Critique des meilleures nouvelles séries télé (et des autres)
Regarde critique sur les séries TV actuelles

House of Cards - Critique pas très sympa de tous les épisodes de la nouvelle saison

Bilan de la Saison 2: Dexter à la Maison-Blanche

Par Ju, le 19 février 2014
Par Ju
Publié le
19 février 2014
Saison 2
Episode 13
Facebook Twitter
La stratégie de diffusion de House of Cards imaginée par Netflix relève du génie. Cela ne fait aucun doute : rendre tous les épisodes disponibles en même temps et permettre à chacun de les regarder à son rythme était la meilleure façon de transformer n’importe quelle série en un véritable événement télévisuel.

Mais on est bien d’accord, c’est de la poudre aux yeux, hein ?

On est bien d’accord, il s’agit de génie marketing mis au service d’une série complètement nulle mais très facile à vendre, hein ? Car tout dans House of Cards transpire le calcul. Proposer tous les épisodes d’un seul coup, c’est une excellente façon de faire parler de la série. Avoir en tête d’affiche des « acteurs sérieux » comme Kevin Spacey et Robin Wright qui sont « issus du cinéma », c’est un argument promotionnel, car ils ne se seraient jamais abaissés à participer à une série si elle n’était pas prestigieuse.
Avoir David Fincher comme réalisateur des deux premiers épisodes (et absolument rien d’autre), c’est encore une bonne façon de vendre la série, c’est encore un argument promotionnel qui revient sans cesse, même aujourd’hui alors que son implication envers House of Cards est inexistante. Un grand réalisateur de cinéma, c’est chic, c’est prestigieux.

Ce sont de jolis arguments, faciles à reprendre dans des articles faciles à écrire. Le matraquage est tellement bien organisé, l’événement tellement bien maitrisé, qu’on en oublierait presque que House of Cards, en fait, ce n’est rien de plus que "Dexter à la Maison-Blanche".

Putain que cette série est nulle.

Putain que cette série est sans intérêt et prétentieuse.

Putain comme il était impossible pour moi de ne pas regarder toute la saison 2 de cette série nulle, sans intérêt, et prétentieuse, en à peine deux jours.

Frank Underwood, Tueur de Série

Quand je parle de « Dexter à la Maison-Blanche », je ne fais pas allusion au nombre grandissant de personnes tuées par Frank Underwood. Je ne fais pas tant allusion au personnage de Dexter qu’à la série Dexter en elle-même.

Car, à mesure que les intrigues de cette deuxième saison s’enchainaient, de Zoe Barnes poussée sous un métro jusqu’à la dernière image de Frank, Président des Etats-Unis, dans son Bureau Ovale, j’ai de plus en plus remarqué que la prestigieuse série de Netflix ressemblait de plus en plus aux aventures débiles du tueur en série de Showtime.

Hmmm...

Comme Dexter, Frank Underwood est un anti-héros (voire même une vraie pourriture, mais le terme anti-héros est tellement tendance) que les scénaristes, Beau Willimon en tête, refusent catégoriquement de mettre en danger ou même de déstabiliser un tout petit peu. Frank a toujours raison, Frank a toujours réponse à tout, Frank gagne toujours.
Si, après vingt-cinq trahisons consécutives, quelqu’un commence à comprendre son petit manège (comme, disons, cet abruti de Président Walker), la tension redescend toujours dans les quelques minutes suivantes, après un joli discours et un regard complice à la caméra. Si Frank chercher à réaliser quelque chose d’un peu ambitieux, disons, comme devenir Président des Etats-Unis, il se lance avec succès dans des plans insensés qui reposent sur des gros coups de chance et le bon vouloir de victimes toujours consentantes. Si quelqu’un commence à devenir un trop gros problème, Frank le pousse sous un train.

La police de Washington est au moins aussi incompétente que celle de Miami.<br
C’était si dur que ça de rembobiner un peu la vidéo de surveillance du métro ? Vraiment ?

Tout réussit toujours à Frank Underwood, donc, ce qui est assez emmerdant d’un point de vue dramatique. Parce que devant House of Cards, en fait, on s’emmerde.
On sait que Frank va s’en sortir, on sait que rien ne l’atteindra, et on sait que ses adversaires sont incompétents. A partir de là, la seule chose un peu intéressante serait de voir comment les atrocités d’Underwood pourraient jouer sur sa psychologie (disons, comme dans Breaking Bad, où Walt gagnait aussi beaucoup, mais jamais sans conséquence). Sauf qu’ici, Frank Underwood n’est jamais perturbé par quoi que ce soit. Il commence la série en gros psychopathe qui tue un chien dès sa première apparition, il la continue en gros psychopathe, sans jamais hésiter ou éprouver le moindre remord... comme Dexter, qui faisait semblant d’évoluer tous les ans pour finalement retrouver un statu quo bien confortable à la fin de chaque saison.

