Dirty Hands: You’re always welcome in one of my beds
Comme quoi, il est possible de faire de bons stand alone.
Ca faisait quand même longtemps... On a enfin un sujet original (qu’on ne voit pas tous les jours dans les séries télé) une situation qui soulève des interrogations, un personnage qui retrouve l’ampleur et l’importance qu’il a eu auparavant. Et en bonus, on a une Présidente qui agit en dirigeante, un Amiral qui agit en soldat, ces deux là qui flirtent et Baltar qui révèle ses origines honteuses dans une scène formidable.
J’aime lorsque les scénaristes montrent à quoi ressemble la vie sur les autres vaisseaux. C’est un des attraits de la série, cette idée d’imaginer ce que peut être la vie dans une société qui tente de survivre, dans des vaisseaux surpeuplés, au milieu d’une flotte en fuite perpétuelle et à la recherche d’une hypothétique planète Terre.
L’épisode centré sur Helo aurait pu être intéressant s’il s’était vraiment concentré sur la vie des Sagittarions, au lieu de les prendre comme excuse à une storyline très médiocre.
D’ailleurs, cet épisode devait, à l’origine, parler des habitants de la colonie du Sagittaire : ces derniers devaient se retrouver au centre d’un rebondissement lors du procès de Baltar, et c’est pour cette raison que l’équipe de BSG voulait faire parler d’eux. Mais cette storyline a été abandonnée car d’après Ron D.Moore, l’histoire ne prenait pas. Ils ont donc doucement bifurqué vers cette histoire de lutte des classes, de conditions de travail et des droits des travailleurs. Et Tyrol, à cause de son passé de leader syndicaliste sur New Caprica, se retrouve naturellement au centre de l’histoire.
Moi je dis, tant mieux ! J’aurais difficilement supporté Dualla pendant tout un épisode, comme cela était prévu au départ (Dualla est une sagittarienne, sagitattarion, sagittaire, enfin elle vient de là bas quoi)... Et en plus, grâce à Dirty Hands, je retrouve le Chief que j’ai aimé, celui qui se soulève contre Adama et Roslin et qui agit selon ses convictions. Dans cet épisode, Tyrol reforme le syndicat de travailleurs dont il était le représentant sur New Caprica.
En un mot, Dirty Hands parle de la bonne vieille lutte des classes, de la défense des droits des travailleurs, et de la garantie de l’égalité parmi la population. Des sujets qui donnent envie de chanter l’Internationale et de relire les textes d’Alexandra Kollontaï. En plus, dans l’épisode, il n’y a pas vraiment de « doit-on être pour ou contre les syndicats » : Dirty Hands s’engage très rapidement pour la défense des droits des travailleurs. D’ailleurs, Ron D. Moore passe la moitié de son podcast à expliquer pourquoi la série a pris le parti des syndicats. Pour lui, c’est une évidence, les syndicats sont une bonne chose, et tant pis si BSG ne se contente pas de poser des questions, tant pis si BSG prend le parti de donner une réponse claire à la question des droits des travailleurs. Way to go, Ron !
