Le rôle des médias dans la présence de l'extrême droite au second tour
PARIS (AFP)
26 Avril 2002 20h33
Les médias ont-ils joué un rôle dans la présence de Jean-Marie Le Pen au second tour de l'élection présidentielle et le thème récurrent de l'insécurité a-t-il fait le lit de l'extrême droite?
Dimanche, de nombreux militants au QG de Lionel Jospin accusaient ainsi les médias d'avoir fait du thème sécuritaire "le seul sujet de la campagne".
Le Syndicat national des journalistes considère que la profession "ne pourra faire l'économie d'un débat de fond", des étudiants en journalisme s'interrogent également sur la "gueule de bois médiatique".
Robert Namias, directeur de l'information de TF1, ne pense "pas que les médias aient la moindre responsabilité"[/i[i]]. "Si la fonction et la mission des médias sont de restituer la réalité, dire les faits, globalement TF1 et les médias ont fait leur métier convenablement", a-t-il dit à l'AFP.
"Que cela ait induit un certain nombre de réflexions chez les Français, c'est autre chose", poursuit-il. "Si les politiques n'ont pas d'autre capacité d'analyse que de mettre en cause la presse, c'est un peu inquiétant pour l'avenir".
Pour Edwy Plenel, directeur des rédactions du Monde, "tout le monde, journalistes, simple citoyen, ouvrier, patron, pas syndiqué ... a une responsabilité (...) quand 20 % votent pour l'extrême-droite".
"Tout le monde doit s'interroger, se demander ce qu'il n'a pas vu. Nous sommes des milliers à avoir laissé en jachère le rapport à des formes d'engagement collectif. On a laissé une société s'atomiser. On a le résultat".
Pour lui, il y a une "interrogation sur la hiérarchie des images". "Ce n'est pas le fait de traiter ou ne pas traiter de l'insécurité, c'est la hiérarchie d'un fait divers dans l'organisation d'un journal télévisé. Est-il l'événement universel, à placer en première position, quand il y a la guerre au Proche-Orient ou une élection présidentielle?".
Jean de Belot, directeur de la rédaction du Figaro, juge que les médias "généralement ont, comme la classe politique, donné une image déformée des réalités françaises depuis 15 à 20 ans. Beaucoup d'habitants de ce pays ne se retrouvant représentés ni par la classe politique, ni par les médias, ont choisi d'accentuer leur vote d'avertissement vers les extrêmes".
Pour Jean-Louis Missika, sociologue des médias, "il faut sortir de cette logique de recherche des coupables". "Les journaux télévisés, juge-t-il, commençaient par des faits divers de plus en plus traités comme des faits de société liés à la délinquance. On avait une image de souffrance sociale de la France d'en bas".
Pour Edwy Plenel (Le Monde), "il faut s'interroger sur le déclin du débat politique, des émissions culturelles, d'instruction civique".
Il évoque également les émissions qui "bâtissent leur succès sur le mélange des genres, entre le réel et le virtuel, où on peut passer d'une actrice porno à un politique, donc il n'y a plus de hiérarchie".
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Comment "traiter" le candidat Le Pen au second tour? : "Sans faveur, mais sans avoir besoin de faire autant de bruit que ceux qui ont favorisé son émergence", répond Jean de Belot (Le Figaro).
Robert Namias (TF1) veut "respecter les égalités exigées pour le temps de parole et d'antenne et faire en sorte qu'il n'y ait pas de dérive qui pourrait générer des mises en cause des médias".
"Nous ne sommes pas là pour faire campagne", conclut M. Namias.
(Source : AFP)
La faute aux media ? (AFP)
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