Quand même les repères, c’est important.
Qu’est-ce que c’est ?
Pour faire simple et pour faire honneur à la stratégie marketing de CBS, c’est la suite du film Limitless, sorti en 2011, avec Bradley Cooper.
Un film dont je n’avais jamais entendu parler et qu’il n’est absolument pas utile d’avoir vu pour comprendre et savourer la série.
Créée par Craig Sweeny, un ancien d’Elementary et de MediuM (deux très chouettes procedurals), elle est diffusée le mardi à 22h00 dans l’une des cases horaires où CBS a depuis quelques années quelques difficultés à imposer une série à la suite de son combo NCIS/NCIS:LA (deux moins chouettes procedurals). Vegas et Person of Interest (deux autres très chouettes procedurals), s’y sont récemment cassé les dents.
C’est avec qui ?
En dehors de Bradley Cooper qui n’apparait que le temps d’un caméo marketing dans le pilote pour donner une touche « événement » aux promos diffusées pendant l’été et aux « previously on » de chaque épisode, il y a surtout Jake « Greek » McDorman, Jennifer « Dexter » Carpenter et Mary Elizabeth « Robin des Bois » Mastrantonio.
En rôles beaucoup plus secondaires, Ron Rifkin et Blair Brown semblent surtout là pour nous faire sentir qu’une partie de la production de Limitless est constituée d’anciens de la bande à J.J. Abrams (comme Alex Kurtzman et Roberto Orci, d’Alias, de Fringe et de… Transformers…)
De quoi ça parle ?
Brian, jeune homme aux capacités intellectuelles qui deviennent « illimitées » grâce à des petites pilules magiques (qu’il a récupérées du film de 2011) fait équipe avec une agent du FBI très sérieuse, et, ensemble, ils déjouent chaque semaine une entreprise criminelle ou terroriste.
Et c’est un chouette procedural, c’est ça ?
C’est chouette, c’est tout.

Après le pilote, j’étais vraiment persuadé que la série allait s’orienter vers une exploitation ultra convenue de la situation mise en place, à savoir se concentrer sur le partenariat déséquilibré entre les deux personnages principaux et la résolution d’intrigues policières hebdomadaires.
Car même si ce premier épisode présente habilement la transformation d’un homme ordinaire en héros aux performances inouïes et explore les conséquences classiques associées (Quelle est ma véritable identité ? Suis-je ce que je suis capable de faire ? Comment vais-je gérer mes nouvelles responsabilités ? Comment va réagir mon entourage ?), dans un mélange réussi d’action et d’anticipation, il n’empêche qu’au bout de ses 40 minutes, on se retrouve ni plus ni moins avec un gars hyper fort en déduction et une enquêtrice les pieds sur terre qui s’associent pour combattre le crime.
J’étais sûr que les petites pilules de NZT (c’est leur nom) qui donnent à Brian son supplément d’intelligence n’étaient qu’un gimmick de marketing au même titre que la présence de Bradley Cooper dans le pilote, sûr que l’on aurait droit ensuite chaque semaine après une enquête quelconque à une ou deux minutes de pseudo-mythologie en fin d’épisode façon Burn Notice [2].
Au contraire, ce sont elles, les pilules, c’est lui, le NZT, le vrai moteur de la série.
Les affaires hebdomadaires ont pour rôle d’accompagner et d’illustrer les étapes de la découverte par le héros du système sous-terrain dont elles font partie.
Mais plus surprenant encore que le contre-pied sur la forme, le ton choisi pour raconter cette histoire est complètement différent des autres histoires de personnages avec, pour faire simple, des super-pouvoirs. Ici, les super-capacités ne s’apparentent pas à un poids insoutenable, à une responsabilité atrocement tragique, à une fatalité terrible, de celles qui vous brisent un homme et qui forcent les chefs op’ à éteindre toutes les lumières pour que l’image soit aussi sombre que ne l’est l’âme du héros…
De façon rafraîchissante, Brian sait s’amuser avec ces nouvelles facultés. J’ai su qu’on tenait quelque chose avec Limitless quand dans le deuxième épisode, il prend un plaisir immense à écraser toute sa famille au Trivial Pursuit. Ca fait quand même du bien de voir un héros super qui ne passe pas son temps à faire la gueule [3]
Jack McDorman est de ce point de vue une révélation. Je ne m’attendais pas à être sous le charme permanent de son espièglerie et de son enthousiasme après l’avoir considéré pendant quatre saisons comme le maillon faible et fade de Greek…
Cette volonté des scénaristes de prendre le temps de s’amuser avec leur personnage principal dès le deuxième épisode a contaminé l’image et chaque épisode est parsemé de trouvailles visuelles et humoristiques. Elles ne sont pas toutes complètement bienvenues, parfois le mélange des genres fait vraiment forcé (dans le cinquième épisode , l’une utilisation de bulles de bande dessinées lors d’une confrontation tragique qui fait un peu tâche), mais quand ça marche (les discussions entre NZT-Brian et Regular-Brian), c’est vraiment jubilatoire.
Tant qu’à être influencé par les succès de la saison passée, je suis bien content que Limitless lorgne plus du côté de la fantaisie de Jane The Virgin que de la noirceur Daredevil.
Pour l’instant, l’intrigue avance à un rythme assez soutenu et j’ai l’impression que les scénaristes sont sur le point de s’intéresser au personnage de Jennifer Carpenter, un peu laissé pour compte pour le moment…
Avec l’annonce toute récente de CBS de produire 22 épisodes, il me semble que toutes les conditions sont réunies pour profiter d’une très chouette première saisons d’une série de network.
Ah bon ? Mais, y’a pas que sur Netflix et sur le câble qu’il y a de chouettes trucs ?
Si, si. Ne vous inquiétez pas.
Et on vit l’âge d’or des séries.
Même s’il y a trop de séries.
Et vraiment les saisons courtes, c’est ce qu’il y a de mieux.
Et c’est n’importe quoi que les Américains maintiennent ce concept de « rentrée des séries » sur les networks...
Ne regardez pas Limitless, Jane The Virgin, The Carmichael Show, The Good Wife, The 100, Grey’s Anatomy, Mom, The Middle, Empire...