Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

Friday Night Lights - Critique de l'épisode 2 de la saison 2

Bad Ideas: Tonight wil be fine

Par Feyrtys, le 19 octobre 2007
Publié le
19 octobre 2007
Saison 2
Episode 2
Facebook Twitter
Oh sometimes I see her undressing for me, she’s the soft naked lady love meant her to be, and she’s moving her body so brave and so free. If I’ve got to remember that’s a fine memory. And I know from her eyes, and I know from her smile that tonight will be fine... for a while.
Je fais comme tout le monde en ce moment à pErDUSA, je commence mes reviews par des paroles de chansons, mais pas de Wicked, de Leonard Cohen cette fois. Parce qu’il faut toujours avoir un peu de Leonard Cohen avec soi.

Je ne regarde jamais un épisode de Friday Night Lights sans un chariot de réanimation à portée de main. FNL fait partie de ces séries qui maltraitent mon pauvre petit cœur à chaque épisode. C’est bien simple, quand il ne se brise pas en mille morceaux, il s’arrête de battre sous l’effet du stress. Ce second épisode n’a pas fait exception à la règle. Et pourtant, je suis toujours dubitative quant à l’histoire qui rapproche Landry et Tyra. Mais voilà, quelques plans sur Lyla et sur Tim, une déclaration d’amour, une rupture, et une crise de nerfs à l’hôpital ont suffi pour me faire oublier tous mes doutes à propos de la seconde saison de cette série. FNL tient toujours le haut du pavé.

Femme au bord de la crise de nerfs

Rien ne va plus pour Tami… La grande, la forte, l’indestructible Tami est en train de se faire manger toute crue par un blob d’à peine 35 cm. Et pendant ce temps, que fait Eric ? Il joue au baby-sitter avec un joueur de foot arrogant très porté sur le bling, mais qui a le mérite de poser THE question de l’épisode : « Si vous avez un nouveau-né à la maison, qu’est-ce vous fichez dans ma bagnole, Monsieur le Coach Taylor ? ». Une voiture dont les rétroviseurs font la taille d’une Smart, en plus. Sont fous ces américains.

En effet, que fait-il encore à Austin, ce cher Eric, alors que sa femme est visiblement à deux doigts de craquer à chaque fois qu’ils se parlent au téléphone ? Alors que Julie semble complètement indifférente au sort de sa mère ? J’oubliais, il vit son rêve. Dans une équipe où il a du mal à s’intégrer, où le Coach lui donne du babysitting à faire à la place d’une séance d’entraînement… « Rends-toi indispensable », lui conseille Tami. « On peut te remplacer pour un entraînement, Eric, te fais pas de bile, répond le boss d’Eric, et accompagne donc cet exécrable joueur à une commission qui enquête sur les pots-de-vin (très répandus apparemment) dans le milieu du foot universitaire ! Ca va te plaire, tu vas voir ! ».

Bien essayé Eric ! Mais ça ne marche visiblement pas. Ton rêve, comme je l’ai déjà dit la semaine dernière, il est un peu naze. Surtout que, encore une fois, tu montres tout ton talent lorsque tu t’occupes de tes joueurs comme seul un entraîneur de lycée peut le faire : seul à seul, avec honnêteté et passion. Le foot universitaire est l’anti-chambre de la NFL, et donc l’anti-chambre pleine d’hypocrisie, de pressions des sponsors, et de management impersonnel... Le foot pour lequel Eric est fait, c’est le foot qui lui ressemble : celui des joueurs passionnés qui ne sont pas encore complètement corrompus par la gloire et l’argent… Des adolescents que l’on peut encore prémunir contre cette machine à faire des stars, mais surtout, à faire des oubliés.

En deux mots, reviens Eric !

