquérir ce lectorat. Dès sa parution, Double jeu, 1er volume des Experts, figurait dans le classement des meilleures ventes de romans policiers. C’est Max Allan Collins qui a couché sur le papier ces enquêtes tonitruantes. Cet auteur scénariste et réalisateur est même devenu un véritable spécialiste et une référence en matière d’adaptation de séries télévisées, puisqu’il est aussi l’auteur des aventures de Dark angel.
Dernièrement une petite nouvelle est venue grossir les rangs : Alias. Les péripéties de Sydney Bristow sont un véritable morceau de choix pour l’éditeur. Un scénario complètement alambiqué servi par des personnages cultivant l’art du double jeu, la tâche s’avérait presque trop facile pour les auteurs. Le succès de la série culte de M6 n’était même plus un facteur décisif ! Un guide accompagne d’ailleurs les 2 premiers volets, Double vie et Une nouvelle recrue, parus le 9 octobre dernier. Ajoutant cette série d’espionnage à la liste, déjà longue, de ses adaptations, les éditions Fleuve Noir n’ont pas fini d’envahir les rayons des librairies. Les séries cultes de la télévision viennent donc jouer les muses de la littérature, et ce ne sont pas les fans qui s’en plaindront !

Nicolas Jouenne

Le guide à la rescousse

Fortes du succès des romans, les éditions Fleuves Noir lancent le guide officiel d’Alias. Avec les Dossiers secrets, vous découvrirez l’envers du décor de la série d’espionnage la plus explosive. Superbement illustré, ce guide est truffé de témoignages et de commentaires exclusifs des acteurs, des scénaristes et du créateur de la série. Vous plongerez au coeur du tournage de la 1ère saison en suivant la construction d’un épisode de sa naissance à sa post-production. Si vous pensiez tout connaître sur Sydney Bristow, Les Dossiers secrets pourraient vous faire changer d’avis. . . »

Et puis l'année dernière était sorti aussi ceci, (voir aussi par ici : Livre sur "24") :
Image - 24 heures chrono, chez Editions 84 : pour les accro de la série. Non, ce livre ne raconte pas une journée dans la vie de Jack Bauer, ce qui n’aurait aucun intérêt vu que le but de la série est de retracer en temps réel une journée de la C.A.T., la Cellule Anti-Terroriste (C.T.U. : Counter-Terrorist Unity en V.O.) : un livre, en temps réel, ça ne le fait pas trop ! En fait, il révèle tout sur la CTU : dossiers confidentiels, mémos internes, rapports d’autopsie.
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Message par ozgirl »

Le_Ver_Conquérant qui cite lui-même Moravia a écrit : L’analphabète a, d’évidence, une sensibilité visuelle particulière. Pour lui, le monde entier est un vaste système de signes à interpréter et à traduire continuellement. L’origine même de l’écriture, son passage lent de la reproduction de l’objet au symbole, montre bien que l’être primitif confie aux yeux les tâches que l’homme civilisé, lui, confie à l’oreille.

Il me semble qu'il y a ici confusion entre l'écriture (qui relève bien évidemment du code visuel) et le langage (qui relève à la fois du visuel et de l'auditif). L'homme civilisé a bien évidemment accès au langage, mais l'analphabète aussi, puisqu'il sait parler.

En d’autres termes, au fur et à mesure que les masses seraient alphabétisées, elles devraient abandonner le langage primitif et direct de l’image, pour celui, plus élaboré et plus indirect, de la parole imprimée.

Je ne vois pas en quoi le langage de l'image est plus primitif et direct que celui de l'écriture. En effet, le propre de la parole, c'est de limiter la polysémie. En d'autres termes, si je veux exprimer quelque chose, il est plus économique de le dire avec des mots (ma phrase n'aura, dans 99% des cas, qu'un seul sens) qu'avec une image (qui, dans un très grand nombre de cas, pourra vouloir dire plusieurs choses). Les seules images univoques sont des images insérées dans une sorte de langage, comme le code de la route.

En fait, il s’agit de deux sortes de livres profondément différentes. Le livre traditionnel s’insérait, s’insère toujours dans un contexte culturel sédimenté et organique, qui dure depuis des siècles.

En revanche, le livre de poche répand, et en vrac, les germes de la culture de tous les temps et de tous les lieux dans un terrain complètement vierge. En quelques années, une humanité tout juste alphabétisée a été submergée, et sans préparation, par la culture de trente siècles.

