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Victoire antipub à la télé suédoise
le Lundi 27 Décembre 2004
Distribution

TV4, l'équivalent suédois de TF1, vient de perdre le procès qui l'opposait à deux réalisateurs qui n'avaient pas toléré que la diffusion de leur film sur cette chaîne soit interrompue par des spots publicitaires. Une première en Suède, qui a surpris tout le monde, d'autant que le Conseil supérieur de l'audiovisuel suédois avait, pour sa part, donné raison à la chaîne commerciale en septembre 2002. «C'est un petit pas pour nous, mais un grand pas pour l'humanité !» s'est exclamé Claes Eriksson, l'un des réalisateurs, à l'annonce du verdict.

Changement. C'est durant l'été 2002 que TV4, principale chaîne commerciale privée, avait diffusé Le Requin qui en savait trop, de Claes Eriksson,­ une comédie satirique sur la société de consommation et la course à l'argent dans les années 80 ­ et Alfred, de Vilgot Sjöman, un film sur Alfred Nobel.

Lorsque TV4 avait acheté les droits en 2000, avec l'accord des réalisateurs, il était encore interdit aux chaînes émettant de Suède de faire des coupures publicitaires. Mais deux ans plus tard, lors de la diffusion des films, un changement de la loi sur la radio et la télévision, intervenu entre-temps, avait rendu possible le saucissonnage de pub. Le tribunal, après avoir visionné les films, a jugé que les coupures publicitaires ont signifié «un changement de l'oeuvre de nature à enfreindre la particularité littéraire et artistique de l'auteur».

TV4 s'est dit «surpris» de cette décision. «Nous avons revu tous les contrats pour nous assurer que cela ne se reproduise pas, a dit Göran Ellung, de TV4. Le jugement ne change rien à notre programmation, il ne concerne que ce cas particulier.»

En novembre, TV4 avait déjà reçu pour la première fois un avertissement de l'autorité de régulation audiovisuelle pour coupure publicitaire intempestive lors de la diffusion, en décembre 2003, de Léon de Luc Besson. Il s'agissait de la scène où Léon apprend à Mathilda à tirer et où, l'oeil sur la lunette de visée, elle va pour la première fois appuyer sur la détente. Pub. Pour le CSA suédois, interrompre le film à ce moment d'extrême dramatisation était une violation de l'intégrité de l'oeuvre.

Toutefois, la victoire symbolique des deux réalisateurs suédois peut être une victoire à la Pyrrhus. Claes Eriksson en avait vite fait l'expérience. En 2002, après la diffusion de son premier film, il avait appelé TV4, qui prévoyait d'en diffuser un deuxième, pour leur demander de ne pas le couper avec des pubs. Le film avait alors disparu de la grille de programme.

Risque financier. Si le droit d'auteur sort renforcé de ce procès, le jugement pourrait s'avérer lourd de conséquences pour les films à venir. «Un réalisateur orthodoxe sur la question des droits d'auteur, qui voudrait limiter la diffusion de son film aux chaînes non commerciales, pourrait avoir des problèmes de financement», a déclaré Peter Danowsky, avocat spécialiste des droits d'auteur, au quotidien Dagens Nyheter. Selon lui, il existe un risque que les sociétés de production refusent de financer des films qui ne peuvent pas être diffusés n'importe où.

Auteur : OzGirl
Source : Libération

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