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Breaking Bad - Retour sur le dernier épisode de Breaking Bad avant la saison 6

Gliding Over All: La Série des Chauves et des Montages Musicaux

Par Ju, le 4 septembre 2012
Par Ju
Publié le
4 septembre 2012
Saison 5
Episode 8
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Cela devait obligatoirement se finir comme ça, non ? Après avoir passé huit épisodes à se demander comment la saison 5 de Breaking Bad, plus courte, avait été construite, et si elle allait s’achever sur une grosse montée en puissance ou sur une simple coupure dans la narration, la réponse est enfin arrivée : les deux.

Mais avant de commencer à compter ensemble les jours qui nous séparent du début de la saison 6, avant de revenir sur celle qui vient de se terminer, et avant même de vous donner mon avis sur ce final, j’ai bien envie de commencer cette critique avec un procédé que j’apprécie beaucoup, mais apparemment pas autant que Vince Gilligan et ses scénaristes.

On va commencer par un montage musical.

Résumé rapide à 8 épisodes de la fin de la série, à lire en regardant le soleil se coucher, puis se lever, puis se coucher, et en écoutant le vieux tube de votre choix

Cette semaine, dans Breaking Bad, Walt a toujours tué Mike parce qu’il n’avait pas été gentil avec lui, Walt monte un nouveau business avec Lydia, Walter Junior ne sert à rien, Skyler fait la gueule et compte l’argent, Marie truc violet chose, Walt fait assassiner dix personnes en deux minutes pendant un montage bercé par une musique ironiquement joyeuse, Hank nous raconte sa jeunesse, Jesse n’est pas là, Walt récolte des dizaines de millions de dollars pendant un deuxième montage bercé par une musique ironiquement douce, Jesse est là, Jesse n’est plus là, Walt a peut-être un cancer, Walt arrête tout, et Hank comprend enfin que Walt est Heisenberg.

Fin de saison. Ou de mi-saison. Début de la saison 6 ? Peu importe.

You got me !

Un peu facile ? Oui et non.

Je passe rapidement sur l’utilisation du flashback, un peu surprenante dans Breaking Bad mais qui vaut le coup rien que pour la dernière réplique de Walt. J’ai aussi envie de passer rapidement sur la façon dont Hank découvre la vérité, car je pense qu’elle n’a pas la moindre importance. Avec la quantité d’indices semés tout au long de l’année par un Walt aveuglé par son sentiment de supériorité, et avec tous les autres indices qu’Hank refuse de voir depuis plusieurs saisons, la vérité aurait pu éclater à n’importe quel moment.

Il lui fallait juste un élément déclencheur, cet élément aurait sans doute pu être quelque chose de plus glorieux ou de plus malin qu’une dédicace de Gale que Walt a laissé trainer dans ses toilettes, mais en fait, ce que je décide de retenir de tout ça, c’est que Vince Gilligan a choisi le moment idéal pour jouer cette carte.
Tout dans ce final nous amène vers cette conclusion. On y assiste à l’ascension très rapide de Walt, il obtient tout ce qu’il a toujours voulu (ou, au moins ce qu’il veut depuis deux semaines) : beaucoup d’argent, un empire, des affaires qui fonctionnent sans le moindre accro. Mais ce n’est pas suffisant et il arrête.
Au moment où Walt a obtenu ce qu’il désirait, au moment où il cesse ses activités (et je n’ai aucune raison de croire qu’il ment à Skyler), au moment où il n’est plus en danger et que son plus gros souci est de n’avoir jamais eu l’occasion d’empoisonner qui que ce soit avec sa fiole de ricine, c’était évidemment là que Hank devait découvrir la vérité.

Et, du coup, je n’ai pas la moindre idée de ce que la saison 6 va bien pouvoir raconter.

Car oui, cette fin est encore assez ouverte. On nous a bien fait comprendre, plusieurs fois au cours de la saison, qu’il ne serait pas forcément très simple pour Hank d’agir dans l’éventualité où il découvrait la véritable identité d’Heisenberg.
Non seulement il doit être absolument sûr de lui (ce qui semble fait), mais en plus il doit apporter des preuves (plus dur maintenant que Walt s’est rangé), et risquer au passage de détruire complètement sa carrière et sa vie en arrêtant son beau-frère, celui-là même qui a payé ses frais d’hôpitaux avec l’argent de la drogue.

