Il y a eu le fameux « Anna Paquin : blonde ou brune ? » qui a laissé de graves dissensions au sein du groupe. Le « How I Met Your Mother vs The Big Bang Theory », en revanche, s’est achevé sans vainqueur et dans l’indifférence la plus totale. Et quelque rares fois, tout le monde tombe d’accord comme lors du mémorable « Vous voulez que je regarde la 168ème saison d’une série de SF britannique faite avec l’équivalent de mon budget pizza du mois sur un Docteur extraterrestre qui voyage dans le temps et à travers l’univers avec une comique anglaise rousse dans une cabine téléphonique et qui lutte contre boites de conserve acnéiques ? » de la fin d’année 2009.
Dans vos gueules, Modern Family et Community !
En ce moment, le clan « Modern Family » affronte régulièrement le clan « Community ». Tout le monde est d’accord pour dire que les deux séries sont très réussies, mais sans aucune raison particulière, on s’acharne tous à vouloir décréter que l’une est meilleure que l’autre. Oh, et chaque semaine, un membre de la rédaction change de camp. Mais pendant ce temps, dans la salle de rédaction, on entend un discret « Strobien, Cougar Town » qui n’est plus suivi d’un « Mais comment tu peux regarder ce truc tout pourri ? ».
OK, Cougar Town, tout le monde le sait, c’est un nom ridicule qui ne reflète absolument plus la série. Au moins, la série ne suit pas cette terrible malédiction des années 90 qui donnaient le nom de l’acteur principal ou de son personnage à la série. Et puis, The Cox Show c’est pas beaucoup plus subtil que Cougar Town. Non, il ne faut pas s’arrêter au titre de la série.
Ni au fait que son actrice incarnait l’un des pires personnages de la sitcom la plus surestimée des années 2000.
Ni au pilote de la série.
Ni à l’affreux « générique ».
Ni au physique de Christa Miller et à la petitesse des yeux de Josh Hopkins.
Non, une fois la première poignée d’épisodes passés, la série s’améliore grandement. La honte qu’on ressent pour Courteney Cox s’estompe, et les valiums que les producteurs mettent dans son vin ont l’air d’avoir calmé son hystérie quasi permanente. Cougar Town n’est plus une série sur une divorcée qui sort avec des mecs plus jeunes, Cougar Town, c’est Old Christine : Florida.
Comme la série de Julia Louis Dreyfuss, Cougar Town suit le quotidien d’une mère divorcée, de ses amis et de sa famille avec à sa tête une figure emblématique des sitcom des 90s et d’excellents seconds rôles. Et les deux séries sont visiblement sponsorisées par l’industrie viticole.
Il n’y a rien d’exceptionnel dans la série, c’est n’est pas un documentaire, ce n’est pas glamour, contrairement à son titre, c’est une série sans gimmick. Ce qui démarque Cougar Town (et Old Christine) du lot est qu’elle ne cherche pas le bon mot à tout prix. L’humour ne vient pas dans la finesse des dialogues comme dans la plupart des sitcoms actuelles (Community, 30 Rock, Modern Family), mais des situations. Les "Truth Bombs" d’un Andy ivre à Grayson, de l’épisode précédent, était le moment le plus drôle de la semaine pour moi.
Dans vos gueules, Scrubs et How I Met Your Mother !
A cela s’ajoute une dose d’absurde particulièrement bien gérée. La série n’y plonge pas totalement pour y chercher à tout prix l’humour. Elle perdrait son côté réaliste. Une erreur que Scrubs a commis bien trop de fois. Cougar Town maitrise particulièrement bien ses limites. Cette semaine, la vie nocturne d’Andy était assez ridicule pour être drôle, mais il y a, à la base, une idée parfaitement crédible : la recherche de temps libre d’un époux dans la vie de couple.
La gestion de la distribution est également très bien maitrisé. Contrairement à How I Met Your Mother qui surexpose totalement Barney, Cougar Town sait parfaitement recarder un personnage et quand le mettre en avant. Travis, par exemple, me posait problème. Un gamin de 17 ans doit avoir sa propre vie et n’a pas à rester avec les potes de ses parents. Ses apparitions m’apparaissaient forcées. Mais, les scénaristes ont réussi à régler ce problème. Il n’est plus le gamin sarcastique amoureux de Laurie. Il est présent de façon organique dans la série et interagit naturellement avec tous les personnages de la série uniquement quand l’intrigue l’exige.
Dans un même ordre d’idée, Grayson n’est plus le connard égoïste des premiers épisodes. Depuis l’épisode du barbecue, son amitié avec Bobby et Andy a rendu le personnage beaucoup plus attachant, moins sérieux et beaucoup plus drôle. Il n’est plus, comme le dit si bien Ju, le Dr Cox de la série. Et d’ailleurs, Grayson, ou plutôt sa relation avec Jules, est la raison pour laquelle je me suis décidé à écrire sur la série cette semaine.
Après un arc assez faible avec Sherryl Crow, il y a deux éléments importants dans l’épisode de cette semaine. Le premier est le départ annoncé de Travis à la fac, le second Grayson et Jules passent enfin à l’acte. Et les deux sont traités de la même manière. Certes, se sont des moments importants dans la vie de la série, mais il n’y a pas d’épisode spécial et tout paraît naturel. Bien qu’ils soient proches, la relation de Jules avec son fils n’est pas assez fusionnelle pour mettre en danger la série comme dans Gilmore Girls. Quant à Jules et Grayson, leur attirance n’a jamais bouffée Cougar Town comme la relation de Ross et Rachel a bien bousillé Friends.
Je doute que la série souffre de ces changements, ils seront mis en avant pendant les sweeps, mais Bill Lawrence semble savoir quand et comment le faire. Après tout, l’histoire d’amour entre J.D. et Elliott était un des rares éléments qui n’a posé aucun problème en neuf ans de Scrubs.
En tout cas, elle n’a pas le côté léché de Modern Family, elle n’est pas aussi subtil que Parks and Recreations, elle n’a pas les dialogues de Community mais couplé avec un Old Christine qui, après 5 saisons, se refuse à nous donner un mauvais épisode, c’est pour moi, bien souvent, les 45 minutes les plus drôles de ma semaine.