Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Community - Où on parle de Community le jour où la série s’arrête (pour toujours)

Regional Holiday Music: Goodbye Greendale : Bilan avant l’Annulation Officielle

Par Ju, le 8 décembre 2011
Par Ju
Publié le
8 décembre 2011
Saison 3
Facebook Twitter
Annulée ? Pas annulée ? Personne ne sait exactement quand la saison 3 de Community reviendra sur NBC, ni pour combien de temps. Tout ce que l’on sait, c’est que l’épisode de Noël diffusé cette semaine est le dernier avant un bon petit moment. Plutôt que de réclamer six saisons et un film, je trouve que c’est l’occasion idéale de dresser un bilan de la série. Tant que je peux encore.

Quand on apprend qu’une série qu’on apprécie est en danger d’annulation, une tendance bien naturelle est d’oublier tout ses défauts et ne garder en tête que les bons souvenirs. C’est un mécanisme aussi involontaire que pathétique, qui vous conduira sans aucun doute à la dépression.

Je vais vous éviter ça. Je vais vous éviter de souffrir.

Ne me remerciez pas.

Il faut vous faire une raison, la disparition de Community est inévitable. C’est pour cette raison que je fais ma mission, ici et maintenant, de pointer du doigt la terrible réalité quant à la qualité présumée de la série. Parce que le tableau n’est pas complètement rose. Parce que la troisième saison de Community me donne l’impression de ne pas fonctionner à plein régime. Et pour que vous preniez l’annulation officielle, quand elle arrivera, avec autant de douceur que possible.

Encore une fois, ne me remerciez pas.

La saison 3 n’est pas la saison 2...

La meilleure façon d’expliquer le sentiment d’inachevé que la série m’inspire cette année est de comparer la saison 3 à la précédente.

Le plus gros reproche que je peux faire à la deuxième saison (en dehors de son réchauffé de paint-ball en guise de final paresseux) est qu’elle était très inégale. D’une semaine à l’autre, il était impossible de savoir si on allait tomber sur un bijou, comme le huis-clos du stylo d’Annie ou la partie de Donjons & Dragons, ou bien sur des épisodes bouche-trous comme la pièce de théâtre sur la drogue ou la femme chinoise de Pierce (que j’ai peut-être complètement halluciné, maintenant que j’y repense).
Très simplement, les meilleurs épisodes étaient exceptionnels, les mauvais des ratages absolus, et il n’y a finalement eu que très peu d’épisodes entre ces deux extrêmes.

Cette impression a complètement disparu avec la saison 3.

Dans un sens, c’est une bonne chose car non seulement la série est d’une qualité plus uniforme, mais en plus je n’ai trouvé aucun épisode vraiment mauvais. Le revers de la médaille, c’est que l’engouement que Community arrivait à provoquer chez moi, avec ses épisodes hors-norme, n’existe plus réellement dans la version « calme » de la série, qu’on nous propose cette année.

En dehors de l’excellente pendaison de crémaillère chez Trobed, j’ai un peu de mal à différencier les épisodes les uns des autres. En général, c’était bon. Souvent drôle. Pas désagréable à regarder. Mais l’an dernier à la même époque, on avait enchainé coup sur coup avec le vol de stylo, la conspiration, l’anniversaire de Troy, et le Noël en pâte-à-modeler.
Demander une autre succession d’épisodes aussi géniaux serait irréaliste, bien sûr, mais on ne m’ôtera pas de l’idée que les épisodes du déménagement d’Annie et du Baby-foot, aussi agréables soient-ils, jouent dans un registre bien moins audacieux.

Je n’ai pas ressenti de grosse prise de risque cette année, et c’est vraiment dommage car, sans ça, Community n’est plus vraiment Community.

La saison 3 n’est pas la saison 2 !

À défaut d’audace, Dan Harmon et ses scénaristes ont affiché une vraie volonté de corriger plusieurs gros problèmes de la saison 2. Avec plus ou moins de succès.

Du côté des bons points, miracle, Pierce est à nouveau supportable !