D’un point de vue dramatique, Underwood supprime complètement toute tension dans sa propre série. House of Cards, c’est l’ennui.

Frank Underwood, Seul au Monde

Frank Underwood est donc un personnage qui n’évolue pas, placé dans des situations dont il ressort toujours vainqueur sans difficulté. Mais comme on est devant une série prestigieuse, forcément, il ne peut pas être seul. Non, Frank est entouré de toute une galerie de personnages secondaires... inutiles et idiots, qui ne servent qu’à une chose : mettre en valeur notre héros.

Comme dans Dexter.

House of Cards multiplie donc les intrigues secondaires pour tous ses personnages sans qu’on ait jamais l’impression que ça serve à autre chose que de faire passer le temps. Parce qu’il faut bien les occuper, Remi et Jackie ont une aventure, dans des scènes qui nous rappellent avec émotion le mariage d’Angel et Laguerta. De la même façon, une partie inexplicablement importante de la série est consacrée à Rachel et Doug, dont la vie sentimentale nous ramène aux meilleures aventures de Joey Quinn. Du coup, on est content que Zoe se soit pris un train, et on regrette, encore et toujours, que le seul personnage un peu sympathique de la série, Peter Russo, se soit fait tuer l’an dernier. Parce que sans lui, il ne reste personne. Absolument personne. Sauf peut-être...

Oui.

Comme dans Dexter, un seul autre personnage en dehors de notre formidable anti-héros que rien n’arrête est un tout petit peu développé. Il s’agit de Claire / Deb. Il faut l’avouer, le personnage est bien mieux traité en saison 2 que pendant la précédente. Elle craque même, à un moment, Claire Underwood. Elle verse une larme.

Et à un autre moment, elle fait un plan à trois avec son mari et leur garde du corps.

Je l’avoue, ça n’a rien à voir avec ce dont je suis en train de parler mais, en même temps, je pouvais difficilement ne pas l’évoquer dans un bilan sérieux et prestigieux de cette deuxième saison. Parce que franchement, si la scène où les Underwood séduisent leur garde du corps n’est pas la plus drôle de l’année toutes séries confondues, je ne sais pas ce que c’est. Enfin si, c’est aussi l’exemple parfait de la capacité qu’a House of Cards à se prendre au sérieux avec des scènes dignes des meilleurs drames noirs et adultes trop prestigieux.

Sacré Meechum !

Frank Underwood, Narrateur

A part ça, sinon, comme dans Dexter, Frank Underwood explique directement aux téléspectateurs les intrigues qu’ils n’arrivent pas à suivre.

Dans Dexter, c’était au moyen de voix-off bien pratiques (et d’un gentil fantôme bien serviable). Dans House of Cards, c’est Frank qui regarde la caméra en débitant des explications inutiles (en attendant le gentil fantôme bien serviable de Doug l’an prochain).
Pauvre Doug, tué par sa maman / fille / lectrice / prostituée au grand cœur.

Sur le papier, le fait que Frank Underwood s’adresse directement à son audience pourrait être une excellente idée. Quand c’est bien fait, comme à la fin du premier épisode de la saison 2, c’est même terriblement efficace. Malheureusement, c’est le seul exemple de bonne utilisation du procédé de toute la saison, et le deuxième de la série (dans la première saison, il y en avait un autre, avec le discours dans l’église).
En effet, la plupart du temps, les petites apartés de Frank ne sont qu’une excuse pour nous résumer les enjeux de la scène qui vient de s’écouler (et qu’on n’a pas suivi parce que, franchement, on s’est endormi). Un petit regard caméra de temps en temps pour établir une certaine complicité avec le protagoniste pourrait fonctionner. Mais insulter l’intelligence du téléspectateur en permanence passe nettement moins bien et ne fait que souligner les faiblesses de l’écriture.

A partir de là, vous comprendrez pourquoi je suis vraiment admiratif des mecs qui ont décidé, un jour, que la meilleure façon de diffuser House of Cards étaient de tout lâcher d’un coup. C’était génial. Une façon de faire monter la sauce, de s’assurer une presse énorme, et de jouer avec les pires instincts des fans de séries. J’ai tout regardé à la suite.

Pour simplifier : House of Cards c’est vraiment nul, mais je suis super impatient de m’assoir devant la saison 3 de la série, sans bouger, sans réagir, et sans prendre aucun plaisir.

Car l’an prochain, Frank va se lancer dans des monologues prétentieux, embobiner quelques abrutis, céder à ses tendances nécrophiles, et devenir Président du Monde.

J’ai hâte !

Ju