S'agit-il du discours des élites regrettant un âge d'or de la culture bien-pensante ? Je ne sais. En tout cas, il me semble que Moravia oublie ici quelque chose de primordiale : l'éducation. L'école n'apprend pas seulement à lire, elle fait accéder aussi à la culture. Il ne s'agit pas de bombarder des "masses lisantes" avec des livres de poche, mais d'accompagner à la découverte d'une culture.

D’ailleurs, depuis quelques temps, l’image elle-même semble bien être à bout de souffle. En permettant au spectateur de l’enregistrer passivement, sans le moindre effort d’interprétation, l’image finit par devenir elle-même victime de cette passivité. Tout bonnement, les spectateurs du cinéma et de la télévision ne voient pas ce que l’écran déroule sous leurs yeux. Ou alors, s’ils le voient, ils ne le comprennent point. La passivité a atrophié leur attention, les a rendus distraits jusqu’à la cécité. Ils «voient» assurément le signal routier qui indique une école ou le cow-boy à cheval qui décharge son pistolet : mais désormais, plutôt que de voir, ils ne font qu’obéir à un réflexe conditionné, toujours le même, qui ne consent plus la moindre réflexion, donc la moindre communication. Au surplus, Marshall McLuhan (ndV : un sociologue selon lequel les moyens de communication audiovisuelle modernes mettent en cause la suprématie de l’écrit) l’admet lui-même quand il dit que c’est le média en soi qui constitue le message.

Ici, Moravia nous montre qu'il a lu MacLuhan, mais qu'il ne l'a pas compris. Le début de ce paragraphe fait référénce à la théorie des médias foids et chauds. Un médium froid nous fournit peu d'information, un médium chaud en fournit beaucoup et "décourage" la participation du récepteur car il a peu de travail à faire pour reconstituer l'information globale. Moravia fait ici du cinéma et de la télévision deux médias froids. Or, pour Mc Luhan, le cinéma est un média chaud et la télévision est un média froid. En clair, il y a un problème...
D'autre part, Mc Luhan a certes écrit un article intitulé "Le message, c'est le médium". Mais il faut lire l'article en entier, et pas seulement le titre : Mc Luhan dit que le médium influence le message, c'est-à-dire qu'un même message n'a aps le même effet sur le récepteur selon le médium utilisé.
Et c’est ainsi que, entre l’image suggérée par le livre et l’image qui apparaît sur les écrans, il n’y a pas de différence substantielle. Une seule plutôt, mais considérable : l’image de l’écran n’accorde aucune liberté à l’imagination—elle est ce qu’elle est (ndV : sauf si l’on considère les hors-champ...).

Certes, on peu considérer que le livre laisse plus de place à l'imagination que l'image (débat ancien). Mais Moravia ne prend en compte que l'image de l'écran : quid des tableaux, par exemple ? D'autre part, je vois, moi, una autre différence entre l'image suggérée par le langage et l'image représentée : c'est le problème de la polysémie (voir plus haut)


Le Ver Conquérant qui parle en son nom propre a écrit :Un film, une série, etc. peuvent contenir métaphores et figures de style...

cela suffit-il à en faire de l'art ? A les rapprocher des livres que Moravia appelle "écrits" et non "imprimés" ?


A votre avis, quels sont les avantages du livre sur l'image ?

Cela mériterait des pages entières pour en discuter. De plus, le sujet est propice à l'enchaînement de clichés (je ne suis pas sûre dailleurs d'échapper à l'écueil).
Dans les livres, les auteurs peuvent faire passer, exprimer les sentiments, les émotions des personnages. Au cinéma ou dans les séries, c'est plus dur, malgré des "subterfuges" (musique, lumières, etc.)

Je ne suis pas d'accord. En quoi l'image aurait-elle une charge émotive moins forte que le langage ?
Par exemple aussi, à l'écran on ne peut revenir en arrière si l'on veut vérifier quelque chose, revoir un passage, etc. Dans un livre, tout est permis.

Comme tu le dis plus bas, maintenant, c'est faisable. Je ne suis pas sûre qu'un lecteur lamba revienne en arrière vérifier quelque chose dans un livre. D'autre part, tu oublies un point qui me semble fondamental : la lecture se fait souvent de manière fragmentée (on ne lit pas forcément un livre en entier d'un coup). Le visionnage d'un film au ciné ou à la télé se fait en une seule fois.
Il est même des livres dits "dont vous êtes le héros", où l'ordre même des chapitres varie selon notre lecture et nos choix.

