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Urgences - Longue critique de la saison 12 de la série

Urgences (Bilan de la Saison 12) : Asystolie d’une série

Par Joma, le 28 août 2006
Par Joma
Publié le
28 août 2006
Saison 12
Episode 22
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Les vieux ont de la ressource ! L’équipe de France de football l‘a démontré durant la Coupe du Monde, et en matière de série, certains dinosaures sont toujours à l’antenne.

Avec la franchise Law and Order, ER (aka Urgences), est une des plus vieilles séries diffusées. Douze saisons de nfs, chimie, iono, et (heureusement) un peu moins de Pratt est un boulet.
Si je ne puis juger de la qualité des Law and Order - ben oui, au grand damn de Jéjé, je ne regarde pas - je peux quand même parler un peu d’ER.
La première chose à dire sur cette saison, est qu’elle fut longue ! Les 22 épisodes parurent durer une éternité. La faute à un discours sans originalité, la série n’a plus rien à dire et ça se voit.

Un des exemples les plus frappants est Luka.
Le personnage de Goran Visnjic avait été introduit pour donner à Carol Hathaway une intrigue amoureuse en remplacement de Doug Ross, mais le départ de Julianna Margulies avait fait tomber tout ses plans à l’eau.
Au lieu d’utiliser Luka d’une autre manière, les scénaristes de la série n’ont cessé de vouloir coller le croate dans les bras d’une infirmière. D’abord Abby, puis quasiment tout le staff féminin en saison 9, et enfin Sam, pour ensuite cette saison le ramener dans le giron d’Abby, qui n’est certes plus infirmière mais se retrouve bien seule depuis le départ de Carter. Pffiou fatiguante la vie Luka.

Luka le bout-en-train de l’hôpital

Tout ça, c’est quand même bien dommage ma petite dame.
En se prenant un peu de recul on a quand même l’impression d’un certain gâchis.
Luka avait tout pour devenir un sacré personnage : un docteur avec un background plus qu’intéressant. Imaginez quand même un européen qui a connu une guerre civile, a combattu, et perdu sa famille, lâché dans l’univers basique d’un hôpital US. Background qui n’aura eu son utilité l’espace d’un seul épisode, lors du final de la saison 9 : Kisangani. C’est peu mais au moins ça aura bien servi.

Cette persistance à vouloir absolument que Luka reforme une famille a diminué complètement le personnage.
Qui aujourd’hui n’en a pas marre de voir Luka faire sa tête de cocker et s’excuser de son comportement ou d’autres futilités quasiment à chaque épisode quand il est avec ses femmes ? Avouons le, Luka en couple n’a rien d’intéressant.
En ce qui me concerne, je préférais Kovac en serial niqueur cynique et dépressif de la saison 9, on avait au moins l’impression de ressentir quelque chose pour lui, que ce soit colère ou envie, il ne laissait pas indifférent.
Dans cette saison 12, rien ne m’a touché. Le jeu de Visnjic étant tellement minimaliste que du moment où il se fait larguer par Sam, ou lorsque Abby lui dit qu’elle est enceinte de lui, comme ensuite toute la storyline ou le couple Kovac/Abby se forme vraiment, il fait la même tête. S’autorisant quelques fois un ou deux sourires pour montrer Luka content. Bref, rien de transcendant pour me faire frémir. Et pourtant Goran l’a prouvé, il peu, et sait, jouer autre chose.

Voilà la véritable raison pour laquelle les scénaristes ne le font pas sourire.

Au final, on était juste en présence d’un remake de la saison 6 ou plutôt de l’intrigue voulue cette saison pour Hathaway et Kovac. Fallait oser quand même ressortir cette intrigue du placard 6 ans après.

Si Luka tourne en rond, que dire de Pratt ?
Même son passage éclair en Afrique ne semble pas avoir eu d’effet sur lui. Cela en devient lassant à la longue, de voir un personnage ne pas évoluer d’un pouce.
En plus avoir ramener Danny Glover pour jouer le père absent n’a pas servi à grand chose, tant l’attitude de Pratt face à sa nouvelle famille était versatile d’épisode en épisode. On peut comprendre la difficulté à faire face à l’idée d’avoir soudainement une belle-mère, des demi-frères ou sœur. Mais les atermoiements de Pratt me semblaient plus proches de l’incapacité des scénaristes à faire correctement évoluer le personnage, que des choix de Pratt lui-même.

Pire, on dirait même que c’est son pote Morris qui a fait le stage au Darfour. Puisque voilà les scénaristes qui en fin de saison nous le montre sous jour différent, loin du médecin comique, voire stupide auquel on était habitué, mais comme un véritable praticien... Le monde à l’envers. Au moins, pour le personnage de Scott Grimes, cette saison 12 n’aura pas été une totale perte de temps.

le nouveau Mister Cool !

