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Legends of Tomorrow - Avis sur les premiers épisodes de la nouvelle série dérivée de Flash et Arrow

Legends of Tomorrow: DC’s Superheroes Paella

Par Ju, le 6 février 2016
Par Ju
Publié le
6 février 2016
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Parlons sérieusement, parlons efficacement, parlons cuisine. Le riz, c’est bon. Le poulet, c’est bon. Les moules, c’est bon. Les langoustines, c’est bon. Les poivrons, le chorizo et les tomates, c’est bon. Et pourtant, la paëlla, c’est dégueulasse.

Après trois épisodes, Legends of Tomorrow s’impose haut-la-main comme la paëlla du monde des séries télévisées.

Exactement comme une paëlla, il est clair que la série a été développée en mélangeant ce qu’il restait au fond du frigo, sans se soucier un instant du goût que ça pourrait avoir. Et malheureusement, « DC’s Superheroes Paella » ne fonctionne pas. Du tout.

La bonne nouvelle, c’est qu’elle ne fonctionne pas pour plein de raisons super intéressantes ! Legends of Tomorrow est donc un rêve d’un point de vue critique, et je n’arrêterai jamais de regarder ce bordel coloré abrutissant. Jamais.

Mais avant de rentrer dans les détails…

C’est quoi cette série ?

Diffusée sur la CW, Legends of Tomorrow est la quatrième série produite par Greg Berlanti dans l’univers des séries de super-héros de DC Comics, après les Aventures de Capuche, les Aventures de Truc Flou, et les Aventures de SuperFille.

Enivrée par le succès de Flash et Arrow, la CW a donc donné le feu vert à une deuxième série dérivée réutilisant la plupart de leurs personnages secondaires les plus populaires. Ils sont accompagnés, et c’est là que les ennuis commencent, par quelques nouveaux héros introduits pour l’occasion.

Vous savez tout, c’est comme ça qu’on en arrive à créer une série où un criminel pyromane fait gentiment équipe avec la réincarnation d’une prêtresse égyptienne qui aime se déguiser en faucon. Merci, la synergie !

Et l’histoire, en résumé ?

Rip Hunter est un voyageur dans le Temps professionnel dont la femme et le fils sont tués par un tyran immortel au XXIIème siècle (trop tragique !) et qui décide donc de recruter tous les personnages secondaires un peu inutiles des séries DC de la CW qui n’avaient rien d’autre de mieux à faire en janvier 2016 (trop pratique !) pour sauver le Futur.

Ensemble, ils forment les Légendes de Pas Tout de Suite.

La bonne idée du pilote (la seule ?), c’est qu’à l’instar des Gardiens de la Galaxie chez Marvel, le titre « Legends of Tomorrow » n’est pas à prendre au premier degré. Nos héros ont justement étaient choisis parce qu’ils n’auront strictement aucune influence sur l’Histoire et peuvent donc être sacrifiés sans trop de remous spatio-temporels.

Il y a des acteurs connus ?

Du côté des anciens de Flash et Arrow, Victor Garber (Alias) est la moitié de Firestorm, Wentworth Miller et Dominic Purcell de Prison Break sont Captain Cold et Heatwave, Caity Lotz est l’ancienne Canary ressuscitée pour l’occasion, et Brandon Routh (Superman Returns) est Ray Palmer, un mix de Ant-Man et Iron Man.

Du côté des personnages créés pour la série, c’est avec Arthur Darvill de Doctor Who dans le rôle de Rip Hunter, Franz Drameh est l’autre moitié de Firestorm, et Ciara Renée et Falk Hentschel sont respectivement Hawkgirl et Birdperson.

Enfin, Casper Crump est Vandal Savage, le Super Méchant le Plus Inefficace de Tous les Temps.

Oui, ça fait du monde.

Et c’est bien ?

Il y a de très bonnes choses parsemées dans la série, mais non, globalement, le début de Legends of Tomorrow est un bel échec. Les trois premiers épisodes sont laborieux, répétitifs, et frustrants.

Le principal problème de la série est qu’elle met en scène beaucoup trop de personnages.

Dans un premier temps, cela se traduit par un épisode pilote où l’on passe la majorité du temps à nous expliquer qui sont ces personnages, quelles sont leurs motivations, et quelle peut bien être leur raison de se lancer dans l’aventure.
Dans l’idée, pourquoi pas. Dans les faits, on démarre donc une série d’aventure / science-fiction sur un long couloir de scènes de dialogues, une succession studieuse de face-à-face sans vie. Des scènes parfaitement inutiles pour les spectateurs hypothétiques qui débarqueraient dans l’univers télé DC avec cette deuxième série dérivée (elles sont trop indigestes et demandent trop de connaissances sur ce qui précède), et parfaitement redondantes pour ceux qui ont déjà vu les deux autres séries (la longue mise en place de Legends au début des saisons 2 et 4 de Flash et Arrow a déjà fait le travail).