Typiquement, à mon avis, des livres appelés "imprimés" par Moravia...

En cela, le DVD est-il une sorte d'hybride entre le cinéma/les fictions télé et le livre ?

Non, je ne crois pas. En revanche, il peut peut-être oeuvrer à une reconnaissance des séries télé en permettant des modes de lecture qui, auparavant, n'était possible que pour des formes institutionnellement reconnues.
Dernière modification par ozgirl le 26 sept. 2004 22:01, modifié 1 fois.
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Message par Lord-Of-Babylon »

ozgirl a écrit :
En cela, le DVD est-il une sorte d'hybride entre le cinéma/les fictions télé et le livre ?

Non, je ne crois pas. En revanche, il peut peut-être oeuvrer à une reconnaissance des séries télé en permettant des modes de lecture qui, auparavant, n'était possible que pour des formes institutionnellement reconnues.


Tout a fait et je trouve ce sujet passionnant. As ton un topic sur l'influence du dvd sur notre perception des série et sur leur reconnaissance ?

bonsoir
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Message par ozgirl »

Lord-Of-Babylon a écrit :
Tout a fait et je trouve ce sujet passionnant. As ton un topic sur l'influence du dvd sur notre perception des série et sur leur reconnaissance ?

Je ne crois pas. Si le sujet t'intéresse, n'hésite pas à en créer un.
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Message par Guigui le gentil »

Le_Ver_Conquérant a écrit :Ensuite, je vous propose un livre-document d'Hubert Allin (c'est le même nom ? c'est normal ! ;) ) intitulé Musique Business, chez City éditions, traitant de la musique issue, entre autres, de la télé-réalité. Document vraiment intéressant et qui nous afflige au sujet des jeunes (et de leurs parents !!!) qui regardent ce genre d'émission, et qui écoute ce genre de musique) [j'ai vu que le forum Musique d'ici allait peut-être être supprimé... pourtant, on voit bien que, de nos jours, télé et musiques sont presque inextricablement liées !!!]


Image

Le_Ver_Conquérant m'a carrément coupé l'herbe sous le pied, car je comptais parler de ce livre ici très prochainement puisque je l'ai lu. Tout d’abord, je tiens à préciser qu’effectivement le livre essaye de démonter les mécanismes responsables de la transformation de la musique en un produit marketing à la date de péremption aussi courte que celle d'un yaourt. Le dos vendeur de la couverture ne nous ment donc pas. Tout y est passé en revue, comme nous l’explique Torrance sur EPIDERMIQ' : les lolitas à 2 balles, la Star Ac' et autres Popstars mais aussi le problème du téléchargement et l'hypocrisie (mensonges) des majors, sans parler des politiques de diffusion des radios, ce livre analyse avec témoignages à l'appui tout ce business très rentable qui au bout du compte, fait agoniser la création, la vraie, et élève au rang de mythes des merdes sans nom comme Obispo, Calogero ou Pagny.

Il s’agit donc bien d’un livre militant qui pourra aider certains encore englués par le système à s'en départir, tant la nausée vous prendra devant les méthodes des majors et TV. Pour ceux déjà conscients de cet état de fait et luttant contre cela, vous en apprendrez sans doute encore des brouettes à travers des témoignages assez accablants ou dérangeants de certains professionnels (comme des régies pub notamment). Peu de monde parlera de ce livre dans les médias. Il est souhaitable que le message passe tout de même, grâce à des espaces de liberté (sur le net ou autre) comme le FLT qui doit être un terreau favorable à un approfondissement de ces sujets, et pourquoi pas à l’organisation d’une dénonciation continue de chacun des dérapages et abus dont nous abreuvent la télé réalité depuis maintenant 4 ans.

L’auteur remonte carrément aux origines du phénomène Lolita (en oubliant bien sûr pas de citer souvent l’œuvre de Nabokov). Du « sex appeal dans un corps d’enfant » spectacle fascinant pour tout adultes, et corde sensible de leur porte monnaie, exploité avec brio par les « grands » de la musique. Les premiers chapitres posent les bases de toute la démonstration du livre qui va se focaliser une dynamique pouvant être résumé (à mon sens) ainsi : les majors produisent de la facilité > parce qu’elle se vend (forcément) plus facilement. Et la facilité ne rime que très rarement avec qualité et les armes de cette « facilité » est tout simplement le sexe. Et qui y a-t-il comme facilité dans le spectacle du sexe ? C’est l’exhibition d’adolescentes et jeunes innocentes… Le pourquoi de cette fascination des adultes pour le monde adolescent est très bien expliqué dans le livre et permet aux lecteurs de mettre en relief le pourquoi du succès de tel ou tel « artiste ».

