(Et pourtant, j’avais vu les photos du tournage dans Elle cet été).
Vous m’auriez posé la même question il y a quatre jours, sans attendre, le regard vif, les traits tendus, j’aurais dans un râle de contentement annoncé Gossip Girl, ...
Ce qui explique ce changement ?
Un simple bande annonce...

Je n’y peux rien, je suis comme ça, dès que les personnages d’une série citent Paris comme référence dans les domaines variés que sont l’amour, la mode, la cuisine et les grèves, je souris, dès que ça essaye de parler français dans une série, je tape dans mes mains, dès que les personnages sont dans un faux Paris de studio hollywoodien, je suis au comble de l’excitation...
Alors moi, après ça, il m’a fallut une cigarette !

Mais un épisode qui se passe pour plus de la moitié du temps dans ce trou qu’est New York peut-il satisfaire les attentes générées par une bande annonce qui ne montre que Paris ? Lourde tâche à accomplir, d’autant plus qu’il faut aussi lancer la saison sur des bases susceptibles de faire oublier le manque de maîtrise et de souffle des intrigues de l’année dernière.
En tout cas, on part confiant dès ses premières minutes en constatant que les modos de Gossip Girl n’ont pas changé. « Etre une chaudasse, c’est tellement naturel » et « Les pauvres n’ont vraiment rien compris » restent les lignes phares de la série.
Serena, icône féministe
A Paris, comme à New York, Serena est la même : elle se tape tout ce qui bouge. Des serveurs, des barmen, des guides de musées ou « n’importe qui en chemise Zadig & Voltaire »…
(Je vais me retenir pour ne pas faire la liste de tous les noms propres français prononcés dans l’épisode. Et il y en a. Ce n’est pas la pauvre Kristen Bell qui dira le contraire et que l’on entend souffrir à tenter de les prononcer correctement. Je me demande même si ce n’est pas par pur sadisme envers elle que les scénaristes se sont amusés à allonger leur liste initiale.)
Et les garçons en bicyclette (j’aurais tellement aimé entendre Serena dire « Vélib’ ») et en vespa. Cette histoire de garçons en vespa reprise dans tout l’épisode comme un cliché habituel du Parisien m’a assez surpris. J’associe ça plutôt aux Italiens mais c’est peut-être une façon pour les scénaristes d’expliquer que l’appétit de Serena ne peut pas se contenter de la chair locale…
En tout cas, retrouver cette légèreté propre à Gossip Girl dans l’évocation de la vie sexuelle active d’une jeune Américaine m’a ravi.
Allez, j’ose même dire que cet épisode flirtait même avec le féminisme :
Dans l’introduction « images d’Epinal de la vie parisienne », on voit Serena, dans un atelier d’artiste, non comme le modèle attendu d’un peintre fauché et évidemment fascinant, mais le pinceau à la main, derrière le chevalet, à sourire à un jeune parisien nu posant sur le canapé ! J’ai adoré !
Blair lit Colette sur les bancs de la capitale (espérons qu’elle n’a pas acheté son livre en pensant acquérir le catalogue de la boutique de la rue St Honoré !) et Katie Cassidy lit Edith Wharton ! Bon, Serena lit Be, mais quand même…
En parallèle de la vie détendue de Serena et des jolis garçons, Nate se tape un tas de filles… Sauf qu’il s’agit des groupies de Chuck issus de son petit calepin et qu’il semble avoir vécu un été sordide ! Tandis que Dan, lui, est coincé à Brooklyn à jouer au père modèle pour son « fils » caché qu’il aurait eu avec Georgina. L’image des hommes dans cet épisode se résume donc à la paternité ou à l’addiction au sexe tarifé ! Et bien, ça me plaît aussi beaucoup comme concept !
Je ne suis pas sûr que la chanson ‘Petite pute’ (que j’écoute en boucle depuis…) qu’on entend en milieu d’épisode aille dans le sens de ma démonstration...
Y’en a marre des pauvres
Il faut se rendre à l’évidence, la partie new-yorkaise est bien plus faible que la parisienne. Essentiellement à cause des Humphrey.
Dan est le seul qui se conduit comme un personnage de ce que Gossip Girl a souvent réussi à ne pas être : un mauvais soap. Quand la méchante de chez très méchant réapparaît dans le season finale pour t’annoncer que tu es le père de son enfant, pour ta crédibilité, tu prends la situation avec un peu de recul ! Alors, c’est vrai que tu parais plus mince et que tes nouveaux cheveux te vont vraiment bien, mais à ne pas faire un test de paternité par toi-même, à ne pas écouter Vanessa à qui ton intrigue assez naze permet tout de même d’avoir la meilleure réplique de l’épisode (« You trust anything that comes out of her mouth, let alone anywhere else ! », à signer tes certificats de naissance sans preuve, tu réussis à nous faire regretter ta sœur !
Quant au père Humpfrey, il est aussi inutile que jamais. J’avais envie de le dénigrer assez sèchement, mais son côté falot de « prince consort » me le rend sympathique, essentiellement parce qu’il me conforte dans ma vision « Girl Power » de la série.
Olivia [1] in Paris
Donc, c’est bien joli, Gossip Girl est fidèle à elle-même, mais quid de Paris, le grand personnage de cet épisode (et du suivant) ?
Et bien, les plans de transition sur la ville, magnifiques, assurent la fonction incontournable de carte postale et permettent ainsi à Blair et Serena de déambuler dans des lieux moins marqués touristiquement mais, qu’on soit bien clair, qui restent bien typiques de l’imaginaire collectif sur Paris.
La lumière est splendide (la production a eu le nez creux en venant tourner début juillet au cours de ses beaux jours de l’été), de jour comme de nuit. Certains plans peuvent se savourer à leur seule image. Je reste fasciné par Blair qui se tient seule face au Déjeuner sur l’Herbe au Musée d’Orsay.

Il est cependant dommage que l’intrigue à la Vacances Romaines n’ait pas eu un peu plus de consistance, on s’en doutait tous que Louis était le vrai Prince et qu’elle coince un peu plus Blair dans ses insécurités face à Serena. C’était très drôle qu’elle la pousse dans la fontaine, mais ce genre répété de crises rend la pérennité de leur amitié de plus en plus artificielle.
Ce n’est donc pas avec Blair que Paris va pouvoir sublimer une intrigue, mais peut-être, à ma grande surprise, avec Chuck ! Je n’ai jamais compris l’attrait de ce personnage, que j’ai toujours trouvé faussement sulfureux ; un simple poseur capricieux, faiblement interprété par un acteur dont le charisme est à l’image de ses jambes, tout petit ! La séquence finale de l’épisode, la seule de l’épisode qui le met en scène, est rocambolesque et peu crédible (apparemment, après s’être fait tiré dessus, il aurait été sauvé par Fleur Delacour, qui au lieu de l’emmener à l’hôpital l’aurait soigné à coups de vodka dans des trains européens…), mais lui, quand il arrive à Paris, c’est rive droite ! A Gare du Nord ! (Dont le parvis - au filtre de la caméra de Gossip Girl - semble être l’endroit le plus romantique du monde…)
Et j’ai fini l’épisode dans le même état qu’après la bande-annonce pour celui-là !
[1] C’est dans les livres ! C’est le prénom que prend Blair dans la traduction française !