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Dexter - Critique de l'épisode 8 de la saison 2

Morning Comes: Double Douche

Par Blackie, le 17 janvier 2008
Publié le
17 janvier 2008
Saison 2
Episode 8
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Entre les ‘asshole’, ‘douche’ et les multiples variations autour de ‘Fuck’, je ne sais pas comment CBS va réussir à diffuser la série si elle n’opte pas pour des Bip. Parce que si tout est coupé, Debra risque de se transformer en un de ces mythes qu’on ne voit jamais. En parlant de Carpenter et puisque je dois combler cette intro avec n’importe quoi, vous êtes au courant pour elle et Hall ? Ouais, complètement dingue ! Xoxo.

Au menu du jour, la tension amenée par le trio de femmes autour de Dexter se fait plus forte que jamais. Lila s’incruste chez lui, l’omniprésence de celle-ci met les nerfs de Debra à vif, et Rita en a ras-le-bol de le voir sans arrêt alors qu’ils ont rompu. Histoire d’en rajouter une couche, parce que Lundy et Doakes ne sont pas d’assez grands emmerdeurs à eux seuls, sa petite-amie met tout le monde en danger tandis que sa propre sœur le rapproche de la chaise électrique. Comme si c’était pas assez compliqué d’être un serial killer d’intérêt général...

La fin du Dynamic Duo

La retour de Santos Jimenez, le dealer responsable de la mort de Laura Moser, était inévitable. Le laisser en vie était un pas dans l’évolution psychologique de Dex, mais un coup risqué qui ne pouvait que lui retomber dessus à un moment donné. Et si les choses se compliquent considérablement, c’est tout de même une très belle revanche pour Dexter que de pouvoir tuer Jimenez de la même manière atroce que sa mère. Laura Moser a enfin été vengée par son fils.

Ce meurtre prend d’autant plus d’importance qu’il s’agit du premier du Nouveau Dexter Amélioré, celui qui n’agit plus par besoin, par nécessité pour son mental. Depuis qu’il a outrepassé cela, son seul meurtre fut une question de pratique car on se mettait en travers de son chemin. Jimenez est le résultat de ses émotions et sa validité prend des motifs personnels, et non le Code d’Harry (qu’il tombe dedans est un bonus). C’est aussi le symbole du changement, une belle façon de graver la fin du chasseur nocturne. Le ‘monstre’ n’est plus le même. Les sentiments guident le Nouveau Dexter, qui va jusqu’à se précipiter chez Rita en laissant un corps et une scène de crime en plan. La location en retrait joue à son avantage, mais vous auriez imaginé l’ancien Dexter laisser un carnage pareil ? Certainement pas.

Ce à quoi on ne s’attendait pas, par contre, était l’implication de Lila dans l’attaque de Jimenez. Sa possessivité envers Dexter va jusqu’à mettre l’objet de son affection en danger, mais il a beau affirmer qu’elle est encore plus dangereuse que lui, à cet instant précis, Lila apparaît juste comme une femme pathétique et désespérée. La menace finale, venant conclure une animosité allant crescendo tout au long de l’épisode, est une séquence particulièrement intense. Le jeu de Michael C. Hall révèle plus que jamais le monstre, et la réalisation ne manque pas de cadrer le couple de telle sorte que le décor marque une nette séparation entre eux, le visage de Hall s’arrêtant au millimètre près, et accentuée par une lumière marquant les contours de son visage tandis que Murray reste dans l’ombre. Une conclusion absolument parfaite.

Dexter a toujours eu une arch-nemesis très claire en la personne de Doakes, ces deux-là ne s’étant jamais supportés et leur haine mutuelle se faisant grandissante. Lila vient introduire une autre sorte de ‘vilain’ dans son monde, la bien connue meilleure ennemie, celle qui fut au départ une alliée mais glisse progressivement dans une direction opposée. La situation devient forcément plus compliquée pour Dexter car elle a atteint un niveau personnel. Les conflits internes sont plus forts : il a rejeté sa relation avec Rita pour elle, lui doit une meilleure acceptation et compréhension de sa nature, elle accepte mieux sa part sombre que quiconque depuis Harry… Mais son gros problème réside dans une manipulation qui inclus Dexter et une trop forte impulsivité. Dex aime l’ordre, le contrôle, et surtout pas les surprises. Avec une vie comme la sienne, la moindre erreur peut lui être fatale. L’instinct de survie est plus fort que tout, surtout chez quelqu’un qui met continuellement sa sécurité en danger.

Dexter se pose donc définitivement comme un personnage solitaire, qui ne peut compter que sur lui-même et se met dans une position à risque en s’alliant avec quelqu’un d’autre. Ne plus se croire seul fut une erreur. Peu importe que Lila sache exactement qui il est, elle n’a pas reçu l’éducation made in Harry Morgan et personne ne peut avoir les mêmes codes. Je l’ai toujours dit, la vérité vient des pubs pour les rillettes.

La fin de ce duo marque donc un espoir de voir Dexter renouer avec Rita, ce qui semble être le seul moyen de garder les Bennett dans le tableau à l’avenir. Celui-ci a visiblement du mal à couper les ponts, en particulier depuis qu’il a assisté à l’exposé de Cody, et il cherche désespérément à retrouver un semblant de place en se raccrochant à eux comme une sangsue. Essayer de marquer le canapé de l’empreinte de ses fesses au lieu de déposer le jouet dans la boîte aux lettres ne laisse pas de doute. Et il n’est pas très difficile de comprendre l’énervement de Rita. On ne fait pas comme si tout était comme avant après une rupture, surtout lorsque l’un n’a pas encore pardonné à l’autre. Mais la jalousie maladive de Lila est un très bon moyen d’inclure Rita dans l’intrigue tout en rapprochant les anciens amants.
La suite dira si tout cela est vraiment nécessaire pour la série. Mais il est bon de noter qu’une scène à priori sans grand intérêt, où la mère explique à ses enfants qu’ils n’ont rien à voir avec le départ de leur figure paternelle, est toujours écrite de façon aussi juste, délicate et non dénuée d’émotions.

