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Cagney & Lacey - Bilan de la première saison de la série Cagney & Lacey

Bilan de la Saison 1: Such Nasty Women

Par Jéjé, le 13 février 2017
Par Jéjé
Publié le
13 février 2017
Saison 1
Episode 6
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Voilà quelques mois que je suis occupé avec la découverte d’une série dont je me souvenais vaguement avoir vu quelques épisodes dans les années 1990 à la télévision française (sans y attacher un quelconque intérêt à l’époque) et qui est désormais devenu pour moi une révélation quasiment au même niveau que le Mary Tyler Moore Show, j’ai nommé Cagney & Lacey.

Si les deux séries ont un lien plus qu’évident, la représentation positive de femmes dans des rôles sociaux inhabituels pour leur époque, elles n’occupent pas la même place dans l’histoire des séries US.
Le Mary Tyler Moore est devenu un mythe populaire et critique.
Cagney & Lacey, arrivée une décennie plus tard en 1981, n’a pas laissé, elle, une impression aussi marquante.
Chez les chroniqueurs qui mentionnent la série dans leurs recueils, on se situe chez à peu près tout le monde au niveau de l’intérêt poli, un intérêt lié à l’originalité de son concept initial (c’est la première fiction - télé ou cinéma - mettant en scène aux États-Unis deux femmes policières), à ses conditions de production chaotiques et aux sujets polémiques que certains de ses épisodes ont pu aborder.
Sur les 11 pages qui lui sont consacré dans Television’s Second Golden Age, Robert J. Thompson ne s’intéresse à la série elle-même, ce qu’elle raconte et la façon dont elle le raconte, que sur les trois dernières pages. Le reste du texte se focalise sur les moyens qu’a mis en oeuvre Barney Rosenzweig, son showrunner et executive producer sur les sept saisons, pour parvenir à mettre la série à l’antenne et la sauver deux fois de l’annulation décidée par CBS qui la diffusait.
Dans TV, the Book, Cagney & Lacey arrive 84ème des 100 Greatest Shows Ever (ce qui n’est pas si mal, je le concède), mais dans son texte, Matt Zoller Seitz n’aborde que l’aspect précurseur de son concept et ne mentionne qu’un seul épisode, 5.06 - The Clinic, construit autour de l’incendie d’une clinique où des avortements sont pratiqués, et qui est malheureusement l’un des épisodes les plus faibles de cette saison là, pourtant à l’apogée de sa créativité.
Et pas de dossier dans Génération Séries [1].

Mais Cagney & Lacey, c’est bien plus que le premier « buddy movie [2] » féminin américain, c’est le portrait de deux femmes de plus de 35 ans qui travaillent ensemble, l’une, mariée et mère de famille (Mary Beth Lacey), l’autre, souvent célibataire et sans enfant (Mary Beth Lacey), et de leur relation sur une dizaine d’années dans une société et dans un milieu professionnel qui, s’ils ont pris conscience que les femmes recherchaient plus d’égalité, restent profondément ancrés dans leurs traditions patriarcales.
Pour Barney Rosenzweig, la meilleure définition de la série vient de Barbara Corday, co-scénariste du pilote et consultante sur la série sur les premiers temps : « c’est une série sur deux femmes qui sont policières, et pas sur deux policiers qui sont des femmes. [3] ». Il faudrait rajouter, à mon sens, que c’est une série dont les personnages ont été créés par deux femmes (Barbara Corday et sa co-auteure Barbara Avedon), dont les épisodes ont régulièrement été écrits par des femmes (55 épisodes ont au moins une femme scénariste) et dont le showrunner est un allié du féminisme [4]