Parce que voyez-vous, à bord de la flotte du Galactica, c’est pas la joie pour la classe ouvrière. On ne dit pas que c’est la joie non plus pour les autres classes, mais quand même, la raffinerie de tylium ressemble drôlement à Germinal et le CiC, en comparaison, c’est le Club Med. Depuis l’attaque, les ouvriers n’ont pas eu un seul jour de repos. On ne parle pas des salaires, ben non, l’économie ne doit fonctionner que sur un système de troc j’imagine. [1]
Bien sûr, on est en guerre. La situation est exceptionnelle. Mais ça fait un moment maintenant qu’elle l’est. Elle commence même à s’installer confortablement, à ce niveau là ! Et certaines personnes ne sont pas contentes, comme Zenno Fenner, responsable de la raffinerie de tylium sur le vaisseau Hitei Kan. Le tylium sert pour le carburant des vaisseaux, et s’il n’est pas correctement purifié, il peut causer des accidents. C’est un peu ennuyeux. Mais ni Adama, ni Roslin, ne semblent avoir entendu les plaintes de Zenno Fenner. Qu’Adama agisse en soldat et exige que toute la flotte obéisse à ses ordres sans se préoccuper des conditions générales de travail, je le comprends. Ca va avec son grade. Que Roslin fasse de même, c’est un peu plus surprenant. Enfin... pas tellement, puisqu’à présent, il est clair que la véritable nature de la Présidente est de gouverner à la façon d’une dictatrice. Et j’aime ça ! J’aime quand elle fait arrêter Zenno pour avoir cité le livre que Baltar a réussi à sortir grâce à son avocat, j’aime quand son premier instinct est de vouloir écraser la naissance d’un syndicat. Sa phrase « I’m thinking of having a good old fashioned book burning » est à la fois drôle et inquiétante, et il faut quelqu’un comme Mary McDonnell pour pouvoir lui donner cette double signification.
A la fin de l’épisode cependant, Tyrol saura faire comprendre à Laura quels sont les réels enjeux d’un syndicat, et pourquoi il est vital de ne pas vouloir l’empêcher. C’est certainement l’argument du travail des enfants et le fait que les individus se retrouvent littéralement enfermés dans un seul métier selons leurs colonies de naissance qui font réagir Roslin. On ne peut pas vouloir construire une société qui prédestinerait ses membres à un seul type de métier en fonction de leurs origines ou des compétences de leurs parents. En gros, on n’est pas des abeilles, et l’enfant de Tyrol et Cally, même s’il est pas beau, doit avoir le droit et la possibilité de devenir autre chose que mécanicien sur le deck.
Voilà pour le côté politique de l’épisode. C’était plutôt bien vu, bien traité, sans effet dramatique en trop, sans message gnan-gnan ni convenu, et avec une Laura et un Chief en grand forme.
En bonus, il y a Baltar. Et encore une fois, on découvre un nouvel aspect à ce personnage.
Gaius, enfermé dans sa cellule, trouve le moyen et l’énergie d’écrire ses mémoires/pamphlet politique, que son avocat publie et distribue sous le manteau. My Triumphs, My Mistakes. Rien que ça. Estimer avoir eu des triomphes (notez le pluriel), déjà, c’est couillu. Mais Baltar n’en est plus là ! Et je trouve ça fantastique qu’il trouve encore le moyen de jeter des bâtons dans les roues de Roslin et d’Adama. Tout ce qu’il peut dire ou écrire est malheureusement de la manipulation des foules et des opinions, car rien d’honnête ne peut sortir de sa bouche, mais il a le mérite de faire bouger les choses.
Alors que tout le monde le croyait originaire de Caprica, Baltar révèle que ses parents étaient d’Aerion, une autre colonie défavorisée, dont les habitants sont considérés comme très limités intellectuellement. Gaius n’a pas essayé de combattre ces préjugés, non, il a préféré se faire passer pour quelqu’un d’autre, au point de complètement changer son accent, comme il le montre à Tyrol. Le geste est radical et un tantinet couard de mon point de vue, mais absolument compréhensible, et c’est ça qui apporte un nouvel aspect à la personnalité déjà complexe de Baltar. On ne peut définitivement pas le haïr...
Mon seul regret au final, c’est l’absence de Zarek, lui aussi de Sagittaire, et lui aussi avec des tendances révolutionnaires. J’aurais aimé une confrontation entre lui, Roslin et Tyrol. Mais son personnage a largement été sous-utilisé cette saison, je ne sais pour quelle raison.
L’épisode prochain, Ron nous promet un retour à la mythologie. J’ai peur : Starbuck semble en être au centre...
[1] D’ailleurs, ça ferait pas un super sujet d’épisode, la nouvelle économie ? Non ? Ah bon...