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Friday Night Lights - Critique de l'épisode 2 de la saison 3

Tami Knows Best: But do you ?

Par tomemoria, le 18 octobre 2008
Publié le
18 octobre 2008
Saison 3
Episode 2
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S’il est impensable de qualifier Friday Night Lights de « pas mal » quand il n’y a pas d’histoire de violeur mort au fond d’un fleuve, le deuxième épisode de cette saison a un petit arrière goût d’inachevé. Mais pourquoi ça ?

Parce que Tami sait mieux

Le problème provient essentiellement de l’intrigue de Tyra. Comme c’était déjà le cas dans le premiere, son histoire est un peu clichée et avait un petit goût de réchauffé. Ce qui est étrange, c’est que si les scènes sont toutes tirées par les cheveux, l’intrigue dégage une réflexion très intéressante. En se présentant pour être déléguée, Tyra voit sa réputation de fille facile remonter à la surface. Lorsqu’on a rencontré Tyra, il y a deux ans, elle sortait avec Riggins, avait l’air d’apprécier le canapé de Smash et suivait parfois de jeunes types dans des hôtels alors qu’elle était en seconde. Résumé comme ça, on aurait pu la voir comme la « slut » de la série. Seulement le travail sur le personnage était tellement réaliste, tellement crédible, que l’on ne pouvait que voir une jeune fille extrêmement mature, qui avait le courage de se déclarer libre de coucher avec qui elle voulait, comme le faisait Riggins de son côté. D’ailleurs, ça ne lui posait pas de problème tant qu’il ne s’agissait pas de Lyla Garrity. « N’importe qui sauf elle ! » avait-elle crié un jour en apprenant l’aventure de 33 avec la cheerleader. Tyra a donc une dignité. Elle sait qu’elle est attirante et peut parfois en jouer pour obtenir ce qu’elle veut. Il se trouve que ce qu’elle veut pour l’heure, c’est être déléguée. Elle a peut-être pris cette décision sur un coup de tête, pour prouver aux texans bornés de Dillon dont le chef de file est ce cher vice-principale qu’elle peut être autre chose que cette mignonne fille qui restera toute sa vie dans le même bled. En devenant déléguée, elle souhaite s’émanciper de cette image. Seulement voilà, elle oublie qu’elle est toujours auprès de texans bornés de Dillon. Dans leur petit monde, une femme attirante, et qui le sait, ne peut être qu’une traînée. La dénonciation est juste, mais la scène est trop démonstrative. Les élèves hilares devant Tyra qui se fait humiliée, ça ne marche plus depuis Carrie. J’aurais préféré qu’elle surprenne des gens en train de se moquer d’elle. Ç’aurait été bien plus crédible. Quoiqu’il en soit, ce n’est pas ça qui arrête Tyra. Puisque c’est l’image qu’on a d’elle, tant pis. Elle sait que le sexe plaît. Elle sait que les adolescents en raffolent. Elle peut s’en servir. Et une fois délégué, elle n’en aura plus besoin. Elle pourra redevenir qui elle est : une fille intelligente qui échappera au destin qu’on lui impose. La fin justifie les moyens…
En tous cas pas pour Tami qui est profondément indignée par la présentation de Tyra. Et Tami n’a pas tort. Sa protégée utilise sa réputation et des amies strip-teaseuses pour devenir populaire. Jusque-là, ça ne va pas bien loin. Ça mérite quelques heures de colles pour le dérangement et la mauvaise musique, mais ça peut passer. Tami défend la jeune Collette à ce moment-là. On a essayé d’humilier Tyra et elle a répondu avec intelligence, en rebondissant sur cette attaque pour en ressortir plus forte. Mais elle va trop loin, en rabaissant sa personne devant tout les lycéens dans le seul but de s’attirer leur faveur. Et Tami avait raison d’être embarrassée de la voir se ridiculiser de la sorte. Et c’est d’autant plus triste qu’elle se fasse élire sur ces seuls critères. Les scènes étaient donc plus ou moins justes mais l’idée était bonne. Ce n’est pas un sans faute, mais c’est l’intention qui compte. Et puis ç’a permis de rappeler que Tami avait foi en Tyra, que Tami n’aime pas qu’on se plie à l’esprit étriqué des gens pour leur plaire. Et qu’elle veut un monde différent.

