Where the kisses are hers and hers and his, three’s company too
Trêve de bêtises, c’est bien sûr la partie la partie de jambes en l’air entre Batman et son Robin qui se voyait venir à des kilomètres, malgré cette forte impression que cela n’était absolument pas nécessaire dans leur relation. J’ai parlé des différents rôles que Lila incarnait auprès de Dexter, qui nourrissaient déjà largement leur relation et me convenaient tout à fait ainsi. Mais les scénaristes ont jugé bon de la faire passer au stade de l’amante et j’ai beau ne pas apprécier ce qui arrive, cela ne me gêne pas à proprement parler car les scénaristes y donnent du sens et depuis le temps je sais qu’ils savent parfaitement où ils vont avec.
Une scène de sexe, donc, que j’ai détestée et qui semble faite justement pour aliéner le spectateur vis-à-vis de Lila, quoique que l’on pensait d’elle auparavant (dans mon cas, ça ne fait qu’empirer ma haine). Qu’on la trouve ou non parfaite pour Dexter, trop de choses sont gênantes dans la façon de franchir ce pas.
Lorsque Dexter arrive énervé et trempé chez elle, on sait immédiatement ce qui va se produire. Parce que dans le monde merveilleux de l’audiovisuel, c’est bien connu que la pluie et la rage amènent toujours à une partie de jambe en l’air survoltée. Et aussi, comme l’a dit Feyrtys, que l’excitation est toujours à son comble lorsqu’un mec violent et gluant vous agrippe par la gorge. Il n’y a pas meilleur moyen de faire rouler les yeux du spectateur, qui est en droit d’exiger de la série plus que ce ramassis de clichés. Des clichés bien sûr intentionnels et ayant atteint leur but : nous rendre ce nouveau couple antipathique.
Ajoutons à leur charge que tous deux ne devraient pas être aussi libres de culpabilité. Lila est en tort en tant que sponsor, puisque son rôle joué dans le rétablissement de son protégé se trouve compromis. Si elle avait vraiment un peu de conscience dans ce travail, soit elle mettrait un terme à cette liaison soit elle l’enverrait vers quelqu’un d’autre pour tout ce qui concerne son addiction. En même temps, j’en demande peut-être trop venant d’une cinglée ayant brûlé une baraque et son mec avec.
Dexter, lui, est décevant non seulement par sa trahison injustifiée envers Rita, mais aussi parce que son attitude se révèle extrêment banale. Oui, Lila est proche de lui et accepte son côté sombre, blablabla… Ce que je vois surtout, c’est un homme qui a soudainement l’envie de sortir d’une relation paisible pour explorer une autre plus sauvage, dont il se lassera très vite. C’est moche, mais tellement courant, tellement "humain" que c’est probablement ce qui étonne le plus venant de lui. Cela et de réaliser à quel point sa vie sexuelle a fait du chemin depuis l’an dernier. Et merci qui pour cela, hein ?
Au moins Dexter est honnête vis-à-vis de Rita au final et ne fait plus tellement semblant, avouant enfin une part de ses secrets. On a beau retrouver le tueur en lui dans ce même épisode, ce n’est plus le même. Le masque s’est brisé et il n’essaie même plus de nous faire croire qu’il n’a plus d’émotions. Le type froid des débuts n’est plus et c’est là une excellente chose, car le voir figé dans un schéma deviendrait forcément lassant. L’intérêt est justement de voir les stades par lesquels lui et son entourage passent afin d’attendre soit une normalité, soit réaliser que c’est impossible.
Mais revenons sur ce qui a aidé à précipiter cette catastrophe : la merveilleuse idée de belle-maman d’organiser un dîner pour en apprendre plus sur la double menace : les drogues et l’autre femme. Lila y fournit plutôt les bonnes réponses, bien qu’elle en fasse des tonnes, preuve d’un talent certain avec les mots. La majorité de ses conseils et de ses réflexions sont excellents, ce qui pourrait presque me faire lui pardonner la coucherie. Mais pardonner sa vanne sur Rita, jamais ! Parce que comparer cette mère célibataire qui n’a jamais demandé à être surmenée à Martha Stewart, une femme se complaignant dans le modèle de la ménagère idéale des années 1950, est une insulte que j’ai du mal à encadrer. Rita aurait très certainement préféré faire autre chose plutôt que passer des heures à préparer un repas pour une ex-junkie ingrate ne se préoccupant que d’elle-même.