Enfin… aussi supportable que puisse l’être Pierce. Certainement moins agaçant que l’an dernier. Je regrette un peu que son départ (dramatique) du groupe dans le final de la saison 2 ait été balayé sans la moindre conséquence, mais ça reste un petit prix à payer pour ne plus ressentir, à chacune de ses répliques, une envie irrépressible de le voir disparaitre de la série. Et de voir Chevy Chase mourir. Dans d’atroces souffrances. Hors caméra.

J’aurais tendance à penser que Chang a, lui aussi, un meilleur rôle cette année que l’an passé. Il reste complètement dispensable et sa disparition ne ferait pas le moindre mal à Community, mais son rôle d’agent de sécurité est mieux défini que tous ses errements de la saison 2, et ses interventions arrivent régulièrement à me faire rire. Quand elles sont courtes.
C’est la même histoire pour le Doyen : à petites doses, très bien, pourquoi pas, il occupe une place plus naturelle que Chang dans la série et Jim Rash est bon. Mais dès qu’il prend trop de place, comme dans le premier épisode de la saison ou le documentaire, j’ai beaucoup de mal à le supporter...

Ça, c’était pour les améliorations. Si, si.

De l’autre côté, sans aller jusqu’à dire qu’ils sont nuls, j’avoue me poser beaucoup de questions sur les deux figures d’autorité introduites dans Community cette année : John Goodman en vice-doyen de Greendale, et Omar Little en prof de bio. [1]

Dans les deux cas, la volonté de Dan Harmon semble être la même : après les excès de la saison 2, il s’agissait de retrouver un semblant de réalisme, ou du moins une sensibilité moins cartoon, plus proche de la première saison.
Goodman amène donc avec lui des problèmes de budget (et de climatisation, pour une raison qui m’échappe), tandis qu’Omar tient plutôt le rôle de l’observateur extérieur ne rentrant pas du tout dans l’univers absurde de Greendale.

Dans un cas comme dans l’autre, je trouve que quelque chose ça ne fonctionne pas.

Omar est décevant parce que la place qu’il occupe dans la narration ne lui offre pas la possibilité d’être drôle. Au mieux, il nous a sorti un monologue bizarre sur les LEGOs ™. Au pire, il ne m’a laissé aucune impression particulière, et je n’aurais même pris la peine de parler de son personnage s’il n’était pas joué par Michael K. Williams.
Quant à John Goodman et ses discours sur la climatisation… je ne sais pas. Disons que ça ne m’intéresse pas forcément de passer des scènes entières avec lui, et encore moins quand ces scènes donnent l’impression d’appartenir à une série différente et fonctionnant sur un ton complètement inédit. Je ne crois pas que le problème vienne du fait que la branche climatisation de Greendale n’ait pas été introduite avant cette année, mais plutôt qu’elle n’a pas été mieux intégrée au reste de la série.

Heureusement que Goodman et Omar ne prennent pas trop de place. Comme Chang. Comme le Doyen. Comme les intrigues amoureuses de Jeff, Annie, Britta, et maintenant Troy… Autant de petites choses qui, mises bout à bout, finissent quand même par prendre trop de place.

Ce que je veux dire par là c’est que ce n’est pas un hasard si le meilleur épisode de la saison se déroule entièrement dans l’appartement de Troy et Abed, sans aucun personnage secondaire.

Une conclusion, comme à l’école

En théorie, je suis absolument pour une saison de Community moins extravagante, avec de vrais enjeux et des personnages qui sont pris au sérieux. À deux conditions : que les vannes soient drôles (c’est souvent le cas), et que la série n’arrête jamais de prendre des risques (c’est déjà moins net).

Tout ça pour dire que la climatisation, c’est pourri, que Evil Troy et Evil Abed, c’est bien, et que je veux juste des épisodes combinant toutes les qualités de Community, sans aucun de ses défauts. Et des blagues écrites sur mesure pour ma propre sensibilité comique. Tout le temps.

Rien de bien compliqué, en somme.

Ju
Notes

[1Je ne comprends pas comment Jéjé peut ne pas aimer Community après ce genre d’hommage.