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Awake - Critique de Awake, la nouvelle série de Kyle Killen sur NBC

Awake: Six épisodes et une page Wikipédia !

Par Ju, le 21 février 2012
Par Ju
Publié le
21 février 2012
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La seule série un peu ambitieuse de 2011 est arrivée ! Enfin... presque. C’est finalement la semaine prochaine que débarquera Awake sur NBC. Après une rentrée de septembre loupée et une rentrée de janvier ratée, il aura fallu que tous les programmes de la chaine s’écroulent, sans exception, pour qu’elle se décide enfin à donner une chance à Awake.

Pendant au moins deux semaines, promis.

Qu’est-ce que c’est ?

Comme indiqué dans cette introduction étrangement à-propos, Awake est la nouvelle série de NBC qui sera diffusée le jeudi soir à partir du 1er mars.

Dans un élan évident de pessimisme, pour faire marcher le bouche-à-oreille, ou tout simplement pour faire taire les mauvaises langues qui prétendent que le network est mort depuis la fin de Friends, NBC a mis le pilote en ligne la semaine dernière.

En même temps, je me moque, mais pour le coup j’ai du mal à leur reprocher leur défaitisme et leur douce mélancolie. En effet, Awake est tirée directement de la tête de Kyle Killen, le créateur de Lone Star, qui avait réussi l’exploit d’être à la fois LA meilleure nouvelle série de la rentrée 2010 et LA série la plus rapidement annulée de la rentrée 2010 (avec deux épisodes au compteur).

Si possible, NBC voudrait surtout insister sur le côté « Meilleure série de la rentrée 2010 ».

De quoi ça parle ?

Michael Britten est un policier qui vient de reprendre le travail après l’accident de voiture dont il a été victime avec sa femme et son fils.

Jusque-là, pas de souci.

Michael Britten est aussi un policier qui vit dans deux mondes différents. Dans l’un, sa femme a survécu à l’accident, et leur fils est mort. Dans l’autre, sa femme est morte et le fils est en vie. Il passe d’une réalité à l’autre à chaque fois qu’il s’endort, sans savoir laquelle est réelle.

Les deux vies du mec de Lone Star étaient moins déprimantes

Si possible, NBC voudrait surtout insister sur le côté « Michael Britten est un policier, sa femme est une jolie blonde, et son fils joue au tennis ».

C’est avec qui ?

Notre héros est interprété par Jason Isaacs, que je ne connais que par les Harry Potter où il tenait le rôle du méchant Lucius Malfoy. Dans Awake, il joue un gentil, mais je vous avoue qu’il ne donne quand même pas trop envie de l’emmerder.

C’est Laura Allen (de Terriers ! ...) qui joue sa femme, Hannah, et le rôle du fils est tenu par Dylan Minnette, qui a désormais fait sa spécialité des rôles de « Fils qui Existe Peut-être (ou pas) », puisqu’il était déjà le gamin inutile de Jack dans la moitié inutile de la dernière saison inutile de Lost.

Steve Harris (The Practice) et Wilmer Valderrama (Fez dans That 70’s Show) jouent les partenaires de Michael. Un différent dans chaque réalité. Parce que sinon c’était trop simple.

Si possible, NBC voudrait surtout insister sur les trois points suivants :
1. « Laura Allen est vraiment sexy ! »
2. « Fez était rigolo, avec son accent ! »
3. « LOST ! ».

Et c’est bien ?

Le problème d’Awake n’a pas changé, depuis la première fois où on a entendu parler de la série jusqu’à aujourd’hui : l’idée principale est ambitieuse, mais on ne voit pas comment elle peut s’adapter en série télé, semaine après semaine, saison après saison.

Saison après saison... sur NBC... Hmm....

Enfin ça, c’était ce que je pensais avant d’avoir regardé ce premier épisode.
Maintenant, c’est très différent.
Là où, avant, je trouvais le concept ambitieux et m’interrogeais sur la façon dont ça pouvait être le sujet d’une série, je m’interroge, désormais, sur la viabilité de ce concept ambitieux sur la durée, tout en ayant trouvé ce pilote vraiment très réussi. Ça n’a plus rien à voir.

