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American Horror Story - Avis sur Asylum, arrivé au point critique de la saison 2

I Am Anne Frank: Une Saison 2 Nulle ou Géniale ?

Par Tigrou, le 22 novembre 2012
Par Tigrou
Publié le
22 novembre 2012
Saison 2
Episode 5
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La première saison d’American Horror Story m’avait laissé un peu partagé l’année dernière. Certes, la série avait eu un début d’excellente facture, avec des rebondissements à la pelle, une ambiance franchement inquiétante et un côté kitsch assumé tout à fait réjouissant. Mais au fond, tout cela n’était-il pas un peu facile ?

Après tout, ce qui m’avait surtout impressionné dans cette première saison, c’était son rythme et ses nombreux rebondissements. Non seulement la série avançait vite, mais elle osait tuer ses personnages et multiplier les rebondissements inattendus (qui semblaient risqué sur le long terme). Des « audaces » narratives réjouissantes… qui avaient été un peu remises en perspective par le dernier épisode. Ryan Murphy s’était bien gardé de nous le dire : American Horror Story était une anthologie, et elle n’aurait donc pas à gérer la suite de ses intrigues en saison 2.

Quant à l’ambiance qui m’avait tant plu dans les premiers épisodes, je devais bien admettre qu’elle s’était un peu effilochée au fil de la saison. Comme souvent dans l’horreur et le fantastique, la série était angoissante dans ses premiers épisodes (tant qu’on ne comprenait pas bien ce qu’on voyait à l’écran)… et beaucoup moins dans ses derniers, dans lesquels les scénaristes avaient décidé d’expliquer tous leurs éléments surnaturels avec la logique d’une démonstration de maths (ça me fait mal de le dire, mais une approche un peu plus lostienne aurait sans doute profité à la série).

Bref, partagé entre le « nul » et le « génial », j’étais resté un peu sur ma faim après cette première saison.

Surtout, le dernier épisode passé, je n’avais aucune idée de ce que je devais attendre de la saison 2. D’un côté, repartir à zéro à chaque saison semblait une excellente solution pour contourner les défauts d’écriture de Ryan Murphy. De l’autre, est-ce que savoir que j’avais affaire à une mini-série n’allait pas gâcher un peu mon plaisir ?

Après la diffusion des cinq premiers épisodes de la saison 2 de American Horror Story, je suis en mesure de rendre un premier verdict. Et je suis bien tenté de pencher vers le génial…

Une saison 2 supérieure à la première ?

Je trouve le début de cette saison 2 encore plus réjouissant que celui de la première

Après un premier épisode un peu raté, qui peinait à remplir son rôle de « pilote » en essayant d’intégrer trop de personnages et d’intrigues à la fois, la saison 2 a trouvé ses marques et réussi à construire des personnages et des intrigues intéressants.

Parlons des personnages, d’abord. L’année dernière, la série était un peu handicapée par ses héros (un couple assez ennuyeux et cliché, pas complètement raté, mais beaucoup moins intéressant que les personnages secondaires). Dans cette deuxième saison, les scénaristes ont choisi de ne pas avoir de vrais personnages principaux, et sont parvenus à construire un ensemble très équilibré, tant au niveau du casting que de l’écriture.

Bien sûr, Jessica Lange domine en terme de temps d’antenne (c’est mérité : elle est excellente dans le rôle de Sister Jude, un personnage assez finement écrit qui devient plus ambigüe à chaque épisode). Mais aucun personnage n’est à la traîne, et tous les acteurs ont de quoi s’amuser : Lily Rabe en bonne sœur possédée, Evan Peters en innocent accusé à tort, Chloë Sevigny en patiente névrosée (à contre-emploi, mais elle n’est pas la seule : les acteurs qui étaient déjà présent en saison 1 sont tous revenus dans des rôles très différents)… Ils sont tous excellents, sans qu’aucun d’entre eux n’écrase les autres ou n’apparaisse trop à l’écran pour nous lasser.