Le fait que les textes consacrés à la série se focalisent sur les conditions de production n’est pas anodin. À l’image de la société dépeinte dans Cagney & Lacey (et qui se veut une représentation crédible de la société contemporaine et urbaine de l’époque), le milieu de la télévision est confronté aux mêmes réticences concernant l’évolution des rôles et de l’image des femmes en son sein. Parvenir à mettre et à garder à l’antenne pendant plusieurs années une telle série est un exploit en soi ; il s’agit d’une « croisade » [5] dont les coulisses constituent un récit passionnant et édifiant en lui-même [6]. Il paraît ainsi difficile et assez vain d’évoquer ce qui est à l’écran sans aborder le contexte de production. Par exemple, le fait que trois actrices différentes aient interprété Chris Cagney a eu des conséquences indéniables sur le fond.
Pourtant, il me semble essentiel d’accorder une grande importance à ce qui est dit et montré. Si l’existence même de la série est une prouesse, ce qu’elle raconte n’est pas une simple émanation de ce qui s’est passé en coulisses et son intérêt ne se réduit pas à ses seules valeurs historiques ou militantes.
Cagney & Lacey est avant tout une grande série parce qu’elle réussit à faire vivre deux personnages complexes et attachants dans un univers très particulier mais dont les résonances sont universelles.

Ses débuts ne constituent pas ce que l’on pourrait appeler « une réussite absolue ». J’ai cependant énormément d’affection pour ces sept premiers épisodes dont le temps (avec l’aide des sociétés d’éditions de DVD) est presque parvenu à faire oublier leur existence.
 [7]

Le pilote de 90 minutes, pourtant écrit comme un téléfilm unitaire, pose avec clarté les bases de la relation entre les deux personnages principaux. Cagney et Lacey sont plus que deux collègues liées par leur genre, ce sont deux amies qui, malgré leurs vies différentes, se font entièrement confiance et se soutiennent. Dans la première scène, Lacey évoque les récentes pannes sexuelles de son mari qu’elle associe à un sentiment d’infériorité dans leur couple de sa part à lui, au chômage depuis quelques temps, tandis que Cagney lui fait part de son appétit sexuel qu’elle ne peut assouvir qu’en multipliant les conquêtes.
Par cette conversation et par le fait qu’elles sont des policières en uniformes, elles montrent que la libération sexuelle est de nature à atteindre toutes les couches de la société et n’est pas réservée à des classes privilégiées pour lesquelles les règles sociales communes s’appliqueraient différemment, dont faisaient partie Mary Richards (la journaliste vivant dans les quartiers chics du Minneapolis du Mary Tyler Moore Show) et Maude Finley (la cousine bourgeoise et oisive d’une banlieue huppée de Archie Bunker).
La suite de l’épisode les place dans un univers professionnel qui ne voit pas d’un bon oeil la recherche d’émancipation et d’égalité de traitement des femmes.
Les deux policières, suite à un joli coup de filet dans le milieu des trafiquants de drogues, se voient promues détectives au sein d’une brigade de Manhattan. Elles font face à un accueil de leur collègues masculins qui oscille entre la bienveillance paternaliste et l’hostilité machiste. Elles se retrouvent au «  Johns detail », des opérations qui consistent à piéger les clients de prostituées en travaillant sous couverture (et donc en tenue adéquate).

L’opposition de leurs réactions à ces situations va constituer un autre pilier de la formule de la série : Lacey va tenter de s’adapter à sa tâche et donner une image positive d’une femme au travail avec l’espoir que la qualité de son travail sera reconnu, Cagney va s’offusquer et demander activement à être traitée comme le serait un homme, quitte à déborder des limites du règlement pour parvenir à ses fins. Cette source permanente de conflits entre les deux femmes (dans l’épisode suivant, le 1.01 - Bang, Bang, You’re Dead, Lacey reproche à Cagney de jouer en solo et cette dernière reconnaît sa volonté d’être une « star » au sein de la brigade) sera souvent désamorcés par leur façon commune de pointer et déjouer les remarques sexistes auxquelles elles sont confrontées [8].

Si j’aime tellement ces premiers épisodes, c’est que les situations sexistes des épisodes proviennent de leur environnement professionnel le plus proche. Cette particularité se retrouve même dans le générique, très sombre, qui dans sa première moitié récapitule leur promotion et leur affectation à des tâches qui ne sont pas à la hauteur de leur qualifications.
Il était évident qu’il n’était pas tenable sur la longueur de n’avoir que des personnages secondaires récurrents négatifs et que les attaques frontales au commissariat auraient été assez vite lassantes. L’ensemble des collègues, à commencer par leur lieutenant, évolue assez rapidement, à l’exception de Viktor Isbecky, l’homme à femmes de la brigade, tout comme l’expression du sexisme qui prend des formes plus insidieuses. L’épisode 1.04 - Street Scene voit Petrie (un jeune Carl Lumbly), leur collègue le plus progressiste, ne pas les inviter à une soirée chez lui où le reste de la brigade se retrouve pour ne pas alimenter les insécurités et la jalousie de leurs conjointes, la plupart femmes au foyer [9].

