Et finalement, ce n’était pas une mauvaise chose, puisque ça m’a permis de découvrir Californication, une série que j’avais injustement snobée l’été dernier.
Je ne suis d’ailleurs pas le seul à pErDUSA à avoir ignoré le show lors de sa diffusion. Il faut dire qu’une série Showtime, avec un ancien acteur d’X-Files dans le rôle principal et "fornication" dans le titre, ça n’avait des masses d’argument pour séduire à la rédaction !
Et pourtant, la série est assez loin de la réputation sulfureuse et vulgaire qu’on lui prête. Et elle vaut vraiment le coup d’œil !
Son problème, c’est qu’elle a été très mal vendue par Showtime (et que le web – et la presse française lors de l’arrivée de la série sur M6 - n’ont pas toujours corrigé le tir… Il faut dire qu’une nonne qui fait une fellation au héros dès le prégénérique du premier épisode, ça vous marque une série !). En effet, à en croire ce qu’on peut lire à droite à gauche, Californication est une série sexy et provoc’ où Hank, un écrivain en manque d’inspiration incarné par David Duchovny, se tape des filles canons, se drogue et raconte ses mésaventures sexuelles sur un blog… Effectivement, dit comme ça, à moins de vouloir se rincer l’œil, ça ne donne pas vraiment envie.
Seulement voilà, résumer Californication comme ça, c’est simpliste, réducteur, voire carrément mensonger. Et pas très étonnant non plus… Car comme beaucoup de séries Showtime (Weeds notamment, Dexter aussi dans une certaine mesure), Californication a un côté brouillon dans son ton et dans sa narration qui la rend difficile a cerner. Ça peut être vu comme une faiblesse dans l’écriture, mais ce prétendu manque de maîtrise est aussi ce qui rend les séries de la chaîne attachantes, surtout quand comme ici il s’accompagne de personnages réussis, d’acteurs charismatiques et d’excellents dialogues.
En tous cas, contrairement à ce que la chaine a voulu nous faire croire, Californication n’est ni une série sur le sexe, ni sur la drogue, ni même sur l’écriture ou les blogs. Passée la provoc’ des premiers épisodes, la "fornication" passe au second plan (la plupart des épisodes ne comprennent même pas une scène de sexe, un exploit pour ce genre de série sur Showtime !), la série ayant dit a peu près tout ce qu’elle avait a dire sur le sujet. Quant au fameux "blog" et à la voix off qui l’accompagne, ils passent heureusement aux oubliettes dès la fin du deuxième épisode.

Le vrai sujet de Californication, c’est la famille, celle que Hank a perdue, celle qu’il essaye de récupérer. La baise, la drogue et le reste ne sont que des échappatoires, des moyens de nous montrer son mal être, et Hank s’empresse de nous le confirmer dans les premiers épisodes : "My family goes on without me, as I drown in a sea of pointless pussy".
Et c’est justement quand elle parle de la famille que Californication surprend et trouve son ton si particulier. Pour une série censée parler de sexe à Los Angeles, Californication fait preuve d’une tendresse et d’une justesse étonnante quand elle nous dépeint les relations de Hank avec son adolescente de fille (pas tête à claques pour un sou du haut de ses 12 ans). Quant à la relation de Hank avec son ex-compagne, Karen, on se surprend vite à la trouver drôle et… romantique. Au final, ce sont ces scènes de famille qui font la force de la série, qui la rendent attachante et nous donnent envie de revenir.
Ajoutez à cela d’excellents dialogues, un humour décalé, des acteurs impeccables lorsqu’il s’agit de jongler entre les deux registres de la série (Duchovny en tête, mais sa femme, sa fille et les autres personnages de la série sont tous parfaits eux aussi) et une réalisation très soignée, et vous obtiendrez une série drôle, tendre, romantique et attachante, bien loin de l’image sulfureuse et vulgaire qu’en avaient donné certains médias.
Ma seule réserve concernera la fin de la saison. Très réussie (le season finale est un vrai bonheur), elle n’en emprunte pas moins une direction qui peut laisser perplexe quant à l’avenir de la série… Mais peu importe mes doutes, je serai au rendez-vous pour vérifier ça en saison 2. Et en direct cette fois !