Keeping Up Appearances: Le retour du « c’est tellement ça »
Famille décomposée
Au départ, je n’étais pas très emballé par l’intrigue de Buddy. La disparition inexpliquée de Santiago a amputé au personnage une bonne partie de l’humanité que le caractérisait en saison 2.
Pourtant, il est absolument bouleversant cette semaine. Non seulement, il est attendrissant quand il ne parvient pas à se rendre compte que ses enfants ont changé mais vraiment touchant lorsqu’il quitte le camping et va marcher seul.
Les retrouvailles à l’aéroport fixaient les bases de l’intrigue. Buddy était pressé, énervé. La première chose qu’il trouve à dire à son fils est qu’il jouera au football américain et à sa fille qu’elle a l’air d’une hippie. Si j’ai pu croire que c’était une manière maladroite de nous dire que Buddy allait être le coupable de l’histoire, je constate, rétrospectivement, qu’il est très intelligent de la part des auteurs de souligner les défauts du personnage. Grâce à cela, ils n’exposent pas une situation avec un seul son de cloche On a d’une part les enfants désagréables sans raison apparente et de l’autre ce grand texan bien enraciné dans ses préjugés. Seulement la série est encore plus intelligente que ça.
Car elle montre un Buddy qui essaye d’établir le contact avec ses enfants, qui essaye de retrouver la relation qu’ils ont perdu avec la distance. Il veut les remmener au camping, chanter dans la voiture... Seulement si d’une part ses enfants ont grandi et ne veulent plus tout à fait la même chose, ils lui parlent de haut, ne font que râler et n’ont même pas conscience du mal qu’ils font à leur père.
C’était mon premier « c’est tellement ça ». A des kilomètres de leur père, les enfants n’ont pas souvent dû entendre beaucoup de bien de Buddy Garrity. Avec un beau-père écolo, pas étonnant qu’ils finissent par penser du mal de celui qui vend des voitures. Ils ont été endoctrinés par les propos de leur beau père, sans réaliser qu’ils changeaient d’opinion sur l’homme qu’ils chérissaient jadis.
Je ne suis pas en train de me ranger derrière Buddy et ses gros 4x4 qui polluent. Seulement, ce Kevin que les enfants ont à la bouche tout le temps aurait peut-être dû réfléchir avant de liguer les enfants d’un autre contre leur père. S’il s’agit bien de celui que Buddy a failli agresser, ça ne m’étonne pas finalement. Il croit sans doute en ce qu’il dit sur le football et la nature et bla-bla-bla, mais renvoyer deux enfants vers leur père en sachant qu’ils se montreraient hostiles, c’est jute un peu pervers. Il y a une différence entre être écologiste par conviction et l’être par bourrage de crâne. Avec tout le mal qu’ils devaient déjà penser de leur père, il a été facile pour Kévin de les changer en antiBuddy. La conversation au camping n’en est que la preuve.
La série est très juste lorsqu’elle parle de la détresse d’un père qui n’arrive pas à reconnaître ses enfants, qui malgré tous ses efforts n’obtient que du mépris de leur part et qui en vient à dire qu’il aimerait ne pas être lié à eux. Buddy a déjà eu beaucoup de mal à accepter l’échec de son mariage. Il ne peut pas supporter de perdre aussi ses enfants. Heureusement, Lyla est toujours là pour lui. Peut-être à cause de son histoire avec Jason, elle a compris qu’il n’y avait pas qu’un seul coupable dans un divorce. Oui, Buddy a trompé Pam. Et alors ? Ils méritent ce qui lui arrive ?
Résoudre ces problèmes autour d’un bon match de football, voilà une façon rapide et efficace de conclure l’intrigue. Car malgré tout le discours entendu ailleurs, il en faut souvent peu pour réconcilier des enfants avec leurs parents.
Back Up
Eric commence à en avoir un peu marre du père MacCoy et on le comprend. D’abord, il lui a imposé son fils, puis il a remué ciel et terre pour qu’on titularise J.D., et maintenant que c’est fait, il ne peut s’empêcher de s’investir excessivement dans le vie sportive de son fils. Il n’est pas qu’un simple spectateur, c’est un emmerdeur professionnel.