Enfin, le pilote met en place les (indispensables) scènes domestiques dans lesquelles les deux femmes se confrontent aux conséquences dans leur vie personnelle de leurs choix en matière professionnelle. C’est dans ce cadre que l’on trouve la plus belle scène de l’épisode et plus généralement les scènes les plus fortes de la série. Ici, Lacey s’énerve de devoir expliquer à son mari qu’elle ne le voit pas comme un homme diminué même s’il ne travaille plus dans la construction. Elle ne peut cependant pas aller au bout de son discours sans que les larmes ne lui montent aux yeux.
Son mari, impressionné, coupe cours à la dispute.
Elle se met alors à crier ne supportant que les larmes qu’elle ne parvient pas à contrôler donnent d’elle l’image d’une femme faible alors qu’elle n’est qu’en colère.
Celles de Cagney n’ont que peu d’importance dans ce pilote mais seront très rapidement un contrepoint passionnant à la vie familiale de Lacey grâce à une relation complexe avec son père (qui apparaît pour la première dans le 1.02 -Pop Used to Work Chinatown) et celles que peut entretenir avec les hommes qui gravitent autour d’elle. Il faut dire que Loretta Swift (Lèvres en feu de la série M*A*S*H*) n’a pas la gravité de Meg Foster qui la remplace dès l’épisode suivant. Si Barney Rosenzweig avait en tête Sharon Gless au début du projet, cette dernière était parvenu à créer une Chris Cagney passionnante en l’espace de six épisodes. Malheureusement, l’intensité, voire la dureté, du personnage dans cette saison, ses tenues hors des codes de la féminité stéréotypée et quelques répliques mal comprises (« Don’t tell me this is a straight place », assène-t-elle à une homme trop entreprenant dans un bar) scellèrent le remplacement de l’actrice (perçue comme « trop lesbienne ») qui devint une condition impérative des exécutifs de CBS pour commander une nouvelle saison de 22 épisodes.

L’intrigue policière est la seule chose que rate, et dans les grandes largeurs, ce pilote. Ses rebondissements ne sont pas bien clairs, la résolution assez abrupte et l’épisode manque de rythme dès qu’il s’y approche. Les six épisodes suivants ne s’en sortent pas mieux et quand l’un d’entre eux (1-05 - Suffer the Children) est construit principalement autour d’une enquête, il se révèle le plus daté et le moins abouti de toute cette période. Les scénaristes et réalisateurs ont en plus une fâcheuse tendance à placer dans chaque fin d’épisode une course poursuite à pied aussi interminable qu’inutile (qui peut parfois durer pendant plus de deux minutes). Il en ressort quand même un intérêt pour les intrigues illustrant des problèmes sociaux contemporains et la volonté de dépasser la recherche basique d’un coupable après avoir éliminer un à un différents suspects.

J’y pense de moins en moins (les saisons 4 et 5 frôlant la perfection), mais au cours de la saison suivante, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’aurait pu donner la série si elle avait poursuivi avec la Chris Cagney mal-aimable et fascinante de Meg Foster.

Bilan des épisodes

1-00 - 08/Oct/81 - Pilot (Barbara Avedon and Barbara Corday) B
C&L rejoignent en tant que détectives une brigade de Manhattan jusqu’alors exclusivement masculine.

Ce pilote vendu à CBS en tant que téléfilm unitaire (Loretta Swift, sous contrat sur MASH, ne pourra pas revenir dans le rôle de Cagney dans les épisodes suivants) met cependant en place la quasi totalité des éléments de la formule et définit l’âme de la série à venir.
Barney Rosenberg raconte dans son livre que Ted Post, le réalisateur, fut incapable d’appréhender l’essence du script de Corday et Avedon. Il raconte que pour l’y aider, il lui proposa d’en discuter pendant un après-midi entier avec les deux femmes et que la seule chose dont il retira de leurs échanges fut une « meilleure compréhension des motivations du criminel, un homme » [10]. Après un tournage lors de la grève des scénaristes de 1981 (les deux femmes ne peuvent alors intervenir lors de cette phase) et une première version désastreuse [11], Rosensweig du remonter tout le film pour sauver l’esprit du projet.
Avec un joli succès.

