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Dossier - Présentation du télé-film conclusion à la série Farscape

Peacekeeper Wars: Du Farscape au rabais ?

Par Stratego, le 17 octobre 2004
Publié le
17 octobre 2004
Saison The
Episode The
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Qu’est-ce que c’est ?

Il y a encore des gens, des gens qui suivent la télévision américaine j’entends, qui n’ont pas entendu parler de l’événement de cette fin d’année en matière de SF ?
Pour tout ceux là ce sera d’abord un coup de « Pulse Pistol » sur la fesse gauche (tombe bien ça se rafraîchit en ce moment) et un petit récapitulatif.

En Mars 1999 débarque sur la chaîne câblée américaine un ovni total issu des esprits tordus de Rockne S. O’Bannon (Seaquest DSV, Alien Nation, The Twilight Zone), David Kemper (Star Trek : TNG, Voyager, Seaquest DSV, The Pretender, Stargate SG-1) et du travail acharné de Brian Henson, responsable à l’époque de la Jim Henson Company (The Muppet Show). Pour faire vite, l’idée de base pour la Jim Henson Company était de montrer qu’il leur était non seulement possible de produire une série de Science-fiction à gros budget, mais également y intégrer leur savoir faire reconnu en matière de marionnettes et d’animatroniques.
Brian Henson propose donc à Rockne S. O’Bannon de créer son propre petit Star Trek à sa sauce, plus concrètement de poser les bases de la série et de devenir producteur exécutif si le projet intéresse une chaîne. Je vous laisse imaginer la réaction d’un scénariste et créateur de séries de science-fiction face à une telle proposition.

Evidemment un projet comme celui-ci n’est pas évident à monter et la seule proposition concrète viendra de Fox mais à la même époque la série de SF des scénaristes d’X-Files James Wong et Glenn Morgan se casse la figure dès la première saison sur la même chaîne. Fox est refroidit et donc il faudra attendre la création d’une chaîne spécialisée dans la science-fiction, la bien nommée SciFi Channel pour que Brian Henson trouve un acheteur sûr et lance définitivement la production de la série.

S’en suivra la production 4 saisons de Farscape durant lesquelles le taux d’audience sur la chaîne oscillera entre 1 et 2 Millions de téléspectateurs, un score bien plus important qu’il n’y parait sur une chaîne câblée. Malheureusement au fil des années, la politique autrefois de la chaîne, autrefois favorable à la série finira par se retourner contre elle. Paradoxalement SciFi se détourne de plus en plus de la science-fiction (hormis lors de téléfilms et mini série événement) et se concentre sur Stargate SG-1, série rachetée à une autre chaîne câblée qui touche un plus grand public que Farscape étant moins sérialisée dans sa narration et plus accessible a tout les publics. Malgré la signature à la suite de la Saison 3 d’un contrat pour une 4eme saison avec une option sur une 5 ème, la chaîne décide de diffuser la quatrième saison produite en deux parties en présentant chacune comme une saison distincte.
La pratique est devenue habituelle dans ses diffusions de séries (les saisons de 11 à 13 épisodes étant plus courantes sur le câble à cause du manque de moyen par rapport au hertzien) mais ici elle permit une tentative de renégociation à la baisse du budget alloué à la 5 ème saison.

Or persuadé qu’une cinquième saison allait être commandée par SciFi comme prévu, David Kemper - désormais producteur exécutif à la place de Rockne S. O’Bannon qui s’est depuis éloigné de la production - avait décidé d’utiliser cette aubaine pour mettre un point des arcs narratifs élaboré non pas sur une saison comme il est de coutume dans la plupart des séries mais sur deux. Et donc il profite du début de la saison 4 pour réintroduire les personnages de la série et ainsi permettre à de nouveaux téléspectateurs de suivre la série comme s’il s’agissait du début de la série. Cette idée ne portera pas ses fruits à causes de diverses mésententes entre l’équipe de production de la série en Australie et l’équipe Marketing aux Etats-Unis.

Bref ayant planifié les coûts de production de deux saisons en fonction des arcs narratifs planifiés au début de la saison 4. David Kemper se retrouve devant un choix cornélien : refuser de céder à la chaîne et tenter de trouver une solution alternative ou accepter de produire une simple demi saison avec un budget ridicule. Devant l’échec des discussions, la chaîne décide la non reconduction de la série avant même la diffusion des 12 derniers épisodes de la saison 4. Fait qui aura au moins le mérite de permettre aux nombreux fans de la série de mettre en branle l’une des plus importante campagnes jamais conçues en matière de télévision (publicités télé et presse, manifestations, communication avec les médias, bien au delà des classiques envois de lettre enflammées au chaînes).

La chaîne accepte une nouvelle session de négociation suite à la réaction impressionnante des fans, mais ces dernières ne mèneront malgré tout a rien.
La série est donc officiellement annulée et David KEMPER accompagné de Ben BROWDER (John Crichton, le héros de la série) et plus tard d’Anthony SIMCOE (Ka D’Argo) viennent annoncer la nouvelle au fans et leur dire de ne pas perdre espoir puisque leur réaction à la rumeur de l’annulation de la série lui avait permis discuter à nouveau dans le calme avec la discuter.

Malgré toute l’agitation produite par les fans (même CNN décida d’interviewer Ben Browder après avoir reçu des tonnes de courrier de « Scapers » dépités) la dernière portion de la saison 4 obtient une audience bonne mais pas en hausse ce qui n’offre pas d’avantage d’option et ne laisse à la production que le choix d’attendre que SciFi perde les droits de rediffusion de la série pour essayer de la revendre a une autre chaîne ou bien d’essayer de financer une mini série ou un téléfilm plus enclin à être co-financé par la chaîne.

