Comme vous avez pu le comprendre, l’introduction de cet article a été « sponsorisée » par Netflix dans le cadre de l’opération « Ju et la rédaction de pErDUSA ne voient aucun problèmes déontologiques à accepter des pots de vin *clin d’œil appuyé* ».
La critique peut désormais reprendre son cours normal.
Merci de votre compréhension.
De toutes les séries disponibles sur Netflix (donc pas House of Cards), celle qui nous intéresse aujourd’hui est aussi la plus récente, Bloodline. Oui, j’oublie un instant Daredevil pour éviter de me rappeler que je ne suis pas en train de la regarder. Parce qu’il fallait absolument que je parle de Bloodline.
Apparemment.
Qu’est-ce que c’est ?
Bloodline est la dernière (chut !) série originale proposée par Netflix.
Elle a été créée dans le but de répondre à une question que personne ne se posait, à savoir : qu’est-ce qui se passerait si on laissait une liberté absolue aux auteurs de Damages ? Mais si, vous savez, Damages ! La série avec les rebondissements énormes et systématiques, les sauts dans le temps trompeurs, et les résolutions d’intrigues à la fois peu satisfaisantes et limite insultantes ! Damages, quoi !
Todd A. Kessler, Glenn Kessler et Daniel Zelman, les trois auteurs responsables de ce naufrage sont donc de retour à la presque télé. Et ils sont là pour la durée : Bloodline a déjà été renouvelée pour une saison 2.
(Ce qui m’inspire une seule réaction, que je vous livrerai seulement dans la partie spoilerisante, en toute fin de critique.)
De quoi ça parle ?
Le premier épisode démarre alors que tous les membres de la famille Rayburn s’apprêtent à rejoindre l’hôtel familial dans les Keys en Floride pour célébrer leurs parents. Ils font la fête, ils picolent (si vous voulez mon avis ils passent la saison entière à picoler, en fait), on apprend doucement à connaitre les quatre frères et sœurs.
En plus des vieux parents Rayburn, il y a donc John (the Brain), Kevin (the Muscle), Meg (the Looks ou the Useless Chick, au choix) et Danny (the Wild Card, bitches). Ils ne s’entendent pas tous très bien.
Tout au long de l’épisode, il y a aussi des sauts dans le temps en avant très mystérieux.
Et à la fin, il y a un REBONDISSEMENT énorme qui lance toute la saison !
(J’ai l’air de me moquer, mais il est chouette.)
Il y a un générique ?
Oui, mais ils ne se sont vraiment pas foulés.
C’est un coucher de soleil (ou un lever de soleil ? Je l’ai vu treize fois en deux semaines et je suis incapable de vous le dire.) avec une chouette musique bien douce, où on voit doucement les noms des acteurs défiler. Puis des ombres pleines de sous-entendus apparaissent avec le titre de la série.
Il est nase.
C’est avec qui ?
La méthodologie Damages fonctionne toujours, en parfaite harmonie avec la machine marketing Netflix, puisque la distribution de Bloodline est remplie d’excellents acteurs.
Kyle Chandler (Coach Eric Taylor !) est donc John, Ben Mendelsohn (que je ne connaissais pas mais qui est vraiment excellent et, en fait, le premier rôle de la série) est Danny, Sissy Spacek est la mère, et Linda Cardelini (Urgences), la sœur, Meg.
Il y a aussi tout un tas de seconds rôles très doués, comme Chloé Sévigny, Katie Finneran ou encore Mia Kirshner.
C’est une série propice au visionnage glouton ?
C’est la question la plus importante à se poser quand on parle des séries Netflix qui, et c’est important de continuer à la souligner, se fout du monde avec leur mode de diffusion à la con. Bref.
Petit rappel, pour les séries précédentes Netflix, la réponse à cette question était :
La saison 4 de The Killing : oui.
Orange is the New Black : non, trop dense.
La saison 4 d’Arrested Development : non, trop indigeste.
Unbreakable Kimmy Schmidt : vous avez plus de volonté que moi si vous n’avez pas tout regardé d’un seul coup.
Marco Polo : LOL.
House of Cards : ne passe pas sur Netflix.
Daredevil : chut !
Pour Bloodline, la réponse est non. Parce que c’est lent. Oh, oui, c’est lent. Et ça manque terriblement d’humour. Et c’est très répétitif. Et...
Et sans spoiler, c’est bien ?
C’est très difficile de parler de Bloodline sans spoiler, car en regardant le premier épisode, on n’a pas la moindre idée du genre de série dans laquelle on s’est lancé. Il faut attendre la dernière minute du premier épisode et son rebondissement très chouette pour en avoir une meilleure idée.
