Andy Richter Controls The Universe
We’re all the same, Only Different
Saison 2, Épisode 1
Parce que Victor Fresco revient à la télé à la rentrée avec Sean Saves The World, et qu’il n’y a pas assez de gens qui s’enthousiasme de son retour.
Quand l’hôtesse de caisse stressée dont la politesse forcée empêche l’agressivité accumulée de toute la journée du MacDo demande si on désire le menu XL, évidemment qu’on répond oui. Cette sournoise invention marketing qu’est le supersize joue sur notre volonté de toujours vouloir plus de ce qu’on aime ou croit aimer. Le problème est que le plaisir vient aussi sur la régulation des portions. Avant ou pendant la consommation, on en veut plus. La barrière entre le "plus" et le "trop" est bien souvent franchie sans qu’on s’en rende vraiment compte. Et cette frontière est encore plus floue lorsque l’on traverse l’Atlantique.
En bouffe, comme en série, c’est la même chose. On s’habitue vite à d’énormes portions. La version américaine de The Office est un buffet à volonté comparé à la version traiteur de la BBC. Pourtant, on met rapidement de côté des séries américaines qui n’ont pas atteint un nombre respectable d’épisodes. C’est sûr que face au grand choix, on a tendance à oublier les séries qui n’ont pas obtenue l’horrible label « série culte » [1]. Pourtant, même ces séries ne nous auront pas traumatisés par leur annulations, peuvent avoir un atteint un seuil plus que respectable d’épisodes pour s’y attarder et y découvrir des épisodes particulièrement brillants.
C’est le cas d’Andy Richter Controls The Universe, une série de 2002 de la FOX, dans la même veine que l’autre comédie de son créateur Victor Fresco, Better Off Ted. Les deux mettent en scène le quotidien d’un service d’une grande multinationale. Mais Andy Richter Controls The Universeest plus marquante car l’humour de la série est à l’image de sa star, Andy Richter. L’humour est plus loufoque, plus absurde et plus visuel.
Après un renouvellement surprise [2], la série est revenue avec un des ses meilleurs épisodes « We’re all the same, only different » pour sa seconde saison. Dans un épisode écrit par Fresco lui-même avec Matthew Weiner de Mad Men listé parmi les producteurs, Jessica (la toujours parfaite Paget Brewster) annonce que Pickering Industries, l’entreprise de la série, cherche à recruter une minorité pour un nouveau poste et que l’employé qui trouvera cette nouvelle recrue aura une prime de 3 000 dollars.

L’épisode est très réussi et comme la plupart de ceux de Andy Richter Controls The Universe, les dialogues font très souvent mouche. Mais Victor Fresco excelle dans la recherche d’humour dans des sujets que l’on voit rarement abordés dans des sitcoms. En 22 minutes, Fresco l’aborde sous toutes ses formes. Il ne s’arrête pas à la culpabilité blanche, cette fameuse White Guilt des américains (1) [3] et au le conflit entre la prime et la volonté d’aider son prochain. L’épisode va progressivement mais rapidement de plus en plus loin. Andy Richter Controls The Universeplonge joyeusement dans l’analyse du degré de racisme où, si celui contre les noirs est révoltant, celui contre les Irlandais est parfaitement acceptable.
L’épisode finit sa route dans une histoire d’amour interraciale qui aborde le conflit entre honorer les différences de l’autre et l’idéalisme d’une société où, si nous sommes tous égaux, alors nous sommes tous pareils. Fresco, très inspiré nous a aussi donné un des meilleurs épisodes de Better Off Ted avec le même sujet. Mais cet épisode, en plus d’être bien écrit et parfaitement orchestré et bien joué. Andy Richter s’en donne à cœur joie dans une intrigue qui le monopolise intégralement. Irène Molloy et James Patrick Stuart sont bien trop occupés dans une histoire de drogue et d’abus de pouvoir qui devient de plus en plus absurde pendant ces 20 minutes. Paget Brewster et Jonathan Slavin se retrouvent à intervenir brillamment et alternativement dans les deux intrigues.
Le tout est totalement cohérent et brillant. Avec une série à voix off, et où les scènes sont souvent imaginées par le personnage principal, il est souvent tentant de s’adonner au loufoque sans substance. Bien sûr que cet épisode ne règle aucun problème et l’intrigue n’a pas de réelles solutions, mais il met en dérision un sujet rarement abordé de manière si frontale. Fresco n’effleure pas le sujet, il le décortique et le tord dans tous les sens dans le temps qu’il lui est imparti. Et c’est le voir faire de manière si réussie et dans deux séries différentes qui me donne espoir dans pour sa nouvelle série, Sean Saves The World.
Des types comme lui, il n’y en a que trop rarement à la télé, et il serait temps qu’il connaisse le succès qu’il mérite.
[1] qui donne autant la nausée que l’étiquette « série événement »
[2] Pour mieux l’annuler, mon enfant !
[3] "Guys ? I just wanna say that race is a very uncomfortable subject but only by talking about it, like we’ve been doing we’ve proven to ourselves ...just how uncomfortable it really is." - Jessica