Ce qui nous amène à la deuxième intrigue de « Tami sait mieux que tout le monde » : le Jombotron. Celle-là me plaît tant sur sa réflexion que sur son traitement. La série nous a longtemps fait comprendre combien le football était important pour cette ville. On s’est progressivement mis à la place d’un Dillonien. Pourtant, même si on adore le Football, on ne peut qu’être outré par ce que vit Tami. C’était décevant de voir que le Buddy sensible et humain de l’an dernier s’était transformé en gros beauf qui tripote les photos. Mais encore, sa réaction peut se comprendre. Il a fait toutes les démarches pour avoir son Jombotron, Tami dit oui, puis elle décide finalement que l’argent ira ailleurs. Il y a de quoi être agacé. Seulement c’était la bonne décision à prendre car l’éducation des jeunes, avoir des profs qualifiés et compétents, qui ont des moyens à leur disposition, ne doit pas être l’exception mais la règle. C’est pour ça qu’il est d’autant plus honteux de voir la mairesse réagir comme elle le fait. Venir dans le bureau de Tami, la menacer, lui apprendre comment faire son travail... Le titre du 2.12 résonnait dans ma tête pendant cette séquence. Il y a une chose que l’on appelle la séparation des pouvoirs. Ça existe pour éviter que le monde soit dirigé de manière despotique. Si ça ne marche pas toujours très bien, c’est à cause de gens comme cette femme qui outrepasse leur autorité pour venir mettre leur grain de sel dans des affaires qui les regardent vraiment de très loin. Tami est la principale du lycée. C’est à elle qu’il incombe de prendre ce type de décision. « J’espère que ça ne va pas mal finir, pour votre bien j’entends » a dit la mairesse avant de partir. Oui, on aurait dit la mafia. Et pire que tout, personne pas même son cher et tendre, ne supporte pleinement et sans condition sa décision. Comme elle le dit, c’est risqué et courageux, mais ce n’est même pas discutable. L’école a des besoins et Tami campe sur ses positions. Elle a bien raison. Elle sait mieux que tout le monde.

Parce que aaaaahhhmmmm

On a connu Tim et Lyla amants, Tim et Lyla amis, Tim et Lyla pas amis… Mais on ne les avait jamais vraiment vu en couple. Après l’officialisation de leur relation devant la ville entière et surtout Buddy Garrity, il est temps de trouver à ce joli petit couple des problèmes de couple comme on en voit un peu partout à la télévision. D’accord, l’intrigue était mignonne et agréable. Elle a permis d’explorer le côté tendre de Tim qui fait des efforts pour plaire à sa belle alors qu’il déteste cet univers coincé et hypocrite. On a aussi vu Lyla sous un jour un peu plus sec mais malgré tout prête à comprendre qu’ils viennent de deux univers différents mais que ça ne les empêche pas de s’aimer… Voilà, je pense que ma dernière phrase montre assez bien combien cette intrigue a été traité dans Titanic. Ce n’était pas indigne de Friday Night Lights mais juste un peu trop simple. Quand on fait référence à Lyla et Jason, on pense à une relation juste et brillamment écrite où chaque problème faisait vrai. Ici, sans aller jusqu’à dire qu’elle n’était pas crédible, la relation était juste convenue. Et pour couronner le tout, elle n’a pas relevé Buddy Garrity qui déclare en gros que Tim est une slut et que Lyla devrait faire attention. On souligne ici l’hypocrisie du personnage. D’un côté, il est ravi du système qui permet à des élèves qui n’ont jamais lu un livre d’être en Terminale car ils se font aider par des rally-girls avec lesquelles ils couchent au passage, mais quand il s’agit de sa fille, là ça ne va plus. S’il décidait soudainement de soutenir Tami parce que Lyla a des problèmes scolaires, ce serait du pareil au même.