En attendant, pendant plus de cinquante minutes, on regarde une riche famille faire la fête. Ce qui n’est pas désagréable mais, bon, on n’a peut-être pas que ça à foutre.
Sans aucun spoiler, on peut dire que les acteurs sont excellents. On le savait déjà pour Kyle Chandler, et c’est toujours le cas ici où il a l’occasion de briller à plusieurs reprises, et notamment en fin de saison. Mais je le répète, la star absolue de la série est Ben Mendelsohn dans le rôle de Danny, le paria de la famille Rayburn, et le principal « antagoniste » de Bloodline.
Il est tout simplement fascinant du début à la fin de la saison, offrant à Danny une profondeur qui n’était pas forcément présente sur le papier. Même si son personnage est un beau connard, même quand il fait les pires saloperies à sa famille (je caricature légèrement, car l’écriture est plus intelligente et nuancée que ça) il est vraiment difficile de ne pas l’apprécier et de ne pas trouver une part de raison à ses actions. Il est une très belle découverte, et la principale raison d’aller au bout des treize épisodes.
Mendelsohn, donc, et l’envie de découvrir le fin mot de l’histoire. Car si Bloodline est avant tout un drame familiale s’attardant principalement sur les conséquences du retour de Danny dans la vie de sa famille, la série met aussi un mystère au cœur du récit.
Ce mystère est introduit au moyen de sauts en avant (des flashforwards, ou pour parler français, des prolepses), qui comme dans Damages nous annoncent que quelque chose de terrible va se passer. Un jour. Avec un peu de chance avant la fin de la saison.
Je n’aime pas trop ce procédé en général. Et je ne suis pas sûr qu’il soit entièrement utile ici. Mon problème, c’est que si la prolepse fonctionne parfaitement dans le premier épisode pour mettre en place l’intrigue (je ne suis pas sûr que j’aurais continué sans), les suivantes apparaissent comme beaucoup moins utiles.
A la défense de la série, elle n’en abuse pas, le procédé apparaissant dans moins de la moitié des épisodes. Mais vraiment, seule la toute première est justifiée, les autres laissant un arrière goût de foutage de gueule une fois la résolution connue (celle du deuxième épisode, centrée sur Kevin, est particulièrement trompeuse). Le fait est que le procédé fait un peu gadget, et rappelle trop les mauvais côtés de Damages, appauvrissant le tout.
Et c’est sans parler du fait qu’il entraine une certaine impatience du côté du téléspectateur, et une curiosité qui ne sera satisfaite que bien plus tard dans la saison.
C’est pour ces raisons, pour cette lenteur, et malgré cette histoire pas inintéressante et ces excellents acteurs, que je ne peux pas entièrement vous conseiller de regarder Bloodline. J’arrive à me convaincre que je me suis tapé les treize épisodes pour vous en parler ici, mais sans cette justification, je ne suis pas sûr que vous arriverez à vous persuader de ne pas avoir perdu votre temps.
Et avec de gros spoilers, autre chose à ajouter ?
Puisque j’ai vu la saison entière, autant en parler.
Fuyez, si vous voulez préserver quelques surprises.
C’est bon ?
Je ne vois pas du tout l’intérêt d’avoir commandé une deuxième saison de Bloodline. Les treize épisodes de la saison 1 forment une histoire complète, et je vois très mal comment continuer la série sans le personnage qui fait tout son intérêt.
Si c’est pour se taper une saison entière avec le fantôme de Danny qui hante sa famille pendant qu’ils essaient d’accueillir chaleureusement son fils caché (qui va poser des problèmes, il a des piercings !), je ne suis pas sûr de vouloir être de la partie.
Ben Mendelsohn était vraiment la principale attraction de cette première saison, et si j’applaudis le fait d’avoir réellement tué son personnage, je ne pense pas que la série puisse exister sans lui. Vraiment pas.
A part ça, même si la justification de la voix-off qu’on entend toute la saison était débile, même si la prolepse autour du flingue et de Kevin ne servait strictement à rien (à part lancer de fausses pistes), la conclusion du mystère était plutôt réussie. Voir John tuer son frère de rage était assez fort (toutes les scènes entre Mendelsohn et Chandler sans exception étaient d’ailleurs très réussies), et justifié (même si j’ai trouvé le parallèle entre la mort de Sarah et le pseudo enlèvement de Jeannie, à l’origine de la dispute, assez peu intéressant).
C’est déjà pas mal.
Et c’était quand même mieux qu’un simple « Damages à la Plage ».