Malgré tout, j’étais content qu’au repas du pré-générique, on insiste sur la complicité entre le père et le fils. Ç’aurait été trop simple d’en faire un tyran abusif et une pauvre victime qui rêve de s’épanouir. La vérité, c’est qu’il y a beaucoup d’amour dans cette relation. Mais peut-être pas celui qu’il faudrait. Pas l’amour que semble donner Mme MacCoy à J.D. Celui qui rêve de voir son enfant voler de ses propres ailes. Le père de J.D. semble vouloir vivre ses propres rêves à travers son fils, par substitution. Quand il a égoïstement réprimandé le jeune quaterback pour son ivresse, il se réprimandait lui-même pour avoir laissé cela se produire. C’était comme s’il faisait des excuses pour ses propres erreurs, enlevant toute chance à J.D. de communiquer avec son entraîneur.
MacCoy l’ancien est tellement obnubilé par l’idée la perfection de son gamin qu’il ne comprend même pas qu’Eric était gêné de son attitude inquisitrice. En fait, il n’écoute rien du tout. Il est dans son monde, dans son univers. Et il n’imagine même pas que les choses se passent autrement que comme il les a prévues.
Cette saison, on retrouve quelque chose qui faisait défaut à la série l’an dernier : des scènes imbriquées les unes aux autres. Dans la saison 1, il y avait un tas de scènes qui se déroulaient en même temps. On se souvient par exemple d’un plan très court sur Buddy et la mère de Tyra qui nous faisait tout comprendre en une fraction de seconde alors que la scène principale était un match.
Ici, on a une scène d’entraînement où Jason film Tim et où Papa MacCoy se la joue omniprésent. Le sentiment de réalisme est toujours plus fort dans ce genre de scène où tout arrive en même temps. De ce fait, l’attitude peut-être un peu exagérée du père passe comme une lettre à la poste. Il est borné, aveugle et possessif. Son fils est sa chose et il a l’air de croire qu’il a la priorité sur lui. Heureusement, il respecte l’autorité d’un coach lors d’un entraînement, mais il est toujours à deux doigts de la bafouer. Or, il arrive un moment où il faut remettre quelqu’un à sa place.
Qu’il crie dans les tribunes est une chose (J.D. ne devrait pas l’entendre de là où il est, quoiqu’il suffit de lui jeter un regard pour tout comprendre), mais aller voir son fils à la mi-temps pour lui dire qu’il est une grosse merde, ça mérite une bonne tape sur les doigts. Ça faisait du bien de voir Eric lui crier le nom du toutou de Veronica Mars à la figure
Et ce n’est pas facile de faire abandonner sa mauvaise foi à J.D. qui défend encore son père, alors qu’il est certain que le garçon rêve d’envoyer chier son paternel, comme tout bon ado de 15 ans qui se respecte. L’évocation du père d’Eric sonnait très juste et développait toute une facette du personnage en à peine quelques lignes. Le silence du coach Taylor face à l’obstination de J.D. laisse imaginer tout le travail qu’il y a encore à faire pour libérer le quaterback du vampire MacCoy. Lui donner toute sa confiance et lui ordonner de ne pas regarder les gradins est un bon moyen de commencer.
La dernière scène avec Maman MacCoy me donne encore envie de dire tout le bien que je pense de ce personnage. Contrairement à mes amis Podcastiens, je doute qu’elle rapproche de Tami pour l’avoir dans sa poche. Je crois que c’est une femme très bien qui aimerait que son mari cesse d’emprisonner leur fils dans sa définition du bonheur. C’était super bien qu’elle essaye de remettre les idées en place à J.D. Le pauvre se complaisait une fois encore dans la culpabilité alors qu’il devait être furieux contre son père… Cette relation mère/fils est vraiment géniale. Ce n’est pas la première de la série et pourtant, elle est tout à fait singulière. Elle n’a rien à voir avec celle qu’entretenait Smash avec Corinna.
Coming out
La relation entre Landry et Devin prend un tournant inattendu au cours de l’épisode. Tout commence pourtant très normalement. Elle vient remonter le morale de son pauvre ami qui, malgré toute sa bonne volonté, ne parvient pas à se sortir Tyra de la tête… Ni des oreilles, puisqu’elle ne trouve rien de mieux à faire que de brailler dans un haut-parleur d’une voix bien niaise
Mais je ne dirai pas plus de mal de Tyra cette semaine. Pas parce qu’elle est devenue super intelligente. Juste parce qu’elle n’est pas là.