La suite du livre étayera cette démonstration en prenant 2 exemples bien concrets : Lorie et Alizée… En verra qu’ensuite tout est basé là-dessus et ce qui a permis la suprématie de toute cette soupe musicale c’est avant tout la télévision avec la télé-réalité (TF1 et la Star Ac’ en tête). Alors autant dire que c’est un vrai régal de pouvoir lire une telle synthèse de tout ce qu’on peut exécrer dans le monde de la télévision et ses périphéries. D’ailleurs le livre se termine sur tous les domaines dans lesquelles commencent à s’infiltrer cette méthode monopolistique de la médiocrité. Ainsi, la presse pour ado est également pointée du doigt tout comme les gammes de vêtements pour enfants…

Bref, ce livre est vraiment bien documenté et argumenté et satisfera sans doute pas mal de personnes qui commencent à en avoir sérieusement marre d’avoir des mecs qui veulent ramollir leurs cerveaux afin d’avoir l’estomac remplis de Coca-Cola. Ce qui est un peu dommage par contre, c’est que le ton n’est pas, à mon goût, assez virulent et que quelques bonnes insultes ou joutes verbales envers les étrons du PAF et des Majors n’auraient pas été de trop. Mais bon ce n’est que mon avis…

Je reviendrai bientôt (avec la participation de Wonk) sur tout ça (en allant plus en profondeur) avec une petite interview de l’auteur qui sera publiée sur le site de FLT… Je pense que ça risque d'être assez intéressant et donnera un éccho à la tribune de Sullivan qui a sut remotiver un peu les troupes :D

Que ces mots raisonnent pour que s'organise la résistance culturelle !
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Message par Le_Ver_Conquérant »

ozgirl a écrit :
Moravia a écrit :L’analphabète a, d’évidence, une sensibilité visuelle particulière. Pour lui, le monde entier est un vaste système de signes à interpréter et à traduire continuellement. L’origine même de l’écriture, son passage lent de la reproduction de l’objet au symbole, montre bien que l’être primitif confie aux yeux les tâches que l’homme civilisé, lui, confie à l’oreille.

Il me semble qu'il y a ici confusion entre l'écriture (qui relève bien évidemment du code visuel) et le langage (qui relève à la fois du visuel et de l'auditif). L'homme civilisé a bien évidemment accès au langage, mais l'analphabète aussi, puisqu'il sait parler.

Pas vraiment je crois, comme il le dit plus loin, c'est une sorte de sch"ma qui se répète : l’ontogenèse répétant la phylogenèse. Il ne dit pas que l'analphabète ne sais pas parler, mais qu'apparemment sa sensibilité visuelle est plus accrue, plus développée. Le langage d'un analphabète sera toujours moins riche que celui d'une personne qui sait lire.

En d’autres termes, au fur et à mesure que les masses seraient alphabétisées, elles devraient abandonner le langage primitif et direct de l’image, pour celui, plus élaboré et plus indirect, de la parole imprimée.
Je ne vois pas en quoi le langage de l'image est plus primitif et direct que celui de l'écriture. En effet, le propre de la parole, c'est de limiter la polysémie. En d'autres termes, si je veux exprimer quelque chose, il est plus économique de le dire avec des mots (ma phrase n'aura, dans 99% des cas, qu'un seul sens) qu'avec une image (qui, dans un très grand nombre de cas, pourra vouloir dire plusieurs choses). Les seules images univoques sont des images insérées dans une sorte de langage, comme le code de la route.

C'est toujours dans le cadre de la répétition à échelle individuelle. Mais c'est vrai que c'est un peu trop théorique pour être totalement applicable ou vérifiable.
Ce que tu viens d'expliquer, je pense que c'est en gros ce pourquoi le langage de l'image est plus primitif que celui de l'écriture : Il est moins précis.