Pire que ça, ces scènes ne sont même pas foutues de faire leur boulot : la présence de la moitié des personnages n’est qu’à peine justifiée.
À titre d’exemple, on peut à la limite admettre que Captain Cold et Heatwave décident de voyager dans le Temps pour voler des trucs (pourquoi pas ?), mais la motivation de Rip pour les inviter est nettement moins claire. (La vraie explication étant, bien sûr, que Greg Berlanti voulait garder les acteurs sous contrats pour pouvoir les réutiliser à son gré dans The Flash, et que c’était façon la plus lucrative de le faire).
De leurs côtés, Jackson est drogué par le professeur Stein (???) et emmené de force (???), et Kendra accepte de venir après que son mari l’ait suffisamment tabassée (???). De chouettes motivations, bien trouvées, on remercie les scénaristes.

En résumé, on a donc trop de personnages, dont deux qui n’ont vraiment rien à foutre là. Mais, au moins, ils sont tous nécessaires dans une histoire ambitieuse où chacun apportera sa pierre à l’édifice… non ?

Encore raté.

Ce qui m’a le plus déçu dans ces trois premiers épisodes, c’est que les enjeux de la série sont présentés n’importe comment. Si Vandal Savage pouvait avoir laissé une bonne impression suite à ses apparitions dans Flash et Arrow, il est complètement ridicule ici. Pire, en trois épisodes, il est vaincu trois fois par nos héros, deux fois en combat singulier. Et autant cette défaite peut passer face à Firestorm (un mec nucléaire), autant elle devient plus problématique face à Rip (un anglais maigrichon).
On ressort de ces épisodes avec l’impression que chaque membre de l’équipe pourrait battre, seul, le super méchant invincible autour duquel tourne toute la série. Niveau enjeu et niveau danger, on a vu mieux.

Et, oui, on a vraiment le droit à trois affrontements contre Savage en trois épisodes. Ce qui est extrêmement répétitif, certes, mais en réalité parfaitement cohérent avec le reste. Après tous, Legends of Tomorrow est aussi une série où Rip réexplique la mission à tout le monde au début de chaque épisode, et qui se conclut systématiquement de la même façon, trois semaines de suite, avec un beau discours sur le pouvoir de l’amitié, et une équipe qui décide de poursuivre l’aventure !

(Une aventure qui se prolonge d’ailleurs de façon complètement artificielle, puisque Vandal Savage est vaincu à la fin de chaque épisode et sauvé uniquement par des règles arbitraires hasardeuses expliquées au dernier moment, ou simplement grâce à de bons vieux trous dans le scénario.)

Oh, et je vous ai dit que la moitié des acteurs étaient nuls ?

Mais… heu… pourquoi continuer à regarder la série ?

Principalement pour son potentiel, bien caché mais bien présent.

L’idée d’un groupe de super-héros voyageant à travers le temps offre énormément de possibilités d’histoires et d’aventures amusantes (et colorées !). Imaginez Code Quantum, mais avec des lasers et des ninjas qui volent. Pour l’instant, il est un peu tôt pour se prononcer sur l’efficacité de Legends à produire ce genre d’aventures (les trois premiers épisodes se déroulent en 1975), mais je suis curieux de voir ce que ça peut donner avec le budget et le cahier des charges de la CW.

L’autre raison de continuer la série est simple : Wentworth Miller et Caity Lotz y sont vraiment formidables. Evidemment, les deux personnages partent avec un sacré avantage sur leurs collègues puisque Cold et Sara sont les meilleurs personnages récurrents de leurs séries respectives, mais ça ne retire rien au fait qu’il est difficile de regarder autre chose qu’eux lorsqu’ils sont à l’écran.
Miller en fait des tonnes avec Cold depuis sa première apparition dans The Flash et, pour moi, ça fonctionne à chaque fois. Il a l’air de s’éclater et c’est communicatif. Quant à Lotz, la voir tabasser des mecs dans des fringues d’époques différentes devrait être un bonheur sans cesse renouvelé. Il va sans dire que la baston dans le bar est la meilleure scène de la série.

Joignez-vous à moi, rêvons tous ensemble d’une saison 2 où Cold, Heatwave et Sara Lance pourront tranquillement voyager dans le Temps. Seuls.

Ju