Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

24 - Premières impressions sur 24 : Live Another Day sans spoilers

Live Another Day: Welcome back to Cougar Town !

Par Conundrum, le 12 mai 2014
Publié le
12 mai 2014
Saison 9
Episode 2
Facebook Twitter
Chaque nouvelle saison vient avec son lot de modes et thématiques qui régissent les commandes de directeurs de programmes américains. Le récent « Adapté d’un livre » laisse sa place la saison prochaine au « Adapté du comic book » par exemple. De la même manière, la « Suite » est de plus en plus préféré au « Reboot ».

Ce concept a tellement la côte que même les émissions de télé-réalité s’y mettent sérieusement.

Le problème avec ces suites est que la nostalgie nous rend plus clément avec l’œuvre d’origine. Plus la série était populaire, plus la barre est haute. Moins la série a d’épisodes, plus ses fans seront passionnés. Le choix de l’œuvre d’origine est donc primordial. Avec un tel constat, je ne sais pas s’il était possible pour Mitch Hurwitz de satisfaire un fan d’Arrested Development avec autre chose qu’une rediffusion des trois premières saisons.

Vient ensuite le support choisi pour cette reprise. Une nouvelle saison à la Netflix implique des changements dans notre manière d’apprécier la série. Un film fait plaisir mais ne peut pas répondre à tous les points laissés en suspens d’une série. Et, restons sérieux, un comic book ou un livre, c’est marrant deux minutes, mais ça ne remplacera jamais une vraie saison de série télévisée.

Le retour de Veronica Mars et celui annoncé de Valérie Cherish font très plaisir, mais celui de 24 est celui qui a le plus de sens.
24 est une série qui ne s’encombre pas d’un casting à rallonge. Sa distribution jetable de saison en saison fait que Kiefer Sutherland est le seul acteur de la série d’origine vraiment nécessaire à l’intrigue. Mary Linn Raskjub, c’est juste un petit plus qui fait plaisir aux fans.
Et si le casting n’a pas trop d’importance, dans 24, l’intrigue en a encore moins.

L’intérêt de la série résidait, à l’époque, dans son concept. Non pas que regarder une série en temps réel soit particulièrement ingénieux, c’était l’une des premières séries à avoir mis en avant son aspect sérialisé à une époque où les chaînes étaient rétives au concept.
Au début des années 2000, les networks s’inquiétaient plus de la capacité d’une série à être revendue au marché local et à la possibilité de pouvoir diffuser des épisodes dans le désordre dans le cadre des semaines sans inédit. [1] Les séries télévisées n’étaient pas développées pour nous, les téléspectateurs assidus et impliqués, mais pour le profil moyen de son audience qui ne regarde, en moyenne, qu’un épisode sur quatre d’une série qu’il affectionne. Avec les intégrales en DVD, et la vidéo à la demande, ce profil a largement changé en dix ans.

Passé l’enthousiasme et l’effet de surprise, et surement amplifié par la qualité fluctuante de Lost, l’autre série très sérialisée et populaire de l’époque, 24 a très vite déçu. Le concept de 24 a fait que les scénaristes se sont très vite retrouvés avec un handicap : comment justifier une intrigue sans temps mort qui enchaine 23 cliffhangers multiples à la suite ? C’est impossible, on comprend ensuite rapidement la structure d’une saison de 24.
Au lieu de suivre une intrigue complexe sur plusieurs points, la saison se compose de micro arcs qui ont vaguement un lien les uns avec les autres. En pleine menace terroriste, Jack se retrouve pris en otage dans un supermarché, Chloé fait du baby-sitting, et Kim, pauvre Kim Bauer, se retrouve dans un bunker avec un mec d’Entourage !

Mais 24 réussit quelque chose d’assez remarquable malgré ses défauts. Elle joue sur une de nos pires qualités : l’impossibilité de rompre avec une série qu’on a aimée. Il nous faut plusieurs saisons pour justifier l’arrêt d’une série. Mais attention, ces saisons ne doivent pas horribles au point d’aimer détester une série. Non, les saisons doivent être ennuyeuses, pénibles et lentes. Et il est difficile de fournir ce motif de rupture dans une série comme 24, avec ces twists et ses explosions. Il était largement plus facile d’arrêter Desperate Housewives après son huitième épisode que d’arrêter 24 après le petit sursaut de qualité en saison 5. Pire encore, la série savait se réinventer chaque saison. Et ça, c’était particulièrement bien trouvé.

