Jean-Pierre Pernaut

[Ardéa]

Plein les proches (résumé de l'article sur Jean-Pierre Pernaut du hors-série du Canard Enchaîné sur la télévision)


Présentateur du 13h de TF1 depuis 1988.
Audience : 7 millions de téléspectateurs en moyenne, soit 53% des parts de marché ( France 2 : 2,5 millions).
A lancé en 1991 "Combien ça coûte ?"
A toujours refusé d'indiquer le montant de ses revenus
Représentant du personnel, il siège ès qualité depuis 1988 au conseil d'administration de TF1, régulièrement élu sur une liste CGC/FO/CFTC
Encarté à la CFTC
Se vante de ne jamais lire "Le Monde"



Sa carrière décolle vraiment en 1988 (après la privatisation de TF1), alors qu'il avait été mis au placard sous la gauche.Il est choisi par un adjoint de Michèle Cotta (Jean-Claude Paris) la directrice de l'information, pour succéder à Yves Mourousi au 13h, débarqué suite au changement de direction et de propriétaire.
Les dirigeants mis en place par Bouygues recherchent alors "un jeune journaliste sérieux ayant le goût du contact avec la France profonde, et très peu porté sur les débats internationaux et les grands reportages". Ce profil aurait été défini à partir d'une "étude" sur les attentes des télespectateurs.

L'arrivée de Pernaut au 13h lui permet de donner toute sa mesure, mais aussi et surtout celle des priorités informatives de Patrick Le Lay et Étienne Mougeotte : beaucoup moins de sujets institutionnels et présumés parigocentristes, plus d'information locale et populiste, les débats s'effaçant devant la proximité, celle d'une certaine vie quotidienne.
Pierre Péan et Christophe Nick, analysent ainsi cette conception de l'information dans leur livre "TF1, un pouvoir" :
"La proximité doit primer sur tout le reste : il faut parler de ce qui concerne les gens, de leur voiture, de leurs amours, de leurs vacances, de leur argent. Mais l'essentiel, c'est que TF1 doit désormais apporter des solutions aux problèmes que se posent les téléspectateurs, car personne ne le fait, surtout pas les hommes politiques, l'élite si éloignée du peuple et du réel. Ce discours aux relents pétainistes s'illustre déjà peu ou prou dans le triomphe de Jean-Pierre Pernaut au 13 heures.".
Le 13h devient une sorte de magazine permanents des Français de province et du monde rural. Où 3000 morts dans un tremblement de terre aux antipodes pèsent peu au regard du concours de la plus grande omelette à Saint-Cucufa.
Pernaut est le seul maître de son journal : il commande les sujets et les traite in fine. Un collaborateur de TF1 : "Le sujet préféré de Pernaut ? C'est l'insécurité. Il déteste en revanche les sujets politiques style campagne municipale.". Il y a proximité et proximité...

JP Pernaut est très fier de siéger au conseil d'administration de TF1, comme élu du personnel (avec "(...) entre 55 et 65% des voix") : "Et en plus, moi-même et l'autre représentant du personnel avons voix délibérative sur toutes les décisions stratégiques de la chaîne."

Il bénéficie par ailleurs d'une très bonne image publique : il fait presque partie des meubles, c'est l'intime qui met les pieds sous la table, l'invité permanent de la famille. Il incarne "l'ami Ricoré" du déjeuner, un ami qui nous veut du bien. Et qui s'en fait aussi.
Hors caméra, ce n'est plus la même chose. J.-P. Pernaut tient du militant RPR extrémiste. Confidence d'un ex-chef de service de TF1 : "Il est de ceux pour qui les partisans de l'ordre ont toujours raison. Il ne s'en cache d'ailleurs pas en conférence de rédaction.(...) Son équipe aussi au demeurant."
Au moment des grèves de 1995, suite au Plan Juppé sur la Sécu, on l'entend grogner : "De toute façon, ce sont les immigrés qui grèvent le budget de la Sécurité sociale.".

[Ardéa]

Quelques explications...

Ceci est un condensé de l'article consacré à Pernaut dans le Hors-série du Canard sur la télé.
C'est le premier d'une série qui devrait suivre, plus ou moins régulièrement.

J'ai mis longtemps à me décider à le faire, mais je pense qu'il permet d'apporter un éclairage intéressant sur la façon dont l'information est traitée à TF1.