En fait, il s’agit de deux sortes de livres profondément différentes. Le livre traditionnel s’insérait, s’insère toujours dans un contexte culturel sédimenté et organique, qui dure depuis des siècles. En revanche, le livre de poche répand, et en vrac, les germes de la culture de tous les temps et de tous les lieux dans un terrain complètement vierge. En quelques années, une humanité tout juste alphabétisée a été submergée, et sans préparation, par la culture de trente siècles.

S'agit-il du discours des élites regrettant un âge d'or de la culture bien-pensante ? Je ne sais. En tout cas, il me semble que Moravia oublie ici quelque chose de primordiale : l'éducation. L'école n'apprend pas seulement à lire, elle fait accéder aussi à la culture. Il ne s'agit pas de bombarder des "masses lisantes" avec des livres de poche, mais d'accompagner à la découverte d'une culture.

Effectivement, c'est limite élitiste, puisque ça parle des masses, des "grandes multitudes modernes, généralement analphabètes et alphabétisées".
Mais pour avoir travaillé dans une librairie, je peux affirmer qu'il n'a pas totalement tort. L'éduction est importante, certes, mais ne fais pas tout, et un grand pourcentage des--allez, je vais rester dans la tranche d'âge qui va à l'école--enfants du primaire au lycée achète les livres (de poche, oui) parce que le prof l'a dit, sans intention de les lire ou d'essayer de les comprendre, même lorsqu'ils en ont la possibilité (i.e. qu'il savant lire). C'est vraiment attristant, mais c'est bien comme ça que ça se passe. Par contre, ils sauront par coeur le dernier épisode de "Beverly Hills" (ils sont vieux, maintenant, les enfants à qui je dealais du livre ;) ) ou, d'une manière plus contemporaine, la dernière émission de la Tare AC'...

Ici, Moravia nous montre qu'il a lu MacLuhan, mais qu'il ne l'a pas compris. Le début de ce paragraphe fait référénce à la théorie des médias foids et chauds. Un médium froid nous fournit peu d'information, un médium chaud en fournit beaucoup et "décourage" la participation du récepteur car il a peu de travail à faire pour reconstituer l'information globale. Moravia fait ici du cinéma et de la télévision deux médias froids. Or, pour Mc Luhan, le cinéma est un média chaud et la télévision est un média froid. En clair, il y a un problème...

Il reprend seulement une phrase de McLuhan, et montre que, malgré ce que dit McLuhan, il "l’admet lui-même quand il dit que c’est le média en soi qui constitue le message." C'est vrai qu'on peut comprendre de plusieurs façon... :bigsmile:


Certes, on peu considérer que le livre laisse plus de place à l'imagination que l'image (débat ancien). Mais Moravia ne prend en compte que l'image de l'écran : quid des tableaux, par exemple ? D'autre part, je vois, moi, una autre différence entre l'image suggérée par le langage et l'image représentée : c'est le problème de la polysémie (voir plus haut)

Oui, il parle bien de l'image animée seulement.


Le Ver Conquérant a écrit :Un film, une série, etc. peuvent contenir métaphores et figures de style...

cela suffit-il à en faire de l'art ? A les rapprocher des livres que Moravia appelle "écrits" et non "imprimés" ?]

Ça ne suffit pas, c'est certain, mais ça y contribue. L'auteur, que ce soit de textes ou d'images, veut avant tout faire passer un message, une émotion, un sentiment, une réaction au lecteur/spectateur. Mais pour ça, il a besoin de ces moyens.


A votre avis, quels sont les avantages du livre sur l'image ?
Cela mériterait des pages entières pour en discuter. De plus, le sujet est propice à l'enchaînement de clichés (je ne suis pas sûre dailleurs d'échapper à l'écueil).

On peut aussi renverser la question ;) : quels sont les avantages de l'image (animée) sur le livre ?

Dans les livres, les auteurs peuvent faire passer, exprimer les sentiments, les émotions des personnages. Au cinéma ou dans les séries, c'est plus dur, malgré des "subterfuges" (musique, lumières, etc.)

Je ne suis pas d'accord. En quoi l'image aurait-elle une charge émotive moins forte que le langage ?

Oui, c'est vrai... Mais je pensais aussi à la "liberté" d'imaginer les images soi-même. AU cinéma, en télévision, les images sont imposées. Alors qu'un passage de livre pourra émouvoir un plus large éventail de personne, le passage d'un film,... aura un rayon "d'action" ou d'effet moins grand (proportionnellement parlalnt).
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Message par Guigui le gentil »

thunder a écrit :
ozgirl a écrit :2) un recueil de nouvelles, Noirs complots aux éditions Belles Lettres.