Lost impliquait un contrat sur le long terme avec ses téléspectateurs. Et même après six saisons, toutes les questions soulevées par la série n’ont pas eu de réponses. 24 se rebootait déjà à chaque saison .
24 a trouvé le moyen d’être très sérialisé sans mythologie. Cela donnait deux gros avantages à la série. Sachant qu’on s’impliquait pour un an, il était plus facile de se donner la force d’aller jusqu’à la fin de saison avant de prendre la décision de vraiment arrêter la série. Et même si on stocke les épisodes, parce qu’on préfère regarder autre chose pendant la saison, à la rentrée, on peut quand même se lancer dans les nouveaux épisodes sans avoir fini la saison précédente. 24 est sérialisée avec une structure narrative lourde, mais qui sait contourner les problèmes inhérents au genre.

Aujourd’hui, même son retour est soigné, et travaillé pour nous faire revenir. La série fait face à nos réserves principales de but en blanc. 24 épisodes, c’est trop pour une série de qualité moyenne. 12 épisodes, c’est un investissement acceptable. On nous promet un 24 condensé, qui ne s’encombre pas d’intrigues inutiles, et pour un vrai retour aux sources, on reprend même les scénaristes des débuts. Et si vous n’avez pas vu la dernière saison, ce n’est pas grave, nouveau casting, nouvelle intrigue ! Comme au bon vieux temps !

Et même les vrais fans de la série, ceux qui sont restés jusqu’au dernier décompte du dernier épisode de la dernière saison sont appelés. Kim Raver et William Devane, des figures importantes, et toujours vivantes, de la série reprennent du service assurant une continuité entre l’œuvre d’origine et cette suite.

24 se lance aussi à un moment idéal. Scandal, une série qui joue sur le même tableau dans sa manière de faire avancer ces intrigues, a achevé une saison plutôt moyenne. 24 reprend la place que la série de Shonda, la Merveilleuse lui avait prise. De plus, la compétition pour notre attention est largement moins intense. Si entre septembre et mai, on peut se plaindre d’un trop grand nombre de séries à l’antenne. Dès la fin avril, l’équilibre entre l’offre et la demande s’inverse. Et cette année, on ne fera pas deux fois l’erreur d’un été Under The Dome.

Et après ces premiers épisodes, je dois avouer que 24 a réussi son retour. Non, Live Another Day n’arrive pas à égaler la qualité de sa seconde saison, ni même celle des bons moments de Spooks ou de Strike Back. A défaut de nous donner des épisodes remarquables, 24 a fourni du bon 24. La série tient sa promesse avec des intrigues qui avancent rapidement et qui s’en tiennent au strict minimum. Il n’y a rien de superflu, rien qui ne distrait, on reste concentré sur une série d’action totalement irréaliste qui essaie de prétendre le contraire avec des parallèles plus ou moins voilés avec l’actualité. 24 s’est aussi débarrassé de sa fausse conscience et d’un débat sur la justification de la torture qu’elle n’a pas su maitriser dans sa série d’origine.

Ces premiers épisodes de Live Another Day sont d’une meilleure facture que ceux des dernières saisons. C’est aussi un retour bien plus satisfaisant qu’un film aurait plus l’être. Le charme de 24 réside dans ses cliffhangers. Et sur 24 épisodes, on a tendance à se rappeler les excellents moments malgré les défauts de la série. La saison du cougar est aussi la meilleure saison de la série. Un film aurait dû donner une importance plus grande à l’intrigue, et ce n’est pas le point fort de la série.

Mais si le concept s’y porte, ce retour de 24, comme celui de Veronica Mars et de The Comeback ne cible pas prioritairement un nouveau public. Il est dirigé vers les personnes ayant apprécié la série, et surtout ceux qui sont prêts à accepter ses défauts. Si vous aviez déjà avec un problème avec la série ou que la déception de la série vous a profondément marqué, Live Another Day ne vous réconciliera pas avec Jack Bauer. Mais si vous avez réussi à suivre la série sans déplaisir, The Kief n’a beau plus être cool, il a même pris un sacré coup de vieux, mais il fera largement l’affaire pour les dix prochaines semaines.

Conundrum
Notes

[1L’impact d’avoir une saison entre septembre et mai avec seulement 22 épisodes, implique de rediffuser certaines semaines d’anciens épisodes à la place d’un inédit.