1.01 - 25/Mar/82 - Bang, Bang, You’re Dead (Barbara Avedon and Barbara Corday) B
C&L enquêtent sous couverture sur une série de meurtres de prostituées.

L’épisode reprend pas mal d’éléments du pilote (une intrigue policière dans le même milieu, des réactions très négatives des hommes de la brigade à la présence de collègues femmes…).
La dynamique entre les deux personnages principaux est savoureuse et compense une enquête à la conclusion brouillonne.
On trouve dans cet épisode l’échange entre Cagney et Lacey le plus drôle et le plus agressif envers leurs collègues aux propos sexistes :

Cagney : Mary Beth, that was a delicious stew that you made last night.
Lacey : Thanks.
Cagney : Could you give me the receipe ?
Lacey : Oh sure. First you’ve got to buy a pig.
Cagney : A pig ? I didn’t know that you could buy a pig in this town.
Lacey : You could buy a pig almost anywhere in this town. But you don’t want an old pig, you know. Or a fat pig. You want a nice succulent firm young pig.
Lieutenant Samuels : Hold it !

1.02 - 01/Apr/82 - Pop Used to Work Chinatown (Brian McKay) C+
C&L enquêtent sur des braquages de banques commis par un gang de Chinatown.

L’enquête, pas franchement passionnante, se révèle un simple prétexte pour présenter le personnage du père de Cagney et introduire une relation père-fille importante dans la série.
Deux personnages masculins ont une évolution positive : Harvey, le mari de Lacey, gagne en maturité (il apparaissait vraiment comme un type insupportable dans le pilote) tandis que le lieutenant Samuels commence à apprécier les deux nouvelles recrues.

1.03 - 08/Apr/82 - Beyond the Golden Door (Marshall Goldberg) B+
C&L enquêtent sur la disparition de la soeur d’une jeune femme hispanique sans papiers.

Une enquête beaucoup plus intéressante que celles proposées jusque là qui explore le milieu des immigrés clandestins et des passeurs tout en navigant entre les querelles entre la police et le FBI.
On découvre que la série n’est pas un pur procedural, puisque des éléments de continuité entre les épisodes sont introduits : Cagney mentionne de son père et de sa volonté de fréquenter une autre femme et l’on retrouve un petit voisin des Lacey dont on avait vu qu’il avait un pigeon dans l’épisode précédent et qui revient à ce propos pour demander à Harvey de le sauver.

1.04 - 15/Apr/82 - Street Scene (Claudia Adams) B+
Un vieil homme abat de la fenêtre de son appartement le membre d’un gang qui faisait du bruit.

Un épisode formidable malgré une course poursuite à pied interminable dans le dernier acte, qui s’intéresse, dans sa partie policière, aux inégalités causées par un système judiciaire discriminant, et, dans sa partie « domestique », aux réactions des femmes aux foyers à la présence de femmes dans l’équipe professionnelle de leurs maris.
L’épisode montre habilement que leur gène n’est pas uniquement liée à la peur de l’existence d’une attraction sexuelle entre collègues mais également, et surtout, au fait que leur mari s’adressent à ces deux femmes comme à des égales et abordent avec elles des sujets sérieux.

1.05 - 22/Apr/82 - Suffer the Children (Paul Ehrmann) C
C&L enquête sur la probable disparition d’une petite fille dont les parents maintiennent qu’elle a été adoptée.

Un épisode assez sombre, mais il s’agit peut-être de l’épisode qui apparaît le plus daté de la saison (en particulier les très longues scènes dans le laboratoire de reconstitution des visages…) et le moins bien construit. Trop d’informations (souvent intéressantes) sont délivrées par des personnages assis sur des chaises sans réel lien avec l’intrigue.

1.06 - 29/Apr/82 - Better Than Equal (Bud Freeman) B
C&L doivent protéger une militante anti-féministe.