Donc non, je ne sais pas trop où on va, ni de quelle façon.
Et c’est une excellente nouvelle.

Bilan de la Saison 5

Ce côté imprévisible, c’est d’ailleurs ce qui a fait, pour moi, tout l’intérêt de cette cinquième saison, et c’est ce qui la rend bien plus réussie qu’une saison 4 sur laquelle j’émettais de sérieuses réserves.

En effet, là où la saison 4 téléphonait dès son premier épisode qu’elle s’achèverait sur la confrontation finale entre Gus et Walt (et, par extension, sur la victoire de Walt), ici je n’avais pas la moindre idée de vers quoi on allait.
Ce sentiment a été encore plus renforcé par l’annonce de la fin de la série, et le fait de savoir qu’il ne restait plus qu’un tout petit nombre d’épisodes. En conséquence, chacun d’entre eux a bénéficié d’une tension qui n’aurait pas été aussi forte dans une saison classique. Tout avait de l’importance, et n’importe quelle mission de la semaine donnait l’impression de pouvoir dégénérer à tout moment et de nous lancer une bonne fois pour toute vers la fin de la série. Oui, exactement comme pendant le braquage du train.

C’est d’ailleurs pour cette raison que je trouve curieuse la décision d’avoir commencé la saison avec ce bond en avant vers le prochain anniversaire de Walt, seul, avec des cheveux et une énorme mitraillette. Et encore plus maintenant qu’on sait qu’ils n’y sont pas revenus une seule fois cette année.
A mon sens, c’était inutile parce qu’on se doutait déjà beaucoup que tout finirait mal pour Walt. Pourquoi, alors, prendre la peine de nous montrer ça, et surtout à ce moment-là ? Je ne sais vraiment pas ce qui a motivé ce choix, ni pourquoi ils n’ont pas gardé la même scène en guise d’ouverture de la saison 6, par exemple, mais je doute que la suite apporte une raison plus satisfaisante que « Vince Gilligan pensait que ça serait cool ».

Mais passons.

L’autre point très positif que j’ai trouvé à cette saison 5, c’est son rythme. Les cinq premiers épisodes avancent à une vitesse qui m’a semblé bien plus soutenue que celle des saisons précédentes. Ils mettent en route l’association Walt / Mike / Jesse de façon efficace et très agréable à suivre. Je n’avais pas l’impression de perdre mon temps, et au contraire tout donnait le sentiment de mettre en place une nouvelle ère de la série, avec de nouveaux décors, de nouveaux personnages, de nouveaux problèmes... avant que tout s’arrête brusquement avec le meurtre d’un enfant.
C’est à ce moment précis, impeccable en lui-même, que j’ai trouvé que la saison a un peu perdu son rythme, avec trois derniers épisodes sans doute trop rapides et trop condensés. Et bizarrement, j’en suis même devenu un peu triste de ne pas passer plus de temps avec les personnages secondaires. Saul est quasiment absent, Walter Junior n’existe plus, et même Jesse était trop en retrait.

Car plus que jamais, c’était la saison de Walt. Et juste de Walt.
De Walt et de son chapeau. De Walt qui se sent invincible et à qui tout réussi. De Walt qui lance réplique grandiloquente sur réplique grandiloquente sur réplique grandiloquente... au bout d’un moment, c’est comme pour les montages musicaux, ça commence à faire beaucoup... mais comme ça fonctionne toujours un peu, c’est difficile de s’en plaindre.
A force d’inventivité (le braquage de train !), d’orgueil (« Say my name »), et de violence (le mec est BRÛLÉ VIF DANS SA CELLULE !), Walt termine sa saison au sommet, à la retraite, et souffrant peut-être à nouveau d’un cancer. Son arc à lui aura au moins eu la chance d’être bien traité, si ce n’est de façon un peu rapide et un peu facile. Reste à espérer que la saison 6 de Breaking Bad, la toute dernière, l’an prochain, sera aussi généreuse avec ses autres personnages.

Et qu’elle lève le pied sur les montages musicaux.

Ju