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Scream Queens - Présentation et avis sur la comédie horrifique tellement originale de Ryan Murphy

Scream Queens: Achevez-les !

Par Ju, le 11 novembre 2015
Par Ju
Publié le
11 novembre 2015
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En octobre 2014, lorsque Ryan Murphy a annoncé pour la première fois la création de sa future série « Scream Queens », il ajouta fièrement que son espoir était bien de créer un tout nouveau genre cinématographique : la comédie horrifique.

Il est gentil, Ryan Murphy.

Pas littéralement gentil, puisque toutes les choses atroces qu’il fait dire (sous couvert d’humour) à tous ses personnages, dans toutes ses séries, depuis des années, dissimulent à peine un gros connard misogyne limite raciste (mais qui a beaucoup de succès, donc tout est pardonné), mais dans le sens « bien brave ».

Il est bien brave, Ryan Murphy. Et un peu, beaucoup, imbu de lui-même.
Car non, évidemment, Scream Queens n’a pas inventé la comédie horrifique. C’est un vrai genre, qui existe depuis très longtemps, et qui n’a pas attendu d’être dévoilé au Monde par le génie à l’origine de Glee.

Scream Queens n’est, en réalité, ni vraiment une comédie, ni vraiment une série horrifique. Scream Queens est, par contre, clairement une série de Ryan Murphy.

Et je me suis fait avoir en beauté.

Mais d’abord…

Qu’est-ce que c’est ?

Scream Queens est la nouvelle série de Ryan Murphy, Ian Bennan et Brad Falchuk, le trio à l’origine de Glee, déjà sur la FOX. Murphy et Falchuk sont, eux, les créateurs de American Horror Story et du futur American Crime Story sur FX.

(En attendant American Love Story, American Action Story, American Science-Fiction Story, American History Story, American Erotic Story, et enfin American American Story Shows Story.)

Scream Queens est une anthologie dont la première saison de 13 épisodes devrait raconter une histoire complète, avant de se réinventer complètement l’an prochain (dans l’éventualité où elle est renouvelée).

De quoi ça parle ?

Dans une université américaine, les membres d’une sororité sont massacrées les unes après les autres par un mystérieux tueur en série.

Mais pas assez vite.

C’est avec qui ?

Scream Queens, c’est avec Nick Jonas, Ariana Grande, et Patrick Schwarzenegger. Parce que si Ryan Murphy n’est pas très doué dès qu’il s’agit de dissimuler l’odieux connard qui sommeille en lui, il faut avouer qu’il a un certain talent pour le marketing.

La vraie distribution de Scream Queens est constituée d’Emma Roberts (« Scream 4 »), Jamie Lee Curtis (« Halloween », les publicités pour les yaourts), l’horripilante Lea Michele (Glee), Abigail Breslin (la « Little Miss Sunshine » herself), Billie Lourd (la fille de Carrie Fisher), Nasim Pedrad (SNL), Keke Palmer, Skyler Samuels, Niecy Nash et Glen Powells.

Il y a un générique ?

Oui ! Il apparait dans l’épisode 5.
Uniquement dans l’épisode 5.

Et sur Youtube. Je vous promets que c’est le truc le plus cheap et fadasse que vous verrez de toute la journée.

Et c’est bien ?

Le troisième épisode de Scream Queens est absolument hilarant.

Il comporte deux monologues overzetop terriblement efficaces, une merveilleuse séquence qui sort de nulle part consacrée à la vie et la mort de la mascotte de l’université, et une fabuleuse scène portenawak où une fraternité affronte le tueur à la tronçonneuse sur fond de « Backstreet’s Back » des Backstreet Boys.

Je suis ressorti de cet épisode comblé, pas trop sûr de ce que je venais de voir, mais ravi que Scream Queens exploite au maximum ce qu’elle devait être : une série overzetop, portenawak, qui sort de nulle part.

Et donc, comme je le disais plus tôt, je me suis fait avoir.

Quand on a décidé, il y a quelques années, de ne plus critiquer les séries en se basant uniquement sur leur premier épisode, l’idée était de pouvoir se faire une meilleure opinion de ce que la série pouvait donner, libérée des contraintes particulières d’un pilote.

(C’est une stratégie encore différente de celle qu’on pratique aujourd’hui : ne plus critiquer les nouvelles séries jusqu’à ce qu’on se sente suffisamment coupable de n’avoir absolument rien écrit depuis des semaines et des semaines.)

Sans cette règle, je ne serais certainement pas allé plus loin que le pilote de Scream Queens. Un double (!) épisode à l’esthétique intéressante mais recouvert d’une couche de méchanceté typique de Ryan Murpy qui le rendait assez insupportable (comme indiqué plus haut, Murphy semble persuadé qu’il peut faire dire les pires saloperies à ses personnages sous couvert d’humour, ce qui revient, pour moi, à simplement faire dire les pires saloperies à ses personnages parce qu’il en a envie, à choquer pour choquer parce qu’il le peut).
En dehors de la scène amusante qui conclut le pilote (la mort d’Ariana Grande, d’abord par SMS puis live-tweetée), il n’y avait pas grand-chose à sauver. Scream Queens était une série de Ryan Murphy, clairement, et je sais d’expérience que ce n’est pas pour moi (sa série dont j’ai vu le plus d’épisodes est… The New Normal).

Mais voilà, en regardant un épisode supplémentaire de Scream Queens, j’allais pouvoir en écrire la critique. Un tout petit épisode, ce n’est rien !
Et donc, oui, ce troisième épisode m’a énormément plu. Et donc, oui, j’ai regardé les sept épisodes de la série diffusés à ce jour, naïvement, à la recherche de la moindre scène pouvant rivaliser avec le meurtre à la tronçonneuse d’un gentil garçon déguisé en cornet de glace géant.

Et donc, oui, je me suis fait avoir.

Scream Queens n’est pas drôle. Elle fait occasionnellement sourire (Channel N°3, Chad Radwell et Denise Hemphill sont d’excellentes créations comiques de la série, avouons-le), mais il faut vraiment faire le tri dans l’avalanche d’insultes vulgaires et de misogynie ordinaire, sortant principalement de la bouche d’une Emma Roberts monolithique, avant d’y dénicher une pépite. L’effort à fournir est trop important pour que ça en vaille la peine.

Scream Queens n’est pas, non plus, une bonne série d’horreur. Sa principale originalité est que l’intégralité des personnages peut honnêtement être le tueur, tant ils sont plus détestables/horribles les uns que les autres. Les voir mourir un à un est plus un soulagement qu’autre chose, et si la série est plus inventive que Scream dans ses meurtres (et généralement « meilleure que cette merde », si vous me passez l’expression), ils n’arrivent généralement à susciter qu’un léger amusement.

Mélange de Glee et American Horror Story, ni vraiment drôle, ni vraiment flippante, insultante pour les minorités sous couvert d’ouverture d’esprit, menée par deux jeunes femmes (une parfaite psychopathe censée être amusante, l’autre parfaitement fade)… pas de doute, Scream Queens est une série de Ryan Murphy.

Je suis presque sûr que je n’avais pas besoin de sept épisodes pour en tirer les conclusions nécessaires.

Ju