Connie Britton avait un rôle difficile dans cet épisode. Montrer un personnage au bord de la crise de nerfs sans sombrer dans le grotesque et le ridicule, c’est un vrai challenge. Elle s’en sort plutôt bien, même si lors de sa scène avec son remplaçant (un gentil prof de SVT, je l’aime déjà beaucoup, allez savoir pourquoi), on se demande s’il faut rire ou sérieusement s’inquiéter de la santé mentale de Tami. Le nouveau conseiller d’orientation / travailleur social est un peu comme nous devant les larmes de Mrs Taylor : doit-on la réhydrater, la secouer pour qu’elle se calme, lui donner du valium, ou bien se cacher derrière son bureau et attendre que ça passe ?
Pour la défense de la merveilleuse Tami, le nouveau n’est ni très diplomate (on ne parle pas des qualités maternelles d’une femme qui vient d’accoucher, c’est tabou), ni visiblement très à l’aise avec son nouveau poste. Mais il est serviable, et gentil, et vient chercher Tami et Gracie à l’hôpital après que cette dernière a eu besoin d’être auscultée par un médecin. Il a même une excellente remarque, un peu à la manière du joueur qu’Eric escorte : il demande à Tami quelle est la raison derrière cette séparation au juste… Et très honnêtement, Tami répond : « je ne sais plus très bien… ». Au moins, on ne peut être que d’accord avec elle.

if you’re lost you can look—and you will find me - time after time

Matt va-t-il faire son Randy (de My Name is Earl) et se mettre à écouter du Cindy Lauper ? Même si ça me ferait mourir de rire, je ne crois pas que ce soit envisageable. Pourtant, le petit Matt a son cœur en mille morceaux, et quoi de mieux que Cindy Lauper pour vous enfoncer un peu plus quand vous êtes au fond du trou ?
Après avoir essayé de donner du temps et de la liberté à Julie, au lieu de lui faire des grosses scènes de jalousie (ça n’aurait pas été une bonne idée non plus ceci dit), Matt se retrouve célibataire…

Après avoir passé une bonne partie de la saison 1 à attendre que ces deux-là se mettent ensemble, puis après les avoir adorés en couple, je m’étonne de ne pas être déçue de les voir se séparer. Comme je l’ai dit dans la dernière review, je les aime autant ensemble que chacun de leur côté. Et la raison de leur séparation est absolument compréhensible. Julie change peu à peu. Petite fille avec Matt, elle prend de l’assurance quand elle est avec "the Swede". Elle s’affirme peu à peu contre le modèle formé par ses parents, parce qu’elle en a besoin pour savoir qui elle est, au fond. Même si pour cela, elle doit rompre avec le parfait petit ami…

La rupture est difficile, mais au moins, Julie est honnête avec Matt. D’abord réticente à parler de "l’autre", elle finit par admettre qu’il entre dans l’équation, mais pas seulement : la naissance de Gracie, son père parti à Austin, la peur de devenir sa mère (coincée dans son enfer personnel parce qu’elle aime Eric et qu’elle est prête à tout sacrifier pour lui), tout cela rentre en compte. Matt est royal pendant LA discussion. Il est résigné, mais garde la tête haute.

En revanche, je serai très très fâchée si Matt et la nouvelle aide ménagère/infirmière qui s’occupe de sa grand-mère se retrouvent à fricotter. Ce serait UN PEU facile.

Du côté des histoires d’amour de la petite ville de Dillon, celle de Lyla et de Tim ne semble pas tout à fait résolue. Même si, en société, les deux se comportent comme si rien ne s’était passé, ils restent attirés l’un par l’autre, et cette attirance refait surface à chaque fois qu’ils se retrouvent seuls. Et cela, même si Lyla fait des prières bizarres dans lesquelles elle fait référence au Christ « en elle, à côté d’elle, au-dessus et en-dessous d’elle, quand elle se couche… ». Je ne savais pas qu’il y avait des prières aussi érotiques ! Sacrée Lyla.

En attendant, je suis ravie de savoir que Tim et Lyla ne sont pas complètement remis de leur histoire et qu’il y a toujours quelque chose entre eux. Je ne cherche pas forcément à les voir ensemble, je pense d’ailleurs que leur couple n’irait pas très loin dans les circonstances actuelles, mais leur relation est une de mes préférées, car elle est restée très mystérieuse pour moi. Ils sont attirés sexuellement l’un par l’autre, mais il y a un peu plus que ça… Comme si Tim pouvait se comporter différemment avec elle et Lyla être une autre personne avec Tim. Comme si, lorsqu’ils étaient ensemble, ils étaient plus que ce que Dillon attend et espère d’eux.