Je n’ai que du respect pour ce personnage, qui peut se sentir fière de refuser de se faire mener en bateau et est dorénavant clairement maîtresse de sa vie. Déjà quand Dex a parlé des drogues, Rita a beau ne pas le rejeter, elle a pris les choses en main et les a menées dans la direction qu’elle souhaitait. Lorsque celui-ci ne cherche pas à s’expliquer, c’est elle qui agit une fois de plus. Parce qu’elle a beau voir ses illusions brisées (quelques heures auparavant, elle affirmait encore naïvement que son petit-ami est un saint), elle est encore assez sage pour ne pas réagir bêtement et rester dans l’incertitude. Elle se doit à elle-même d’opter pour la communication, ce qui peut paraître banal mais est plutôt admirable lorsqu’on a vécu le pire des mariages. Et après on ose la traiter de Martha Stewart… Rita, saches que tu fais honneur au féminisme.
Love won’t hurt anymore. It’s an open smile, on a friendly shore
Une relation se termine aussi pour Debra au profit d’une autre, à la grosse différence que miss Morgan choisit d’aller dans le bon sens.
Son histoire avec Gabriel atteint enfin sa dernière étape. Debra peut enfin se rendre compte calmement que malgré son regard de cocker et ses beaux muscles saillants, cet homme ne lui convient pas. Elle avait besoin de passer par là, de faire de nouveau confiance à un homme, afin de continuer sa vie sans avoir la trouille en permanence. Et aussi, pour passer à Lundy. Bien que cela soit encore platonique entre eux, ces deux-là n’ont pas cessé de se rapprocher depuis leur première rencontre. Debra n’est pas plus guérie de ses traumatismes que son frère, mais tous deux ont atteint un stade bien plus serein avec eux-mêmes.
Sa jalousie envers envers celui-ci, réminiscence du temps où leur père faisait du favoritisme, enclenche la réalisation de son attirance envers Lundy, avec qui elle partage de nombreux points communs. Bien sûr, l’intérêt que l’agent spécial suscite pour l’analyste sanguin, sa sollicitation permanente, rappelle le comportement général de la saison passée. Dexter est un flic aux dons allant au-delà du microscope. Le fait que Masuoka soit la raison derrière cela aurait dû être évidente, mais elle ne l’était pas pour moi en tout cas, car contrairement à Lundy je suis habituée à ce que Masuoka soit lourd. Et je n’ai pas à bosser avec lui. Ce malentendu fait donc sourire et amène ce couple à un premier rapprochement physique absolument adorable. Dans cet univers très sombre, des instants pareils sont plutôt appréciables. Je les aime mes "hiiii" totalement crétins devant mon écran.
We can’t rewind, we’ve gone too far
Le Bay Harbor Butcher, les affaires entre Harry et Laura et la traque de Doakes : oui tout cela mesdames et messieurs, ce lot de trois intrigues pour le prix d’une ! Et vous en avez clairement pour votre argent. Des cassettes, qu’elles soient audio ou vidéo, constituent le lien du jour.
Commençons par les audios, ces trucs préhistoriques datant d’avant le mp3, qui n’étaient pas capables de se rembobiner sans cracher leur bande du lecteur. Il s’agit de la suite des enregistrements entre Laura Moser et Harry Morgan, qui n’en disent absolument pas plus que l’épisode précédent. Tout ce qu’on entend (et voit grâce à la magie du flashback) est une Laura chuchotant avec malice quelque chose à l’oreille d’Harry, pendant que celui-ci reste impassible. Désolée mais pour moi ce n’est toujours pas une preuve d’une quelconque liaison. Pas que j’ai envie de garder une image honnête de Harry, il y a trop de choses louches chez cet homme pour cela, mais il a tant été représenté comme le gardien du lien sacré de la famille qu’une liaison extra-conjugale, qui plus est avec une informatrice, ne lui ressemble pas. Je reste sur ma position que Laura flirtait avec lui, probablement parce qu’il était le seul homme de confiance dans sa vie, et que ça en restait là. J’attends toujours qu’on me prouve que j’ai tort, car si c’était le cas on aurait une démonstration bien moins floue. Quoiqu’il en soit, Dexter se pose enfin les mêmes questions que nous concernant les intentions d’Harry en l’adoptant et en l’élevant comme il l’a fait.
