Maelstrom: Le Grand Pouvoir du Scrapbook
Donc... La grande destinée de Starbuck était de se suicider ? Ça c’est de la destinée, punaise. Ça ne sent pas du tout le foutage de gueule.
Si au moins, sa mort avait servi à quelque chose... Sauver la flotte, sauver Adama, sauver Anders, je sais pas, enfin un truc un tantinet important ? Ils ont voulu faire quoi exactement, choquer les spectateurs en tuant un personnage principal pour RIEN ? Ah ça c’est sûr, on ne le voit pas tous les jours à la télé.
Parce que oui, elle est morte pour rien, et si les scénaristes la font revenir d’ici la fin de la saison sous une forme ou sous une autre, j’aurais vraiment l’impression d’avoir été manipulée, et je déteste ça.
Que ce soit clair, si elle revient en cylon, en humon (sa mère aurait bien pu fricoter avec des cylons sans le savoir), si elle s’est éjectée et qu’elle est recueillie par je ne sais qui, si elle revient en fantôme, je hurlerai au scandale, à l’arnaque, et plus jamais BSG n’aura de reviews sur ce site. Parce que finir l’épisode comme ils l’ont fini, en laissant l’impression que Kara était vraiment morte, tout en penseant la faire revenir plus tard, c’est simplement malhonnête et digne d’un Smallville. Ou d’un très mauvais soap.
Donc, de deux choses l’une : soit Kara est vraiment morte et cette mort est la plus ridicule, la plus inutile de l’histoire de la série, soit elle n’est pas morte et alors Ron D. Moore et David Eick sont les deux plus grands manipulateurs et brasseurs de vide de l’histoire de la télé, loin devant les branquignolles de Lost. Et je pèse mes mots.
Quand bien même, si elle voulait se suicider, il y avait tant de manières de rendre cette mort émotionnelle... Dans Carnivàle par exemple (ATTENTION SPOILER), à la fin de la première saison, Ben veut échapper à sa destinée (et lui, sa destinée, c’était pas de dessiner des omelettes). Il fait alors une horrible tentative de suicide (il s’ouvre la carotide). Ben est un personnage aussi frakked-up que Starbuck, voire plus, et tous les deux partagent une enfance difficile auprès d’une mère abusive. La scène de son suicide est tellement émouvante qu’elle reste très longtemps en mémoire, et pas seulement pour son côté violent. Même s’il s’en sort (destinée oblige), ce geste représentait sa dernière possibilité d’exercer sa liberté. C’était tragique, c’était désespéré, et c’était inoubliable. La mort de Kara est tout le contraire. Elle meurt en poursuivant un Raider invisible. Elle meurt en voyant Leoben (ou Dieu, ou n’importe quoi, m’en fous) et surtout, sortez les mouchoirs, elle meurt en pardonnant à sa môman.
Le pardon à la mère... L’autre foutage de gueule de l’épisode... Il faut le voir pour le croire !
Starbuck a la possibilité de vivre les derniers instants de sa mère. Alors qu’elle avait fui cette mère abusive et qu’elle n’était jamais revenue, même pas pour sa mort, Leoben (ou Michael Landon dans Les Routes du Paradis, pour ce que ça change) lui montre à quoi aurait pu ressembler cet adieu. De mon point de vue, ces derniers moments sont incroyablement plats. En plus, la mère de Starbuck, celle qui la battait, la maltraitait mentalement et physiquement, trouve une certaine rédemption pour ses actes parce qu’elle a concocté à sa fille un SCRAPBOOK. Oui, un scrapbook. Ces horribles "albums photos souvenirs", ces trucs inventés par les compagnie comme Staples pour faire dépenser des fortunes aux femmes d’intérieur manquant de hobby. Non seulement ce scrapbook ne ressemble à rien (oh, Kara avait un jolie bouille et elle dessinait des princesses et des omelettes quand elle était petite, OOOOOOOOOOOHHHH c’est trop mignon), mais en plus, quel procédé facile pour réunir la fille et la mère... Regarde, je t’ai battue, mais c’est pour ton bien, c’est parce que tu es destinée à de grandes choses ! Pour le coup, la relation entre Meredith et sa mère dans les récents épisodes de Grey’s Anatomy (sauf le tout dernier) était bien plus originale que ce tour facile, cette espèce de fraude.
En gros, ce n’est pas grave si sa mère a été abusive, puisqu’elle a fait ça en sachant que sa fille avait une DESTINEE, et que pendant toutes ces années, elle a réussi à collectionner deux dessins et trois photos qu’elle a collé dans un SCRAPBOOK ! Si encore elle l’avait battue parce qu’elle était simplement dérangée et incapable d’élever sa fille, j’aurais pu trouver de l’émotion là où il n’y avait que du vide, mais non, elle l’a battue pour en faire une guerrière digne de remplir son destin. Au fond, elle l’aimait sa fille. Elle faisait ça pour son bien... Give me a break.
Pour moi, la mère de Starbuck était simplement folle, et sa fille a du porter le poids de cette folie toute sa vie. L’histoire de destinée était absolument en trop. Sans elle, j’aurais peut-être pu de nouveau m’intéresser au personnage de Kara, la voir pour ce qu’elle était : "endommagée", blessée au plus profond d’elle, mais déterminée à devenir meilleure que sa mère, et en gros, à arrêter ses conneries.
J’y ai presque cru, quand on a enfin eu une jolie scène de conclusion de l’histoire toute naze du Carré Maudit. Kara semblait avoir retrouver ses forces, elle semblait en paix avec ses (mauvais) choix. C’était une première et ça faisait du bien à voir. Enfin, elle allait pouvoir passer à autre chose. Et nous aussi !
Mais non, je n’ai fait que rêver toute éveillée (presque littéralement : il a fallu que je vois l’épisode en deux fois, parce que lors du premier visionnage, Morphée a été plus fort que Kara), puisque non seulement on n’a pas le temps de passer à autre chose, mais en plus, Starbuck meurt de la façon la plus stupide et la plus mal écrite possible.
Bon... Je n’ai pas envie de ne dire que du mal de cet épisode. Les effets spéciaux sont spectaculaires (sauf l’explosion finale, qui m’a fait penser à un 14 juillet), la mère de Starbuck fait un boulot exceptionnel, et la scène de flash-back entre elles deux est très belle ; elles arrivent à dégager une énergie palpable, un amour-haine qui prend plutôt bien.
Pour une fois, Katee Sackhoff ne surjoue pas, elle retient ses mimiques habituelles et je l’ai trouvée vraiment à la hauteur de son personnage. Dommage que le reste ne suive pas.
Edward James Olmos a presque failli m’arracher une larme à la fin, mais ce n’est vraiment pas à cause de la mort de Starbuck, c’est plutôt que l’acteur est excellent.
La scène d’ouverture avec le rêve érotique de Starbuck aurait pu trouver sa place dans Men In Trees : comprenez, IT WAS HOT. Hot hot hot.
Voilà pour les points positifs. Je sais, ça fait pas énorme sur un épisode censé être aussi important dans la série... Et c’est bien ça le plus triste.