A Yippity Sippity : Simone De Beauvoir, baby.
Les traditions, vous savez. Comme les repas de Noël où tout le monde boit un peu trop pour oublier que tout le monde boit un peu trop, une sorte d’Inception à l’échelle humaine.
Ou comme, et c’est là ce qui nous intéresse, ces 3 premiers épisodes de Weeds qui, chaque année, vous font penser que cette fois-ci la série change vraiment la donne, repart sur de bonnes bases, qu’elle saura exploiter toute la saison.
Haha, on y croit toujours, à ces trois épisodes où le budget "scénariste" n’a pas été grillé en cocaïne, n’est-ce pas ?
Nancy et le féminisme
Cette année ne déroge pas à la règle, avec un début de saison intéressant.
Si le premier épisode m’avait laissée plutôt mitigée - Nancy qui fait le mauvais choix, encore, qui chamboule la vie des membres "équilibrés" de sa famille, encore, qui s’enfuit, encore, et qui entraîne Andy dans sa chute, ENCORE - force est de constater que les deuxième et troisième m’ont beaucoup plus convaincue.
Nancy, enfin détachée des hommes (depuis trop longtemps, elle subissait plutôt des influences importantes venant de personnages masculins [1], alors que la saison 1 nous l’avait plutôt montrée comme une femme "forte"), ou en tout cas moins soumise, si on considère que Randy est un homme et qu’il influe sur ses décisions [2], reprends les rennes de son trafic et se lance cette fois-ci dans la fabrication de haschisch.
L’idée de retrouver un business plus personnel est plaisante, surtout après des saisons où on s’en était beaucoup éloignés, et où la qualité avait clairement baissé. A nouveau, on peut y voir une sorte de retour aux sources.
Creepy Shane et le négationnisme... ou déterminisme, je sais plus
Non seulement on a un nouveau champ de deal plus concentré, une présence féminine marquée (aussi dans le fait que les "fournisseurs" de Nancy soient des femmes), mais pour les nostalgiques, on se recentre sur les personnages qu’on avait aux débuts de Weeds.
L’essence de la série, c’était cette famille complètement dysfonctionnelle, et la manière dont elle allait s’en sortir. S’y greffaient des sous-intrigues sur les voisins, mais qui ne bouffaient pas trop de temps.
Récemment, on avait complètement dérivé, et on suffoquait sous le nombre de personnages secondaires. Même si la fin du 6.03 peut nous faire redouter le pire (surtout qu’on est quand même dans Weeds), il faut espérer qu’on restera sur les Botwin - ou les Newman, vu leur changement d’identité.
Il est intéressant aussi de noter que le meurtre de Creepy Shane n’a pas été oublié, et qu’à chaque épisode les personnages - en particulier Silas, qui malgré ses cheveux et ses débuts désastreux, enfin, surtout ses cheveux, semble être le plus équilibré de tous - s’interrogent sur sa PUTAIN DE SANTE MENTALE.
Ce qui semble être un minimum quand un adolescent explose la tête d’une femme avec un maillet.
Et celle qui vous parle, c’est une fille qui compte élever ses enfants en leur faisant regarder Daria et Wonderfalls et en leur disant de prendre exemple sur leurs héroïnes.
Oui, même s’ils s’avèrent être des garçons.
Oui, même si ça signifie leur faire porter des jupes.
En revanche, Nancy semble penser que quoiqu’elle ait fait différemment, Shane aurait de toute façon viré au psychopathe total.
Soit elle tente de se déculpabiliser, et cela donnera avec un peu de chance encore une fois lieu à une scène magnifique quand elle réalisera quelle mère horrible elle est vraiment, et jusqu’à quel point elle a ruiné la vie de ses enfants... Soit elle se souvient que lorsqu’il était dans son utérus, Shane essayait déjà de lui arracher les organes internes, et lorsque les spectateurs l’apprendront, tout le monde saura enfin que j’avais raison depuis le début.
Dans les deux cas, on est gagnants.

Iris et le je-m’en-foutisme
Ces trois épisodes, avec un vrai pic lors du dernier, semblent aussi renouer avec quelque chose que la série n’avait pas connu depuis longtemps : l’humour qui fonctionne.
Chose étonnante, l’un des personnages qui était le plus boulet au début est devenu un véritable bijou de comédie, au sens large.
Silas, et son acteur, semblent vraiment avoir atteint une maturité qui leur permet d’être à l’aise dans tous les registres.
Le personnage a acquis une véritable "gravité légère", et ses scènes ne sont jamais trop monolithiques, avec par exemple celles de son travail à l’hôtel. Il sait y mettre la dose juste de lassitude et de résignation pour ne pas le rendre geignard, alors qu’il y aurait de quoi. [3]

On a donc un excellent début de saison, avec des orientations prenantes, et un ton général qui pousse à l’optimisme quant à l’avenir de la série, même si on ressent clairement qu’elle commence à avoir fait le tour de son sujet. Je ne sais pas vous, mais si on m’inflige une saison 7 avec Nancy vendant de l’ecstasy à la sortie des boîtes, j’exécute Jenji Kohan.
[1] Saison 5 Esteban, Saison 4 Guillermo/Esteban, Saison 3 Conrad/U-Turn/Guillermo, Saison 2 Conrad et Peter de la DEA
[2] Mais il n’a pas de testicules, et se tape Alanis Morissette. Tout est dit.
[3] Enfin, j’imagine, puisque en ce qui me concerne, faire la lecture en sous-vêtements à des vieux pervers représente un peu le job d’été parfait. N’hésitez pas à cliquer sur la page "contact" du site.