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L’Autorité de la concurrence entérine le rachat de Direct 8 par C+
le Mardi 24 Juillet 2012
Reglementation

On touche à la fin d’un long feuilleton. Ce lundi 23 juillet, l’Autorité de la concurrence a entériné le rachat par Canal+ des chaînes de la TNT Direct 8 et Direct Star, jusqu’ici détenues par Bolloré. Le groupe Canal+ a de gros projets pour Direct 8 qu’il veut transformer en une chaîne en clair haut de gamme, ciblant les CSP+.



A la surprise générale, et surtout celle des concurrents TF1 et M6, Canal+ avait annoncé son intention d’investir le marché de la télévision en clair en mars 2011 (l'article du Village MOUVEMENTS DANS LE PAF — Canal met les pieds dans le clair). Pour ce faire, le groupe comptait utiliser le canal bonus qui devait lui échoir sur la TNT, selon la loi alors en vigueur. Mais TF1 et M6 se sont alors dressé contre cette loi qu’ils avaient en leur temps encouragé, et ont obtenu du législateur son abrogation.

Canal+ n’a renoncé à rien pour autant, et le 8 septembre dernier, elle annonçait racheter 60% de Bolloré Média, ce qui allait lui permettre de prendre le contrôle de Direct 8 et Direct Star (l'article du Village MOUVEMENTS — Pour son entrée dans le clair, Canal+ choisit la voie Direct).
A nouveau, les groupes TF1 et M6 se sont dressés contre cette arrivée. Eux qui ont considéré la TNT en particulier, et même la télévision en général pour ce qui concerne le groupe M6, comme une rente, avec investissements minimaux et bénéfices faciles et rapides, voyait leur modèle remis en cause par la montée en gamme que proposait Canal, qui prévoyait d’investir 100 millions dans le coût de grille de sa première chaîne en clair. L’autorité de la concurrence était donc amenée à rendre son avis, ainsi que le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel, dans ce contexte tendu, et qui l’était encore plus par une procédure parallèle. Le Conseil de la concurrence reprochait en effet à Canal+ de n’avoir pas respecté les engagements pris lors du rachat de TPS, et de l’avoir engloutit plutôt que d’avoir maintenu son existence parallèle. Elle menaçait donc d’annuler ce rachat.

L’autorité de la concurrence a accepté ce rachat selon les conditions que Canal+ elle-même a proposées au cours des négociations : Canal ne pourra pas faire jouer de synergies de groupes au moment d’acheter des films et des séries étrangers. C’est-à-dire qu’il ne lui sera pas possible d’acheter en même temps les droits en crypté et en clair, et d’exclure ainsi ses concurrents de la possibilité d’acheter certaines séries. Sur les six Outpout Deals signés par Canal+ avec des studios américains, seul un pourra couvrir à la fois le crypté et le clair (un output deal donne un droit d’achat prioritaire sur toute la production d’un studio donné.)
En revanche, et contrairement à des recommandations totalement insensées émises par le CSA lui-même (l'article RÉGULATION — Et tranquillement, le CSA proposa de tuer la fiction française...), ce type d’obligations ne sera pas appliquées aux créations françaises, fictions et documentaires, que Canal+ finance. En pratique, la chaîne ne sera donc absolument pas obligée de revendre les droits en clair de Platane à M6, mais pourra les conserver en exclusivité sur son groupe, et notamment sur la future Direct 8.

Le CSA lui-même doit d’ailleurs à son tour rendre son avis sur le rachat de Direct 8. Initialement prévu ces jours-ci, cet avis a été repoussé à début septembre. Il faudra donc exactement un an pour que soit rendue possible une montée en gamme de la TNT, qui est pourtant d’intérêt général quand on considère l’énorme échec éditorial qu’elle représente. Quand on considère l’évolution très rapide des médias au niveau mondial, c’est très long...
Dans les faits, Canal+ a déjà commencé à acheter des droits et recruter des animateurs pour sa version de Direct 8, qui devrait être lancée dans le courant de l’automne.

Sur le dossier du rachat de TPS, l’autorité de la concurrence a été plus sévère, prenant des injonctions telles que l’obligation pour le groupe Canal+ de revendre ses parts dans Orange Cinéma Séries. Le groupe Canal+ a d’ores et déjà fait part de son intention de contester ces injonctions et demande leur annulation auprès du Conseil d’État.

Auteur : Sullivan Le Postec
Source : Le Village

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