Mais en même temps, c’est pas que le genou

L’intrigue de Smash conclue par un puissant coup de racket la semaine dernière se poursuit dans cet épisode. On avait laissé Williams prêt à en découdre avec son problème de vitesse. Eric lui avait bien dit : ton genoux n’a rien. Il visait juste. Seulement Smash n’arrivait pas encore à admettre d’où venait le problème. Quand il comprend que son genou n’est pas fautif, il réalise que s’il est plus faible, c’est à cause du stress. Il a subi une blessure grave lorsqu’il était un Panther. Ça l’a sans doute plus traumatisé qu’il ne veut bien l’admettre. Il a été faillible lorsqu’il était un Panther. Comment savoir s’il ne le sera pas d’autant plus à présent qu’il a passé son bac ? Le garçon sûr de lui et prétentieux a été anéanti par cette blessure au genou. Il n’a pas assez de force en lui pour retrouver son énergie d’antan. Néanmoins, en confiant cela au coach, il réagit en adulte et Eric trouve la solution à son problème. Rien de tel qu’un petit entraînement où on frôle l’accident pour retrouver ce bon vieux Smash. Oui il n’est pas invincible. Oui, il pourra un jour finir comme Jason. Mais c’est Smash bon sang. C’est une légende pas pour ce qu’il a fait, mais pour ce qu’il est. S’il a arrêté de l’être, c’est en partie à cause de cette ville qui a vite tourné la page, mais aussi parce qu’il a choisi d’être un serveur au fast-food plutôt que le bon vieux Smash. En retrouvant ce jeune homme, il retrouve son identité et se prépare à affronter le monde de l’université. Et vu ce que lui annonce le coach en fin d’épisode, il était temps.

Et puis coucou maman

La meilleure intrigue de l’épisode revient à Matt. Il se rapproche de Julie mais, bien que cette intrigue fasse plaisir à voir car les deux personnages ont grandi et on les sent prêt à retenter quelque chose ensemble sans que cela soit comme avant, ce n’est pas là que l’intrigue est la plus forte. Lorraine commence à sombrer dans la démence. Pour une raison absurde (ou pas), elle refuse de prendre les pilules qui la maintiennent dans une certaine forme de lucidité. Matt est débordant d’amour pour sa grand-mère. On l’avait vu en le comparant à la brutalité verbale de son père. Le jeune garçon ne peut simplement pas se résoudre à envoyer la femme qui l’a élevé dans un asile pour vieux où elle mourra seule et isolée. Mais c’est encore elle qui gère la maison d’un point de vue légal. Dans les faits, Matthew s’occupe déjà de tout. La suite logique veut qu’il s’émancipe pour devenir le tuteur de sa grand-mère. La scène la plus émouvante de l’épisode et qui m’a arraché quelques larmes est une scène toute simple. Une scène de la vie quotidienne où Lorraine remercie Matt pour être quelqu’un de si bien. Il me semble qu’on n’a pas assez loué le travail admirable de Louanne Stephens pour le rôle de Lorraine. Ce personnage a toujours été juste, toujours été crédible et toujours parlant. Non seulement cette intrigue est très bien amenée parce qu’elle est dans la continuité des éléments disséminés tout au long de la série, mais surtout, elle permet d’introduire le personnage de la mère de Matt. Pour l’instant, ils en disent le moins possible. Une maison plutôt convenable. Une femme d’une quarantaine d’années. Une guitare. Et Kim Dickens. Aussi douée dans Deadwood que dans Lost, la comédienne ne pouvait pas mieux tomber pour interpréter ce rôle très certainement compliqué et aux multiples facettes. D’un côté, elle est étonnée de trouver ce fils qu’elle connaît mal à sa porte, de l’autre, elle ne signera rien sans avoir lu au préalable les petites lignes en bas du contrat. Elle est méfiante envers une personne qui ne lui a jamais rien demandé et qui s’occupe de sa grand mère pendant que son père fait la guerre. Il est certain qu’on n’en a pas fini avec ce personnage. Elle ne semblait pas au courant de la pénible situation que vivait son fils. Maintenant qu’il est émancipé et déjà très adulte pour son âge, sans doute va-t-elle passer plus de temps avec le garçon qui a grandi dans son ventre, histoire de se donner bonne conscience.

tomemoria
P.S. L’épisode est tout de même un cran en dessous du premiere. Et puis Gracy Bell est sournoisement intervenue pour empêcher Eric d’être honnête. Et pour cela, elle mérite d’être châtiée.