C’est là la première utilité de la suite des cassettes, en attendant d’avoir une intégrale des aventures de l’inspecteur Harry et sa taupe. Mis à part la vague de souvenirs, elles servent également à faire sortir Doakes de son interlude "Je vais encore buter quelqu’un pendant le service" et le refaire partir à la chasse au Dex, après que Debra lui ait fait comprendre sa propre naïveté. Je n’ose imaginer à quel point son sang a dû bouillir à l’idée d’avoir été pris pour un con. Moi-même, cela me donne envie d’étrangler quelqu’un, alors Captain Bulldog... Mais fouiller dans le bureau d’un collègue est franchement gonflé de sa part et écouter ses cassettes très personnelles a de quoi pousser n’importe qui à bout. Ce qui rend le sang froid de Dexter face à lui assez admirable.
Le petit a même droit à une double félicitation pour choisir une solution simple mais plus efficace que le coup de poing : rapporter auprès de la chef, comme un morveux. Mais c’est ce qu’on fait lorsqu’on suit les règles et aux oreilles de Laguerta, Doakes harcèle un collègue sans aucune raison valable et surtout sans aucune permission au niveau légal. Pour empirer la situation, celle-ci sait mieux que personne que son ami perd les pédales depuis un moment (et hop, validation de ses intrigues personnelles chiantes pour lui aussi !). Même si elle est aussi aveugle que le reste du monde concernant Dexter, Laguerta a parfaitement raison de s’énerver contre Doakes pour risquer sa carrière.
Bon, les vieilles bandes pourries ça va un moment, mais revenons à l’ère moderne.
Dexter a de quoi avoir des sueurs froides pour s’être laissé filmer durant une excursion compromettante. Pourtant, il a une chance hors du commun venant prendre le relais pour ses actions plus stupides les unes que les autres. L’impossibilité de visionner, un sabotage raté puis rattrappé de justesse grâce à une blague digne d’un collégien... Ce qui me gêne plus que ces coups de bol indécents est que l’on voit clairement l’heure sur les cassettes. La partie manquante devrait donc paraître suspecte, mais apparemment cela ne pose pas de problème. Ok...
On va dire que les flics sont plus préoccupés par l’apprenti Butcher, ce qui leur fait perdre du temps mais s’avère être un sacré gain pour Dexter, même si cela ne les met pas sur une fausse piste. Faudrait pas prendre Lundy pour un amateur non plus. Ce dernier fait d’ailleurs une belle démonstration de sa façon de bosser calme et déstabilisante lors d’un interrogatoire, avant de dévoiler ses dons de profiler à un Dexter quelque peu frappé d’apprendre qu’autant de détails sont en sa possession.
Mais Dex n’essaie même pas de fausser l’enquête, dire que ce travail dégueulasse est le sien serait vraiment une insulte. Parce que l’image du tueur parfait et méthodique qu’a le Bay Harbor Butcher est valorisante et mine de rien il apprécie cette reconnaissance de ses efforts. C’est pour cela qu’une rencontre s’impose entre lui et son imitateur légèrement insultant, qui se conclue par une boucherie à laquelle nous n’avions pas assisté depuis longtemps. Enfin, trois épisodes est plus long que ce à quoi on nous a habitués. Et depuis, les raisons sont passées à la nécessité, l’acte ne résultant plus d’un besoin dont il semble débarrassé. Le Code d’Harry est bel et bien rejeté, le geste n’est plus fait que par habitude. Lila aurait donc réussi son travail de sponsor… hmmm, je ne sais pas si je dois m’exclamer de surprise ou m’interroger là-dessus.
En passant de l’avertissement simple à la tuerie, Dexter rend en tout cas service à la police en décourageant une épidémie de copieurs, prêts à faire justice eux-mêmes. Mais il laisse un cadavre et une scène de crime, pourtant nickelle, et fait savoir qu’il sait ce qui se passe chez eux. Perdre son calme, non seulement à cause de l’enquête qu’il se traîne sur le dos mais aussi à cause d’une vie personnelle digne d’un soap opéra, est ce qui rend Dexter de plus en plus négligent. Il s’est fait filmer, a effacé les preuves dans des conditions à risque et maintenant se dévoile à ses ennemis en voulant jouer au plus fort. La discrétion apprise par Harry n’est plus de rigueur et ça n’est pas forcément une bonne chose. A vouloir trop jouer au plus malin, en suivant l’attitude rentre-dedans de Lila, Dexter risque davantage de s’exposer et de tout voir lui revenir violemment en pleine figure. Le jeu du chat et de la souris se resserre dangereusement.