Le pouvoir des costards

La lettre du Bay Harbor Butcher indique qu’il connaît les méthodes de la police, mais laisse un doute sur son statut. Il pourrait parfaitement s’agir d’une personne en contact avec un flic et dans cette perspective, Lila ferait très bien l’affaire en tant qu’échappatoire pour Dexter. Mais avec la preuve supplémentaire apportée ici par Debra et Batista, il ne reste aucun doute que Doakes est le bouc émissaire idéal de la saison. Son destin semble tout tracé, à moins qu’il soit prévu de faire de la saison 3 un remake de Prison Break ou de Murder One.

On n’y est pas encore et en attendant, Dexter se retrouve dans la ligne de mir de Lundy lors d’une confrontation assez perturbante. Sa panique atteint alors des sommets, l’agent spécial lui pointant une de ses erreurs sous le nez. Il est tout de même difficile de savoir ce qui se cache sous le regard perçant de Lundy. Soupçonne-t-il réellement Dexter ou essaie-t-il de lui faire avouer une aide pour quelqu’un d’autre ?
La petite voix timide et innocente de Michael C. Hall est tout cas magnifiquement contrebalancée par l’agressivité de sa voix off durant cette scène.

Concernant la preuve trouvée par Deb et Batista que le BHB est bien un flic, j’ai quelques réserves à émettre. Pas sur ce duo, absolument parfait, dont l’excellent boulot depuis le début de la saison est une belle revanche pour les deux seuls flics ayant été personnellement attaqués par le Ice Truck Killer. Leur évolution fait plaisir à suivre.
Non, ce qui me fait légèrement tiquer se trouve dans les détails un peu trop bien faits. Rien de bien méchant, mais le fait de pouvoir emprunter une pièce à conviction à sa guise et de ne pas garder la paperasse ressemble à une petite facilité. Entre ça et les analyses qui laissent le temps d’aller pourrir les corps ou la vidéo qui ne peut pas encore être regardée, Dexter a de sacrés coups de bol.

Tant qu’au final l’enquête avance, c’est le principal. D’autant que la relation personnelle de Debra et Lundy suit un chemin y étant parallèle : au moment où un pas de géant est accompli, ils en font de même sur le plan privé. Leur rendez-vous m’aura malheureusement fait réaliser la différence d’âge gigantesque entre ces deux-là, Lundy sans son costard ayant plutôt l’air de son grand-père pervers à côté d’elle. Il ne faut jamais sous-estimer le pouvoir du costard…

The Arch-Nemesissss strikes back

Arrivé à ce point de la saison, il était temps que James Doakes réalise quelle est la vraie raison de sa haine. L’élément final lui faisant tout comprendre lui est fournit pas Lundy, mais il reste à trouver des preuves. Quand on sait dans quelle direction chercher, le reste est un peu du gâteau. Dexter a toujours pris des précautions pour ne pas laisser de traces jusqu’à lui, mais même depuis que l’affaire du BHB a commencé, cela ne lui a jamais traversé l’esprit de se débarrasser de ses trophées, ou les mettre ailleurs, parce qu’il n’a sûrement jamais vraiment cru que quiconque irait un jour fouiller chez lui. Boulette !

Dexter a révélé une partie de son vrai visage au sergent en l’attaquant physiquement, et les plaquettes de sang retrouvées chez lui s’additionnent avec l’implication de l’analyste dans la libération des victimes du BHB. Pas besoin de lui faire un dessin sur la conclusion à en tirer. Il faut voir maintenant ce qu’il va faire avec ce qu’il détient.

La suite s’annonce très prévisible ("comme l’an dernier", diront certains) en particulier à cause d’une ligne de dialogue en trop où il déclare que son père était boucher. Comme par hasard… Il y a largement assez d’éléments pour que le sergent soit suspecté (sa sortie en trombe du bureau de Lundy a évidemment aggravé son cas), ce n’était pas la peine de rajouter cette coïncidence bien trop énorme pour paraître plausible. Oh, comme par hasard, Dexter s’est choisit un ennemi dont le papa aimait aussi découper de la viande ! La vie n’est-elle pas bien faite ?

Mis à part ce faux pas, la direction prise par le personnage est à la fois haletante et, pour la première fois, aussi complexe qu’attachante. La suspension de son badge ne le rend pas seulement plus haineux envers Dexter, elle le rend fatigué. Doakes s’avère être le prototype même du flic assoiffé de justice qui commence à ressentir des signes de faiblesse, à mesure qu’il voit cette idée être écrasée. Ce sentiment le rapproche beaucoup d’Harry Morgan, ne déviant que dans la solution choisie afin de ne plus ressentir cet échec. Plutôt que de faire justice à sa façon, Doakes préfère s’éloigner de ce système. Mais pas avant d’avoir réglé son obsession envers Dexter Morgan, sa dernière mission, pour laquelle il joue dorénavant dans la même catégorie : n’étant plus flic, Doakes se place au même niveau de ‘hors-la-loi’. Cela semble être le meilleur moyen de se rapprocher de sa cible.

Blackie