La façon de filmer le harcèlement et les menaces que subit la victime fait très datée (et sombre parfois dans le ridicule). Cette intrigue ne ne tient que par la nature de la victime, une femme qui a construit sa carrière sur un discours anti-féministe. Sa résolution, par exemple, n’a rien à voir avec les qualités de détective des deux héroïnes (elle est due à la compagnie de téléphone qui identifie les endroits d’où sont passés les appels menaçants. Son seul intérêt est de montrer le fonctionnement des appels téléphoniques dans les années 1980).
L’épisode est en revanche très réussi en ce qui concerne les relations entre Lacey et son mari et les échanges au sein de la brigade :

Lieutenant Samuels : It’s that Gloria Steinem feminism stuff, right ? Come on, explain it to me. I want to know.
Lacey : Men will not truly be liberated until women are. Helen Granger doesn’t want women to be liberated because she wants men to take care of women.

Jéjé
Notes

[1Si je ne me trompe pas. Je n’ai rien vu dans les unes des numéros que je n’ai pas...

[2« Buddy Tv Show  », ça marche moins bien

[3« It’s a show about two women who happen to be cops, not two cops who happen to be women. » in Cagney & Lacey... And me, Barney Rosenzweig, Cagney iUniverse, Inc., 2007

[4Barney Rosenzweig raconte que lors de deuxième rendez-vous avec Barbara Corday, qu’il épousera quelques mois plus tard, ils allèrent voir Scent of A Woman au cinéma. Il en ressortit enchanté tandis que sa compagne, ulcérée, déclara qu’il s’agissait de l’une des choses les plus dégradantes et les plus sexistes qu’elle n’avait jamais vues. Cette vision fut une révélation pour Rosenzweig qui s’ouvrit alors au féminisme. Quelques jours plus tard, Corday lui offrait From Reverence to Rape : The Treatment of Women in the Movies de Molly Haskell, où il découvrait qu’aucun film n’avait jusqu’alors jamais mis en scène un duo de femmes à la Redford/Newman et décidait de mettre en chantier un film sur cette idée-là.

[5C’est ainsi que le texte de Robert J. Thomson a pour titre « Cagney & Lacey : Crusading for quality ».

[6C’est le sujet même du livre de Barney Rosenzweig Cagney & Lacey... And me qui m’a accompagné lors de mon visionnage et auquel je vais souvent faire référence.

[7Dans l’imaginaire collectif, Cagney & Lacey, c’est le duo incarné par Sharon Gless et Tyne Daly. Pour s’en assurer, il suffit de constater que lorsque ce qui est appelé « la première saison » de la série sort en DVD en 2007, il s’agit de la première saison avec Sharon Gless dans le rôle de Cagney, personnage qui en est pourtant à sa troisième interprète.
Quand en 2012 arrive « Cagney & Lacey - The Complete Series », il ne s’agit que des épisodes avec Sharon Gless. Ce n’est qu’en catimini (seulement en ligne) que sort parallèlement « Cagney & Lacey - 30th Anniversary Limited Edition » avec l’ensemble des épisodes de la série…

[8C’est ainsi que le service de la censure de CBS voulut faire supprimer « « His time of the month or what ? », une réplique de Cagney à l’encontre d’un de ses collègues masculins de mauvaise humeur. Barney Rosenzweig mit toute son influence pour qu’elle soit conservé, estimant que ces répliques constituaient l’essence même de la série.

[9Cette évolution n’aura pas été sentie par les executives de CBS, qui avaient l’impression que les deux personnages principaux « voulaient plus combattre le système que les criminels. » / « These women on Cagney & Lacey seemed more intend on fighting the system than doing police work. » in Television’s Second Golden Age, Robert J. Thompson, Syracuse, 1996, page 109

[10« Director Ted Post had spent the afternoon with one of Hollywood’s foremost feminists, author of the first buddy film ever made with women leads, and what he wanted to glean from that encounter was a deeper understanding of the (male) villain’s character. »

[11« This version of the Avedon script not only lacked the charm of a typical “buddy movie,” but confirmed the old saw that guys get angry while women get bitchy. The film, unfortunately, was an affirmation of much of the male mythology I had heard about women since beginning this project. » in Cagney & Lacey... And me, Barney Rosenzweig, Cagney iUniverse, Inc., 2007