Une petite question. Est-ce que ce livre vaut le coup ? J'ai lu un petit article dessus dans GS (il me semble) où ils en disaient du bien mais bon j'aimerais avoir différents avis ;)


A discuter de MUSIQUE BUSINESS j'avais oublié de rebondir là-dessus, voici la review que j'avais posté sur LVEI à l'époque de la sortie du livre ;) :

Noirs Complots Anthologie rassemblés par Pierre Lagrange, (Le Cabinet Noir - Les Belles Lettres, 2003) – Prix éditeur : 20 €

"Imaginez que des faits historiques réels aient été le résultat de machinations. L"assassinat de Kennedy, la destruction de la navette Columbia ou l'explosion de Challenger. Une série de science-fiction méconnue mais valeureuse, Dark Skies (avec Eric Close) partait exactement de ce postulat. C'est sur ce même principe que Pierre Lagrange a demandé à une douzaine d'écrivains de composer des nouvelles autour du thème du complot, par ailleurs cher à Richard Belzer (le Munch de Homicide et New York Unité Spéciale, grand spécialiste des OVNI et de la mort d'Elvis. Des auteurs chevronnés se sont donc attelés à la tâche fascinante qui consiste à réinventer les coulisses d'événements majeurs comme les attentats du 11 septembre et l'alunissage d'Apollo 11, ou la genèse des oeuvres de personnages aussi importants que Karl Marx, le Christ, Orson Welles et... Chris Carter (oui, oui, le créateur de X-Files). La brochette d'auteurs est éclectique - de Jean-Pierre Andrevon à Jérôme Leroy en passant par Michel de Pracontal, François Rivière et Nicolas d'Estienne d'Orves - ce qui garantit la diversité des thèmes. La nouvelle consacrée à The X-Files, elle, est signée par l'impitoyable... Martien Winckler."

Voilà donc l’intérêt de ce grand recueil de près de 300 pages de nouvelles toutes plus passionnantes les unes que les autres. Il est à noter que l’introduction est ‘illustrée’ par une tirade de l’épisode « Vienen » (saison 8) d’X-Files. Il s’agit de Doggett à Mulder : « Je commence à croire ce que l’on dit de vous : vous dénicheriez un complot au sein de la fête de la paroisse. » Ce à quoi répond Mulder : « Quelle paroisse ?! ». C’est une très bonne idée de commencer de la sorte, tout comme pour la 2ème citation ouvrant l’introduction. Il s’agit cette fois de l’éditorial du magazine LIFE (6/01/1958) : « L’année suivante, il y aura quelques 200 apparitions d’ovnis. Le Pentagone réussira à démontrer qu’il y en avait 210 de fausses … » La couleur est donc donnée : tous les X-Philes s’y retrouveront facilement avec tous ces écrits qui touchent de près ou de loin ce que notre chère série a toujours exploité pour notre plus grand plaisir. Mais je ne vais pas faire ici une review de tout le livre (j’ai pas le temps et de toute façon vous n’avez qu’à l’acheter), mais plutôt d’une nouvelle très particulière. On vous en a déjà parlé sur LVEI en news et sur le forum (voir posts plus hauts) : Martin Winckler a écrit une nouvelle mettant en scène Frank Spotnitz (l’un des piliers scénaristiques de la série pour les incultes) ainsi que le show « The X-Files » lui-même…

L’introduction du livre s’atèle bien sûr à nous expliquer d’où viennent ces « légendes modernes » et leurs histoires et leur apparition au sein de l’Histoire et nous présente également la nouvelle qui nous intéresse : « La branche ultraparanoïaque des amateurs de soucoupes sera confortée par les révélations de Martin Winckler au sujet de la série X-Files (en prime, ils pourront considérer que cette nouvelle participe bien sûr du même mouvement qu’elle décrit)… » Voilà, ma petite review peut commencer, pour les anti-spoilers ne lisez pas ce qui suit, c’est… Confidentiel…
Ici je ne parlerai pas du style littéraire de Martin Winckler, car je ne suis pas assez qualifié pour en mesurer toute la pertinence, je vais donc préférer vous parler de l’histoire en elle-même. Je me contenterai juste de dire que le style me semble bon et est très facilement accessible, ce qui pour ce genre de petite histoire me semble judicieux.
Le mensonge est ici par Martin Winckler.