Au fil des mois les rumeurs de mini séries persistent et les efforts des fans ne faillissent pas, la campagne est très sérieusement menée par des Scapers qui savent ce qu’ils font (designers publicitaires, commerciaux, avocats) et sans même qu’ils puissent s’en rendre compte, elle fournit des résultats bien plus rapides qu’escompté.

Un groupe de financiers intéressé par le potentiel de la série au vu du nombre impressionnant de passionnés et donc d’éventuels spectateurs ou téléspectateurs fidèles décide d’aider la Jim Henson Company à financer un projet de mini série ...

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Cette mini série, c’est quoi au juste ?

J’y viens, j’y viens, avouez que malgré ma digression c’est tout de même une sacrée histoire que celle de Farscape ressuscitée, ça donnerait presque foi en la télévision.

La fameuse mini donc, à été produite dans le (presque) plus grand secret à Sydney entre Décembre 2003 (soit un peu plus d’un an après l’annulation officielle de la série et à peine 9 mois après la diffusion de son dernier épisode) et Mars 2004. Un tournage particulièrement long quand on sait qu’un épisode de série est habituellement tournée en 1 ou 2 semaines, grand maximum. S’agissant ici d’un mini série de 2x90 minutes on peut avoir une idée de l’ampleur des moyens déployés pour le tournage.

Quand je dis que le secret du tournage était relatif c’est qu’au court de celui-ci, la production à réussit l’exploit d’épuiser la totalité des explosifs disponibles dans tout le continent Australien. Pas besoin de rajouter un mauvais jeu de mot sur le potentiel explosif de la série, vous choppez l’idée ...

Dans toute saison, particulièrement si elle est constituée de 22 épisodes de 45 minutes, on ne peut pas se contenter de traiter uniquement la « mythologie » de la série, son épine dorsale, puisque d’une on risquerait de perdre les téléspectateurs au moindre épisode raté (ce qui donne une légère chair de poule au responsable des chaînes) ou encore d’être a cours d’idée.
C’est pour cette raison qu’on utilise des épisodes indépendants, et même si la continuité reste très forte dans les 4 saisons de Farscape, les saisons sont tout de même ponctués de ces « loners » qui permettent les plus célèbres pétages de plomb et épisode expérimentaux de la série. Chose impossible si le ton était constamment le même.

Or avec une mini, et bien déjà on oublie tout ça. Le concept de Farscape : The Peacekeeper Wars c’est exactement ça. Prendre le jus narratif d’une saison, et en tirer le nectar mythologique. Ayant la chance (ou la malchance plutôt) de me précipiter sur la moindre information concernant la saison 5 qui n’a finalement jamais eu lieu, j’ai une idée de ce que l’histoire de PK Wars aurait pu donner sous forme de saison. D’autant plus que David Kemper disait, je cite de mémoire : « Nous avions prévu avec Andrew Prowse (ndr : le réalisateur du pilote, du final de la série et généralement des épisodes d’action) la scène d’action la plus époustouflante jamais vu dans la série pour le final de la saison 5 »

Jusqu’ici aucun doute, ça va secouer.

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Et ce titre, The Peacekeeper Wars ?

La confusion avec ce titre est courante d’autant plus que lors de l’annonce de la diffusion sur SciFi, une erreur de communication a fait que le titre annoncé était Farscape : The Peacekeeper War au singulier donc. Ce qui donnait Farscape : La Guerre Pacificatrice.
Mais une correction apportée par Brian Henson lui-même prouvera par la suite que le titre était bien Farscape : The Peacekeeper Wars au pluriel. Ce qui sous-entend encore plus de guerre, donc encore plus de kaboom, donc encore plus de son à faire exploser les vitres de chez vous.

On notera aussi l’antinomie ironique de ce titre depuis le début de la série (uniquement en VO cependant) on pouvait trouver intéressante l’idée que les gros vilains pas bô de la série portent le même nom que les casques bleus des Nations Unies (en anglais Peacekeepers, gardiens de la paix). La possibilité qu’une idée telle que celle là puisse être pervertie et devenir ce qu’est la République Populaire de Chine à la notion de République est forcément alléchante d’un point de vue dramatique.

Et encore une fois ce titre semble se jouer ce cette homonymie (deux gros mots déjà, promis j’arrête) puisque par définition toute guerre est censée apporter une paix quelle qu’elle soit mais vu la situation politique au terme de la dernière saison de la série, il parait évident que les Pacificateurs seront concernés par ces guerres.

Au final ce fichu titre à l’air de tout dire mais ne dit pas forcément ce qu’il semble dire, en clair c’est un putain de bon titre.

Et la réponse à la question du mois, on peut attendre un Vortex avant de l’avoir ?

La raison pour laquelle Farscape a été annulée en premier lieu est justement que David Kemper ne pouvait pas accepter de faire Farscape au rabais. Alors évidemment au niveau du temps on se retrouve avec un peu moins de 4 heures de la meilleure série de science-fiction de tous les temps au lieu de plus de 16. La longévité, l’impatience entre chaque épisode, la récompense de la fidélité, tout ça n’est évidemment plus là mais ça reste Farscape, produit et écrit par les mêmes passionnés légèrement timbrés et avec les mêmes personnages mais peut-être que c’est justement ce dont Farscape avait besoin. Une évolution, une montée en puissance, une rampe de lancement... vers un avenir aussi imprévisible et merveilleux que celui de John Crichton.

Stratego