Ce premier épisode est une vraie curiosité. Après un départ assez mou (la faute à la mise en place d’un pitch compliqué dont on entend parler depuis des mois), j’ai été assez rapidement happé par l’histoire, pour finir par être vraiment emballé.
Parce que c’est très bien écrit (j’y reviens). Parce que c’est très bien interprété (l’acteur principal est très convaincant... malgré sa tête de méchant). Et parce que c’est très joli à regarder... malgré les filtres de couleurs.

Une petite parenthèse sur les filtres de couleurs, tant que j’y suis.
Je déteste ces trucs faciles qui, ces dernières années, ont remplacé le travail du directeur de la photographie et du réalisateur. Si dans ce pilote il y a bien des filtres de couleurs appliqués à l’image, légèrement bleuté dans une réalité, légèrement orangé dans l’autre, ils ont une fonction. Il s’agit d’un raccourci visuel efficace pour qu’on ne soit pas trop perdu. Et, j’insiste, c’est très léger.
On n’est pas du tout devant une série qui essaie de nous faire croire qu’on a voyagé jusqu’à un pays de l’hémisphère sud, là où il fait évidemment toujours chaud et où les couleurs s’étalent de l’orange vif à l’orange clair.

Parenthèse fermée.

Ce qui m’a le plus agréablement surpris avec le pilote d’Awake, je crois, c’est que l’idée de base (super casse-gueule) est très bien exploitée. Ça fait longtemps qu’on sait qu’elle était originale, oui, mais au final ça n’a pas énormément de poids tant qu’on n’a pas vu si c’était bien traité. Et c’est le cas ici.

Ce qui m’a le plus plu, c’est que le scénario n’a pas peur d’aborder les côtés les plus gênants et durs du concept. Quand Michael raconte à sa femme ce qu’il vit, que leur fils est en vie dans ses « rêves », ça met mal à l’aise. Quand elle se prend au jeu et commence à lui faire passer des messages, ça a un côté malsain. Tout ça n’est pas ignoré par le script.
Dans ces scènes, comme dans celles avec les deux psychiatres, on n’a jamais l’impression d’être pris pour un con, ce qui facilite énormément l’entrée dans ce monde et l’identification aux personnages, en dépit du côté fantastique de l’histoire.

Etrangement, je ne me suis pas trop posé la question de savoir lequel des deux mondes était le vrai. C’est assez accessoire, à partir du moment où le héros refuse de faire cette distinction, et ça a pour conséquence un peu étrange qu’aucune des réalités ne fait « vraie ».
Alors qu’on pourrait penser qu’il faut que les deux mondes fassent aussi vrais que possible pour donner du poids à l’histoire, le fait de ne pas savoir quoi croire leur donne à tous les deux un côté onirique assez étrange, et plutôt agréable.

Et, après avoir repoussé ça au maximum, c’est maintenant qu’il faut s’interroger sur la série qui se cache derrière Awake.

Ce premier épisode est découpé en trois parties indépendantes : on a la vie de famille qui illustre le concept de la série, les visites chez le psy qui décortiquent ce même concept, et... le boulot de policier qui... finit de remplir les quarante minutes ?
Les deux premières parties sont vraiment excellentes. La troisième n’a que très peu d’intérêt, au moins dans la forme qu’elle prend dans ce premier épisode, et sa conclusion m’a semblé presque incompréhensible (les deux enquêtes sont liées ?).

Maintenant que le plus gros de la mise en place a été faite avec ce pilote, je pense que les deux psychiatres prendront une place moins importante dans les épisodes suivants, pour libérer du temps à consacrer aux enquêtes. Je ne sais pas si c’est forcément une bonne chose, mais ça pourra potentiellement servir à leur redonner une certaine profondeur, complètement absente ici... ce qui, je l’avoue, est vraiment le seul bémol que j’ai envie d’émettre sur Awake.

Enfin, ça, et le fait que la série va être annulée dans deux semaines.

Ju