La gestion de certaines intrigues et personnages laisse aussi à désirer.
John Stamos en guest sur deux ou trois épisodes avec son personnage d’ambulancier qui craque sur Neela annonçait en filigrane la mort de Gallante survenue lors de l’avant dernier épisode : The Gallant Hero and the Tragic Victor. Le joli titre ne cache pas le fait que la présence de Stamos, en milieu de saison, préparait sans aucun doute une future intrigue pour Neela en saison 13.

Flash Important
Cette femme a disparu ! Aidez-nous à la retrouver.

L’arrivé du Dr Victor Clemente (John Leguizamo) apportera un peu de tension. Clemente est une sorte de Kerry Weaver, dans le sens on il entre souvent en désaccord avec les autres membres du staff. Mais en même temps, pourquoi introduire un nouveau docteur alors que Kerry pouvait très bien faire l’affaire ? L’autre travail de Laura Innes, à savoir la réalisation, la tient-elle occupé si loin des plateaux, pour penser à lui trouver un remplaçant ?

Kerry face à Kerry 2.0


Surtout que l’intrigue principale de Clemente avec son histoire d’adultère ne semble être là que comme une porte de sortie à Leguizamo pour finir son tour d’un an aux urgences. Au moins on ne pourra pas dire qu’elle n’aura aucune incidence sur son travail et donc ses patients.

Quand à l’impact de l’infirmière Eve Peyton, alias Kristen Johnston, il aura été nul. Eve semble n’avoir été placée là que comme élément perturbateur, le pendant de Clemente pour les infirmières, mais en beaucoup plus rapide puisque lourdée dés la mi saison.

Restent alors les épisodes spéciaux, généralement diffusés durant les sweeps pour tenter de relever le niveau.
Toujours plus, semble être le credo de ces épisodes. Un avion qui se crashe dans Chicago même (Two Ships).
La progression d’une maladie dégénérative sur un professeur de médecine reconnu, et ancien mentor d’Abby, vu par flashback Body and Soul.


La guerre civile au Darfour Darfur, No Place To Hide, There Are No Angels Here.
L’Irak The Gallant Hero and The Tragic Victor.
Une prise d’otage au Cook County qui dégénère 21 Guns.
Utiliser ce genre d’épisode pour booster une saison n’a rien de nouveau dans la série, c’est juste que malgré leurs qualités ils pourraient être d’une autre série que leurs propos ne choqueraient pas.
En tant que grand fan de Kisangani je ne peux quand même pas leur jeter la pierre : ils apportent souvent une tension, un intérêt que sont désormais incapables de montrer les épisodes réguliers. Mais ils ne s’inscrivent pas, ou souvent mal, dans l’ensemble de la saison. Au moins Kisangani avait pour but de changer autant Carter que Kovac, et même si pour Kovac ça n’a pas été le cas, les épisodes de cette saison n’ont aucune incidence notable sur les personnages.

Et parfois, trop est l’ennemi du bien. 21 Guns, le season finale, illustre bien cette idée. Comme tout final de saison il se doit d’être flamboyant, malheureusement, et comme c’est devenu une habitude dans ER, on met encore en danger un membre de l’hôpital comme dernière image de la saison.
Sam kidnappé par son ex, Luka drogué et menotté sur un lit qui voit Abby s’évanouir avec sans doute un problème grave avec son bébé, Jerry qui se fait tirer dessus, etc.
Alors oui ça semble de bons cliffhangers. Le problème, enfin, mon problème, est qu’il est difficile de compatir pour un personnage face à l’avalanche de catastrophe qui s’abat sur les urgences.

Qui plus est, avec ce genre de final, on est loin de la série qui tentait de nous faire voir par l’œil nouveau, voir naïf d’un jeune interne, le métier de médecin urgentiste.
Si le côté humaniste de la série est toujours là, si un patient doit bien être soigné quelque soit sa couleur, sa nationalité ou sa religion, si la série s’interroge toujours sur l’éthique, le rapport entre médecin et patient, tout est noyé sous des tonnes d’intrigues soapesques qui en affadissent le propos au point de le rendre inintéressant au possible. Il est étonnant de voir John Wells s’empêtrer dans ces intrigues, lui qui a réussi le tour de force de garder le niveau de qualité de The West Wing initié par Sorkin, son incapacité à renouveler ER est incompréhensible.
Sans tomber dans un passéisme de rigueur après tant d’années (ben oui, il n’y a qu’à voir le nombre de fois ou autour de soi on peut entendre : Avant c’était toujours mieux !) il semble bien qu’ER n’ait pas réussi à négocier, il y a quelques saisons, le virage de la perte d’innocence de Carter face à son travail. Le départ de Noah Wyle, et donc de Carter, n’aura été que le coup de grâce d’une série qui ne brille plus que par intermittence.

Joma
P.S. La vieille dame est fatiguée, laissons là se reposer.