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Damages - Critique de l'épisode 12 de la saison 2

Look What I Dig Up This Time: I’m through with you

Par tomemoria, le 1er avril 2009
Publié le
1er avril 2009
Saison 2
Episode 12
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Après des semaines et des semaines de surplace, Damages entame la résolution de ses nombreux arcs, y compris celui du meurtre de... what’s her name ? Du côté des flash-forward, on assiste une nouvelle fois à leur déroulement, mais dans le présent pour certains. Et la bêtise des scénaristes s’en trouve renforcée.

On retourne à l’affaire Purcell pour cet épisode. Une affaire que l’on avait plus ou moins abandonnée après l’épisode 2.05, où l’on disposait de la quasi totalité des clés pour comprendre ce qui s’était vraiment passé, le soir du meurtre de Christine Purcell.
Il y avait eu de nombreux flash-back concernant cette période sombre et, comme je l’avais dit, il n’y avait que deux options possibles : soit Purcell avait tué sa femme, soit l’homme à tout taire s’en était chargé. La réponse : les deux mon capitaine.

Le problème ne réside pas dans la résolution de cette intrigue, somme toute assez agréable dans son ensemble. Le problème se pose quant au moment de cette révélation. Pour faire simple, on a vraiment le sentiment que les scénaristes n’ont pas de couilles cette année. Ils ont gardé cette révélation pour la fin de la saison, un peu comme si sans elle, leur série aurait paru encore plus vide qu’elle ne l’est déjà. S’ils avaient eu le courage de résoudre l’affaire Purcell à l’épisode 6, quitte à utiliser un artifice de scénario pour impliquer UNR avec les fausses coordonnées du 4x4 (et question artifice, on n’est plus à ça près pas vrai), ils auraient peut-être eu l’air un peu plus courageux. Ils m’ont fait penser à Lindelof et Cuse, les showrunners de Lost, à l’époque où ils devaient étirer leur mystère pour garder de la marge sur les saisons à venir.
Sauf que dans le cas de ces deux-là, l’excuse tenait la route. Ceux de Damages, eux, n’en ont aucune. Ils savent qu’ils ont treize épisodes pour raconter leur saison. C’est à eux de trouver le moment où une révélation aura le meilleur impact possible. Sur Purcell, il se sont vautré sur toute la ligne, c’est indéniable.

Au début de l’épisode, on découvre que l’objet enterré par Daniel cinq mois et demi plus tôt était la télécommande que lui avait jeté sa femme, quelques secondes avant qu’il ne l’étrangle. Le flash-back était déjà apparu, haché, à la toute fin de l’épisode deux. Puisqu’il était dénué de toute indication temporelle, j’avais pensé qu’il s’agissait d’un flash-forward. Durant la saison, plus je les découvrais, plus je me doutais que Purcell n’y avait pas sa place et que cette séquence n’avait probablement pas lieu pendant la période où Ellen tirait sur quelqu’un. Je n’étais pas revenu dessus du fait de l’insignifiance de l’intrigue Purcell dans la seconde partie. Ce qui est bien symptomatique d’un défaut flagrant d’écriture, de dosage de narration.

C’est vraiment dommage qu’ils se soient autant trompés. Car les séquences de flash-back fonctionnent toutes. Elles sont mystérieuses et on y sent une tension palpable. La scène où Purcell croit tuer sa compagne n’est pas dénuée d’émotion et William Hurt est, à défaut d’être bon acteur, assez touchant dans son hystérie coupable. Quant à l’homme à tout taire, il est fidèle à son nom et la courte scène finale où Christine Purcell supplie pour sa vie fait froid dans le dos. Une résolution excellente donc, mais qui arrive tellement tard qu’on ne peut y être qu’à moitié indifférent.

Du côté de Patty et Ellen, l’intrigue progresse elle aussi tout doucement vers sa conclusion avec plusieurs bonnes scènes à son actif.

On peut notamment saluer celle au chromatisme glacial où Ellen explique à Tom que s’il ne collabore pas avec les fédéraux, sa carrière est finie. Pour une fois, on avait l’impression qu’enfin, les scénaristes opéraient un changement sur lequel ils ne pourraient pas revenir. Tom sait qu’Ellen a trahi Patty.

En refusant d’obéir aux ordres de sa patronne pour corrompre un juge (si j’ai bien compris, parce qu’honnêtement, je m’en fous un peu du prétexte) Tom obtient le licenciement dont on avait entendu parler il y a peu. J’ai une impression assez amusante quant aux scènes où Glenn Close pique une crise. C’est un peu comme si elle en avait eu ras-le-bol de jouer l’avocate sous Xanax et qu’elle s’énervait de ce rôle à chier qu’on lui a fait jouer pendant des mois. Et oui, elle n’avait pas signé pour ça au départ.

Alors elle balance des verre, elle hurle à tout va, elle perd son calme. Patty perd le contrôle et ce n’est jamais très bon pour elle. C’est en général dans ces moments qu’elle commet des erreurs, comme par exemple rejoindre sa jeune protégée à son hôtel alors que celle-ci compte l’assassiner.

Et puisqu’on parle des flash forward, il y en a un qui se déroule dans le présent dans cet épisode. Probablement le flash forward le plus insignifiant de tous. Wes vide ses armes et vient demander à Ellen s’il peut faire dodo chez elle. La scène avait été soutenue par une guitare électrique quasiment aussi hystérique que Patty. Au moins, on n’a pas eu le déplaisir de la retrouver cette semaine.

Là où cette scène est symptomatique de la débilité chronique dont souffrent les scénaristes cette année, c’est dans sa comparaison avec une scène bien plus effrayante. Wes et Ellen se baladent en forêt. Ils sont perdus. Ellen tente de retrouver son chemin quand Wes braque une arme sur elle, dans son dos, prêt à l’abattre. Imaginons-nous un instant dans la salle des scénaristes. L’un d’eux, appelé Tom, interpelle ses collègues.

Tom : Dites les gars, je suis en train de revoir le flash-forward de l’épisode 5.

Débile : Il est génial non ?

Crétin : Et cette musique !

Abruti : De la vraie poésie lyrique épique.

Tom : Oui… Sans doute… Mais dites les gens, je me demandais si on ne devrait pas changer cette scène. Vous savez, Wes qui demande à Ellen de dormir dans sa chambre, c’est un peu mince comme suspense non ?

Abruti : Qu’est-ce que tu racontes ? C’est génial.

Tom : Ça serait pas mieux de remplacer cette scène par un extrait du passage où Wes s’apprête à tuer Ellen dans la forêt ? Ça serait une fin glaçante et les gens reviendraient sûrement plus nombreux la semaine suivante.

Débile : Bon écoute le newbie, on t’a pas engagé pour donner ton avis.

Crétin : Ouais, tu fais ce qu’on te dit et puis tu la boucles.

Abruti : On t’a dit que tu étais à l’essai ?

Oui, je crois que ce n’est pas l’histoire générale de la saison qui est à revoir, mais simplement la manière de la raconter. Ce sont de mauvais choix de rythme, des parti pris de réalisation abherrant et un incroyable mauvais goût qui ont conduit les scénaristes à cet échec. Et ce n’est pas le season finale à venir, que je soupçonne bien prévisible, qui risque de les sauver.

tomemoria
P.S. Plus qu’un et j’ai fini. Youhou !