Tout commence dans la chambre d’un Frank Spotnitz un peu éméché. En effet, celui-ci rentre d’une soirée de départ organisée en son honneur par Chris Carter lui-même (je ne savais pas qu’il y avait droit étant donné que la série s’était arrêté avec une grosse fête, pourquoi une fête particulière pour Spotnitz pourtant parti en même temps que tout le monde, mais bon jouons le jeu). Voici donc le contexte : la série se termine tout juste et après 8 ans à travailler dessus (je rappelle que le premier épisode de Spotnitz fut « End Game », saison 2) comme un fou il va prendre un repos bien mérité en Europe. Il va participer à un festival de télévision. Tout à coup des agents du FBI frappent à sa porte, et ils n’ont pas l’air très content !!!
C’est l’agent Wong qui vient chercher Frank afin de l’interroger sur ses activités sur les 8 ans qui viennent de s’écouler. Déjà à ce moment on commence à deviner de quoi il retourne, car le scénariste commence à vivre les scènes qu’il a écrite durant des saisons entières, cette mise en abîme est vraiment sympathique et interpellera tous les fans de la série, ça c’est certain. Les clins d’œil fusent à la 1013 Prod., mais pas seulement, et là on reconnaît bien le connaisseur de série qu’est Martin Winckler : avec le clin d’œil à la série (que j’adore) Law & Order : Special Unit Victims où l’un des acteurs principaux se nomme B.D. Wong (également l’interprète du prêtre dans OZ), au détour de quelques vannes bien trouvées, que je ne dévoilerai pas pour garder la surprise aux futurs lecteurs.

Ensuite Spotnitz arrive dans une sorte de QG secret jonché d’écrans de TV montrant George W. Bush, ainsi que Saddam Hussein, quelques passerelles avec l’actualité se tissent alors pour se noyer dans certaines théories de complots chères aux Lone Gunmen. Et là nous faisons connaissance avec un agent du FBI particulier qui fume cigarette sur cigarette, je tairai également son nom… Là, l’agent accuse le scénariste d’avoir utilisé la série à des fins propagandistes, à des fins bassement politiques. Spotnitz se retrouve alors accusé d’être un agent de la CIA infiltré ayant pour mission de manipuler la population américaine via ses scénarios au nez et à la barbe de tous et de Carter le premier (pigeon) ne se doutant de rien. En fait la réalité est toute autre avec un dénouement pertinent mais attendu et je préfèrerai la garder secrète afin de spoilériser les internautes au minimum.

En conclusion ce que je peux dire c’est que j’ai vraiment apprécié cette nouvelle qui est un énorme clin d’œil aux X-Philes que nous sommes. Martien Winckler réussit à mettre sur papier de manière très sympathique ce que tout fan a toujours imaginé (et se fait pardonner par les fans par la même occasion). Bref c’est une nouvelle incontournable !!!


Et c'est aussi à l'occasion de la sortie de ce bouquin, que j'avais fais une interview de Martin Winckler sur LVEI (la vérité est ici). Pour ceux que ça intéressent et qui ne qui ne l'ont pas encore lu je l'avais aussi postée par ici (ça rame moins que sur LVEI)...
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Re: noirs complots

Message par Hicks »

Guigui le gentil a écrit :Et c'est aussi à l'occasion de la sortie de ce bouquin, que j'avais fais une interview de Martin Winckler sur LVEI (la vérité est ici). Pour ceux que ça intéressent et qui ne qui ne l'ont pas encore lu je l'avais aussi postée par ici (ça rame moins que sur LVEI)...

C'est très intéressant, tu as publié la suite de l'entretien quelque part ?
Guigui le gentil
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Re: noirs complots

Message par Guigui le gentil »

Hicks a écrit :
Guigui le gentil a écrit :Et c'est aussi à l'occasion de la sortie de ce bouquin, que j'avais fais une interview de Martin Winckler sur LVEI (la vérité est ici). Pour ceux que ça intéressent et qui ne qui ne l'ont pas encore lu je l'avais aussi postée par ici (ça rame moins que sur LVEI)...

C'est très intéressant, tu as publié la suite de l'entretien quelque part ?


Yep, par (ça rame : normal), tu pourras alors constater que c'est le genre de topic qui a fait toute la réputation de LVEI auprès de Amrith et d'Oz ;) :D
Verrouillé