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Dossier - Outsourced, le film

Slumdog Office: Outsourced, le film

Par Conundrum, le 27 juin 2010
Publié le
27 juin 2010
Saison The
Episode The
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Ah l’été ! Cette période où l’anticipation des nouvelles séries ne cesse de grandir au point d’être quasi systématiquement déçu dès les premières minutes des pilotes de la rentrée. Dans certains cas, et si les screeners ne sont pas disponibles, certains programmes permettent toutefois une mise en bouche estivale. Ainsi, à l’annonce de la série Parenthood, l’été 2009 m’a permis de découvrir les 15 premières minutes du film éponyme avant de réaliser que je ne pourrais pas le continuer sans trahir la promesse faite aux Cieux, lors de la sortie de Matrix 3, de ne plus jamais regarder un programme avec Keanu Reeves.

Cette année, c’est un petit film de 2006, Outsourced, qui a le privilège de passer du petit au grand écran. NBC estime le pilote assez prometteur pour décaler le retour de Ron Effin’ Swanson à 2011. Dans l’impossibilité de me faire ma propre opinion pour le moment, je me suis tourné vers la production originale.

It’s funny ’cos it’s racist

Outsourced est une satire légère sur les dérives de la mondialisation et sur la possibilité d’apprendre sur soi grâce à une culture riche et sage. Mais avant d’arriver à cela, moquons nous un peu de ces indiens avec leurs noms à rallonge, leurs systèmes digestifs en acier, leurs allergies au papier toilette, leurs vaches rigolotes et surtout leur perpétuelle volonté de vivre en dessous du seuil de pauvreté !

L’histoire est très simple, Todd (Josh Hamilton) est un jeune cadre dont le call centre qu’il dirige est délocalisé. Il est donc envoyé, contre son gré, en Inde pour former son remplaçant. Il ne pourra rentrer que lorsque son équipe atteindra le rythme d’une vente toute les six minutes imposé par sa direction. Un compteur, qui commence à une vente toute les treize minutes, sera d’ailleurs le fil conducteur du film. Évidemment, dès que le compteur passera sous la barre fatidique, il aura trouvé l’amour et la tolérance, et en aura appris beaucoup sur lui-même. Et sur le Kama-Sutra.

D’emblée, le film pose problème. Il semble y avoir un concours à Hollywood qui récompensera l’auteur qui présentera la trame de son film le plus vite possible. En 1 minute 35, Todd apprend la délocalisation de son équipe, en 3 minutes 38, Todd en Inde. Je n’ai rien contre un rythme rapide, mais, non seulement, en 3 minutes 38, on ne sait rien de notre héros mais surtout la première partie du film le dépeint comme un mec un peu détestable et hautain. Genre Jim saison 6 de The Office.

J’aurais aimé qu’on passe un petit quart d’heure sur la vie de Todd à Seattle et en apprendre un peu sur lui. J’aurais aimé connaître ses amis, sa famille, ses valeurs, ce qu’il aime et ce qu’il fait de ses nuits blanches. En effet, le film est censé nous montrer un jeune homme un peu perdu qui trouve un sens à sa vie en Inde. Mais le film évoque trop peu le Todd pré-Inde. Du coup, lorsque plus tard, il découvre que son ex l’a déjà remplacé ou qu’aucun de ses amis ne prend de ses nouvelles, on ne ressent pas grand chose pour lui.

Dans le même ordre d’idée, lorsque Todd « goute enfin à la cuisine locale », le peu d’intérêt personnel envers lui nous empêche d’être heureux pour lui. L’impact d’un Jim qui embrasse enfin sa Slumdog Pam n’est pas là. Le Todd du film est mal défini et j’espère que les producteurs de la série prendront le temps de répondre à ce problème avec leur Todd.

Mais sinon, l’Inde, c’était comment ?

S’il y a une chose que j’ai appris des films de Bollywood de ma femme, c’est, qu’en Inde, il n’existe aucun problème que ne peut pas être réglé par à un numéro dansé et chanté par des acteurs qui sur-jouent à mort. Outsourced n’échappe évidemment pas à une référence à Bollywood. Mais il est léger, drôle, court et s’intègre bien dans l’histoire. Cependant, ne vous méprenez pas, Outsourced, ce n’est pas un numéro de Thalassa en Inde. On a aussi le droit au moment obligé ‘Oh ! Ces Indiens sont si pauvres, mais si généreux et au fond, ils ont l’air heureux’.

En apparence, le film enchaine les clichés faciles plus ou moins drôle (oui, j’ai eu un petit rire bête à « You’re name is ‘man meat’ ? ») mais j’avoue avoir été agréablement surpris. Encore une fois, vous n’apprendrez pas grand chose de la culture indienne, mais les personnages, à défaut d’être très originaux, sont attachants.

L’un des thèmes intéressant du film est la volonté de la direction basée aux Etats-Unis de cacher à leur clientèle qu’ils appellent un call centre basé en Inde. Bien qu’ils parlent l’anglais, Todd doit leur apprendre l’anglais américain. Et existe-t-il un meilleur moyen d’apprendre la langue que par les films ? Je ne crois pas. Ainsi, les membres de l’équipe doivent rejouer, avec accents, des scènes de leurs films préférés. C’est une scène faite sans trop d’artifices qui fonctionne, si la série arrive en trouver chaque semaine, Outsourced pourrait être une bonne surprise.

L’impact de la délocalisation est aussi vu d’un point de vue indien assez inédit. Ici les indiens ne sont pas éternellement reconnaissant auprès de leur grand ami de l’Ouest qui leur permet de travailler pour un salaire bien plus bas que celui octroyé au yankee qui tient le même job aux US. Sans être cyniques non plus et tout en appréciant leurs postes, ils savent qu’ils peuvent un trouver un autre job facilement dans un des call centres de n’importe quelle autre multinationales basées en Inde. On nous dépeint une vision simpliste, réductrice mais aussi plutôt saine du monde du travail.

Au final

Si vous cherchez une satire piquante sur la délocalisation, passez votre chemin. Mais Outsourced n’est pas non plus un ramassis de clichés usés d’une vision occidentale de l’Inde. Entre les deux, le film permet de passer un bon moment et on voit très bien le potentiel d’une série qui mériterait sa place dans la soirée du jeudi de NBC. Et même si la série s’avère moins réussi que le film, ça ne pourra pas être pire que Kath and Kim.

Conundrum