Devin redouble donc d’efforts : elle chante d’une voix presque fausse, elle fait un bisou à Landry… D’ailleurs, je doute que ce bisou sur la tempe et cette main chaleureuse sur l’épaule soient totalement innocents de sa part.
Quelque part, Devin a réellement essayé de séduire Landry. Non seulement parce qu’elle voulait lui faire oublier Tyra, mais aussi parce qu’elle voulait leur donner une chance. Lorsqu’elle lui révèle qu’elle est lesbienne, elle avoue qu’elle voulait en être sûre et qu’il l’a aidé à s’en assurer. Ça pourrait être vu comme de la manipulation un brin perverse, mais Devin est tellement super qu’on ne peut pas lui faire de reproche.
Le « c’est tellement ça » a fait son retour lorsque Landry la raccompagne. Il y avait une vraie tension entre les deux. Chacun avait envie de franchir le pas, même si ce n’était, pour Devin, qu’une manière de mettre ses désirs à l’épreuve. Le baiser avait ce petit quelque chose de crispant. Et leur rire gêné ne le renforçait que mieux.
Le fait que Landry aille si rapidement se vanter auprès de Tyra laissait sous-entendre que quelque chose n’allait pas se passer comme il l’espérait. Il était si heureux, si sûr de lui. Il appelait déjà Devin sa « petite amie ». Il voulait dire à Tyra que lui aussi pouvait trouver quelqu’un, que lui aussi avait une vie. Et en même temps, il trouvait un prétexte pour donner un nouveau départ à leur relation, et faire à nouveau parti de ses proches. C’était très touchant de sa part.
Tout autant que le programme qu’il avait en tête pour sa soirée avec Devin. J’ai été très déçu quand elle lui avoue être lesbienne. J’étais désolé pour Landry. Et en même temps, j’étais très heureux que Devin se la joue honnête dès à présent. Le capital sympathie du personnage a considérablement grimpé dans cet épisode. Dans d’autres séries, le personnage aurait violemment repoussé Landry en prétendant n’avoir jamais laissé sous-entendre quoique ce soit. Ce n’est pas ce que fait Devin : elle admet qu’elle voulait essayer pour être sûre. Mais elle choisit aussi l’honnêteté, ce que n’aurait pas forcément fait un autre personnage mal écrit. Elle ne veut pas blesser Landry et je la crois. Devin dit qu’elle ne voulait pas être « impolie » et à donc rendu son baiser à Landry. Là aussi, le « c’est tellement ça » a pointé son nez. Dieu que ça fait du bien.
Si le discours de Tami à Landry m’a fait sourire, il m’a aussi dérangé. Déjà par rapport à l’intrigue de Jamarcus, sur laquelle je vais revenir dans un instant, mais surtout parce que Landry ne s’est jamais confié à Tami. Je sais bien que c’est la confidente de tout les héros de la série, mais FNL a parfois poussé la chose un peu loin. Comme en saison 1 quand Jason parlait de ses problèmes d’érection, cette conversation m’a paru incohérente avec les deux personnages. Voir Landry discuter si ouvertement de sa vie à la principale, c’était… juste bizarre.
Mais tant pis, c’était une super intrigue et un léger faux-pas ne la gâche en rien. La réconciliation entre les deux nouveaux amis était très satisfaisante, comme leur chanson en fin d’épisode. J’espère qu’ils auront encore du temps d’antenne ensemble.
Droit Devant
L’intrigue de Jason se mêle intelligemment à celle de Tim effleurée depuis plusieurs épisodes. Les miracles arrivent, et ce cher Riggins a peut-être une opportunité de faire carrière à l’université. Seulement, il va falloir se bouger un peu le derche. Or, depuis son accident, Jason sait très bien remuer le derche. Il va donc de ce pas aider son ami d’infortune tout en essayant de régler ses propres problèmes.