Enfin, je suis aussi très agréablement surpris de voir qu’une série qui bat des records d’audience a choisi pour personnage principal… une lesbienne.
Au milieu des psychopathes, des sadiques, des déséquilibrés et des tueurs en série (oui, tous ces qualificatifs décrivent un personnage différent de la série), la journaliste incarnée par Sarah Paulson est le seul personnage qui nous est présenté comme sain, le seul auquel le spectateur est constamment encouragé à s’identifier. (Je considère qu’on ne peut pas s’identifier complètement au personnage d’Evan Peters, dans la mesure où toute personne ayant déjà regardé un film de genre se doute qu’il y a 50% de chance qu’il ait réellement tué sa femme, et où la série joue sur cette ambigüité).
Ce choix (clairement politique) de Ryan Murphy me rend la série éminemment sympathique.

Des intrigues sous contrôle… pour l’instant

Autre bonne surprise : malgré cette abondance de personnages et l’absence notable d’un vrai fil directeur, je trouve pour l’instant cette saison plus maîtrisée que la première.

Bon, ne vous méprenez pas, c’est toujours du grand n’importe quoi.
Vous voulez vous faire une idées des intrigues d’American Horror Story : Asylum ?
Imaginez L’Exorciste, Le Silence des agneaux, Vol au dessus d’un nid de coucou, Frankenstein et X-files, ajoutez des nazis et des bonnes sœurs, passez l’ensemble au mixer, avalez, vomissez, et utilisez votre vomi pour peindre une toile d’art abstrait. Cela vous donnera un aperçu.

Mais – aussi étonnant que ça puisse paraître quand on le dit comme ça – ça fonctionne !

Comme dans la saison 1, les scénaristes mélangent joyeusement les légendes urbaines et les références dans chaque épisode, en mettant souvent l’accent sur une ambiance via une intrigue (L’Exorciste dans le second, Le Silence des agneaux dans le cinquième...) pour rendre l’ensemble plus marquant.

Mais, cette année, ils ne semblent pas vouloir à tout prix lier des mystères qui n’ont a priori rien à voir entre eux dans une même explication. Ils se contentent de les faire entrer en collision dans leur asile. Ce faisant, ils explosent la structure classique de l’horreur et du fantastique (un élément étrange qui surgit au milieu d’un monde semblable au notre sur tous les autres plans) et en créent un univers singulier et fascinant, où des intrigues vues et revues ailleurs peuvent devenir détonantes en se télescopant. Voir une nonne démoniaque cohabiter avec un extraterrestre et un savant fou dans un même épisode est une expérience que chaque amateur d’horreur devrait vivre une fois dans sa vie. Et, même si American Horror Story semble toujours à deux doigts d’en faire trop et de sombrer dans le ridicule (comme lorsqu’elle vient ajouter le personnage d’Anne Frank à un casting déjà surchargé, dans une intrigue qui a finalement été assez habilement résolue), la saison 2 réussit pour l’instant son numéro d’équilibriste avec un certain panache.

Et surtout : des surprises…

Je suis rarement surpris devant les séries. Après quelques années, on apprend à repérer les « codes » dont se servent les scénaristes pour créer leurs rebondissements, et à les voir venir. Aussi, je suis toujours très content quand une série arrive à me prendre au dépourvu…

C’est ce qu’a réussi American Horror Story dans son cinquième épisode. J’avais beau être persuadé d’avoir une longueur d’avance sur les scénaristes, je n’ai pas vu venir du tout la révélation « choc » des 5 dernières minutes (celle de l’abat-jour, ceux qui l’ont vu comprendront). Et ce n’est pas la première fois qu’American Horror Story : Asylum me surprend. Sans même parler de ses révélations réussies, la série est – par sa construction et son audace – complètement imprévisible.

Oubliez le casting, oubliez la maîtrise des intrigues… En 2012, la saison 2 d’American Horror Story est sans doute la seule série que je regarde sans avoir AUCUNE IDÉE de ce qui m’attend 30 secondes plus tard.
Et franchement, entre deux valeurs sûres plus construites comme The Good Wife ou Vampire Diaries, c’est vraiment bon.

Tigrou