Et qu’est-ce qui rapproche ce couple dans cet épisode ? Buddy Garrity ! Le personnage le plus difficile à supporter, mais celui qui sonne probablement le plus vrai de toute la série. Pourquoi ? Parce que ce cher Buddy est l’incarnation du rêve américain, avec toutes ses contradictions.
Ancré dans un passé plus glorieux que le présent, autrefois star de son équipe de football, devenu concessionnaire de voitures, marié à une femme trop belle pour lui de qui il n’est même pas capable de rester fidèle, le bonheur apparent Buddy n’est qu’un château de cartes… Au moindre souffle de vent, tout s’écroule, et en un quart de seconde, Buddy passe de figure respectée dans sa ville à loser fini. On a un peu pitié pour lui, Roi déchu de son trône, remplacé au sein de sa famille par un homme qui est son opposé, remplacé au sein de sa communauté par un homme plus riche, qui a un ranch plus grand et qui possède plus de trophées de chasse, Buddy a perdu sa place au sein de Dillon, et il a perdu son identité. Il est difficile de ne pas se sentir un peu triste pour lui, surtout quand il s’humilie un peu plus devant tout le monde et doit être littéralement porté chez lui par sa fille… Et par son chevalier servant, Tim.

I’m your man

En parlant de chevalier servant… Landry et Tyra continuent à faire face à leurs démons, chacun à leur manière. Landry panique un peu, Tyra essaye de s’endurcir plus qu’elle ne l’est déjà.

Nous faisons la connaissance du père de Landry dans cet épisode, et je comprends à présent pourquoi Landry a revêtu l’armure de l’équipe de football. C’était pour impressionner son géniteur ! Ce détail m’avait complètement échappé dans le season premiere. Le père de Landry n’est pas l’homme le plus chaleureux de la terre, c’est certain. Mais j’aime assez que la série se penche sur la vie familiale de ce personnage.

Dans cet épisode, Landry brille par son courage et, en même temps, par son absence de courage. Il n’arrive pas à revenir à une vie pseudo normale après l’accident. Il panique à l’idée que sa montre, qu’il a perdu, est restée sur les lieux du crime. Il se montre humain. Tyra, elle, voudrait bien qu’il se comporte « comme un homme ». Landry lui répondra que l’idée qu’elle se fait d’un homme est franchement tordue, et triste, et il a raison.
Soit parce qu’il est désespéré, soit parce qu’il est à bout et ne sait plus ce qu’il dit, Landry avoue alors son amour à Tyra, d’une façon directe et sans concession. En gros, il lui dit de la fermer deux minutes et de regarder la vérité en face. Bien sûr qu’elle sait qu’il est amoureux d’elle, bien sûr elle s’en est jouée et en a profité à sa manière, même sans vouloir lui faire du mal… Mais bien sûr, il reste amoureux d’elle et referait la même chose pour elle s’il le fallait.

J’aurais voulu pouvoir encourager Landry devant mon écran mais le fait est que je ne suis toujours pas à l’aise avec cette situation. Au contraire, cette déclaration d’amour m’a fait mal au cœur. Tout comme leur baiser échangé à la fin de l’épisode. C’est douloureux de les voir se rapprocher ainsi, parce qu’ils le font pour toutes les pires raisons. Peur, culpabilité, honte… C’est douloureux de voir Tyra décider de "soulager" Landry de sa souffrance en lui donnant ce à quoi il rêvait depuis des mois. Pour moi en tout cas, c’est difficile à regarder…

Ceci dit, toutes leurs scènes étaient géniales. J’aurais aimé un peu plus de silence et un peu moins de bavardages inutiles, mais toutes leurs scènes touchaient au but : montrer deux personnes condamnées à leur propre enfer personnel se rapprocher pour mieux se détruire par la suite. Car, soyons honnêtes, qui peut faire le pari que ces deux là vont finir heureux ensemble ? Avec une maison, deux chats et TiVo ? Les voir s’embrasser est à la fois émouvant et profondément dérangeant. En tout cas en ce qui me concerne.

Feyrtys
P.S. On notera dans cet épisode l’apparition de Marc Zupan, vrai joueur de rugby en fauteuil roulant résidant à Austin et star du documentaire Murderball, que je recommande chaudement à ceux qui ne l’auraient pas vu. J’ai toujours soupçonné les scénaristes de FNL de s’être inspiré de Marc Zupan pour créer le personnage d’Herk, et je suis contente de le voir faire un petit caméo.