On pourra noter l’éclair de génie de Billy. Confier cette mission à Jason est la meilleure décision qui soit. L’avenir du cadet n’était pas entre de bonnes mains et Herc l’a prouvé de manière hilarante. Le personnage va d’ailleurs beaucoup me manquer s’il disparaît en même temps que Jason.
Encore une fois, l’intrigue de 33 est plus un prétexte pour faire interagir Jason avec le maximum de personnages, notamment quand il vient filmer Riggins transpirer ou à la fin quand tous se réunissent pour visionner le montage. Pourtant, entendre les autres personnages dire ce qu’ils pensent de Tim face à la caméra reste très émouvant. Même si cette intrigue est courte, elle parvient à toucher autant qu’une histoire au premier plan.
Comme celle de Jason.. A deux reprises, il doit batailler pour maintenir le prix et à deux reprises, il tient bon, comme le lui avait dit son ancien Coach. C’est d’autant plus salutaire qu’il devait composer avec les nombreuses bourdes de Billy et compagnie. C’est vraiment pas facile d’être Jason Street !
On ne peut qu’être admiratif face à ce que parvient endurer Jason. Lorsqu’il pète un plomb en se bagarrant avec Herc, j’étais presque content pour lui qu’il fasse sortir sa tension de manière « saine ». D’accord, ce n’était pas très malin de le faire devant les clients. Mais il aurait eu tort de se priver. D’autant qu’il a réussi à convaincre tout le monde par la suite : ils ont tous besoin d’argent. Tous. Et ils ont travaillé pour rendre cette maison meilleure. Le prix doit être en conséquence.
Un peu comme avec Tim, cette intrigue ne prend pas trop de scènes pour se régler puisque l’offre pour la maison se fait hors-champ tandis qu’un agent sportif propose à Jason de passer le voir quand il le désire à New York. C’était sorti de nulle part et pas vraiment crédible, mais tant pis. Jason nous fait déjà pleurer suffisamment, autant lui offrir une fin heureuse.
Comme prévu, on retourne, le temps d’une scène bouleversante, à sa relation avec Lyla. Une de ces relations éternelles. Ils ont peut-être rompu, ils ont peut-être chacun leur vie maintenant, mais ça n’enlève rien à tout ce qu’ils ont vécu.
Stupide accident qui a bouleversé leur vie. C’est tellement injuste.
Lyla comprend qu’il part, que tout est fini pour de bon. Elle sait qu’ils n’auront plus de seconde chance. Elle l’avait sans doute accepté. Mais cette fois c’est définitif.
Jason s’en va.
Pour toujours
Ou j’ai mis mes mouchoirs ?
Notre fils est joueur de quoi ?
Comme si cette review n’était pas assez longue, il me reste encore à parler de l’intrigue qui répond aux critiques (dont la pertinence et l’intelligence sans cesse m’ébahissent) de Gizz.
Il y a peu, il s’inquiétait de voir disparaître les minorités de FNL. Comme si la lesbienne n’était pas suffisante, c’est un nouveau noir qui vient remplacer Smash.
J’aime bien qu’on creuse les joueurs de foot de l’équipe, même si ce n’est que pour un épisode. C’est frustrant que la plupart des visages de cette équipe soit anonymes. Un de moins cette semaine, c’est tant mieux !
L’intrigue permet à Eric et Tami d’avoir un peu plus de scènes ensemble. Chacun essaye de marquer correctement son territoire mais ils finissent par se marcher l’un sur l’autre. Pourtant, Eric sait se taire quand il sait Tami plus diplomate que lui.
Je ne sais plus quel formidable rédacteur de Perdusa a fait cette remarque, mais il est en effet très agréable de voir des adultes agir en adultes, de voir un couple réaliste où un mari, par respect pour sa femme et ses qualités, lui ouvre la portière tel un gentleman. De petites touches réalistes et silencieuses qui propulsent toujours la série à un niveau d’excellence.
En savoir un peu plus sur Jamarcus a permis au match de gagner en intensité puisqu’il était en première ligne pour marquer les touchdown. Je ne sais pas vraiment quelle était l’intention des scénaristes avec cette intrigue, mais elle a apporté tout un tas d’éléments qui enrichissent Friday Night Lights et nous redonnent confiance en la série pour développer intelligemment ses personnages.